« Fucking deserted place »


Heaven ouvrit difficilement les yeux. Ebloui par le soleil, il mit quelques secondes à retrouver ses esprits. La nuit avait été courte. & mouvementée. A côté de lui se trouvait une jeune femme dont le bras reposait sur son torse, ses doigts effleurant son cou. Elle était enroulée dans une fine couverture et semblait encore dormir profondément. L’occasion rêvée pour filer en douce. Heaven souleva délicatement le bras de sa conquête afin de pouvoir se relever sans la réveiller. Jane… Heaven l’avait rencontré dans un bar. Il n’avait presque eu aucun effort à fournir pour qu’elle le ramène chez elle et qu’ils terminent la nuit ensemble. Trop facile. Pourtant, cette fille-là lui avait plu. Cela faisait deux nuits, qu’il profitait de sa compagnie. Pas de prises de tête. Le jeune homme soupira en se redressant sur le lit. Tout en enfilant ses vêtements, il l’observa dormir. Elle semblait apaisée, sereine. Quelques rayons de soleil caressaient son dos nu et donnaient un éclat doré à ses cheveux blonds. Vraiment jolie. Heaven soupira une fois encore, il fallait qu’il parte. Deux jours, c’était sa limite. A présent, il n’avait envie que d’une chose : un bon chocolat au lait. Avec supplément chantilly.

Après avoir enfilé sa veste en cuir, Heaven tourna les talons vers la sortie avec l’intention de regagner son propre appartement. Elle ne s’était pas réveillée. Encore une fois : trop facile.

Depuis Perkins Street, le jeune homme n’était qu’à quelques minutes de son appartement, qui se trouvait sur Grand Avenue. Habitué du « Coffee with a Beat », Heaven fut très surpris de constater que son café préféré était fermé, ceci au beau milieu de l’après-midi. Blasé et frustré de ne pas pouvoir obtenir ce dont il avait envie, Heaven se résigna à poursuivre son chemin et rentrer chez lui. Un chocolat chaud fait maison ne serait pas mal non plus, après-tout. Arrivé au bout de la rue, Heaven ressentit comme un malaise. Les rues étaient vides et bien trop silencieuses. Le jeune homme n’eut pas le temps de s’attarder sur la situation, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre Grand Avenue, une jeune femme surgit du coin de la rue, haletante, et le percuta de plein fouet tout en trébuchant. Enervé, Heaven la rattrapa par le bras afin de l’aider à se relever, sans manquer cependant de lui faire une remarque.

« Ho, ça va ou quoi ? Fais gaffe ! » Fit-il d’un ton sec.

Les yeux de l’inconnue étaient écarquillés, elle semblait terrifiée. Heaven se frotta la tempe d’un geste lent et, dans un soupir, s’apprêta à reprendre son chemin en direction de Grand Avenue.

« Fucking deserted place »


L’inconnue, qui était dans un état de panique avancé, manqua de s’écraser contre le sol et Heaven eut le bon réflexe de l’attraper au passage. Ouf, un peu plus et c’était sa tête qui s’écrasait contre le sol. Sauvée. La jeune femme laissa échapper un gémissement de douleur lorsque ses genoux heurtèrent le sol. Elle semblait misérable. Son sweet, trop grand pour elle, pendait sur ses épaules, ses cheveux s’emmêlaient sur son front humide… Et maintenant, elle était par terre, pitoyable. Heaven se demanda ce qui avait pu la perturber autant pour la mettre dans un état pareil. Elle semblait totalement dépassée. Agacé, Heaven décida de la laisser là. Après tout, si elle n’était pas capable de tenir sur ses deux jambes, ce n’était pas son problème.

« Allez, salut ! »

Un copain violent ? Une droguée en crise d’hallucinations ? Le jeune homme secoua la tête. Ce n’était pas ses affaires. Il allait continuer son chemin. Elle, elle finirait bien par se relever.

