Re: Chut...! - Mai 2025
Mar 22 Sep - 0:20
Marcher avec quelqu'un qui lui était totalement inconnu, ça aurait dû me faire trembler de peur. Surtout vu la carrure du bonhomme. Pourtant, son côté détaché m'apaise un peu et j'en viens presque à me sentir un peu en sécurité. Avec lui, on dirait que l'apocalypse n'est qu'une formalité, un détail sur lequel il ne sert à rien de s'attarder. Et ça me fait sacrément du bien de partager un peu le même état d'esprit l'espace d'un instant.
Bien sûr qu'on est tous au courant de ce que l'on risque. On ne peut pas échapper réellement à la survie, nous restons des proies en sursis malgré tout. Mais on le gère tous plus ou moins bien. Jack, entre autres, semble bien mieux se débrouiller que moi, et quand je vois où j'en suis, je me demande encore comment il a pu survivre si longtemps seul sans craquer.
Alors que l'on s'éloigne du bowling, il me propose son skate, que je me dépêche d'accepter avec les yeux brillants. On a presque l'air de deux gamins qui s'amusent dans la rue, et je ne peux m'empêcher de m'amuser à sauter une ou deux fois sur les trottoires. C'est vraiment une bonne idée pour se déplacer, le skate !
Et puis alors qu'on s'approche du bâtiment recherché, Jack lance la conversation que tous les survivants finissent par avoir à un moment ou à un autre. Aussitôt, je cesse de faire joujou et je relève la tête vers lui. Bien évidemment, tout le monde sait ce que le fameux "ça" signifie. On a tous perdu notre vie d'avant en un instant. J'hésite un instant à lui répondre, parce que je sais que la nostalgie c'est jamais bon, et puis finalement j'esquisse un mince sourire.
"Chef cuisinier étoilé mec ! C'était la grande classe ! Je peux te dire que ça me fait bien chier de manger des riavolis froides maintenant !" Je rigole un peu tristement à ma propre blague. Il n'empêche que manger des raviolis froides, c'est déjà synonyme de chance. Mais les soirs où la faim me tenaille le ventre, j'aime sombrer dans mes bons souvenirs de cuisine en récitant mes anciennes recettes. Mon regard se perd un instant dans le vide alors que je me rappelle les bons moments de cette vie paisible et normale.
Mais bien rapidement, je reviens à moi. Pas la peine de m'enfoncer davantage, j'ai déjà suffisamment de mal à capter la réalité telle qu'elle est sans me mettre des bâtons dans les roues en plus. Alors je lui jette un regard interrogatif et lui retourne la question d'un air curieux.
"Et toi ?"