Quelle meilleure idée que de se fendre le crâne en deux lors d'une invasion de morts qui veulent te bouffer le bout du nez ? Ah ah, vous n'en avez pas de meilleure, hein ? Bah moi non plus, du coup bah j'ai pris l'option « on se fend la gueule »... au sens propre... Bon ok, j'avais un médecin sous le coude- certes légiste mais médecin quand même- qui a pû me remettre sur pied, m'enfin c'était quand même un peu con.
Bref, après que Darry ne se soit cassé à l'anglaise, qu'un barjo nous ai presque tués, qu'une horde de malfrats décédés n'ait envahie la place et qu'enfin je me sois évanouie (ok, je suis pas trop sûre de l’ordre), le Doc m'a recousue et tout allait beaucoup mieux ! Non, je blague ! En fait, j'ai dû me reposer, John m'ayant prescrit une ou deux semaines de repos, mais vous imaginez bien que nos amis mortsmaispasvraiment n'allaient pas être cool là dessus... Non... Donc imaginez un petit groupe coincé avec un fille couverte de bandages, le tout dans un bloc opératoire qui sentait le sang-le mien entre autre-. Et ce même groupe est composé en plus d'un chieur. Certes bon médecin mais quand même. Alors lui, ça se voyait bien qu'il voulait me laisser là comme un caca puant. Mais comme monsieur est quand même un tantinet humain, monsieur voudrait bien que je disparaisse/meurs/pouf y a plus personne, de façon autonome, vous voyez ? Mais moi je voulais pas quitter le confort et la sécurité d'un groupe ! Et forcément, ce qui devait arriver arriva... Un jour que je dormais, approximativement vers milieu de la deuxième semaine de contagion, alors que je commençais tout juste à me mouvoir, un matin, plus personne. Vraiment. Plus... personne... moi je savais qu'ils ne voulaient plus d'un fardeau, mais je me martelais qu'ils faisaient une ronde, ou une excuse bidon, une raison quoi... Au bout du deuxième jour de ladite ronde, je m'imaginais tout et n'importe quoi pour ne pas me dire « ils m'ont laissé là »... Pour être sûre qu'ils n'aient pas eu de soucis-pfff- je suis restée jusqu'à la fin de la semaine, quasiment sans boire ni manger. Vers le 7ème jour de cette semaine, soit le dernier, je me suis levée pour boire au robinet de la petite salle de bain. En me relevant, j'ai vu une fille cernée, les traits tirés, le regard un peu fou, mais surtout vide, et le maquillage foutu en l'air par des larmes. J'ai eu peur. Peur de cette fille, elle semblait irréelle, prête à me mordre. Puis j'ai pigé le truc... Un miroir... J'ai ricané pendant quelques minutes avant de me rendre compte que ce n'était pas drôle. Et comme j'ai horreur des trucs moches, je me suis reprise, un maquillage avait eu raison d'un abandon ! Histoire de faire honneur à ma réputation, je me suis offert une douche qui, par chance, coulait chaude ! Le massage doux de l'eau en plus de la chaleur ambiante à toujours eu cette façon de nous libérer de nos enveloppes charnelles pour nous faire uniquement penser. Même moi qui était un être tout feu tout flamme, je me mis à cogiter. Étant donné que je savais que j'étais désormais seule, je me devais de survivre. Ne serais-ce que pour me venger. L'eau arrêtée, je me suis rhabillée en vitesse et remaquillée histoire de flanquer une fessée à des zombies, le tout en beauté, eh oui, n'est pas Reiiko qui le veut !
J’enfournais dans mon sac ce que nous avions récupéré pour notre abris de fortune, soit un plaid marron et... bah c'est tout...
Je quittais l'hôpital sans trop de problème, tous les zombies s'étant rependus dans la ville...
« Keiran... »
Je secouais nerveusement la tête, il ne fallait penser qu'à moi, c'était la clef de ma survie, qui ne tenait déjà qu'à un fil.
Trois jours encore, que je passais à filer comme une ombre, dos aux murs, j'ai dû abattre deux vilains maximum, l'un à coups de chaise et l'autre avec le renfort de trois bouteilles en verre. Puis enfin, le quatrième jour, une fillette m'a foncé dessus.
Sans que je m'en rende compte, je l'avais adoptée, et avec elle le temps passait si vite, cachées dans l'appartement d'une mémé, visiblement sortie faire ses courses au mauvais moment. On mangeait des gâteaux secs, de la pâte à tartiner et on rigolait bien. C'était un vrai réconfort, dans la glace de la salle d'eau, je me suis vue reprendre forme, des cernes en moins, le sourire en plus. Un bonheur incommensurable. Puis, une semaine plus tard, on a dû fuir rapidement, parce que certains morts nous avaient entendues rire comme des volailles attardées. Une grosse galère. Un paquet de bestiaux enragés qui bloquaient tout, la porte et même les fenêtres. Moi, je savais pas quoi faire, ça me faisait paniquer devant la gamine. Elle m'a foutu une poelle dans la main et je ne sais pas comment, on s’est retrouvées dehors... J'ai rien pigé, de coincées on est passées à libres et loin de ce merdier. Un régal !
« Reiiko...
-M'oui ? » Je sautillais de joie.
Je me retourne pour la regarder, car elle ne répond pas, silence radio... La gamine se tient la gorge, ça pisse le sang. Elle pleure silencieusement, ses grands yeux gris simplement posés sur moi. Je ne sais pas quoi faire, je reste là, les bras ballants. C'est quand elle s'écroule que je me réveille, mais trop tard, sa tête à touché le sol dans un horrible craquement. J'arrache ma veste pour faire un garrot... Un garrot à la jugulaire ? Non mais quelle conne ! Alors je reste là, déjà ses yeux sont vides, j'aurais bien voulu lui dire une prière, un adieu mais je me rends compte que je ne connais même pas son prénom, j'ai le cerveau engourdi. Mais le temps passe et le soir me happe de sa chape frigorifiante . Je me contente d'un « pauvre gamine » et pars dans la nuit glaciale, sans mon gilet.
A partir de là, j'ai perdu le compte des jours, si bien que j'arrive devant ce grand bâtiment, un lycée, le regard hagard. Je voudrais bien m'y cacher, j'ai froid et faim...

