Semaine 6 - Jour 1
ft Alicia Garland
12h50

    La porte claqua. Juliet se retrouva seule sur le palier. Elle n’entendit pas un bruit, seulement un martèlement incessant dans le creux de son crâne et quelques bruits de pas. Elle resta ainsi figée, quelques minutes, à ne rien faire d’autre que regarder la porte d’en face et de penser à celui qu’elle venait de quitter. Elle se glissa lentement le long de la porte et replia ses genoux sur sa poitrine ; tout son corps frissonnait. Pourquoi se mettre dans un tel état ?

    Elle repensa à Dylan. A la première fois qu’elle l’avait rencontrée, dehors, lorsqu’elle était sur le point de devenir un zombie – dans tous les sens du terme. À la façon dont elle l’avait aidée, dont elle s’est occupée d’elle tout en sachant pertinemment la possible réaction d’Heaven, et justement à la première rencontre avec le jeune homme – rencontre mouvementée, comme toutes les fois où elle l’a revu. Sacré phénomène ce bonhomme... Mais il n’était pas méchant. Il y avait tout de même quelque chose de bon en lui, la façon dont il a réclamé Dylan était touchante.

Dylan. Juliet se releva. Elle ne pouvait pas la laisser seule dans cet enfer ! La meilleure façon de se faire pardonner d’Heaven, c’était d’aller récupérer la blondinette dans la pharmacie, saine et sauve. Et si en plus de ça elles pouvaient trouver des médicaments... Juliet avait tout de même des chances de ne pas se faire expulser de l’appartement. Dylan était fort probablement en vie, elle ne devait pas être aussi faible que l’a prétendu Heaven, peut-être a-t-il simplement  voulu lui faire peur avec ses menaces.

Dans tous les cas, elle devait aller à sa recherche. La poursuivre à travers toute la ville s’il le faut, mais elle devait impérativement la trouver et la ramener à Heaven, en espérant qu’il ne fasse pas de conneries durant son absence.

     Juliet sortie de l’immeuble, tout d’abord avec prudence. Dylan l’avait prévenue de l’invasion des militaires qui devenaient tout aussi dangereux que les Monstres. Elle sortit sur la pointe des pieds, essaya de faire le moins de bruit possible, retint la porte avec toute la délicatesse du monde et se glissa lentement dans la rue. C’était sa première expédition à l’extérieur depuis sa remise sur pied, elle devait être prudente. En marchant, elle sentit sa clef à molette lui tapait contre la cuisse à chaque pas – c’est la seule arme qu’elle avait pu trouver jusqu’à maintenant, toujours mieux que rien.

Où aller ? Juliet ne connaissait pas le quartier, elle y est bloquée depuis l’explosion de l’hôpital  et n’avait aucun moyen de se repérer. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle avait laissé Dylan partir seule : elle n’avait aucune notion du quartier et avait deux fois plus de chances de se faire bouffer.

     A cette pensée, la rouquine frissonna. Oui, elle pouvait gueuler autant qu’elle voulait devant Heaven, face à la vraie nature des choses elle ne valait rien. Pire : elle avait la trouille. Et si elle échouait ? Et si elle mourrait avec Dylan ? Heaven crèverait-il aussi lentement sur son canapé ?

Elle frissonna.  « Ferme –la et regarde devant toi ! » En effet, ce qu’il se passait devant elle semblait plus intéressant que ses réflexions. Elle glissa sa main dans sa poche, et serra de toutes ses forces la clef en ferraille qui lui tapait toujours la cuisse. Où était cette putain de pharmacie !?

Semaine 6 - Jour 1
ft Alicia Garland
12h52

La rouquine était tétanisée. Elle entendait des bruits de partout, même là où il n’y en avait pas, s’effrayait pour un rat dans un carton ou un chat sur les toits. Elle était aux aguets, à l’affut du moindre mouvement ou du moindre son, et venait de sortir sa clef à molette de la poche, les doigts crispés dessus. Elle n’était qu’une petite femme après tout, sûrement très appétissante et pas très discrète : la proie idéale, surtout lorsque l’on ne connait pas le coin.

A force de se concentrer sur le moindre bruit, tout devenait dangereusement suspect pour Juliet, même le léger « Hola » pourtant parfaitement humain qui venait de lui souffler dans le dos. Surprise, elle se retourna d’un seul coup, leva la clef à molette et voulu abattre d’un coup sec son arme sur le crâne de l’ennemi : elle s’arrêta à quelques centimètres du délicieux visage d’une blondinette qui n’avait absolument rien à voir avec les zombies.

Elle eût d’abord un soulagement : elle soupira un long moment, laissa tomber sa main le long de son corps et ferma les yeux pour se rassurer. Seulement, elle se rendit compte de ce qu’elle était sur le point de faire : encore un peu et elle assassinait cette pauvre fille !

Paniquée, elle chercha des yeux une réaction chez elle, avant de fondre sous des tonnes d’excuses :

« Oh mon dieu. Oh mon dieu. J’ai failli te tuer je suis vraiment vraiment vraiment désolée je pensais que c’était un zombie j’ai eu peur j’ai paniqué tu m’as flanqué une de ces frousses ! »

Mais quelle idée aussi de venir ainsi derrière elle pour lui parler ! Elle ne pouvait pas venir par devant, non ?! Encore un peu et elle était morte, cette petite inconsciente !

« Non mais ça va pas la tête toi aussi de venir comme ça derrière moi ! »

Juliet souffla encore un bon coup. Trois morts sur la conscience aurait été quand même un peu trop.