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 The happiness of meeting again after a long time ~ft Lex
River Cunningham
River Cunningham
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The happiness of meeting again after a long time ~ft Lex   
Lun 19 Sep - 0:24
Meeting again
Alexis & River
After the gates of prophecies A million light years away from me Straight for the eye of destiny Reaching the point of tears. ▬ WOODKID

Cela faisait maintenant à peine deux semaines que j’avais rejoint mon nouveau groupe de survivants et déjà ils m’envoyaient en mission de ravitaillement. Il fallait profiter du mois de Septembre pour récupérer des vivres et/ou des munitions afin de se préparer le mieux possible pour l’hiver qui approchait à grands pas. « N’est-ce pas l’occasion rêvée de tester notre nouveau ravitailleur ? » avait déclaré notre leadeuse à mon collègue qui m’avait sauvé la vie, le soir de mon arrivée au camp de survivants. J’avais donc accepté la mission, qui il fallait dire ne semblait pas non plus d’une grande difficulté. Je devais prendre un véhicule de mon choix, pour partir explorer une ex zone commerciale afin d’y trouver des vivres. La zone ne semblait pas infestée de rôdeurs aux premiers abords et le fait de faire ma mission de jour m’offrait une sécurité supplémentaire. Le trajet ne m’avait pas semblé long du tout, à vrai dire j’adorais conduire et c’était une des choses qui me manquait de la vie quotidienne d’avant. Bien sûr j’avais conduit le van d’Alexander et de William par le passé mais ce n’était pas pareil que de s’offrir un roadtrip seul en voiture.

La solitude ne me dérangeait plus peu, je dois dire que d’être arraché à mes deux frères me mit dans un sale état psychologique au début et je ne savais pas vraiment si je me sentais prêt à vivre de nouveau en communauté. Lorsque l’on vit seul, on ne s’inquiète que pour soi et la perte d’un être cher, n’est pas une peur qui hante le quotidien. Alors que je songeais à tous ces moments de bonheurs partagés avec mes ex-compagnons, je sortis de la poche de mon manteau quelque chose que je n’avais pas vu depuis longtemps. C’était une sorte de bonhomme bouchon, que j’avais confectionner à la va-vite pour la petite Aurore le jour de notre rencontre. Depuis, il était devenu son jouet préféré et malheureusement pour elle je l’avait sur moi le jour de notre séparation. A vrai dire je m’inquiétais pour eux. Les savoirs morts me tueraient probablement et le fait de les savoir seuls dans ce monde de dingue me rendrait fou.

Après encore un bon quart d’heure de route j’arrivais sur le lieu indiqué sur ma carte et effectivement, les lieux débordaient de ressources, que ce soit vivre ou munitions. L’armurerie était encore intacte et pour ce qui est des conserves dans les magasins, les rayons n’était pas complètement vides. Je croisais à deux reprises des cadavres revenus à la vie, mais il fallait vraiment plus pour m’arrêter et je continuais ainsi mes fouilles durant toute l’après-midi. Le soleil se couchait de plus en plus tôt et les nuits étaient plus fraîches et plus sombres de jours en jours. Je décidais donc de mettre les voiles, mon objectif une fois atteint, vers 18h. Le retour s’annonçait plutôt tranquille, ma barre d’essence m’indiquait un bon trois quarts de plein et aucune icône sur mon tableau de bord ne semblait indiquer de problème quelconque.

Alors que je m’étais replongé dans mes pensées, contemplant de temps en temps l’homme bouchon/cure-dents, j’apercevais le camp à quelques kilomètres d’ici. Un léger sourire se dessinait alors sur mes lèvres, mais ce dernier se fit rapidement effacer par un juron qui m’échappait à cause de la panique qui naissait en mois. Une petite dizaine de macchabées se trouvait sur la route à, à peine une centaine de mètres de mon véhicule. Ma première réaction fut de tourner le volant en freinant de toutes mes forces. L’arbre sur le bord de la chaussée me fit perdre connaissance, lorsque il entra en contact avec mon véhicule.

A mon réveil, mon premier réflexe fut de sortir mon couteau de ma poche et effectivement, un rôdeur arrivait quasiment à m’atteindre à travers la vitre côté passager. Sans réfléchir, je plantais ma lame dans son crâne avant d’examiner le plus rapidement possible la situation. Deux de ces choses étaient sur le pare-brise, essayant en vain de le casser. Trois étaient agglutinés sur la portière arrière et le dernier grognait derrière celui que je venais de libérer. D’un coup puissant et net, je repoussais le zombie côté passager afin de fuir plutôt de combattre. Mon bras me faisait souffrir et je n’étais pas en état de combattre contre autant d’opposants. J’achevais donc le mort-vivant au sol avant de me mettre à courir vers le camp qui semblait à une éternité. Après une petite demie douzaine de minutes de « course », je les entendais se rapprocher quand des coups de feu se firent entendre des tours de guet dans ma direction. Ils étaient en train de les abattre un par un, alors que j’entrais avec peine dans le camp où on vérifiait que j’étais toujours sain. Une fois tous les tests passés, j’expliquais au patrouilleur comment je m’étais retrouvé dans cette situation et surtout où se trouvaient les vivres. Il me congédiait et je pris au plus vite la direction de l’infirmerie car ma jambe gauche ainsi que mon bras droit me faisaient un mal de chien.

Je traversais donc le camp de survivant quand la pluie se mit à tomber. Je pressais le pas avant d’arriver devant une petite porte en bois où quelqu’un avait écrit au marqueur noir « Infirmerie ». Je poussais donc la porte et arrivait dans une pièce plutôt chaleureuse, où une femme me prit en charge avant de m’emmener dans un pièce voisine et de m’allonger sur un lit. Alors qu’elle quittait ma chambre, ce qui devait être l’infirmière rentrait dans cette dernière et mon cœur sauta un battement. Je connaissais cette femme. Je la connaissais même plus que bien et je me demandais si je n’étais pas encore dans cette voiture en train de rêver, pendant que des zombies me grignotaient tranquillement la moelle. Je restais donc là, à la regarder, bouche bée, je devais vraiment avoir l’air idiot, mais le choc m’empêchait clairement de parler. Je ne pouvais pas y croire et pourtant je pense que la douleur qui parcourait mon bras était telle que si tout cela n’avait été qu’un rêve, je me serais réveillé depuis longtemps. Je me mis à bafouiller pendant quelques secondes avant de pouvoir débiter un truc à peu près compréhensible.