Comme tout le reste du pays, Keiran avait suivi à la télévision la mise en quarantaine de l'hôpital. Les journalistes avaient peu d'informations. Prise d'otages ? Ses parents allèrent chercher des informations auprès des autorités sans succès. Il s'inquiétait pour sa soeur.
Puis il y eut l'explosion. Acte terroriste ? Les images suivantes montrant des morts sur pattes furent terribles. Très vite on parla d'épidémie mortelle, hautement contagieuse. Toutes les écoles d'Oakland furent évacuées, les enfants et leurs parents conviées à rester à domicile ou chez des proches. La seconde semaine, le quartier entier avait été évacué. L'armée avait pris le contrôle de la situation, semble-t-il ... Et Reiiko dans tout cela ? Ses parents se montraient impuissants à faire quoi que ce soit de concret pour elle à part demander des informations, fournir une photo d'elle.
Merde ! On ne pouvait pas rester les bras croisés !
Keiran s'était rapproché du périmètre sécurisé. Les militaires étaient tendus et étaient à la limite de tirer sur les civils comme lui qui voulaient à tout prix atteindre le périmètre fermé que ce soit pour récupérer un objet ou aller chercher quelqu'un. Saletés d'uniformes ...
La 3ème semaine, les nouvelles n'étaient toujours pas radieuses. Des tirs partaient du barrage régulièrement. Keiran se balladait dans les rues et entendaient des témoignages ahurissants. Quelle était la part de vrai ? Autant aller voir soi-même et aller chercher sa soeur !

En début de semain 4, de nuit, il s'éclipsa de chez ses parents en leur laissant un mot rapide : "Vais chercher Reii". Avec un sac à dos contenant des vêtements chauds, un peu de bouffe et sa batte de baseball, il s'approcha discrètement des barrages. Pour le franchir, il se faufila de bâtiment en bâtiment, passant parfois par les toits et les échelles d'évacuation. Les militaires étaient à l'affût de ce qu'il se passait à l'intérieur du périmètre et non de l'extérieur, ainsi il réussit assez aisément à passer. Un projecteur l'éclaira un temps, mais il était déjà de l'autre côté et filait à toute vitesse.

Il ne tarda pas à être confronté à de ces morts sur pattes, plus vrais qu'à la téloche. L'un se reprocha de trop, il lui adressa un crochet du droit dont il ne se releva pas. L'adrénaline l'aida à s'extirper de cette situation et à trouver refuge pour le reste de la nuit. Il se dirigea vers l'hôpital le jour suivant et le trouva vide, du moins d'êtres vivants. Qu'était devenue sa soeur ? Le coeur serré, il inspecta plusieurs cadavres sans la reconnaître, fort heureusement. Non, elle était en vie, il le sentait. Il savait comment la retrouver.
Dans un magasin de bricolage saccagé et pillé, il dénicha une bombe de peinture et une boîte de clous dont il garnit sa batte. Voilà qui ferait une arme convenable. Sur plusieurs murs intérieurs et extérieurs de l'hôpital, il taggua "Reii RDV au Comic à 6PM". Par ces mots, il indiquait la boutique du quartier où sa soeur avait l'habitude d'acheter ses mangas favoris, et parfois quelques tenues. En fin de journée, il s'y rendit et attendit. Le lendemain et surlendemain, il alla tagguer d'autres bâtiments. Et chaque soir à 18h, il attendait à la boutique de comics un signe de sa soeur. La semaine passait ainsi que ses maigres rations.
Il y eut de l'animation, les barrages militaires avaient été reculés, deux ou trois quartiers supplémentaires avaient été contaminés. Il se dirigea vers le quartier nord aux abords desquels il aperçut les traces d'un affrontement féroce entre forces militaires et morts sur pattes.

Cela faisait maintenant 4 semaines depuis l'explosion à l'hôpital, une semaine qu'il avait arpenté Oakland downtown en vain avant de s'orienter sur le quartier Nord. Il avait fini sa dernière barre chocolatée. Il avait passé l'après midi à tagguer plusieurs murs notamment celui de l'high school. Il était revenu dans downtown au point de rendez-vous, à l'heure fixée. Il attendit. Ce soir, il irait se planquait dans le quartier Nord pour continuer ses investigations.