« NON FAUT PAS ALLER PAR LA !!!!! Des gens sont morts... Y a des... Zombies. Enfin...  »

Incrédule, Heaven se stoppa net. Une droguée. Il n’y avait pas d’autre solution… Ou une folle… Heaven se retourna et s’approcha de la jeune fille et s’accroupit auprès d’elle.

« Soit t’es folle à lier. Soit tu te fous de ma gueule. »

Un sourire amusé étirait les lèvres du jeune homme qui tenta un instant d’imaginer la ville dans une situation apocalyptique et ne put retenir un éclat de rire.

« Des zombies, sérieusement ? »

Heaven posa sa main sur le front moite de la blonde tout en souriant encore.

« Et bientôt, un éléphant rose va tomber du ciel ? »

Franchement. Pourquoi perdait-il son temps…

(HA ALERTE INCOHERENCE !!!
Dylan est debout quand elle tire Heaven par son cuir... OUI MADAME ! Dylan à l'air folle, mais pas misérable, QUAND MEME !!! oDo *pète un boulon*)

(HO MERDE DESOLEE :OO J’me suis embrouillée. J’croyais qu’elle retrébuchait par maladresse xD Du coup ... Sorry :O T’as arrangé ça du coup en la faisant observer ses bobos. Danke Schön ! -t'façon, Heaven la verra forcément comme une misérable XD-)

« Fucking deserted place »


L’inconnue retira d’un geste brusque la main d’Heaven de son front et le repoussa violemment, manquant de le faire tomber sur les fesses, avant de plonger son regard dans le sien. Ses yeux, troublés par des larmes, refétaient son énervement. Heaven ni voyait plus aucune panique.

« Fous toi d'ma gueule si ça t'amuse. Va donc sur Grand Avenue. Et on verra bien qui est fou. »

Fronçant les sourcils à son tour, Heaven observa la jeune fille s’appliquer à nettoyer la plaie sur son genou avec un mouchoir. Le jeune homme resta quelques instants immobile, accroupi face à elle. Cette fille semblait réellement croire à cette histoire improbable. D’ailleurs, elle n’avait rien d’une junkie, mis à part peut-être ses membres fins et ses joues creuses. Elle était même plutôt jolie… Aussi, en d’autres circonstances, il n’aurait pas hésité une seconde avant de la draguer.

« Avoue quand même que c’est assez absurde, ton histoire. »

Heaven appuya sa paume contre le béton afin de se redresser. Une fois debout, il frotta ses deux mains l’une contre l’autre et respira un bon coup. Des films apocalyptiques, il en avait vu des tonnes. Mais imaginer que cela puisse réellement arriver, ça le faisait gentiment rigoler. Impossible. Pourtant, les rues désertes et … la mise en quarantaine de l’hôpital la semaine précédente… Heaven hésita quelques secondes. Non, cette fille se moquait de lui.

« Bon. Désolé ma jolie, j’vais devoir te laisser. J’passerai le bonjour de ta part aux zombar ! »

Tournant les talons, le jeune homme s’apprêtait à tourner au coin de la rue pour arriver sur Grand Avenue.

(Haha, no problem :p)

« Fucking deserted place »


« Je t'attends ici. »

C'est tout ce que la jeune fille avait répondu, très calme. Heaven disparut alors au coin de la rue pour arriver directement sur Grand Avenue, sans rien ajouter. Encore une fois : un endroit désert. Il n'y avait pas âme qui vive. Avançant d'un pas sûr et rythmé, Heaven commençait à sentir ses certitudes s'ébranler. Jamais, de toute son existence, il n'avait vu Grand Avenue déserte. A toute heure du jour ou de la nuit, l'avenue était toujours pleine de vie. Le jeune homme s'arrêta quelques instants face à une vitrine de magasin brisée, hésitant à revenir sur ses pas. Ce n'était pas normal. C'est à ce moment qu'un cri strident retentit, brisant le calme dans lequel était plongée l'Avenue et provoquant une vague de frissons dans le dos du jeune homme. Ce cri semblait venir tout droit de l'endroit où il l'avait laissée. L'inconnue.

