« Garde la pêche, mais n'avale pas le noyau. »

Bordel, mais laissez-le choper ce foutu canard. Jésus, Boudah, Allah, Arthrite qui que vous soyez, laissez-le choper ce canard en plastique ou il va y passer. Ce vieux con a un sérieux problème. Plus têtu que ça tu meurs, et c'est le cas de le dire. Avec ses doigts raidis sur le manche de la canne à pêche, le crochet ne faisait que coudoyer l'anneau du piaf en plastique sans jamais s'y accrocher. Le plus dingue, c'est qu'il est content. Sa langue pincée entre ses dents, signe de haute concentration, sa pommette tressautait d'excitation. Le forain, surement responsable de l'attraction, exhibait, lui, une expression plus.. grave, disons. Embroussaillé dans ses propres fil de pêche, il se démenait fébrilement, grognant de mécontentement. Les hameçons arrachaient sa chair par lambeaux et dévoilait ses os pourris, le libérant progressivement de ses entraves et de ses entrailles. Le danger n'était pas immédiat, mais l'entêtement était stupide. Bordel, prend ce lance-pierre et casse-toi. Mais Mr Newton, n'avait jamais mis les pieds dans une fête foraine avant ça. Il n'avait jamais joué à la pêche au canard. N'avait jamais remporté de lot. On s'en fou ? Allez-lui dire. Cela faisait trois jours qu'il déambulait à travers les manèges et les divers stand qui composaient la foire. Il dormait dans les trains au milieu des rails, en hauteur, se nourrissait dans les stands de confiseries, s'occupait à fouiller les étales et esquiver les quelques morts-vivants traînant leurs carcasses. Il avait déjà essayé la majorité des attractions encore en état de marche, et celle-ci ne dérogerait pas à la règle. Il resserra son emprise sur le manche de la canne et ferma un œil. Le crochet se balança, une fois puis deux puis.. trente-cinq, puis trente-six et se cala dans l'anneau. Retenant son souffle, l'Oncle tira tellement fort qu'il envoya valdinguer le volatile synthétique loin derrière lui, s'éclaboussant lui même de l'eau verdâtre dans laquelle il baignait. Il réprima un cri de béatitude et se précipita sur le lance-pierre qu'il ambitionnait depuis le début. Attrapant un cailloux de bonne taille parmi le gravier au sol, il expérimenta la puissance de l'élastique et comme un gamin s'amusait à viser tout ce qu'il avait à portée de vue. Mais il n'arrivait à ce décider sur quoi tirer en premier. Puis sa cible sonna comme une évidence et il se fixa sur la gueule du zombie. Le mort vivant était toujours tenu par ses hameçons, à deux mètres devant lui. Il grognait fébrilement et agitait ses bras en tout sens. Oncle Newton perdit soudain son sourire et arma son bras aussi fort qu'il le pouvait. Il inspira, calmant son tremblement et décocha le caillou. Il fila comme une balle, et le choc fut instantané. La tête du monstre fut projeté en arrière manquant de lui rompre la nuque, puis son corps s’effondra. « OH ! » C'est tout ce qui sorti, avant que le petit vieux jette un coup d’œil, de peur qu'un zombie découvre sa nouvelle arme, surement. Ou pour que personne ne le voit, voler le nounours fluo qui trônait sur la plus hautes étagères. Il la glissa dans son sac à dos et décida d'inspecter le stand plus en profondeur. Parmi les lots, rien de bien intéressant. Hormis les lance-pierres, il n'y avait que pistolets à eau, peluches et appareils à bulles. Habitué à cette déception, il passa derrière le comptoir. Il piqua les quelques billets dans la caisse enregistreuse et fouilla le tiroir le comptoir. Des clefs, des capotes, quelques tournevis et un canard vibrant, rien d’exceptionnel. Il glissa sa main sous le fameux tiroir. Quoi ? Vous avez jamais vue ces films où le caissier cache son gros fusil à pompe sous sa caisse ?