De son côté, les pas d'une jeune fille perdue errant dans la nuit faiblement éclairée par une lune partielle l'avaient amenée jusqu'à un grand bâtiment scolaire. Elle en était à se demander quel allait être son avenir proche plus que lointain quand elle crut lire son nom abrégé sur un mur. "Reii" lisait-elle. Voilà qu'elle recommençait à délirer. "Reii". Le bâtiment semblait s'adresser à elle, lui parler. Elle se rapprocha pour mieux l'entendre. Elle découvrit alors le message dans son ensemble. Ses jambes tremblèrent. Délirait-elle ? Au travers le message, elle devinait l'auteur des mots. Ce n'était pas possible, c'était un rêve, ça ne pouvait être vrai.

Pssschh...

Un bruit dans la nuit.

Pssschh...

Une forme au loin. Un zombie ? Ce son ... Un sifflement ? Ou ... un spray.

Juste en rentrant dans le bâtiment, frigorifiée, un truc m'a interpellé. Quelque chose de déplacé. Ce genre de malaise, mais on ne sais pas ce qui a attrapé notre regard. Un mur, une poubelle et un graffiti... Je m’apprêtais à faire demi tour pour aller me réfugier dans le bâtiment, quand soudain le truc se mit à monter jusqu'à mon cerveau. Le mur s’appelait comme moi ! Euh... oui je sais c'est pas vraiment logique mais... mais si... ou alors... ou alors le mur me parle. Bon, ok, c'est pas mieux comme théorie et pourtant, il me fixe un rendez-vous, le coquin... C'est drôle parce qu'on plus il écrit vraiment comme Keiran ce mur...

Oh... Mais enfin... quand même pas...

L'imbécile !

C'est lui, forcement ! C'est mon frère ! Mais pourquoi est-il ici ? Oh... pitié... pas ça...

Psssh

C'est quoi ça ? Un zombie ? Une nouvelle espèce ? Le genre bruyant ? Ou bien... ça y est ! J'y suis ! Une bombe de peinture ! Je me frappe le front, atterrée par tant de logique. Quelqu'un tague ! KEI ! Il est là, tout près. Je le sens, enfin plutôt je l'entend !

Je me dirigeais au pas de course un peu au pif, en essayant de suivre le son qui semblait se déplacer aussi vite que moi, voir plus, quand enfin une forme sombre se découpa sur le mur d'une impasse, un objet à la main, lui servant à tracer des messages.

« Keiran ! Keiran ! Je gardais ma voix basse, mais à force de me taire, elle était devenue rauque et inaudible. »
Je pris alors le parti de me jeter sur lui. Je m'approchais d'abord, observant ce corps si familier. Ses cheveux avaient poussés et une barbe naissante chatouillait sa gorge. Je ne voyais pas son regard, puisqu'il se trouvait de trois quart dos à moi, mais j'étais certaine que c'était lui, mon frère. Mais, pour négliger sa pilosité ainsi, combien de jours avait il passé dans cet enfer ?

Enfin assez proche je me jette à son cou, ou plutôt m'écroule, à bout de force et enfin proche de quelqu'un qui ne me quittera pas, en qui je pourrais avoir confiance. Quelqu'un à qui confier ma vie.








[Désolée c'est vraiment court, pas d'inspi]

« Keiran ! Keiran ! »

Il ne l'avait pas entendu l'appeler, ni ses pas fluets jusqu'à ce qu'elle lui saute au cou s'abandonnant littéralement dans ses bras.
Il la serra fortement dans ses bras plus pour lui éviter de s'écrouler définitivement à terre que par la joie de l'avoir enfin retrouvée en vie !

« Reiiko... »

Il la resserra de nouveau contre lui, cette fois par amour et par soulagement de la savoir vivante. Arrivé à la fin de ses provisions, après avoir parcouru tout le quartier de l'hôpital toute une semaine, le doute commençait à le gagner.
Mais il y était arrivé, il l'avait retrouvée !

« Tu es saine et sauve », pensa-t-il. « Je t'ai retrouvée. »

Du revers de la main, il essuya une larme. Il lui renversa la tête en arrière, une main dans ses cheveux. Il plongea dans son regard cherchant à deviner tout ce qu'elle avait subi, combien de personnes responsables de son désarroi il aurait à tabasser pour le leur faire regretter.
Il porta son regard sur la blessure à la tête.

« Merde ! Tu t'es bien amochée. Dans quelle situation t'es-tu mise encore ? »

Elle répondit par un long silence qui en disait suffisamment. Plus tard, pas maintenant. L'heure était à profiter de ses retrouvailles entre la grande soeur et son petit frère, elle n'était plus seule et comptait bien en profiter le plus longtemps possible.
Elle osa tout de même demander des nouvelles des parents.