Heaven hésita quelques secondes, songeant à continuer son chemin et à rentrer chez lui. Des zombies, non mais quelle connerie... Pourtant, les circonstances laissaient planer le doute. La mise en quarantaine de l'hôpital, les rue désertes, l'état plutôt pitoyable de certaines enseignes... Heaven avait vu bon nombre de films apocalyptiques et la situation actuelle ne lui plaisait absolument pas. Grommelant qu'il ferait la tête au carrée à cette blonde si elle s'était foutue de lui, Heaven fit demi-tour et se mit à courrir pour rejoindre la jolie blonde.

Arrivé à Perkins Street, ce qu'il vit ne lui plu pas du tout. Elle avait dit vrai. Merde.

« HO PUTAIN ! »

En l'espace de quelques secondes, un groupe de six zombies étaient apparus, profitant du temps que leur laissait la jeune femme en fouillant dans la poubelle. Elle avait fait du bruit en renversant le conteneur, ce qui avait sut couvrir leurs grognements assez longtemps pour qu'ils puissent arriver à quelques mètres seulement d'elle.

Ils tentaient d'accélérer du mieux qu'ils pouvaient, mais la rigor mortis empêchait bien des choses. Même si ils s'étaient relevés d'entres les morts, leurs corps était tout de même plutôt raides et, comme ils n'avaient peu ou pas commencé à pourrir, leur démarche était des plus ridicules.

Les six morts-vivants se dirigeaient vers la jeune femme, mais deux d'entre eux s'arrêterent avant de changer de cible. Ils venaient de sentir un autre potentiel repas et, comme il avait lui aussi fait du bruit en criant, ils se dirigèrent vers lui.

Donc, quatre zombies essayaient de forcer la femme contre le mur, et deux autres marchaient du plus rapidement qu'ils pouvaient pour atteindre l'homme.

« Fucking deserted place »


« HO PUTAIN ! »

Heaven n’en revenait toujours pas. Des zombies. Des putains de zombies. Surpris, il resta quelques secondes immobile au coin de la rue, les yeux écarquillés. Certes, les zombies l’avaient toujours fait beaucoup rire dans tous les films apocalyptiques qu’il avait visionné, mais se retrouver réellement dans ce genre de situation… C’était totalement différent. Six morts-vivants le séparait de la jeune inconnue. Et dire qu’il s’était ouvertement foutu de sa gueule… Quel con. Et jurer si fort dans un moment pareil n’avait pas été très judicieux de sa part.  A présent, deux de ces créatures s’approchaient dangereusement de lui, d’une démarche lente et morbide. Son cri les avait attirés. Le jeune homme se pinça les lèvres et tenta de réfléchir à une solution réalisable. Merde, il lui fallait absolument trouver de quoi se défendre. Sans quoi, il ne donnait pas cher de sa peau et de celle de la demoiselle. Quoique, elle avait l’air de plutôt bien se débrouiller. Avec un rouleau à pâtisseries, qui plus est. En observant rapidement les alentours, Heaven remarqua un conteneur à ordures entrouvert. Bien entendu, il n’avait pas le temps d’aller fouiller à l’intérieur. Ce qui avait attiré son attention, c’était la raquette de tennis située contre celui-ci. Plongeant en avant, le jeune homme l’attrapa rapidement et, d’un geste violent, la frappa contre le mur. Ce qu’il voulait, c’était se faire une arme potable. Comme prévu, le bout de la raquette vola en éclats et Heaven resserra la pression de ses doigts sur le morceau de bois pointu lui restant dans les mains et pris une grande inspiration.

