Ton t-shirt imbibé de sueur, tes jambes en coton, ta gueule juste moche. Tu cours. Depuis dix, vingt, peut-être trente secondes, mais c'est trop pour toi. Ta doudoune t'handicape, tout comme le sac de sport que tu t'entêtes à maintenir sous ton bras. Tes poumons commencent à te brûler et tu regrettes de m'avoir connu. Comme tous mes adeptes, tu promets de ne plus me toucher. Mais je ne suis qu'un détail présentement, jettes un regard au réel problème. Une petite troupe de zombies te poursuit comme ils peuvent. Seulement deux à l'origine le groupe s'agrandit à chaque ruelle que tu prends. C'est le problème de ces cadavres ambulant, ils ont une tendance à l'orgie. Dès qu'il voit un de leur congénères accélérer le pas, il le suive. Bon tes petits cris, entre rire nerveux et prières précipitées, doivent y être pour quelque chose.

Tu quittes la petite ruelle où tu as croisé quatre nouveaux morts et tombes sur une large avenue encombrée de nombreux véhicules. Enfin, tu tombes, c'est une image, hein. Non, la chute est pour maintenant. Alors que tu avais bruyamment, mais avec succès, sauté sur le capot d'une des caisses, espérant gagner du temps sur ta cavale. Lorsque tu t'élanças du capot, ta Timberland glissa sur la peinture métallisée.
Ton nez frappa en premier le bitume. Tes dents, jalousent vinrent aussitôt se briser sur l'asphalte. Ta mâchoire se referma avec tant de violence qu'elle manqua de sectionner ta langue, libérant avec abondance ce gout de sang dans ta bouche. Douloureux, hein ? Heureusement que tu as le réflexe de mettre ta main en avant, t'épargnant ces désagréments. Tu t'égratignes seulement la paume des mains, mais ne le ressent même pas. Tu poursuis ta course, jetant un nouvel œil en arrière. Une quinzaine de mort-vivant. C'est la merde, mais ils sont ralentit par les nombreuses voitures. C'est le moment. Profites de cette occasion pour disparaître de leur champ de vision et prends cette petite ruelle.

Tu y plonges presque et ne remarque pas immédiatement la silhouette au loin. Tu as besoin de vingt bons mètres avant de deviner qu'elle est vivante. Elle se tient droite, marche droit, il n'y a pas de doute. Une fois plus qu'à une dizaine de mètres tu rends compte qu'il s'agit d'une femme. Ses fines jambes, sa démarche gracieuse, ses cheveux blonds qui dépasse de son bonnet, tes hormones qui se mettent en action.

En temps normal tu aurais simplement continué de courir, dans la fuite, il n'y a pas de solidarité. Mais il s'agit d'une femme, quand même. Soit un gentleman bordel !
Lorsque tu arrives à son niveau, elle est toujours de dos. Sans ralentir tu décides de la prévenir. Et comme pour te récompenser de faire preuve d'autant de galanterie tu abats ta main sur son fessier. Quoi ? Ça fait tellement longtemps !

ㅡ Cours, poulette !

Oh putain de merde ! Non, on s'en fout du cul de sac, regardes la. Ce qu'elle est bonne ! Rien qu'une seconde, oublie la meute de zombies à l'autre bout de la ruelle, ton manque d'oxygène et le poids de ton sac. Après approximativement un mois et demi d'apocalypse, un ange descendait enfin à ta rencontre. Ses yeux azurs te saisissent, te rendant incapable de détourner le regard. Sa bouche, si pulpeuse, si tentante, te fais saliver d'envie. Sa peau, si belle, si pure, te donne envie de la lécher. Sa magnifique chevelure blonde, t'exhorte à lui saisir pour une romantique lev.. Bon ok, on a compris. Tu bandes.
L'on ne t'en voudra pas, après cinq semaines, il est même étonnant que tu ne te sois pas tourné vers la nécrophilie. Et l'on te remerciera même, de ne pas sauter sur la demoiselle alors qu'un groupe de cadavres se rue sur vous.

Tu la laissas s'amuser avec la serrure d'un ridicule cadenas, te contentant de l'admirer. Tel un chevali.. Tel un chien en rut regardant une chienne d'une espèce différente. Elle ne savait absolument pas ce qu'elle faisait. Et malgré la situation, davantage périlleuse à chaque seconde, tu trouvas un moment pour sourire. C'est là que tu te sentis touché par la grâce.
Elle se tourna vers toi et te demanda ton aide. Sa voix si cristalline atteignit tes oreilles comme une douce mélodie et tu te juras de la faire crier, un jour.
Bombes le torse, c'est ton moment.

ㅡ Tu permets ?

Tu n'attendis pas de réponse. C'est toi l'homme, tu prends les choses en main. Tu passes la bandoulière de ton sac et lui retire le couteau des mains. Avec toute la grâce dont tu disposes tu fais glisser la pointe du couteau dans la serrure. Tu fais mine de savoir ce que tu fais, faisant cliqueter les mécanismes, grognant à chaque mouvement de ton poignet. Mais le cadenas ne cède pas. Un regard sur les zombies, ils ne sont plus qu'à une douzaine de mètres. Le temps presse et tu cesses ton activité et replis le canif pour tendre tes lèvres à la demoiselle.

ㅡ Je mérite bien un baiser d'encouragement.

Oh bordel ! Non ! Mais.. T'es vraiment qu'une merde. Attends, non. Pardon. Laisse-moi reprendre mon calme. Me remettre de cette barre de rire que tu viens de me provoquer. Sérieusement, pourquoi ? Qu'est-ce qui fait que personne ne te respecte, comme ça ? Comment ça se fait que même en temps de fin du monde tu n'arrives pas serrer la moindre meuf ? Et celles en décomposition ne comptent pas, espèce de dégueulasse. Tu ne peux pas me jeter la faute, tu n'as pas eu le temps de me toucher depuis ton réveil. Depuis ton joint du matin. Y'a juste un truc chez toi qui dois toutes les dégoûter.
Mais allez mon Lily, ne te laisses pas abattre. Regardes, tout n'est pas perdu elle pense à toi lorsqu'elle rentre dans sa cachette. Ok, tout ce que tu cherches à voir, c'est un décolleté.

Un zombie ? Même pas vue. Ton attention concentrée sur son fiaque lorsqu'elle leva la main pour achever le cadavre, jusqu'à ce qu'elle se retourne. Belle et farouche. Comme tu les as toujours aimé. Comme tu ne les as jamais eux. Oui, je suis en train de dire que tu t'es toujours tapé des moches abruties. Toxico même, parfois. Et pas toujours en pleine possession de leurs moyens. Bon ok, j'arrête.

On l'a compris. Elle te fait bander. C'est une chance, vous êtes coincés, rien que tous les deux. Maintenant, il va falloir prendre le taureau par les cornes, enfin la blonde par les cheveux, quoi. Allez lances toi !

ㅡ Tu s.. euh..

Tu as raison, ne commences pas comme ça. Elle t'a déjà giflé et elle a récupéré son canif'. Soit correct. Comment on fait déjà ? Déjà, commences par essuyer ta main égratignée, elle pisse le sang. Frottes là contre ton jean, de toutes les façons, il a connu pire. Ton pantalon maintenant repeint, tu tends ta main blessée à la douceur blonde.

ㅡ Bob Wooten, enchanté !

Oh mon dieu ! Mais tu es civilisé ? C'est un sourire que je vois ? Face de chips ! Tu crois vraiment que tu peux te la faire.