« A .. Alexis ? Mais.. Qu’est ce que tu fais là ? Tu.. enfin.. wow.. »

Mon rythme cardiaque avait atteint des sommets, et je sentais ma tête tourner légèrement. Allez River c’est vraiment  pas le moment de tourner de l’œil ! Mais.. Elle était toujours aussi.. aussi jolie ? Il fallait que je trouve quelque chose à dire, je ne pouvais pas m’arrêter là-dessus, mais encore une fois les mots me manquaient. Je me contentais de la contempler, avant d’ajouter.

« Je t’ai cherchée partout.. »  




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Alexis Dawson
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Re: The happiness of meeting again after a long time ~ft Lex   
Lun 19 Sep - 1:21
L’avantage d’être la seule personne à savoir recoudre une plaie ? Une maison. J’ai décidé d’abandonner mon lit au dortoir pour dormir sur un matelas de fortune à même le sol. Un petit poêle à bois constamment allumé réchauffe la pièce exiguë. Je lance un regard par la fenêtre, le camp est calme, il faut dire qu’il fait frais aujourd’hui, les gens ne sortent du dortoir qu’en cas d’obligation. Je ferme le plaid sur moi, je me sens un peu plus lasse les jours de pluie… J’ai rejoint le camp par hasard, je l’ai trouvé sans le vouloir, et Sara m’a accueilli avec une telle bienveillance. Elle sait tout de moi, même si l’on en parle pas, elle comprend que j’aime le calme de l’infirmerie, même Daniel, ce rustre, me laisse en paix. Je suis souvent avec Sara, alors je sais qu’elle n’aime pas tellement la façon qu’il a de lui saper l’autorité, ni sa manière de faire. J’ai souvent eu à vérifier que ses coupures, dues à des bagarres, ne soient pas trop profondes. Nous avons peu discuté, toutefois, il n’est pas du genre à se battre sans raison, alors j’essaie tant bien que mal de calmer Sara.

Dès mon arrivée, elle a tenu à m’aider, autant en qualité de médecin que de femme, j’ai vraiment apprécié mais… le silence est si apaisant. Je soupire bruyamment. Le camp a rapidement grossi, je m’occupe principalement des plus jeunes, de quelques bleus, une fois j’ai dû recoudre un jeune homme après une expédition. C’est si calme, tranquille, je guéris doucement, accoudée à cette fenêtre, regardant les gens vivre. Le vide immense que j’ai ressenti ce jour-là est encore dévorant, je me sens comme une poupée désarticulée, écrasée par le chagrin. Mais chaque personne qui entre ici me distrait assez pour ne pas m’écrouler. Je mange, je suis en sécurité, j’ai une amie, j’oserai dire que je vais mieux. Mieux que cette fois, baignant dans mon sang… Je me lève en sursaut, il faut que je m’occupe, sinon je vais finir asphyxiée par mes pensées.

Je m’agite, range, nettoie, houspille une jeune femme qui vient se plaindre de fièvre. Je l’assois, essaie de recopier les gestes appris avec Sara, touche sa gorge, lui colle un thermomètre à la fiabilité douteuse sur le front. J’essaie de la faire parler, pour entendre si ses voies respiratoires sont obstruées : « C’est quoi, ton petit nom ? Tu as quel âge, ma belle ?
- Maria… J’ai… euh, 19… non, 20 ans. »

Je lui adresse un sourire, elle a un peu de fièvre, mais il me semble que ça ira, je lui ordonne de se reposer jusqu’à demain et de revenir me voir pour une petite vérification. De temps en temps, Sara vient m’aider, quand c’est trop dur à gérer, quand je ne sais pas quoi faire, ou juste discuter. J’aime cet endroit, je m’y sens protégée, assez à l’abri pour récolter ses petits bouts de moi qui se sont éparpillés au fil des sombres évènements de ces derniers mois, les recoller. Ou au moins essayer. Je crois pouvoir avancer que je vais mieux, je suis plus calme. J’ai fait le point, je souhaite survivre, malgré tout. Après tout, je suis utile à quelqu’un, ici. A défaut de mon bébé, je peux aider d’autres gens. Au début, j’ai refusé de m’occuper des bobos divers du campement, malgré la pression affectueuse de Sara, moi qui n’avais même pas réussi à protéger ma propre chair, comment me rendre utile aux autres ? Finalement, mon instinct maternel, comme en déshérence, c’était acharné à me pousser à coller des pansements sur les genoux écorchés et les petites coupures.

Je ferme la porte derrière la jeune femme et me retourne, un peu surprise, quand j’entends la porte s’ouvrir, cinq minutes après. Mais ce n’est pas le visage rond de Maria, oh non. Je sens mes jambes trembler furieusement, j’ai l’impression de tomber. Je ferme les yeux en même temps que ma main gauche se serre sur le premier objet qu’elle touche. Le scalpel incise profondément ma paume, mais je n’y prête aucune attention. Il n’a pas changé, c’est atroce. Je recule par reflexe, j’ai envie de fuir mais je suis bloquée dans un coin et lui devant la seule porte. Je pose vivement ma main sur mon ventre, coupable, comme si j’allais cacher la preuve de ma trahison. Je ne l’écoute pas et baisse les yeux en secouant la tête. Mes yeux se posent sur le sang laissé par ma paume sur mon sweat. Je recule violement, murmurant des excuses à ce fantôme du passé. Je n’étais pas prête, pas prête à le voir. Ma résolution, mon courage, tout ce que j’ai bâti dans cette infirmerie vole en éclats.

« Non… NON ! J’hurle, pliée en deux, VAS-T’EN ! VAS-T’EEEEEEEEN ! »

Je plaque mes mains sur mes oreilles et essaie de reculer plus encore, ma jambe heurte le bord du lit et je tombe sur les fesses. Le visage déformé par mes sanglots, je lui interdis d’avancer la paume en avant. Comment lui dire ? Comment lui dire ?

« TOUT EST TA FAUTE ! TOUT ! TU M’ENTENDS RIVER ? »

C’est vrai ! Je suis venue pour lui ! J’ai traversé tout ça, pour lui ! POUR LUI ! Je n’en voulais pas de cet enfant moi ! Je… j’ai envie de mourir, de disparaître, tout… tout, mais pas lui faire face. Tout, mais pas ça. Je me sens comme si son regard me poignardait encore et encore, c’est presque aussi douloureux que ce soir-là dans la baignoire. Je l’interprète comme ma punition pour mon infâme trahison, j’ai laissé mon enfant mourir seul… je suis une mère atroce, terrible… Je fonds en larmes devant River. J’essaie de m’excuser mais mes propos sont hachés par mes pleurs.

