Un pas après l’autre. Respire. Evite. Cours. Cours NENUFAR !. J’ai la sensation de filer comme le vent et pourtant, de ne pas avancer. Pas assez du moins. Je regarde en arrière, Alisha boitille et pour la première fois de ma vie, je ne fais pas demi-tour, je cours en silence parce que je veux vivre. J’ai une crampe au ventre, les poumons en feu, quatre points de côté, la gorge sèche, mais je fonce. J’agite les bras en direction des portes et manque de tomber, lâchant par la même occasion mon katana. Merde.

J’essaie de crier d’ouvrir et seul un croassement m’échappe. Je sens une larme rouler, je ne sais pas trop si c’est la honte de laisser Alisha derrière ou juste le vent qui fouette mon visage. Les portes s’ouvrent, je m’y engouffre avec joie, stoppe ma course pour regarder les autres qui arrivent. La pauvre tente de distancer les zombies mais elle n’y arrivera pas à temps. Penchée, les mains sur mes genoux, j’essaie de souffler un peu, malgré l’urgence de la situation. Un des gardes ne veut pas fermer la porte et je vois d’ici arriver le cauchemar. Vous savez, comme dans un film d’action. Avec lenteur, plusieurs plans sur la fille qui cours, les zombies sur ses talons, le frère, les survivants qui le pressent de fermer cette satanée porte. Et moi. Moi. Juste… moi. Seule, abandonnée, comme je l’ai laissée derrière pendant que je courais pour ma NENUFAR ! de vie.

Je fais volteface dans la boue alors que les zombies sont à deux doigts de pénétrer le camp, je tombe, me relève avec une lenteur exaspérante.

« Max ! MAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAX ! HENRY ?! »

Personne.

Je me dresse à l’aide de mes bras et fonce vers l’armurerie, pour y retrouver mon bouclier et une autre arme. J’ai testé l’efficacité de la technique « défense et attaque » et franchement, elle a plutôt bien fonctionné, jusqu’ici…

Le premier zombie qui m'aborde est étrangement sexy, il a l'air d'avoir à peine ses 20 ans, des yeux blanchis par la mort et les pommettes hautes. Sa joue déchirée et ses cheveux en bataille, on dirait un type sexy déguisé en zombie. Mais NENUFAR !, calme tes hormones Reii bordel de toi !

J'esquive comme je peux ce salaud pour galoper vers mon but et un type qui passe, sans doute une sentinelle lui décroche un violent coup. Sans regarde le résultat du match, je me relève pour la 110ième fois de la journée, le cul trempé, et passe en mode "furtif de l'esquive, cache toi dans l'ombre, fais le mort, ninja secret du FBI" pour rejoindre cette fichue armurerie. Et visiblement, je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée. Il va falloir voler.

Ce camp, il est pas top top. Je me fais un peu chier ici, avec toutes leurs règles à la con. Le pire, c’est que je peux pas aller où je veux quand j’en ai envie. Ces mecs sont genre des nazis de l’organisation, mais Seth a l’air un peu content alors tant pis. Quand on m’a demandé ce que je savais faire, j’ai dit dessiner et ces bâtards ont voulu me coller au ménage et au ramassage des ordures ! Alors je me suis dépêché de dire que j’étais coiffeur, avant. C’est pas vrai du tout bien sûr, mais tout le monde est tellement moche dans cette apocalypse qu’on s’en fout un peu que je coupe les cheveux des gens n’importe comment.

Ce matin, je me suis levé pour aller travailler, je traîne des pieds en bâillant, et c’est alors que je me dis que j’ai trop la flemme d’y aller que j’entends un mec qui gueule. Des zombies. Merde alors ! Je ricane un peu tout seul parce que ça fait un peu d’animation, et puis je continue mon chemin. Sauf que l’endroit où on m’a collé pour couper les cheveux, c’est pas loin de l’armurerie et en chemin, je tombe sur une petite qui est déjà venue me voir. J’ai oublié son nom, mais je me souviens bien que j’ai coloré ses cheveux n’importe comment et qu’elle était contente. C’était bien la seule à être contente de ce que j’ai fait à ses cheveux, alors j’ai décidé que je l’aimais bien et je lui fais un signe de la main alors qu’elle s’approche de l’armurerie. « Qu’est-ce que tu fais ? »

"Derrière-t..."

Et badaboom. Je reconnais le coiffeur avant qu'il me tombe sur le lard. Y a des zombies dans le camp, et lui il me raconte sa vie ! J'y crois pas, un vrai paumé ! Je rue comme je peux pour faire tomber TOMA, c'est pas qu'il est lourd mais... Et d'un coup, le zombie nous tombe sur la couenne. Je pousse un genre de glapissement étouffé, en pensant à mes vêtements pleins de boue et donc irrécupérables. Je les aimais bien.

Je sens que je flanque un coup dans le tibia de TOMA sans faire exprès, j'hésite à m'excuser mais je suis prise dans l'urgence de la situation et décide de remettre les formalités à plus tard. Un autre zombie nous fonce dessus, comme si être écrabouillée par deux gros lards n'était pas suffisant. Heureusement que Max crée la surprise (et me défonce trois tympans au passage), j'aurais sauté de joie si je n'étais pas en train de mourir asphyxiée.

"THAT'S MY BOY !"

Bon, d'accord, j'aurais pu éviter ça. Je décide de pousser un grand coup sur TOMA pour le virer de mes voies respiratoires et en voiture Simone.