Les deux zombies étaient maintenant beaucoup plus proches de lui. Leur démarche était lente et ridicule, on aurait dit des pantins désarticulés. Heaven sourit un instant à la vue de ces deux-là puis s’écarta le plus possible des murs, ne voulant pas se retrouver piégé. Déterminé, il balança un grand coup de pied dans les jambes d’une des créatures afin de la faire tomber et de la déstabiliser. Il devait d’abord se débarrasser d’un d’eux. Chacun son tour. Resserrant la main sur son morceau de raquette, Heaven le planta dans le cou de son assaillant. Eviter de se faire mordre. Surtout éviter de se faire mordre. Le jeune homme ne se contrôlait plus. A vrai dire, il n’avait jamais frappé sur quelqu’un. S’il y a bien une chose qui l’exécrait au plus haut point, c’était la violence. Pourtant, à cet instant, l’instinct de survie et l’adrénaline l’avaient transformé. Cette chose n’était plus humaine, il ne ferait qu'abréger ses souffrances. Heaven se découvrit alors plus fort qu’il ne le pensait et envoya de nombreux coups supplémentaires dans la chair du zombie qui lui faisait face.

Fermant les yeux et la bouche pour éviter les projections de sang, Heaven ne prit pas le temps d’observer le zombie qui se trouvait au sol et se retourna rapidement pour faire face à son pote. Il devait être attentif. Il y en avait plusieurs. Derrière l’infâme zombar se trouvait la jeune fille qui, acculée contre le mur, faisait face à quatre morts-vivants. Heaven hésita quelques secondes. Il ne pouvait pas la laisser mourir. Sans elle, il n’aurait jamais su ce qu’il se passait ici. Il lui en devait une.

C’est avec un grand coup de coude qu’il envoya son deuxième adversaire contre le mur. Il s’acharna donc encore une fois sur le cou de celui-ci avec son arme improvisée. Par deux-fois, il échappa de justesse aux mâchoires du mort vivant, qui arracha quelques morceaux de sa veste en cuir.

Une fois celui hors d’état de nuire, Heaven tenta de trouver un moyen d’aider la blonde. Il fallait au moins qu’ils puissent s’échapper.

« HO LES MORDEURS ! Vous avez pas une p’tite faim ? »  

Qui ne tente rien n'a rien. Il fallait qu'ils s'éloignent d'elle.

« Fucking deserted place »



Alors que les deux créatures s’approchaient de plus en plus d’Heaven, tournant le dos à la blonde, le rouleau à pâtisseries de cette dernière fendit l’air avant de s’abattre violemment sur l’une d’elles, la faisant basculer sur le conteneur contre lequel elle s’explosa tête dans un grand fracas. Le dernier zombie vivant, s’il était toutefois possible de le qualifier de « vivant », attiré par le bruit, fit alors demi-tour afin de réattaquer la jeune fille.

Prise au piège une fois de plus, l’inconnue laissa échapper un hurlement strident, reculant lentement. Son rouleau à pâtisseries gisait au sol auprès du mordeur inerte, la laissant sans arme pour se défendre. Impuissante. Levant désespérément ses petits poings inefficaces, la jeune fille était à la merci du dernier survivant dans la bande de six, qui semblait déterminé à la dévorer. Heaven, dont le manche de raquette commençait à devenir de plus en plus ridicule, ne perdit pas une seconde et s’empara du rouleau.

« Je peux comprendre qu’elle soit plus appétissante que moi, crois-moi, mais … »

Alors qu’il s’adressait à lui directement, le zombie qui lui tournait le dos ne se retourna pas. Il aurait l’effet de surprise. Heaven leva le bras et laissa s’abattre d’un geste vif le rouleau sur la tête du mort-vivant afin de lui fendre le crâne.