« Je m’en veux… si tu savais… je m’en veux terriblement… River, pardonne-moi… je t’en supplie. »

Comment pourrait-il me pardonner ? Son enfant ! Je n’avais que ça, que ça à protéger, uniquement cette petite vie, notre lien, notre héritage… j’ai échoué…  
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River Cunningham
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Re: The happiness of meeting again after a long time ~ft Lex   
Lun 19 Sep - 17:28
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Ses hurlements, ses sanglots, le sang qui coule de sa main, la façon dont son regard s’est changé lorsqu’elle a posé les yeux sur moi, toutes ses choses m’ont affectées au plus haut. Je peux sentir mon cœur battre dans mon crâne et mon souffle haleter face à autant de désespoir et de tristesse. Le pire dans tout ça, c’est que je n’y comprends rien. La personne que je voulais retrouver dans cette apocalypse, celle qui m’avait fait tenir tout ce temps, se tient maintenant assise sur le sol devant moi en larmes, une main devant elle pour soutenir ses propos qui m’ordonne de m’en aller. M’en aller alors que j’ai enfin réussi à la rejoindre il n’en est pas question. Je veux et dois comprendre ce qu’il s’est passé. Une larme coule sur ma joue, larme de douleur et de pitié, alors que je la regarde bouche bée, comme si elle venait de me poignarder. Ce cri résonne dans mes oreilles et je pense que je ne l’oublierai jamais. Le souffle court, je pose le pied au sol. Je n’ai plus la force de me battre contre quoi que ce soit. Ma douleur revient et en une demie seconde je me retrouve à sa hauteur, les joues trempées de mes larmes. Je ne peux pas détourner le regard d’elle, la voir comme ça me tiraille et mon incompréhension ne fait qu’agrandir mon impuissance face à la situation.

Comme pour tenter de m’aider à comprendre elle se met à hurler que tout est de ma faute. Ma faute pour quoi ? Qu’avais je fais mis à part le fait de ne pas avoir été là ? Je tente alors de calmer ma douleur en changeant de position, mais cet acte ne fait que réveiller celle dans mon bras. Je suis terrifié. Terrifié de perdre à nouveau une personne que j’aime et tout ce sang qui coule maintenant de sa main me donne la nausée. Je ne veux pas la voir souffrir. Pas elle, elle n’a pas le droit de me faire ça. Alors que je tente de ramper jusqu’à elle je l’entend me demander le pardon. Toute cette souffrance, tous ses pleurs, je ne veux plus jamais les voir. Si j’avais pu mourir à ce moment, je l’aurais fait. J’arrive à sa hauteur et mon premier réflexe est d’attraper le scalpel et de le lancer à travers la pièce. Je la regarde alors et en guise de réponse la serre dans mes bras. Je suis incapable de parler. Je tremble de haine, de douleur et de tristesse. Une haine grandissante envers ce monde qui avait fait du mal à la femme que j’aimais et une haine envers la personne qui était la mienne, de ne pas avoir été là pour la protéger face à tout ça. C’était finit maintenant, je donnerais ma vie pour sauver la sienne et je jure qu’il ne lui arrivera plus jamais de mal. Je resserre doucement mon étreinte et je sens un frisson parcourir mon corps. Un long et presque agréable frisson de tendresse. Un éclair de lucidité me transperce et je dis d’un ton calme et qui se veut apaisant.

« Je te pardonne Alexis.. Je te pardonne. »

Je ne veux plus bouger. Je ne sais pas si elle en a envie, mais pour ma part je voudrais rester ainsi pour l’éternité. Je caresse tendrement ses cheveux d’un geste protecteur et oublie toute ma douleur. J’essuie doucement sa joue avant de déposer un léger baiser sur son front. Le contact de sa peau m’offre un second frisson et doucement je chuchote des mots pour l’apaiser.

« C’est fini Lex.. C’est fini, je suis là. »

Je ne sais pas si c’est ce qu’elle veut entendre. Je ne sais pas si je la dégoute et qu’elle ne veut vraiment plus jamais me voir. Je lui assure que tout ira bien alors que je ne peux même pas dire si nous serons encore vivants demain, mais je le fais par amour pour elle. Doucement je tente de me relever pour attraper les pansements qui se tienne sur l’étagère et, tout en restant muet malgré ma douleur, je bande doucement la main de celle qui m’avait fait reprendre goût à la vie quelques mois plus tôt. Le sang coulait encore, mais ce n’était pas très profond, de plus si c’était un scalpel médical, il devait être un minimum désinfecté. Pendant que je faisais cela, je ne pouvais pas la regarder dans les yeux. Je repensais à toute cette peine qui était passé dans ce cri. Elle m’en voulait, je le sentais, mais je ne voulais pas lui demander pourquoi. Peut-être par peur du rejet, mais surtout pour ne pas rouvrir d’ancienne blessures, qui avaient été au vu de sa réaction, très profondes. Alors bêtement, au lieu de replonger dans des sujets qui fâchent, je la regardais de nouveau, une fois mon bandage fini.

« Je t’aime. »      



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Re: The happiness of meeting again after a long time ~ft Lex   
Ven 23 Sep - 23:04
J’ai l’impression que quelqu’un s’est assis sur ma poitrine, compressant mes poumons. J’ouvre grand la bouche dans l’espoir d’absorber assez d’oxygène pour ne pas défaillir. S’étouffer est la pire sensation physique au monde, mes jambes trembles, ma vue s’assombrit et j’ai l’horrible ressenti du sang battant mes tempes. Je sens la nausée monter, comme si j’allais tomber évanouie et m’évaporer d’un seul coup. Je le vois ramper vers moi malgré mon avertissement. Je ne veux pas le voir, je ne veux pas qu’il me regarde comme ça, je voudrais disparaître, j’ai trop mal. Le voir me rappelle mon tendre enfant, il est la preuve vivante de mon échec. Il me fait souffrir. Et pourtant… pourtant… J’ai tellement envie de le sentir, de le toucher. Non, non… J’en ai besoin. Comme si j’avais été en apnée durant tout ce temps, il est ma bouteille d’oxygène, ma bouée de sauvetage, ma rédeption. Si seulement il pouvait me pardonner, s’il m’accordait à nouveau son amour et sa confiance alors… alors… Mais jamais il ne le fera. J’ai laissé mourir notre enfant, autant dire que j’ai tué une partie de River. J’ai l’impression qu’une aiguille de glace s’enfonce dans mon cœur, je suffoque.