« Laisses tomber ces cons. Ils n'ont rien fait pour toi à part t'expédier dans ce foutu hosto maudit. »

Il n'avait jamais été très tendre quand il évoquait ses parents, 1er symbole d'autorité avant les profs. Mais il avait dans l'intonation de sa phrase quelque chose qui démontrait un sentiment plus haineux qu'à l'accoutumé.

Un bruit de poubelle renversée.

« Viens. Allons passer la nuit quelque part. T'as une planque ? »

Signe négatif de la part de Reiiko.

« Là dedans. »

Il désigna le bâtiment scolaire vers lequel il l'amena, toujours enlacés.

Mon frangin m'avait réceptionnée avant que je ne fracasse à nouveau la tête par terre, puis m'avait étouffée dans une étreinte soulagée. J'étais trop abasourdie pour réagir, Keiran m'avait alors éloignée de lui pour m’ausculter. Et il vit mon bandage énorme et ma mine blafarde. Je le laissais me secouer dans tous les sens, assommée par mon soulagement. Enfin rassurée par l'état de mon frère adoré, j'osais une question sur le reste de ma famille. Je savais très bien qu'il devait leur en vouloir à mort, je le connaissais comme si je l'avais fait ! Après avoir entendu la réponse logique, je le laissais bouder cinq secondes. Ce délais passé, il me souleva comme un fétu de paille et me traîna à l'intérieur sans que je n'ai pu grogner quelque chose.

A moitié vautrée sur mon frère, à moitié trottinante, je cherchais un endroit adéquat. Il se présenta sous la forme d'une salle ouverte sur le couloir au moyen de grandes vitres. Il y avait un tableau blanc sur la moitié d'un pan de mur, le reste était couvert d'affiches illisibles dans le noir, c'est à dire depuis que la centrale avait cassé de nous approvisionner en ampères. Ensuite, de gros rideaux de fer couvraient des fenêtres, et sur le dernier mur restant, d'autres affiches et une armoire.

Malgré ma fatigue, j'enjoignais Keiran à m'aider afin de glisser le plus silencieusement possible l'armoire contre la porte et couvrir les vitres intérieures de cartons et de scotch. En fois cela achevé, les tables étaient déjà en U, il ne nous restait plus qu'a les mettre au sol et fermer le cercle avec le bureau de l'enseignant. Celui-ci s’avéra lourd, mais Kei en vint à bout...

L'abri achevé, il ne nous restait plus qu'a nous endormir sur nos vestes. Mon sommeil, habituellement troublé, fût si paisible que le réveil s'en trouva assez dur, mon frère m'appaisait...


Je savais à présent que je devais raconter les cinq semaines passées dans cet enfer. Je lui contais ma survie avec Darry, le regard fuyant, un peu gênée, puis les disputes avec John et Erlina, le fuite de Charles, la survie seule après l'hôpital et l'abandon et de nouveau avec une amie, puis sa mort... Je lui narrais les moments tristes, ceux de joie, et surtout je lui parlais de l'abandon. Celui lancinant, celui de Darry... Je lui racontais ma chute, le sang qui coulais, et les morts qui marchaient. Je lui disais quels cauchemars me hantaient. Je disais tout à mon frère, il fallait qu'il sache... plus rien ne serait pareil. Je veillais à garder les yeux secs, ce ne fût pas dur, j'avais déjà tant pleuré ces jours-ci qu'il ne me restait rien, je restait dûre dans mes propos, plus sérieuse qu'a l'accoutumée...

« Et toi, pourquoi bon sang es-tu venu ? Tu es fou ? »

« Et toi, pourquoi bon sang es-tu venu ? Tu es fou ? »

Etais-je réellement fou ? Me lancer à corps perdu dans un lieu de terreur, de sang et de désespoir. Quitter la chaleur d'un foyer sécurisé, entouré de ses parents, le confort de la société. Affronter la mort au quotidien, de jour comme de nuit. Tout cela pour retrouver une seule et unique personne.

« Pour la même raison que toi : j'ai été abandonné par les autres. Abandonné par nos "chers" parents. Abandonné par l'institution, nos professeurs et nos politiques. Abandonné par la société de consommation. Abandonné et refoulé par l'armée qui a prétendu pouvoir nous protéger.
Tu vois, ici la nature reprend ses droits. Pour mériter de vivre, il nous faut combattre au quotidien, mériter son bout de pain. »

Keiran sourit. Finalement, il trouvait sa place dans cet enfer. Il laissa sa soeur quelques instants. Pendant qu'elle continuait d'ajuster le mobilier au mieux, il sortit fureter dans les couloirs et salles de cette petite école de quartier. Les distributeurs de boissons et grignotages avaient été vidés. Quelques cadavres qui avaient eux aussi servis de distributeurs aux morts sur pattes gisaient.
Un bruit dans une pièce attira son attention. Il avança avec prudence.

Il revint dans leur salle de classe avec une bonbonne de recharge de fontaine à eau. Une bosse sous son manteau semblait remuer.
Il s'agenouilla devant sa soeur et extirpa un chaton.

