S6J4 « Taille de guêpe et invasion de cartons. » FT Eden.
Dim 22 Mar - 15:25
Tin tintintin tintintiiiiin tintintiiiiin tin tintintiiin tintintiiiiin tintintiiiiin ! Tous en cœur ! Tin tintintin… bah quoi ? Je m’ennuis dans ce garage à la con, le seul ouvert dans la rue, le seul GRAND ouvert. C’est plein de courants d’air, même cachée derrière cette grosse pile de cartons déménagement. En plus, j’ai peur toute seule. Après une nuit passée là, sous une bâche puant le kérosène, j’hésite entre quitter ce superbe abri ou trouver un moyen de ne pas mourir de froid.
Dans ce quartier, j’avais trouvé pas mal de bouffe genre pâtes lyophilisées, ce qui m’évitait d’entamer mes réserves, cachées dans mon sac à tête de tigre blanc. Ce machin, étonnamment, je ne l’avais pas perdu, toujours vissé à mes épaules et en plus, il était resté d’un blanc immaculé. Ce qui n’était pas vraiment mon cas, à la vue de mon t-shirt déchiré au niveau de mon avant-bras gauche, orné d’un pansement vraiment grand. Pour le reste de mon corps, en collant mon menton contre mon cou, je vois des tâches crados et un sang. Surtout, ça manque de repassage…
J’attends que le soleil soit haut pour sortir un bras de mon lit improvisé. Je regarde ma montre, dix heure. Le froid me fait frissonner. Selon mon thermomètre intégré, il doit faire au moins -1000 degrés. Par chance, je suis super maligne et je trouve un bleu de travail, tâché lui aussi de kérosène mais le tissu est épais –rêche-, et donc dans une heure il sera bien chaud. No comment niveau dégaine.
Mon plan est là, dans ma tête. Je suis en présence d’une cinquantaine de cartons, tous empilés au fond de la pièce. Par soucis de place sans doute, mais moi avoir un garage de 500 mètres carrés et me peler la nouille, j’m’en carre. Je commence par inspecter la rue. Pas d’âme qui vive, pas d’âme qui ne vive pas mais qui a décidé de bouger. Bien… le seul truc qui aurait pu m’inquiéter, je l’ai éclaté hier avec un bout de tôle et une chance inouïe. Il git le crâne fendu et tronçonné en bouts inégaux de jambes, bras et… trucs. Fallait bien prévoir qu’il ne puisse plus bouger, non ? Ceci dit, le découper avec mon canif ça m’a pris un sacré bout de temps, et y a du vomit un peu partout. Bref.
Je trie les cartons en quatre piles distinctes. Enfin tas informes pas distincts. On a donc « ça va », « ourfl », « c’est louuuurd » et enfin « GNIIIH TA MEEEEEEEREUUUUH ». En bas, les « GNIIIH TA MEEEEEEEREUUUUH » puis les « c’est louuuurd », les « ourfl » et pour finir les « ça va ». Vu d’en haut, ça forme un mur en u, qui bloque l’entrée du garage sauf sur les extrémités où l’on peut longer le mur et les cartons afin de sortir si ça chauffe. Le mur, vu d’en face, m’arrive sous le menton, de toute façon, je ne dors pas debout…
J’espére sincèrement que ce muret débile va tenir, ou alors tomber sans faire de bruit…