La matinée est bien entamée alors qu’Aurore, Alex, William, Lucy et sa fille dorment tous comme des loirs. Je suis là assis dans notre pseudo salon le ventre vide, je refusais de manger avant les enfants, attendant avec impatience que quelque chose se passe. Je songe docilement à ma vie sans cette maladie quand mon regard se pose sur le petit bonhomme en tire-bouchon que j’avais fait pour la petite Aurore.  Je sais très bien que cette apocalypse nous a pris énormément de chose, mais quand je vois le bonheur dans le regard de William lorsqu’il voit sa fille je me dis qu’il y a toujours quelque chose de bon dans ce monde. Je pianote un peu nerveusement de mes cinq doigts sur la table en bois quand mon ventre se met à gronder. « Tais-toi donc, tu ne mangeras pas avant Aurore ». Voilà que je deviens complètement maboul. Je regarde avec une certaine envie les choses que je pourrais me cuisiner avant de me rendre compte qu’il n’y a pas beaucoup de fantaisies dans nos aliments. Certes, c’est la fin du monde et ceux qui étaient nos frères essayent de nous dévorer vivant, mais je n’aurais jamais pu vivre à l’âge de 5 ans sans friandises en tous genre ! J’avais entendu parler d’une fête foraine dans le coin, ou j’avais vu une affiche je ne sais plus et il faut avouer que j’ai besoin de me détendre en ce moment. Remettre en marche un manège ou une machine à fabriquer les barbes à papa ne devait pas être si difficile non ? Puis j’en profiterai pour fouiller la zone et trouver de quoi manger ou des vivres. Par contre aller tout seul à une fête foraine, hors de question ! Les deux nouveaux parents étaient plus que débordés et n’avaient probablement pas de temps à perdre. Lucy devait s’occuper de sa fille et Lucky n’était qu’un chien. Un chien adorable et intelligent, mais je ne sais pas si il apprécierait ce Road Trip à base d’adrénaline et de surprise. Je ne sais pas pourquoi, peut-être en voyant le rideau bleu du salon, je me suis mis à penser à Reiiko et son groupe. La jeune fille que j’avais sauvée serait sûrement partante pour aller à la fête foraine vu l’enfant qu’elle était et dans le pire des cas je réussirais bien à embarquer quelqu’un ?

C’est décidé je prends des vacances pour quelques jours et je prends le van avec moi ! De toutes manières on avait absolument rien de prévu et en une nuit il ne pouvait rien se passer si ? Je me dirige vers la cuisine attrape de quoi écrire et préviens mes camarades de ma petite virée en solitaire. Bye bye, River part en vacances ! J’attrape les clés, ma veste il faisait beau mais ça pouvait toujours être utile, mon sac et ma batte de baseball. J’ouvre la porte et le soleil me réchauffe le dos. Je souris de voire la rue vierge de zombie et monte dans le van après avoir vérifié la réserve d’essence. Il me reste un bon ¾ de plein, le moteur ronronne pour l’instant tout va bien. Pour l’instant. Je ne me rappelle pas exactement de l’emplacement de leur campement, mais avec ma carte qui traine dans ma boite à gants je devrais pouvoir retrouver facilement. Normalement il me faut 20 minutes pour y arriver, mais il faut prendre en compte la circulation et l’affluence sur les routes de campagne en temps d’apocalypse. En me perdant seulement deux fois j’ai mis une bonne demie heure à arriver et une fois garé j’aperçois deux trois personnes légèrement méfiante. Je sors alors de mon véhicule un grand sourire aux lèvres avant de me présenter au type qui vient vers moi.

« Salut, moi c’est River ! Je viens chercher Reiiko pour venir avec moi à la fête foraine. Ou n’importe qui en fait, apparemment la vue du haut de la grande roue est imprenable ! »

Ce type doit me prendre pour un cinglé, mais si c’est un ami de Reiiko, il doit l’être un peu aussi.