« Tiens ! »

« Pour la même raison que toi : j'ai été abandonné par les autres. Abandonné par nos "chers" parents. Abandonné par l'institution, nos professeurs et nos politiques. Abandonné par la société de consommation. Abandonné et refoulé par l'armée qui a prétendu pouvoir nous protéger.
Tu vois, ici la nature reprend ses droits. Pour mériter de vivre, il nous faut combattre au quotidien, mériter son bout de pain. »

Je ne soulevais pas, je connaissais ce petit bout d’homme, il ne supportait rien. Rien sauf moi. Je dois avouer que cela me plaisais. Mais quand même, il ne se rendait pas compte de ce que c’était… Ce nouveau monde, il fallait tout réapprendre, car l’état ne nous aiderait pas. Les règles avaient changées, la preuve en ces cinq semaines d’enfer. Je le savais fort, mais ici, la force devait se mêler d’intelligence et d’habitude. Oui, c’était cela, une routine qui t’habituait à tuer mécaniquement, sans remords.

Je le laissais partir, l’endroit était vide, c’était aussi une habitude, de flairer l’odeur particulière de la mort, de savoir si nous étions seuls ou non. Je n’étais plus vraiment « Reiiko » ou « Ann », j’étais une survivante, il ne resterait de moi que cela. De Keiran aussi.

Dans la salle même, je trouvais un plan de l’établissement, je repérais soigneusement toutes les issues en cas de soucis, bien qu’après Keiran devra se charger de les retenir parce que moi et l’apprentissage, ça faisait deux…

Très vite, les pas de Keikei se firent entendre, il arrivait avec une grosse réserve d’eau et un truc sous le manteau.

« Que…
-Tiens ! »

Un petit chat tout… petit… ET INCROYABLEMENT MIGNON ! Il était feu, mélange de cuivre, noir et roux, le tout en de petites tâches resserrées qui lui donnaient un pelage flamboyant, les yeux d’un vert émeraude. Il se logea bien au chaud au creux de mon ventre en miaulant tout doucement. Visiblement, c’était un mâle à peine sevré d’à peu près 15 centimètres.

« Il s’appellera Simba ! je caressais des yeux la boule de poils, d’ailleurs, un type avait un husky, ça doit être drôlement pratique… »

Je me voyais déjà avec mon chat de garde, bravant les zombies, les cheveux bleus au vent… Enfin… c’était stupide…

«Il s’appellera Simba ! D’ailleurs, un type avait un husky, ça doit être drôlement pratique… »

Keiran était content d'avoir redonné le sourire à sa grande soeur. Elle avait repris des couleurs depuis qu'il l'avait retrouvée la veille au soir.
Il se servit en eau, buvant directement au goulot.

«Aaaah ! Ca fait du bien. Dis... Ton chat... Simba... Faudra lui apprendre à nous ramener des souris ou des pigeons. Sinon c'est lui qu'on bouffera dès qu'il aura pris un peu de gras...»

Il exhiba un large sourire taquin à la vue du regard exorbitée de sa frangine. Tout d'un coup, une baffe partit. Il l'avait sentie venir et l'esquiva de justesse. Reiiko s'était relevée pour se jeter sur son frère qui s'enfuit à travers la salle en rigolant, sautant et contournant le mobilier pour ne pas se faire rattrapper.
Il se laissa se faire coincé dans un angle de la pièce pour subir les coups amortis et les chatouilles de Reii.

C'était bon de se retrouver et de refaire les fous comme avant. Ils soufflèrent un coup. Keiran en profita pour jeter un oeil à l'extérieur, soulevant discrètement un pan de carton qui calfeutrait les fenêtres. Grisaille du matin, pas un chat, dehors en tout cas.

«Tu sais... Moi et l'école ça fait deux. Je ne me vois pas trop squatter ici toute la journée. On fait un tour ? Envie d'une glace ?»

Il lui décocha un clin d'oeil joueur. Bien entendu, il ne s'attendait pas à tomber sur un glacier ambulant au coin de la rue, juste l'envie de prendre l'air.

Ce nigaud essaya de me faire comprendre que je devrais dresser mon chaton à lui ramener à manger, sinon c'est lui qui passerait à la casserole. Furieuse, je me levais d'un bond, en éjectant la pauvre bête, puis pourchassais mon frangin dans la pièce, en mode Assassin's Creed, enfin surtout pour lui, parce que moi, à part peut être me vautrer je ne faisais pas grand chose. Enfin, je réussis à l'acculer dans un petit coin entre une armoire et le mur et entrepris de lui assener des petits coups et des chatouilles. Une fois la punition achevée, nous étions tout deux à bout de souffle mais détendus.

Keiran souleva un pan de carton de la fenêtre et observa la brume au dehors. Je le laissais faire tout en remettant d'aplomb ce qui était tombé durant notre lutte puis attrapais Simba par le cou. Il eût droit à une séance de caresses pendant laquelle il arborait une mine boudeuse mais sans toutefois fuir.