Et en ce moment, je prie pour que tout ceci n’ai été qu’un rêve, je ferme les yeux sur River et ce monde insupportable, je remonte dans le temps, pas à pas, j’efface de ma vie la fausse-couche, la grossesse, les zombies, River, la maladie de Maya. Je remonte à mon meilleur souvenir d’avant la tempête. C’est Noël, je suis entourée de ma famille, je joue du piano dans une robe sage, un nœud dans les cheveux. On chante, on rit, on boit un peu. Je me sens tellement aimée, c’est si naturel cette paix… Et maintenant… maintenant ? Je n’ai ni piano, ni amie, ni famille et mon enfant s’est évaporé comme de la glace au soleil.

Je sens les doigts de River frôler les miens, j’ouvre les yeux par reflexe alors que le scalpel tombe à l’autre coin de la pièce. Il a bien fait, j’aurais… j’aurais voulu en finir. Avec tout. Je n’ai plus la force. Plus l’envie d’affronter River. Revivre ce cauchemar en lui racontant ce que j’ai fait. Je ne veux pas voir ses yeux s’assombrir de détresse, le voir me haïr pour avoir perdu notre enfant. Pire, je l’imagine me prendre en pitié, moi qui avait été son égale avant, il y a à peine quelques mois. Nous étions amants et amis et maintenant, je ne serais que sa pauvre Alexis qui a perdu son enfant… J’en ai les larmes aux yeux.

Je le regarde et lis dans ses yeux la même terreur que celle qui m’a saisi vivement le cœur dès lors que Seth m’a appris que je n’avais pas que ma seule vie à protéger. Mais de quoi aurait-il peur ? Ne devrait-il pas frémir de colère ? De déception ? Non. Bien sûr que non. Il ne sait pas, lui. Il ne peut pas savoir ! Combien j’ai couru, combien j’ai souffert, combien j’ai pleuré pour le retrouver. Il ne sait pas que j’ai été abandonnée à mon sort, seule au monde. Seule pour affronter l’horrible sensation de vide dans mon corps, ce sentiment de solitude infinie qui ne saurait être comblée. Il ne sait pas, lui, que je ne serais plus jamais une mère. Il ne sait pas encore que j’ai échoué lamentablement à ma seule mission, il ne sait pas que je l’ai trahi, lui et son enfant. Je lis dans ses yeux la tristesse, le désespoir et je crois qu’à ce moment-là il se sent aussi démuni que moi le jour où j’ai perdu tant de sang dans cette maison abandonnée… Ce regard qui veut dire qu’on doit agir, qu’il est vital de faire quelque chose mais… c’est impossible. Il est des choses qui sont perdues à jamais. A cet instant, je sais, je sens, que l’ancien River, celui que j’ai aimé il y a de cela sept mois, est mort. Il s’est brisé un peu plus chaque jour dans cet enfer, comme je me suis brisée, et il n’y a maintenant plus que deux corps qui se font face.

J’aimerai tant recoller ces morceaux, lui dire qu’on va tout recommencer, mais au lieu de cela, je me confonds en excuses, comme si c’était les bons mots. Je me déteste de ne penser qu’à mon propre salut, je me hais, mais je ne sais pas que faire d’autre alors que River me prends dans ses bras. D’abord avec douceur, comme s’il ne voulait pas me casser, mais soudainement avec force, comme on s’accroche à un roc dans la tempête. Comme si j’étais assez forte pour nous sauver tous deux…

Et puis, je l’entends dire ce que j’attendais probablement, j’en ai rêvé, des centaines de fois, qu’il me dise qu’il ne m’en veut pas. Qu’il me pardonne mais… Je me sens encore plus blessée par ses mots, son pardon hypocrite. Après tout… il ne sait pas tout le mal que j’ai fait, que je m’apprête à lui faire en racontant mon enfer. Alors, à partir de là, tout se confond. Les sons, les couleurs, la sensation de ses vêtements contre moi et le sillon de mes larmes. J’encaisse ses propos rassurants, choquée par la vague de colère qui monte en moi. Je suis désespérée, acculée, je vais exploser. Tout ce chagrin, toute cette peine, cette peur, je sens que toute mon impuissance se change en colère et River va se le prendre de plein fouet. Il se relève sans que je ne réagisse, mais sa déclaration est le dernier coup de masse dans mon mur de mutisme. Les mots se bousculent à l’orée de mes lèvres et j’hurle dans la pièce.

« Tu mens, River ! Tu ME mens ! »

Je me relève à mon tour, en m’appuyant sur une table qui finit par tomber dans le processus. A moitié recourbée à cause du déséquilibre, je ne fais pas attention à sa blessure et le repousse loin de moi. J’en profite pour me réfugier derrière un meuble en continuant à crier, la voix ravagée par mes sanglots.

« Qu’est-ce que tu me pardonnes au juste ? Tu n’en sais RIEN ! Je… Je me recroqueville sur moi-même, tu ne sais pas ce que c’est… je l’ai tué ! TUE ! Tu m’entends ? COMMENT PEUX-TU PARDONNER CELLE QUI A TUE TON ENFANT ?! »

Merde ! Je pose mes mains sur ma bouche et recule violement contre le mur. Non ! NON ! Je ne voulais pas ! Je ne voulais pas dire ça ! Pas comme ça ! Pas de cette horrible façon. Je n’ose pas relever la tête de peur de croiser son regard. Sera-il blessé ? Trahi ? En colère ? Pourra-t’il continuer de m’aimer ? Je… Je commence à courir dans la pièce en direction de la porte, bien décidée à m’enfuir et disparaître du camp. Je ne peux plus…
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River Cunningham
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Re: The happiness of meeting again after a long time ~ft Lex   
Mer 28 Sep - 13:06
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Mes mots ont eu l’effet contraire de celui escompté, puisque maintenant Alexis me hurlait au visage des mots qui me blessaient encore plus que la raison pour laquelle j’étais venu ici à la base. Peut-être avait-elle raison après tout ? Le mensonge n’était pas une chose que j’appréciais, même si parfois je parlais sans trop réfléchir surtout dans les cas d’urgences, j’étais toujours honnête, surtout avec les gens que j’aimais. Mais si j’avais moi aussi changé ? Une part de moi étais persuadé d’être prêt à la pardonner quoi qu’elle ait fait ou dit, mon cœur avait battu durant tout le long de cet enfer et battait toujours définitivement pour elle, mais d’un autre côté, elle avait l’air tellement ravagée par l’apocalypse, tellement fatiguée, qu’elle avait peut-être fait des choses que je n’imaginerais même pas dans mes rêves les plus fous. C’est alors qu’elle se relève et qu’elle me pousse avec une violence telle que j’en perds l’équilibre et que je me retrouve sur le sol, la jambe enhardit par la douleur et le coude sanguinolent. Cependant mes yeux restent rivés sur Lex, qui est en train de jouer carte sur table et de laisser sortir tout ce qu’elle avait sur le cœur depuis des mois.

