Dylan Reeves trouve : 1 boîte de comprimés anti-infectieux. - correspondant à 1 unité de médoc.

« Je... Je me demandais... Comment vous vous en sortiez avec Rose ? Je veux dire... Au milieu de tout ça ? »

William allait répondre, c’est vrai. Il était prêt à ouvrir la bouche pour lui dire que ce n’était pas facile tous les jours. Pour se déplacer, porter une gamine, aussi légère soit-elle, était un handicap. Et il avait toujours une main, un bras dont il ne pouvait pas se servir. Mais il aimait sa fille profondément, même s'il ne la connaissait que depuis peu. Il s'était senti immédiatement lié à ce petit morceau d'âme et il préférait la savoir calée contre son épaule qu'ailleurs, loin de lui. Dans le fond, il était sûr que ça pouvait être pire. Il ne croyait pas si bien dire. Enfin, presque dire. Son attention fut détournée par le hurlement que poussait un zombie. Misère. Dans leur quête de produits miraculeux, ils s’étaient crus intouchables sûrement, et avait laissé la porte ouverte. Quelle belle connerie. Non mais franchement, c’était la base, le premier réflexe pour n’importe qui aspirait à survivre et eux, ils n’avaient pas fermé la porte. Dans le genre équipe de bras cassés, ils auraient difficilement fait mieux. Le roux s’était battu quelques fois, mais jamais avec Rose dans ses bras. La portée du tonfa était trop courte pour qu’il puisse oser se battre et l’exposer à une quelconque morsure. C’était tout bonnement hors de question. Non il fallait qu’il laisse sa fille en sécurité… Mais où ? Il ne pouvait pas non plus la poser par terre. Son regard se posa sur la jeune femme, Dylan c’est ça ? Il n’avait pas le choix, il lui mit Rose dans les bras et arma son tonfa en priant tous les dieux pour que Dylan ne soit pas une espèce de tarée et qu’elle ne le lâcherait pas maintenant.

Comme il l’avait fait en la présence d’Alexander, il abattit son arme sur les zombies, en essayant de ne leur laisser aucune chance. Il eut un peu plus de mal que la fois précédente, mais finit par avoir le dessus. Comme quoi, les histoires sur l’adrénaline n’étaient pas que des conneries.

Le temps de reprendre son souffle et de nouveaux grognements se firent entendre. Avec le bruit qu’ils avaient fait, cette fois, c’était sûr. Les cadavres ambulants avaient repéré leur repas, et c’était eux. Il se précipita sur la porte et la referma, plaquant son dos contre elle en espérant la retenir. Il sentait la pression qu’exerçaient les mort-vivants sur la faible porte. Ca n’allait pas tenir longtemps, il fallait qu’ils se barrent d’ici et vite. Mais comment ? Il balaya la pièce du regard, à la recherche d’une autre porte.

C'était comme si une marée de zombies se déversait contre le dos de William. Les traits tirés, il s'appuyait de tout son poids contre la porte en se demandant comment elle tenait encore. Et il n'arrivait pas à distinguer la moindre issue. Bon sang. Ses chaussures commençaient à glisser sur le sol et il était obligé de piétiner pour ne pas se retrouver sur les fesses.

Et puis tout à coup, alors qu'il s'entait que la porte commençait à s’entrebâiller, il la vit. La salope de porte tout au fond de la pièce, dans l'ombre. Il distinguait à peine la poignée et le cadre, mais s'en était une. D'un signe de tête, il l'indiqua à Dylan.

« Essaie d'ouvrir la porte là-bas ! Dépêche ! »

Il n'avait jamais parlé comme ça à personne et l'espace d'une seconde, il était resté surpris. D'habitude, il la fermait et il agissait mais là, là c'était lui qui avait le plus de force. Lui qui avait une arme plus ou moins digne de ce nom. Il s'en voulait presque de ne pas avoir dit "s'il te plaît" à la jeune femme, mais après tout, la situation d'urgence justifiait un léger manque de politesse...