« … t’en feras pas ton dessert. Enfoiré. »

Le zombie laissa échapper un bruit rauque alors qu’il s’effondrait sur le sol. Ressentaient-ils la douleur, ou n’étaient-ils que des abrutis affamés ? Heaven ne prit pas le temps de se pencher sur la question. Pour l’heure, il souhaitait rester en vie. Les dernières minutes s’étant écoulées lui avaient semblées une éternité. Comment la situation avait-elle pu dégénérer à ce point ? Les zombies, c’était censé être de la fiction. Rien que de la fiction. Hors de lui, Heaven balança plusieurs grands coups de pieds sur la tête du dernier zombie.

Une fois sa colère apaisée, ou presque, il s’arrêta et releva les yeux en direction de sa compagne d’infortune et lui tendit son rouleau à pâtisserie avec un sourire. Charmeur.

« Heaven, pour vous servir. »

Il avait du sang partout. Ses vêtements étaient poisseux et ses mains ensanglantées. Dans un soupir, le jeune homme jeta un regard rapide aux alentours.

« On ferait mieux de se barrer d’ici, et vite, avant que d’autres n’arrivent. »

« Fucking deserted place »

Heaven, soulagé d’en avoir enfin fini avec les mordeurs, se présenta à l’inconnue. Dylan. Celle-ci, qui venait de récupérer son arme, la serra contre elle, rassurée. Un sourire se dessina alors sur les lèvres du jeune homme. Il la trouvait mignonne. Ses longs cheveux blonds retombaient  en vrac sur son visage et ses vêtements étaient tâchés de sang. Rien de très attrayant, je vous l’accorde. Pourtant, malgré son allure quelque peu débraillée, Heaven se surprit à la trouver jolie. Vraiment très jolie. Ses grands yeux bleus effrayés et sa silhouette fine lui donnaient envie de la protéger. Il se sentit également coupable de l’avoir prise pour une folle et de s’être moqué d’elle.

Heaven proposa à la jolie blonde de filer rapidement afin d’éviter une nouvelle attaque et celle-ci acquiesça d’un signe de tête.


Bonne question… Heaven réfléchit à la question un instant. Si les zombies venaient de l’hôpital, il valait mieux en rester éloignés. Le plus loin possible. De plus, la meilleure des choses à faire était probablement de se rendre à un endroit sûr, sans cul de sac pour qu’ils puissent détaler si besoin.  Il fallait qu’ils trouvent une planque. Un endroit où ils pourraient se reposer.

« Difficile à dire. Il pourrait y en avoir partout… L’idéal serait qu’on puisse trouver un endroit où s’installer pour quelques temps et qu’on se déplace très souvent, qu’on s’éloigne de cet endroit maudit. Il nous faut une planque provisoire, un endroit sûr d’où on ait une bonne visibilité. Surtout : impérativement éviter les zones sans issues, les culs de sacs. Est-ce que tu as une idée ? »

Alors qu’il réfléchissait encore à un endroit où aller, Heaven sentit son ventre gargouiller.

« Et … Qu’on trouve à manger. Je sais pas toi, mais j’ai faim. On pourrait tenter de passer par une épicerie ou un centre commercial ? On pourrait déjà se mettre en route, histoire de rester en mouvement. »

Heaven plongea son regard dans celui de Dylan, attendant une réponse de sa part. Il observa son morceau de raquette de tennis écorché et soupira. Avec ça, il ne pourrait pas se défendre longtemps. Il fallait qu’ils trouvent des armes un peu plus efficaces s’ils voulaient survivre. Connerie de zombars.

HRP a écrit:

Ca te dit qu'on s'fasse un défi ? :3

« Fucking deserted place »




Heaven avait, lui aussi, l’impression de devenir fou. Totalement fou. Ses mains et ses vêtements maculés de sang ne faisaient que lui rappeler à quel point la situation avait dégénéré. Un vrai cauchemar. Le jeune homme n’arrivait plus à réfléchir correctement, son esprit logique semblait lui faire défaut. A cet instant, il ne souhaitait qu’une seule chose : trouver un endroit où il n’aurait pas à se soucier de sa survie. Difficile, mh… Dylan avait raison. Ils devaient analyser la situation dans un lieu calme et sûr.