Ses paroles me frappent comme si on venait de m’asséner un coup de poing dans l’estomac. Mes yeux s’écarquillent, toute la douleur que je ressentais juste avant s’atténue, mes yeux embrumés par les larmes ne clignent plus et j’avale difficilement ma salive. Je ne peux pas et je ne veux pas y croire. Elle avait dit « ton enfant ». Elle avait tué mon enfant ? Elle avait passé tout cet enfer enceinte ? Mais.. où était son ventre ? Tout cela n’avait aucun sens. Si j’avais eu un enfant, il viendrait de naître où ce serait encore un nourrisson. Et son ventre si plat, non ça ne collait pas. Ma respiration s’accélérait, mon rythme cardiaque augmentait alors que je baissais les yeux vers le sol, encore en état de choc. J’avais tellement de questions à lui poser sur « mon enfant », ce qu’il s’était passé exactement. L’Alexis que j’avais connue n’aurait jamais pu tuer de sang-froid et encore moins la chair de sa chair. L’instinct maternel ou son amour pour moi ne l’aurait-elle pas empêchée de faire une atrocité pareille ? Non c’était forcément un accident. C’est alors que je me rappelais de l’histoire de Rose, la fille de William. Celle qu’il avait eu avant cette apocalypse. Il m’en avait parlé une demie douzaine de mois avant notre rencontre et m’avait raconté l’histoire comme si c’était lui qui l’avait tué. Je ne pensais pas qu’on pouvait aimer un être à ce point et il se sentait tellement coupable de sa mort qu’il considérait que c’était lui qui l’avait tué, alors que c’était un accident. Je ne savais pas si les deux affaires étaient similaires, mais j’avais envie de croire qu’Alexis, la femme que j’aimais, n’était pas devenue comme la plupart des gens dans ce nouveau monde de merde. Je relevais les yeux vers elle. Elle me tournait le dos maintenant et elle se dirigeait vers la sortie.

« Je te pardonne. »

Je ne savais pas comment elle allait réagir, mais pour le moment c’était vrai. Je lui pardonnais. Je voulais la voir aller mieux, l’aider à se reconstruire si elle en avait besoin, refaire les choses comme avant et pour cela je lui pardonnais. Au moins elle s’était arrêtée, je sentais que je devais m’expliquer, ne pas la laisser comme ça, elle qui s’attendait sûrement à ce que je l’insulte de tous les noms. Je soupire alors, avant de lui donner des explications.

« Ecoute Alexis, je ne te mentirais jamais, alors s’il te plait écoute moi. Je te pardonne mais, raconte moi exactement ce qu’il s’est passé.. S’il te plaît.. »







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Alexis Dawson
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Re: The happiness of meeting again after a long time ~ft Lex   
Mar 4 Oct - 14:23
Je me laisse glisser à terre, rongé de l’intéreur. Maintenant, je suis au pied du mur, je ne peux pas lui infliger plus de souffrances en fuyant, laissant toutes ses questions en suspens. Surtout depuis que j’ai crié avec colère que j’ai perdu son enfant. Il doit être perdu. Et blessé. Atrocement. Je sais que River n’a pas changé, il est toujours ce garçon un peu brute d’apparence mais doux comme un agneau. Il a tellement souffert, même avant que les morts se relèvent. Mais c’est comme si c’était le même jeune homme que j’ai connu au chevet de sa mère. Le regard un peu perdu mais toujours cette douceur. Moi, je sais que j’ai changé. Je suis devenue acide et tous mes bons côtés se sont dissouts dans l’appréhension et le désespoir.
 
D’un geste sec, je repousse mes cheveux roux en arrière, replie mes genoux devant moi et commence à lui relater mon voyage jusqu’au Camp Humanity. Je lui parle de mon entrée dans la zone protégée, la forêt inhospitalière, le camp des militaires et Seth. Comment j’ai appris que j’étais enceinte.
 
« Je ne savais pas quoi faire… je ne me voyais pas vivre sans toi alors… mais soudain, je n’étais plus seule, je ne pouvais PLUS être égoïste. J’ai pensé à retourner derrière les murs de confinement, mais ils étaient tombés et puis les militaires me protégeaient. Mais… les morts sont arrivés et… »
 
              J’étais sur la route encore, seule. D’un côté, je n’étais pas tout à fait seule, mais d’un autre, c’était pire. Je ne risquais pas QUE ma vie, je ne cessais de vouloir te ramener son enfant, comme si je n’étais que le réceptacle de l’héritage de mon amant. Ma voix est tout à fait calme maintenant, comme si je faisais le résumé d’un livre particulièrement ennuyant. Depuis cette nuit, je trouve que la vie n’a rien d’extraordinaire et mourir est une chose si simple. Un moment, mon enfant est là, avec moi, à l’autre, je suis recroquevillée, seule. Je me souviens du froid de l’émail, du plaid rêche sur ma peau, de la douleur, du sang carmin, de tous ces détails, mais je suis incapable de me souvenir du poids de mon ventre, de la sensation d’attendre un enfant. Je n’ai gardé que les mauvais souvenirs. Comme si cette grossesse n'avait été qu'une illusion. Un cauchemar. Alors je raconte à River ce que j’ai en tête.
 