Quand Keiran annonça ne pas aimer l'école, je ne pouvais qu'être d'accord avec lui, mais de là à sortir dans le danger ? Je trouvais cela bien téméraire, surtout pour moi qui courrait sans cesse après un abris sain... Je soupirais tout bas, alors que Simba s’agitait sous ma main, avide de caresses. Dans ma fuite effrénée, j'avais eu la bonne idée de mémoriser un plan de la ville, le lycée était dans un quartier de rues assez grandes pour permettre une visibilité optimale, et puis il nous faudrait de quoi manger... Au terme de cette réflexion, je pris la parole : « Ce n'est pas une très bonne idée... nouveau soupir, mais après tout, il nous faut à manger... », tout en lui offrant un sourire assuré. C'était un piètre mensonge, mais rester enfermer ne nous sauverais pas mais nous rendrait fous à coup sûr... Autant jouer le tout pour le tout...

Je me levais tout en relâchant le chaton, il étouffa un miaulement agacé et me tourna le dos. Décidément, il avait un sacré caractère... Sortir en silence du lycée était facile, mais ensuite, une fois dans la rue, rien n'était joué. Histoire de me donner de la consistance, j'avais sorti mon petit canif que je tenais bien éloigné de moi, les bras tendus devant.

« Ce n'est pas une très bonne idée... nouveau soupir, mais après tout, il nous faut songer à manger... »

Reiiko s'était emparé d'un petit couteau à lame pliante, l'air nigaud. Keiran eut à ce moment là de la pitié pour elle. Il posa une main sur la sienne et l'autre vint replier le couteau.

« Après tout, on n'est pas pressés de sortir. On tiendra bien encore un jour ou deux pour faire le plein de sommeil. »

Reiiko lui sourit en réponse. Elle semblait apprécier d'avoir quelques jours de repos supplémentaires avant d'aller à nouveau affronter le monde extérieur. Keiran avait senti qu'elle en avait besoin, ne l'avait-il pas déjà retrouvée en piteux état même pas 12 heures plus tôt ?
Il regarda autour de lui : ils avaient déjà sué un peu à confectionner une pièce sécurisée. Ce sera toujours une planque de repli en cas de nécessité, en tout cas en cas de confrontation avec des bizons.
Sa soeur n'était pas non plus rassurée à ressortir dehors alors valait-il mieux préparer leur expédition au mieux.

Première étape : inspecter les lieux.
Ils sortirent à deux. Même à trois : Reii ne voulait pas laisser Simba seul. Keiran insista pour être devant d'au moins une dizaine de mètres, tenant fermement sa batte cloutée. Ils passèrent en revue rapidement les salles de cours, salles de repos des profs, les toilettes. Reiiko y fit d'ailleurs une pause, une longue pause. Keiran scruta sa montre. Les salles et couloirs étaient déserts. L'école avait été vidée avant que l'épidémie atteigne la zone. Reiiko sortit enfin.

Avec prudence, ils passèrent dans le coin des machines distributrices de boissons et gourmandises où Keiran avait vu quelques cadavres déchiquetées et ramené un barril d'eau. Pas âme qui vive. Pas de mort qui bouge.
La cantine plus loin. Pillée. Du passage. Ils décidèrent d'un commun accord d'éviter cette zone de l'école dans leurs prochaines promenades.
Keiran était tendu. Tellement tendu qu'il n'avait pas remarqué que sa soeur n'était pas à 10 mètres, mais à 10 centimètres et lui tenait un pan de sa veste. Ils retournèrent à leur "forteresse", ils avaient eu assez d'émotion pour la journée.
Avec différents objets collectés en chemin, ils peaufinèrent les défenses de la pièce.

Demain, ils iraient voir à l'étage et, si possible, accéder à la terrasse pour avoir une vue haute sur les environs de l'école.

Semaine 5, jour 2. Une nouvelle nuit froide s'en venait.

Dormir, oh, j'en rêvais. Dormir sur mes deux oreilles... j'avais toujours trouvé cette expression stupide, comment diantre pouvait on dormir sur ses deux oreilles, alors que celles-ci était disposées d'un côté et de l'autre du crâne ?! Le type qui avait eu cette fichue idée devait avoir les oreilles du même côté et dormir comme une bûche ! Je m’octroie donc une pause alors que mon frangin déambule comme un fauve en cage, il me ferait presque de la peine. Mais Dieu seul sait -moi exceptée- qu'il ne faut plus cracher sur une sieste maintenant qu'Oakland est envahie de morts vivants. Je grattouille Simba, allongé sur mon ventre, histoire d'éveiller mes muscles, visiblement excédé, Keikei sort de la salle, dans l'optique de visiter. Euh... c'est pas un musée, bordel de chiottes à foin !

Classique, on croise des salles à n'en plus finir, je crois que la prochaine que je croise, je la saccage, mais ô miracle, une salle des prof' et enfin !, enfin des toilettes. Je m'y engouffre ni une ni deux et me vautre avec joie dans les délices de... vous ne voulez pas un dessin, en plus ? Enfin bref, je profite de la présence d'un miroir pour enlever toute trace de maquillage ayant eu le courage de couler puis pousse la porte pour sortir. Tiens ? Ça ne marche pas ? « tirer. » Ah, forcement ! Je tire donc un grand coup et me prend la porte... en plein dans la gueule... Sombre malheureuse que je suis...