Les pleurs de la petite fille étaient insupportables pour le papa roux. Il serrait les dents en continuant de maintenir la porte, se concentrant uniquement là-dessus. Chaque seconde qui passait, il sentait que la porte s’ouvrait un peu plus, il sentait l’odeur des zombies s’infiltrer dans la pharmacie, il voyait même quelques doigts passer dans l’ouverture. Non, il n’allait pas tenir longtemps. Et pourtant, il continuait d’appuyer comme un fou contre la porte. Il aurait pu continue à se battre comme ça, contre cette force qui poussait, pendant des heures s’il le fallait, jamais non jamais, il n’aurait laissé ces saletés entrer. Pour ça, il aurait fallu qu’elles le tuent. Personne ne toucherait à sa fille, et tant pis si il devait y passer. Mais finalement, Dylan réussit à faire céder la porte et entra dans la pièce avec Rose. La gorge de William se serra, ne pas avoir sa petite dans son champ de vision, c’était dur. Il n’en avait pas l’habitude et avec tous ces zombies, ça lui donnait des sueurs froides. La jeune femme appela son prénom, alors le rouquin lâcha la porte d’un coup et courut jusqu’à la pièce fraîchement ouverte. Dès qu’il passa la porte, Dylan la referma derrière lui. Les zombies ne tardèrent pas à se bousculer contre la porte en grognant. Ils ne pouvaient pas fermer à clé, il fallait sortir de là… Mais d’abord barricader la porte, histoire de se donner du temps. Réfléchir, inspirer, expirer… Le duo de gringalets était appuyé contre la porte, et à deux, c’était tout de même bien plus facile que tout seul. William caressa tendrement la joue de sa fille, sans la reprendre des bras de Dylan. Il fallait trouver un truc, le bureau, peut-être ?

Rose blottie contre lui, William n’eut pas le temps de bouger, pas le temps de réagir face aux zombies qui étaient dans la rue. C’est pourquoi il regarda la jeune blonde en éclater un avec son rouleau à pâtisserie, le plus proche. Comme quoi elle était plus dégourdie qu’elle en avait l’air. Peut-être bien que tous les deux ils allaient finir par se sortir de cette merde… La voie était à présent plus ou moins dégagée, en courant ils pouvaient peut-être aller se cacher plus loin. N’attendant pas plus longtemps, il fit un signe de tête à l’intention de Dylan et se mit à courir. Sa fille chouinait un peu, elle s’agrippait à lui de toutes ses forces, mais elle ne pleurait plus. Avec un regard en arrière, le roux put voir que Dylan n’était pas loin derrière lui, ils couraient presque côte à côte. Il y avait quelques zombies, un peu plus loin, ils avaient une avance légère mais pas négligeable. Quand enfin, ils arrivèrent à un carrefour, William attrapa la jeune femme par la manche un court instant, histoire de l’emmener avec lui dans la rue qui tournait à gauche, et contre un mur, derrière une camionnette, il s’accroupit. Il fallait faire vite, mais ils devaient avoir une minute, quelques secondes pour se poser et réfléchir. A moins que Dylan n’ait des talents de voleuse de voiture, il leur était impossible de sauter à l’intérieur de la camionnette pour s’enfuir loin d’ici, ils ne pouvaient que courir.

Adossé contre la taule de la voiture, Rose posée sur ses genoux pour reposer ses bras, William balaya la rue du regard. Au loin, tout au bout de la rue, il y avait un magasin. Peut-être qu’ils pourraient rentrer à l’intérieur pour se cacher ? Il ne voyait pas quel type de magasin c’était, mais n’importe quel bâtiment ouvert, s’il n’était pas rempli de zombies, devenait un abri génial. Peut-être qu’ils auraient plus de chance que dans la pharmacie ?

« Les maisons doivent être fermées mais il y a une boutique là-bas, on peut essayer de courir.. »

Un grognement fut la seule réponse que le roux obtint. Ils commençaient à prendre trop de temps, apparemment. Le jeune papa se releva et fit signe à la jeune femme de faire pareil. Il attrapa sa fille dans ses bras avec une grimace. Ce n’était pas le moment de faiblir, mais il commençait à avoir vraiment mal aux bras. C’était qu’elle pesait quand même son poids, la petite. Faisant abstraction de ça, il se remit à courir. Le magasin était un peu plus loin qu’il ne le pensait, ses poumons étaient en feu à force de courir comme ça, mais pour une fois, la chance était avec lui. Les propriétaires du magasin avaient dû s’enfuir rapidement car la porte n’était pas verrouillée. Tout semblait avoir déjà été pillé mais au moins, quelqu’un avait eu l’intelligence de poser la clé sur la porte, en la laissant ouverte. Comme quoi tout le monde n’était pas devenu inhumain. Une fois à l’intérieur, William ferma la porte à clé et se laissa tomber sur le sol, contre un mur. Les zombies arrivaient maintenant à la porte de la boutique, s’écrasant contre les murs et les vitrines. Les deux jeunes gens, ainsi que la petite Rose, étaient plus ou moins prisonniers, mais au moins, étaient-ils en sécurité ?