« Je ne sais pas pourquoi, peut être les chocs répétés, mais j’ai fait une fausse couche. Je crois… je crois que le bébé était mort bien avant parce que… il ne bougeait pas !  Rien ! Il… »
 
              Je fonds en larmes, dévastée. Je ne l’ai jamais senti, il n’a jamais donné de coups, fait de bulles, il… j’avais un bébé fantôme dans mon corps et j’essayais pitoyablement de me convaincre qu’il fallait que je le protège et qu’il allait naître en pleine forme. Je m’étais bercée d’illusions, m’appelant moi-même « mère » et au final je ne pouvais pas en vouloir à River d’être le père, j’étais la seule à blâmer. Sans doute que personne n’aurait pu faire mieux dans ma situation, peut-être que c’était joué d’avance, mais je ne pouvais pas m’empêcher de me torturer. Je ne voulais pas du pardon de River, je ne voulais pas de sa pitié, je veux juste oublier qu’un jour, une heure, une seconde, j’ai espéré être une maman. C'était mon pêché, j'avais voulu devenir quelqu'un d'utile, autre chose qu'une simple pianiste, je voulais compter pour quelqu'un. Inscrire mon nom dans la chair de cet enfant et me lier à jamais à River. Et j'avais été punie pour avoir été trop avide. Déni, Colère, Expression, Dépression. Acceptation. Je ne voulais pas accepter la mort de cet enfant, mais elle c’était imposée à moi, je devais faire vite, me relever si je voulais avoir une chance de voir un autre lendemain. Je m'en étais souvent voulue de ne pas avoir été tuée par la douleur de cette perte, comme si je tenais plus à ma vie qu'à cet enfant. Et je m'étais parue incroyablement laide et égoïste à ce moment-là. La phase de colère s’était mêlée à celle de l’expression, je tentais désespérément de blesser River pour souffrir moins. Juste un peu moins. Une seconde de répit où je ne pleure pas.
 

              Je soupire, réfugiée dans le giron protecteur de mes bras. Je ne sais pas quoi faire, pas quoi dire. J’aimerai être seule, pour réfléchir mais surtout pour me briser en mille morceaux sans entraîner River dans ma chute.  Je relève la tête pour le regarder, il semble assommé, alors, comme pour le rassurer, lui dire que tout ira bien puisque nous sommes ensembles, je lui souris. Entre mes larmes et mes traits tirés, je décide soudainement de tirer le meilleur du pire. On est tellement à porter nos deuils, à souffrir de pertes, on est tous blessés par la mort, alors... alors je me mets à prier pour que les vivants ne nous infligent pas un autre lot de coeurs brisés.
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River Cunningham
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Re: The happiness of meeting again after a long time ~ft Lex   
Jeu 20 Oct - 19:38
Meeting again
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Je passe doucement mes mains sur ma jambe endolorie par la chute et regarde Alexis qui se laisse tomber au pied du mur au premier comme au second degré. Elle se confie à moi, me racontant son périple à travers Oakland, à quel point je lui manquais, comment elle avait appris qu’elle était enceinte de moi et son combat contre le monde pour sauver notre enfant. Je ne dis rien, j’écoute silencieusement la femme que j’aime et je sens une impuissance monter en moi. Je n’avais pas été là pour elle et je me sentais presque coupable par rapport à la mort de notre enfant. Si seulement je l’avais retrouvée, j’aurais pu la nourrir, m’occuper d’elle, lui apporter toute l’attention et l’amour dont une femme enceinte avait besoin. Je voulais rattraper tout ça mais c’était trop tard. Je la trouvais forte, belle, comme ma lumière dans ce monde de ténèbres, mais je ne savais même pas su j’arriverais un jour à me regarder de nouveau dans une glace. Moi qui m’étais plains de la situation, qui avait sauvé mes amis au lieu de sauver ma « famille ». Enfin de ce qui aurait pût l’être. Je n’avais jamais pleuré depuis le début de l’apocalypse et pourtant je ne pouvais empêcher les larmes de couler le long de mes joues. Elle m’achève lorsqu’elle finit son récit. Une fausse couche évidemment. Comment en aurait-il pu être autrement ? Le manque de nourriture, le taux d’adrénaline qu’une journée apocalyptique nous infligeait, les changements d’humeurs répétés, les conditions de vie précaire etc.. Elle n’était en rien en tort et dans le fond je le savais et je l’avais toujours su. C’était une mère brisée par une fausse couche et Alexis, celle que je connaissais et que j’aimais, était toujours là. Je la regardais alors fondre en larme, elle avait l’air d’avoir honte. J’étais trop choqué pour parler et je ne savais vraiment plus quoi dire. De toutes manières, qu’est ce qui pouvait passer après le récit d’une jeune mère qui venait de perdre son bébé, surtout quand la jeune mère en question était enceinte de moi.

Je cherchais mes mots, cherchant ce qui pourrait la rassurer, quand une chose à laquelle je ne m’attendais vraiment pas arrivait. Alexis relevait la tête vers moi et elle me souriait. Je sentais les frissons parcourir tout mon corps. C’était un geste de tendresse qui m’avait manqué. Depuis que nous nous étions retrouvés, des larmes et de la tristesse étaient les seuls choses qui s’étaient mises entre nous. Enfin je l’avais. J’avais envie de me jeter sur ses lèvres, lui montrer tout l’amour que je lui portais, lui dire que je la protégerais quoi qu’il arrive mais c’était impossible sur le moment. Premièrement parce que si je me relevais, ma jambe ne me permettrais pas de rester debout, puis ce n’était pas le moment. Je lui rendais alors son sourire puis d’un ton rassuré, je me lançais dans mon récit. Comme je ne savais pas quoi répondre et qu’elle venait de me raconter son épopée depuis le début de l’apocalypse, je faisais de même. Je connaissais sa vie, tout ce qu’elle avait ressenti ou fait, alors moi aussi, j’avais envie de me livrer. C’était la première fois que je faisais cela, tout raconter en détail, dire que j’avais eu peur non pas des macchabées mais d’être seul. Comment j’avais trouvé Alexander et William, nos aventures dans Oakland, comment nous nous étions retrouvés à nous occuper d’une petite fille dont j’étais le « parrain » ou le « gentil tonton ». Comment j’avais perdu toute cette famille il y a de ça presque un mois à cause d’une horde. Comment j’avais voulu en finir avec ma vie mais que je voulais la retrouver elle. Comment elle m’avait sauvé la vie sans le savoir. Comment j’avais prié dieu les jours où j’étais affamé, juste pour pouvoir la revoir une fois et la serrer dans mes bras et comment mes prières avaient été exhaussées. Je reprenais mon souffle avant d’ancrer mon regard dans le sien pour conclure mon récit.