Quelques minutes plus tard, alors que je gambadais tranquillement deux pas devant mon petit frère, une marre de sang interpelle mon regard. Des types semblaient avoir étés lacérés à la tronçonneuse, ça faisait un peu puzzle... pour adultes... urg. Je fais volte-face assez rapidement pour ré-atteindre les toilettes à temps. Une bile amère se fraie un chemin dans mon corps et me tord les tripes. Je fais demi-tour sur moi-même et ferme à clef la petite pièce d'aisance. En glissant, je pose mes fesses à terre, et entoure de mes bras mes genoux. Quand je ferme les yeux, les images de ces cinq semaines m'assaillent, un truc terrible, un film accéléré. Décidée à rester forte, je me gifle les joues et ressort, toute fraîche bien que rougie.

On retourne ni vus ni connus à notre salle/chambre/planque, et puis... zou... dodo. Mais ce carnage me turlupine, non contente de verrouiller la salle, je ne dors qu'a moitié, si bien qu'au matin, je suis mal lunée et fatiguée.

Enfin, d'un coup d'épaule, je débloque la porte métallique du toit... Ô quelle joie, le ciel au dessus, et rien sur ma ligne d'horizon. Pour voir la ville saccagée je devrais baisser les yeux, mais non, je me laisse choir par terre, et allongée avec Simba, je regarde pensive le ciel. C'est beau un nuage, c'est libre. Mais le ciel rosit, il rougit même... Carmin, pourpre, sanglant... Je me redresse en hurlant. Micro-sommeil. Micro-cauchemar. Je fais signe à mon frère que je descend, même le ciel m'effraie, et je m'effondre au bas des escaliers...

Bien qu'il le cachait, voir des cadavres d'humains déchiquetés, bouffés par les vers et laissés à l'abandon dans un lieu public, on ne s'y habituait pas d'un claquement de doigt. Et ce serait mentir de laisser croire que cela les avait laissés indifférents.
Mais sa soeur avait été la plus traumatisée par cette vision d'horreur. Il devait avant tout penser à elle et ... à leurs parents. Papa, maman, ... Il regrettait un peu de ne plus être avec eux. Ou plutôt regrettait-il qu'ils ne l'aient pas accompagné. Du moins, cherchait-il à s'en convaincre !
Reii avait mal dormi. Lui de même, à surveiller les sursauts de sa soeur durant son sommeil. Ils attendirent tout de même le réveil tardif du soleil pour se redresser.

Comme convenu la veille, ils montèrent à l'étage. Une angoisse, une gêne, une appréhension, ils ne s'aventurèrent pas dans les salles et classes. Ils montèrent encore d'un niveau pour gagner l'accès à la terrasse.
Reii haletait, souffle court. Claustrophobie ? En tout cas, elle ne demanda pas l'aide musclé de son frère pour ouvrir la porte sur le grand air qui leur souffla un air glacial au visage.Un soleil levant rouge sang, se reflétant sur le blanc immaculé d'une mince couche de neige sur le toit. Et dehors, la ville... endormie, désertée, vide. La réalité leur sauta à la face, avec violence, avec silence.
Reii n'y tint pas et déboula l'escalier en hâte avant de s'écrouler.

Kei n'avait pas bougé sur le moment, tétanisé. Pour la première fois de sa vie, il ne savait comment agir, quoi faire. Sa soeur important avant toute chose, il la rejoignit. Il s'en occupa aussi bien qu'il le pût pendant 2 jours de plus. 2 jours où elle continua à avoir des sommeils agités, à converser de moins en moins.

BON SANG ! Kei tournait en rond dans leur salle. Il frappa le mur à petits coups réguliers, de plus en plus forts jusqu'au sang. Ils ne pouvaient pas se laisser aller ici ! Ils ne pouvaient pas refuser la réalité de ce monde dans lequel ils se trouvaient dorénavant et ils devaient faire avec ! MERDE !

« REII !! On sort, on sort ! »

Il avait presque hurlé ces mots, plus pour lui que pour elle. Il fallait bouger, se sortir les doigts du cul et agir.

« Allez viens soeurette, on fout le camp de cet endroit glauque. »

Il avait radouci le ton de sa voix et avait soulevé sa soeur par un bras, lui tendant Simba dans l'autre. Ils firent le plein des 2-3 babioles qu'ils avaient récupéré et sortirent.

Où aller ? Reii lui adressa un regard demandant la suite des événements. Il n'en avait pas de clair.

« On va trouver du monde, on va trouver à bouffer, on va se refaire une santé et on va essayer de sortir de ce trou. Avec l'aide de l'armée ou sans. »

Un frisson. Reii avait repéré du mouvement. Un zombie, errant, seul, décharné, sale.

« On ne va se laisser faire, on ne va pas subir. Reste près de moi, ça va aller. CA VA ALLER ! PRENDS CA, BORDEL !!! »

Avec sa batte cloutée, il avait éclaté de rage la tête du zombie. Il haletait, grimaçant de haine pour ce nouveau monde à affronter. Ils ne s'attardèrent pas plus et avancèrent comme pour laisser un espace suffisant avec leur ancienne planque. Ils marchèrent droit jusqu'au Fairway.