[Dé d'échec cuisant, j'ajoute même pas mes comp AVEC UN TROIS TFACON ADIEU LES COPAINS][Je voulais fuir, ouioui][Plz Max ?]

J’ai à peine le temps d’essayer d’être sympa avec la fille qu’un truc me saute sur le dos. Je m’écroule dans un cri rauque en emportant la fille avec moi. La pauvre, elle couine aussi mais je ne peux pas faire grand-chose dans cette mêlée ridicule. Je gigote, j’essaie de me débarrasser de la sale bête qui essaie de me croquer et en même temps de plante mes coudes dans la petite aux cheveux bleus sous moi. « Aaaargh » Ce n’est même plus le zombie qui râle, c’est moi. Je sens les petites mains de la fille qui essaie de me pousser mais nous pesons trop lourd sur elle. Ce n’est que quand j’entends la mâchoire claquer à côté de mon oreille qu’une bonne âme se décide à soulever le zombie qui m’agrippe. « Ah NENUFAR ! enfin ! » Je souffle et je me relève pour libérer la petite bleue, alors que notre sauveur finit de niquer sa race au zombie.

« Merci me… » Je m’arrête dans ma phrase parce que le mec en question va directement voir la petite. Ils ont l’air de se connaître alors je la ferme et je m’apprête à partir, mais finalement il se retourne vers moi. Une arme ? UNE ARME ? J’échappe un rire un peu dément et puis je hausse les épaules. J’ai hâte de voir ça tiens. Je pense à mon ancien katana, et puis je pense aussi à Seth. Je me demande où il est ce débile. Mais les deux gus avec moi ont l’air de paniquer un peu, alors je me décide à bouger. « On a qu’à essayer par là ! » Je dis ça au pif, mais je prends un air sûr de moi et j’embarque avec moi la fille aux cheveux bleus et son copain.

"Max non ! MAAAAAX"

Je lui hurle un peu comme j'hurlais sur mon ancien chat avant qu'il ne chaparde de la nourriture, ce petit cri aigu et désespéré qui n'empêche jamais personne de faire ce qu'il ne faut pas faire. En l’occurrence, me filer le seul flingue du trio. Décidément, je suis pas très fine, mais Max manque cruellement de discernement. Je tiens la chose à bout de bras comme si c'était un sac de crotte, avec l'idée d'assommer Max avec puis de lui rendre.

Je viens juste de me débarrasser de l'autre éléphant, les poumons encore contrariés par son poids qu'il nous entraîne en courant comme un fou. Je suis sûre à 99% qu'il ne sait pas où il va, mais je me tais parce que de toute façon Max s'en va déjà et que je ne lui ai pas rendu son pistolet en plastique. On arrive derrière le stock d'armes et je décide qu'il faut arrêter de juger mal les gens, ce n'est pas poli Reiiko.

Toujours est-il qu'avec la poisse légendaire des Bats, un zombie est déjà là et un texan aussi, puisque qu'il ouvre le feu en fermant les yeux (Max lui dirait que c'est vraiment pas comme ça qu'on fait, mais Max n'est pas d'humeur à donner un cours de tir). Je prie pour vivre ma vie un peu plus longtemps, au moins le temps de pécho dans ce camp de blaireaux et me jette sur/à côté/vraiment trop à côté de Max.

ARE YOU FUCKING KIDDING ME ?
Dé fuite : 1 je calcule même pas ntm je déteste ce forum
Dé 5 + 0 nsm oskour Max

Par miracle – parce que Seth a trop prié pour moi – je mène ma petite troupe jusqu’à l’armurerie. Je dois bien avouer que je ne l’ai pas fait exprès, mais quand je vois leurs petites faces illuminées, je préfère jouer le héros qui avait tout calculé. Personne ne le saura jamais après tout. La porte ne me résiste même pas quand je tente de l’ouvrir avec un air concentré, et rapidement nous gagnons l’intérieur. C’est la première fois que je viens ici, on ne laisse généralement pas les mecs comme moi toucher aux armes, surtout dans une société qui se veut soudée et bien organisée. C’est à peine si on me laisse prendre un crayon, de peur que je plante quelqu’un avec. Ca aussi, je soupçonne Seth d’en être responsable.

J’ouvre de grands yeux en remarquant que nous ne sommes pas les premiers à arriver. Merde alors ! Il y a déjà plein de monde et parmi eux, un mec qui se prend pour Rambo et un infecté qui n’a pas l’air très content. Je ne sais pas lequel des deux est le plus dangereux, et je doute carrément quand le mec commence à tirer avec une grosse mitraillette.

[Dé de fuite pour la rafale : 2 + 7 = 9. Échec de justesse]
[Dé d'observation : 5 + 6 = 11. Réussite de justesse]

Combien de balles fusent ? Et combien de gens tombent ? L’infecté tremble à peine, c'est le mec qui j'ai amené ici qui est obligé de l'achever. Et moi, je suis touché, je crois. Je serre les dents en grognant un peu, ça fait mal NENUFAR !. Je ne prends pourtant pas le temps de m'arrêter parce qu'il paraît que s'arrêter, c'est mourir. Alors je fais comme si de rien n'était et je cherche du regard les deux que j'ai emmené ici, et notamment la fille. Pas que je me sente responsable, mais c'est moi qui les ai fait venir ici, alors je voudrais les faire sortir maintenant... Peut-être que je me sens un peu responsable finalement.