« Je sais à quel point c’est dur de survivre dehors et je ne sais pas si mon avis t’importe, mais je ne te considère pas coupable dans la perte de notre enfant. Tu es quelqu’un de brave, de gentille, de magnifique et si ce bébé n’a pas survécu avec toi, personne n’aurait pu le sauver. »








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Re: The happiness of meeting again after a long time ~ft Lex   
Mer 2 Nov - 12:49
Le membre 'Reiiko A. Jäger' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


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Re: The happiness of meeting again after a long time ~ft Lex   
Mer 2 Nov - 12:51
Et pour la première fois, je laisse échapper des larmes de soulagement. Ce n’est pas un rêve, pas une illusion, pas un fantasme. Il est bien là, en chair et en os. Je peux le toucher, le gifler, l’embrasser. Je peux fuir son regard si je le souhaite, la forme éthérée de mes cauchemars ne me suivra pas au travers des murs, je peux me boucher les oreilles comme un enfant apeuré pour ne plus l’entendre. Mais je ne le ferai pas. Parce que je veux l’écouter. Le voir. Le sentir. Le toucher. C’est le vrai River, pas celui que j’ai imaginé, cauchemardé. Dans mes songes, il m’accusait et me trainait dans la boue, dans mes songes, il me faisait souffrir physiquement parce que j’avais besoin d’oublier ma souffrance morale. Mais ces rêves étaient une trahison à cet homme, en face de moi. Il n’avait pas changé, il était toujours le même garçon doux et un peu trop attentionné. Mais aujourd’hui, il avait raison de me protéger. A la moindre bise, je pourrais voler en éclats.

J’écoute son histoire avec ferveur. Il a passé presque autant de temps dans l’Enfer que nous nous étions côtoyés. Plus de temps passé à se chercher qu’à apprendre à se connaître. Plus de larmes que de sourires, au final. Plus de moments passés avec William et Alexender qu’avec moi. Je ressens une pointe de détresse, de la jalousie. D’agonie. Comme quand mon frère est né et que j’ai cru que maman ne voulait plus de moi. Que je serais une gêne. Est-ce que je suis une gêne pour River ? Est-ce qu’il ne préfèrerait pas rester avec ses nouveaux amis ? Je secoue la tête avec force, River n’est pas comme ça, River aime tout le monde, quelques soient les défauts des gens. J’ai subitement envie de le toucher, poser ma main sur sa joue, fermer les yeux et sourire. Je m’imaginerais alors un monde revenu à la normale, nous aurions un autre enfant, trois même, une fille et deux jumeaux. Nous vieillirons, assis dans un canapé élimé, en regardant nos enfants puis nos petits-enfants jouer dans la lumière d’un soir qui tombe paisiblement.

Je vois dans son regard qui brille son amour pour Aurore, je lis combien il aurait été un père fantastique et comme il est blessé par cette perte tragique, cette histoire qui aurait pu être pleine de joie, mais je sais qu’il ne m’en voudra pas, jamais. Je regarde avec nostalgie son visage, tantôt lumineux, tantôt vide. Je l’imagine, effaré devant la cruauté de la nouvelle chaîne alimentaire. Malgré son air de brute épaisse, je le connais assez pour savoir combien il a souffert de devoir tuer, alors que je m’étais cachée sous terre avec Logan.

Et soudain, la distance entre nous semble être un fossé profond et obscur. D’un côté, la lumière et River, la vie, le futur et de mon côté, rien que la mort et le passé. Emportée par ma peur et le soulagement d’avoir enfin tout dit, je m’élance sur lui et m’écrase purement et simplement sur lui. Mais bien vite il faut se relever, le pauvre homme gémit sous mon poids et je m’aperçois enfin de son piètre état. La culpabilité prend un instant le dessus, mais les gestes répétés au fil du temps sont ancrés dans ma mémoire, j’inspecte sa jambe, mais n’y voyant pas de sang, je suppute un gros bleu et peut-être quelques muscles froissés.

Dans l’évier, je pioche un récipient en métal, des compresses et de l’eau dans une bouteille. L’infirmerie a désespérément besoin de médicaments et de matériel, je sélectionne des gazes dans le peu de choses que nous avons, en me promettant de toucher un petit mot à Daniel à ce propos. Les retrouvailles avec River attendront, de toute façon, je sais que le chemin sera encore long avant que nous puissions revenir à des nuits sans cauchemars. En attendant, je l’installe assis sur le lit de fortune et commence à nettoyer la plus grosse des plaies. Il a de nombreuses éraflures, mais une seule me semble inquiétante, un bout d’arme ou de quoique ce soit qui soit entré en collision avec River a dû s’y glisser et retomber par la suite.  

« Sois un grand garçon, j’ai rien pour faire passer la douleur et… je rougis, embarrassée d’être aussi peu utile, rien pour recoudre. Sara et Seth sont absents alors il faudra se contenter de moi… Comme tu as fait ça ? »

Je me concentre pour ne pas devenir verte quand j’écarte les pans de la plaie afin d’y enlever le sang séché et les saletés. La plaie ne semble pas profonde, je me sens nettement soulagée, il n’y a pas besoin de recoudre, si bien que je me contente de lui enrouler le bras dans un peu de bande et d’y apposer du scotch. Je le regarde sans oser vraiment croiser ses yeux, gênée de n’avoir penser qu’à moi durant cette scène.

« Euh… il faudrait changer le pansement souvent, ça devrait vite guérir, pour les autres, rince toi à l’eau. Et… il faut que je regarde ta jambe. Ça n’a pas l’air cassé mais… oh, laisse tomber, tu regarderas ça avec Sara, d’accord ? »