Reii, qu'il tirait encore par la main, lui commanda une pause. Avisant une pizzeria "Lanesplitter Pizza&Pub", il l'assit à une chaise en terrasse sur le large trottoir et entra dans la boutique. Il y avait sur sa droite, sur une table, une grosse radio-K7 portable. Par curiosité, il s'en approcha et appuya sur le bouton ON.
Une chanson de Jimmy Hendrix lui éclata les oreilles. Merde ! Le son est à fond !

« REII !! On sort, on sort ! »

Les premiers mots depuis deux longs jours, une éternité passée à ruminer les images et les sons. Un fait que j'avais remarqué, depuis bientôt six semaines, mes sens s'étaient développés ici, surtout mon acuité visuelle et mon ouïe. Je ne peux pas l'expliquer, mais certaines fois, quand la peur me noue le ventre, ma vue s'affine et mes oreilles captent le battement d'aile d'un oiseau une rue plus loin. En cinq semaines, j'avais changé...

« Allez viens sœurette, on fout le camp de cet endroit glauque.  Il m'attrape le bras, l'air fou, je ne reconnais pas bien mon frère...  On va trouver du monde, on va trouver à bouffer, on va se refaire une santé et on va essayer de sortir de ce trou. Avec l'aide de l'armée ou sans. »

Je dois récupérer mon chat qui vole dans les airs, mais soudain, ce frisson dans le dos, se son traînant, qui me lacère les oreilles, une sirène hurle « ils arrivent » dans ma tête, il n'y en a qu'un, mais les autres sont si près eux aussi, à deux pas ou deux rues, mais le cri de Keiran les ameute déjà, je le sais, je le sens ! « CA VA ALLER ! »

Hélas, non, ça n'ira pas, même en enfonçant ta batte cloutée, frangin, ils sont là ? Nous sommes cernés... Je le laisse réduire en charpie son monstre, après tout, cette énergie perdue ne reviendra pas... Je me laisse traîner par la main jusqu'à une pizzeria, je me secouais pour aller me reposer, les vestiges de mon trauma m'abrutissaient.

« Keiran, non ! »

Trop tard, il avait enclenché le son, qui jaillit fort et clair, cette fois, mon crâne explosait vraiment, le son remplissait mes oreilles de musique. Je n'étais pas capable de reconnaître la musique tant j'hurlais « ils arrivent ». En effet, les vitres ne tardèrent pas à céder sous l'afflux de zombies. Dans un bond, j'attrape une pelle à pizza et jette Simba au sol. Mes ongles écorchent le bois tendre qui se fragmente au contact du visage pourri d'un zombie. Le temps de sa chute me laisse un répit pour les compter... cinq ! Et ils vont vite affluer encore plus nombreux, ce sera bientôt une ruche... Je scelle mon ami au sol avec une chaise en pleine face.

« On dégage Keiran ! On dégage putain ! Je le choppe par le collier et me dirige au pas de course vers la cuisine, par chance une porte en fer mène à une petite ruelle encombrée de poubelles puantes, un zombie y rôde déjà. Occupe toi de lui, je ferme ! »

Adroitement, je barricade la sortie avec un container à l'odeur repoussante et me tourne pour accueillir une deuxième zombiette, un nichon à l'air. Elle finit encastrée dans un mur à l'aide d'une deuxième poubelle sur roulette.

« Keiran, non ! Ils arrivent ! »

Putain de radio ! Et putain de cadavres sur pattes ! C'est un troupeau de bizons qui déferle sur eux. Reiiko est plus prompte à réagir comme sur une piqûre d'adrénaline. Elle en éclate un premier et en bloque un second sous une chaise avant de chopper son frère pour l'entraîner par l'arrière.

« On dégage Keiran ! On dégage putain ! »

Putain de radio ! Il ne l'a pas éteinte et elle continue à hurler "No woman no cry".

« Occupe toi de lui, je ferme ! »

Elle l'avait entraîné dans la ruelle de derrière et cherchait à bloquer la porte avec une lourde poubelle pendant qu'elle lui hurlait l'ordre d'abattre un bizon proche. Obéissant à la lettre, il frappa deux fois. Sans énergie. Il se retourne pour voir sa soeur s'occuper d'un autre, l'écrasant contre un mur dans une giclée de chair et de sang.

Putain de radio ... Ca les avait attirés comme des mouches.
Putain de cadavres sur pattes ... Il n'avait jamais vu autant de bizons à la fois. Il redescendait sur terre, prenait un peu plus conscience de la réalité des faits. Cela ne faisait pas une semaine qu'il était ici en enfer et avait par chance jusqu'à là pas fait face encore à une telle situation. Sa soeur, elle, y était en plein dedans depuis le tout début, depuis l'hôpital ... Comment avait-elle fait ? Comment avait-elle tenu le coup ?
Depuis qu'il était entré dans la zone en quête de sa soeur, depuis qu'il l'avait retrouvé, depuis qu'il s'en occupait à l'école, il s'était sans cesse préoccuppé de quoi faire pour elle. Maintenant il s'interrogeait sur quoi faire pour lui, quoi faire pour eux, quoi faire pour le reste de l'humanité face à tout cela. Et il n'avait pas l'ombre d'une réponse.
Il...
Il bafouilla un « Désolé ... »