Re: When I see the price that you pay, I don't wanna grow up. [7 et Toma, juin 2025]
Dim 12 Juin - 20:07
Quand j'ouvre les yeux, la lumière du soleil s'inflitre déjà doucement à travers les volets de la fenêtre. Je fixe le plafond pendant un moment, l'esprit vide et apaisé, et puis doucement je m'éveille. Tous les matins c'est le même manège, je fais le bilan, et il n'est jamais bon. Je regrette le campement militaire que nous avions réussi à établir pendant un moment. Je regrette aussi le matériel qu'il me manque pour mener mes recherches à bien. Sans un minimum d'outils, je resterai incapable de rassembler les informations nécessaires pour trouver un vaccin à cette épidémie désastreuse. Je soupire et je finis par me redresser. Ma montre indique 9h23, mais je suis incapable de rester au lit plus longtemps. Plus je reste inactif et plus je me sens inutile.
Alors je me traîne jusqu'à la salle de bain pour jeter un coup d'oeil à mon reflet. Je n'ai pas l'air au top de ma forme, mais il faut dire que la situation ne me donne pas vraiment envie de sourire. Je m'asperge vaguement le visage d'eau et malgré tout ça fait du bien. C'est dommage que cette denrée soit devenue si rare dans la ville, en particulier avec l'été qui arrive, je redoute la déshydratation des survivants qui luttent encore pour leur vie. Si seulement l'armée pouvait larguer davantage de rations de survie sur la ville. Leur soutien semble pour ainsi dire inexistant, et je ne comprends pas ce qu'il se passe dans l'Etat major pour qu'un tel manque de soutien ait lieu.
Ainsi soit-il, on se débrouillera seuls aussi longtemps qu'il le faudra. Comme aucun bruit ne se fait entendre dans la maison que nous occupons, je suppose que Thomas est encore endormi. C'est un drôle de bonhomme celui-là. Il est un peu étrange, et je ne suis pas toujours sûr de bien comprendre ce qu'il veut, mais je crois qu'il gère l'épidémie et toute cette catastrophe à sa façon, alors j'évite de le brusquer. De toute manière, ça ne fait pas de mal d'avoir un peu de compagnie. Je profite néanmoins de la solitude matinale pour adresser une prière à toutes les âmes en peine, et à ma famille que j'espère en sécurité. Ca me tue de ne pas avoir de nouvelles d'elles, et la simple idée de nos retrouvailles me remotive dans mes recherches.
Je ne suis peut-être pas encore capable de trouver un remède au virus, mais je peux au moins prendre quelques notes d'observation. Alors je me redresse, gonflé à bloc. J'avale un semblant de petit déjeuner pour essayer d'économiser nos provisions, et je vais faire un tour dehors. Je ne m'encombre pas de mes affaires, je ne prévois pas d'aller bien loin. Je veux juste observer les contaminés et leur façon de survivre à eux aussi. L'air de l'extérieur me fait du bien. Même si l'odeur de mort pèse dans la chaleur qui s'installe, on finit par s'habituer. Alors j'escalade un muret, et je le longe un court instant en funambule avant de tomber sur une autre maison. Celle-ci à un balcon, et ça me semble un bon perchoire pour observer la rue, alors je me hisse jusque là sans trop de problème et je me laisse tomber contre le mur en soupirant.
Un long moment passe sans que je ne bouge. Les quelques contaminés qui errent en dessous de moi ne semblent pas me remarquer, comme si le bruit les attiraient davantage que la vision ou l'odorat. Ils errent un peu hasard, ils trébuchent souvent, et quand deux d'entre eux se rencontrent, ils n'ont aucune sympathie l'un envers l'autre. C'est bien un virus et non une nouvelle espèce que ces idiots de scientifiques ont créé là. Je soupire, je râle, et je jure même contre ces humains aveuglés par une soif de pouvoir trop grande pour eux.
Quand je me rend compte que les heures passent, je décide de retourner à notre planque du jour pour voir ce que Thomas fabrique. La maison est certes inhabitée, mais j'ai commencé à comprendre que le bonhomme arrivait parfois à se mettre dans l'embarras comme un grand. Je fais donc marche arrière sans soucis, et quand je pousse la porte de la maison, c'est encore le silence qui s'impose. Bon, au moins il ne parle pas tout seul, il n'est pas encore complètement fou. J'erreun instant dans la maison, et puis comme je ne le croise pas, je suppose qu'il est encore dans sa chambre. Alors je toque timidement à sa porte, et je passe la tête.
"Hey, qu'est ce que tu fais ?" Ennui, cruel ennui. Il a raison de moi et je laisse ma curiosité me pousser à entrer dans la chambre. Comme je le vois penché sur une feuille, je ne résiste pas à m'approcher pour jeter un coup d'oeil avant qu'il hurle pour m'empêcher de voir.
Mon coeur s'arrête lorsque je reconnais vaguement les traits qu'il est en train de dessiner. En fait, c'est mon corps tout entier qui se fige, surpris par cette apparition soudaine au moment où je m'y attend le moins. Quand je me reprend enfin, je me tourne à nouveau vers Thomas en fronçant les sourcils.
"Hey ! Où est ce que tu as eu ça ?!" Je reconnais sans mal la photo qui lui sert de modèle. C'est celle de ma femme, celle que je transporte partout avec moi depuis le début. De toute évidence, il me l'a volé, et même si je ne lui en veux pas au point de lui couper une main, je me sens obligé de râler un instant.
"C'est pas tes affaires !" Je lui reprend jalousement la photo, et je l'inspecte comme pour vérifier que ce sale petit voleur ne l'a pas abimée. Par chance, elle est intacte. Alors après un instant de contemplation pensive, je reprend d'un ton plus calme.
"Elle est belle hein ?" Je lui rend la photo, et je soupire.
"Elle me manque." Je n'ai pas l'habitude de me plaindre, mais cet instant de nostalgie soudain me pèse sur le coeur. Alors je me laisse tomber sur une chaise qui traîne dans un coin, et un soupire m'échappe à nouveau alors que je frotte mon visage entre mes mains. Quand est-ce que tout ça finira ? Quand est-ce qu'on pourra rentrer chez nous l'esprit tranquille et apaisé ? Dieu notre père, faites que ce soit bientôt.