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Re: The happiness of meeting again after a long time ~ft Lex   
Mer 30 Nov - 19:46
Meeting again
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Une fois mon récit fini, je la regarde attentivement. Je vois dans ses yeux comme un air de réflexion. Je ne sais pas si elle m’a cru, si elle pense que j’ai une nouvelle famille et plus aucune place dans mon cœur pour elle, ou simplement si le choc ralentit son temps d’assimilation de mes propos. Pendant ce temps je la regarde et je profite. Son visage était exactement le même que dans mes souvenirs et à vrai dire, j’étais ravi de pouvoir la contempler de nouveau. Tout à coup elle se jette littéralement sur moi ce qui me fait basculer en arrière et réveille les douleurs pour lesquelles j’étais venu à la base. Cependant je la serre dans mes bras et fait tout pour que cette étreinte soit la plus longue possible. Je sens de nouveau son odeur, peut de nouveau la toucher et je me dis que cette vie n’est pas si terrible. Certes il y avait eu des souffrances, des sacrifices et bien d’autres chose négative, mais sans tout cela je n’aurais jamais eu cette sensation de bien-être que je n’échangerais contre rien au monde. Je dépose un léger baiser contre son crâne juste avant qu’elle ne se relève et ne commence à m’examiner. En ce moment j’avais l’impression d’être dans un monde sans soucis, sans aucun mort-vivant et que nous étions de nouveau dans l’Oakland pré-apocalypse. Une fois ma jambe examinée, elle allait dans les étagères un peu plus loin tandis que je relève difficilement en grimaçant. J’attendais patiemment qu’elle finisse de farfouiller un peu partout, pour la voir revenir avec divers instruments médicaux. Si on m’avait il y a 10 ans que je me ferais soigner une blessure provoquer par une apocalypse zombie et en plus par Alexis Dawson, qui soit dit en passant était ma.. ma.., note à moi-même il faudrait éclairer les choses sur notre relation un peu plus tard.


Elle m’installe donc sur un lit de fortune et commence à nettoyer les plaies. Je sers les dents, ce n’est pas le moment de passer pour un fragile. Je ne sais pas si elle a vu que j’avais mal, mais je ris doucement lorsqu’elle me parle comme à un petit garçon à qui on nettoierait une petite écorchure. C’était peut-être ce que j’étais après tout ? Un petit garçon qui jouait aux aventuriers et qui se faisait des bobos ? Elle me demande alors comment je m’étais fait ça. Je ne savais si je devais lui mentir pour la rassurer, ou si au contraire je devais jouer carte sur table. Non, mentir n’arrangeait jamais rien puis je pense qu’elle était assez consciente de la réalité des choses pour entendre ce que j’avais à dire. Alors que je fronce les sourcils pendant qu’elle me soigne le bras, je réponds d’un souffle court, ça faisait encore plus mal que le simple nettoyage des autres plaies.

« J’étais en mission de ravitaillement et j’ai eu un accident de voiture en rentrant au camp. Il y avait au moins 10 de ces monstres sur la route et j’ai fini dans le ravin. »

Une fois fini je lui souris timidement et j’écoute ses instructions en montrant mon consentement d’un oui de la tête avant de la remercier sincèrement. C’est alors qu’un léger blanc s’installe. Je ne sais vraiment pas quoi dire ni faire. Je dois avoir l’air idiot, mais je me dis que l’embrasser maintenant semblerait malaisant. Cependant je lui prends doucement la main avant de prendre mon courage à deux mains et d’une voix tremblante reprendre la conversation.  

« Je sais pas trop quoi te dire.. mais.. enfin.. tu.. fais quoi après le travail ?.. »








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Re: The happiness of meeting again after a long time ~ft Lex   
Lun 5 Déc - 11:17
Je vois bien qu’il hésite, qu’il essaie de me ménager, comme si il y avait quelque chose à ménager encore, comme si on pouvait trouver une seule personne dans ce camp qui aurait pu être épargnée par ce charnier à ciel ouvert. Je secoue la tête à entendre son récit, les zombies se rapprochent du camp, c’est une évidence. Sara en est inquiète mais il en faudra plus pour persuader tout le monde de déménager loin de la ville, et donc des ressources. Je continue ma besogne en silence, consciente que ce genre d’inquiétude ne doit pas transparaître, surtout quand j’essaie tant bien que mal de jouer au mieux mon rôle d’infirmière rassurante. Mais ici, personne n’est dupe du calme et de la chaleur qui règne dans la pièce.

Je me moque doucement de sa tête décomposée, moi-même je ne suis pas à l’aise avec le fait de devoir écarter des plaies, nettoyer et de temps en temps recoudre, tellement pas que des fois, j’ai l’impression de me recoudre en même temps. Je le gronde doucement : « allez, ne me dis pas que ça fait mal, c’est même pas un vrai bobo… tu veux un pansement Transformers ? » J'ai filé notre seul et unique pansement coloré à un gamin, il avait une fièvre folle et moi, rien pour le soulager. Je lui ai collé sur le front en lui affirmant que c'était un pansement magique. Le petit souriait à travers ses larmes de crocodile et moi, je me suis sentie comme la pire menteuse. Je repousse le meuble roulant pour ne plus l’avoir dans les jambes et file me laver les mains avec une solution hydro-alcoolique, la seule ressource en quantité dans cette infirmerie. Et encore, mes stocks baissent sans vraiment en retrouver.

Je lui donne mes consignes, passe une main sur sa jambe en rougissant, je sens que son muscle est un peu gonflé et chaud, je tente tant bien que mal de me souvenir de mes notions de secourisme et en conclus un peu maladroitement qu’il s’est échauffé le muscle. Je lui conseille de revenir voir Sara quand elle sera disponible. Je m’agite de droite à gauche pour ne pas me laisser envahir par le silence gênant qui a pris place dans mon chez-moi. Concentrée à faire comme si tout était normal, je pousse un glapissement aigu quand River m’attrape la main. Ok, c’est carrément gênant, mais je fais comme si je n’avais jamais poussé mon petit cri et me retourne pour le regarder.

Complètement désarçonnée par sa question, le genre de truc qu’on demandait y a au moins deux siècles, avant l’hôpital et les zombies, je mets un peu de temps avant de lui sourire largement et de lui répondre : « j’attends qu’on m’invite à manger », sans ajouter que ce sera la tambouille de Clavell, le nouveau chef du Camp. Loué soit-il, même avec les pauvres vivres du Camp, il fait des prouesses.

Je pousse River vers la sortie quand un nouveau blessé toque à la porte, lui arrachant la promesse de venir dans quelques heures. Et soudain, face à mon nouveau patient, je sens que toute ma vie reprend du sens. Un toit, un but, des gens autour de moi, River, un train de vie régulier et organisé. Je me sens pousser des ailes. La journée risque d’être longue, et j’ai hâte qu’elle finisse. Tellement, qu’à peine l’heure arrivée de manger, je fais les cent pas dans la pièce, vêtue d’une veste en laine chaude, mais malheureusement pleine de trous. J’ai l’impression qu’il ne viendra pas. Peut-être qu’il m’en veut vraiment ? Peut-être est-il en danger ? Je commence à ronger mon frein en pensant à toute sorte de choses absurdes. Et puis d’un coup, je décide de foncer comme un bolide hors de l’infirmerie pour partir à sa recherche et lui tirer les oreilles !
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