Perdu dans ses pensées, Heaven était planté sur place. Alors, quand Dylan le ramena à la réalité, il secoua la tête de droite à gauche, comme pour se réveiller. La supérette que la jeune blonde lui indiquait n’était pas très loin de l’endroit où ils se trouvaient. Pour y arriver, les deux compagnons de routes devaient traverser Grand Avenue et se rendre sur Harrison Street. Heaven allait souvent faire ses courses à cet endroit.

« C’est parti. Je te propose qu’on passe au supermarché d’Harrison Street en premier. Ensuite, on ira chez moi. C’est sur Grand Avenue. Si c’est pas sûr et qu’on croise des zombar, on trouvera un autre endroit où passer la nuit. On peut toujours essayer… »

Heaven avança dans la direction de Dylan et lui tendit son bras afin qu’elle s’y accroche. En plus de ça, il se tapait une éclopée. L’idée de la laisser ici et de fuir seul pour sa survie effleura l’esprit du jeune homme. Pourtant, il se résigna immédiatement. C’était grâce à elle, s’il était toujours en vie. Sans cette jolie fille, il serait rentré chez lui et ce serait très probablement fait bouffer dans son sommeil.

« On s’occupera de ta blessure, aussi. T’arrives à marcher ? …. »

Heaven laissa échapper un soupir. Si elle claudiquait comme cela sur toute la route, ils en auraient pour des heures...

« Bon. J’espère que t’es pas trop lourde. Grimpe, sinon on va y passer la nuit. »

Heaven fit signe à Dylan de grimper sur son dos. Ils fallait qu’ils arrivent chez lui avant qu’il ne fasse nuit noire.

HRP:

« Fucking deserted place »

Tandis que Dylan s’appuyait sur ses épaules afin de grimper sur son dos, Heaven fût surpris de constater qu’elle était extrêmement légère. A vrai dire, il aurait du s’en douter. La jeune femme, qui portait un sweat trop large pour elle,  possédait une silhouette fine et élancée. Tout, chez elle, du creux de ses joues à ses mains minuscules, indiquait qu’elle devait être légère comme une plume. Sans rien dire, le jeune homme se mit en marche. Dylan, quant à elle, enroula ses bras autour du cou du jeune homme.

Le spectacle que les deux jeunes découvrirent sur Grand Avenue n’était pas beau à voir. Les rues, d’ordinaire bondées, étaient désertes. Pire encore, l’Avenue tout entière était teintée de rouge. Heaven resta silencieux, songeant quelques instants aux personnes qui avaient eu le malheur de croiser le chemin des mordeurs. Le jeune homme, envahi d’une soudaine vague de soulagement, était tout à coup très heureux de n’avoir aucune attache à Oakland. Il n’aurait certainement pas supporté ne pas connaître l’état de santé de ses proches.


Heaven ne répondit rien. En réalité, il n’y avait rien à répondre. Tout tenait en un seul mot, que Dylan venait d’exprimer à voix haute : Horrible. L’odeur nauséabonde de sang qui régnait dans les airs dégoutait le jeune homme, les bras fins de Dylan enroulés autour de son cou n’arrangeant rien. En effet, le sweat de la jeune femme était imprégné de tâches rouge, de sang encore humide. Dans un soupir, Heaven s’adressa à elle.

« Si tu pouvais éviter de me repeindre le visage, par contre. »

Sans doute était-il un peu froid. Il ne savait pas comment se comporter.

Lorsqu’Heaven aperçut le croisement entre Grand Avenue et Harrison Street, il préféra être prudent, s’assurer qu’aucun individu, vivant ou à moitié, ne les surprenne. La rue était déserte. Ou du moins, elle semblait déserte. Accélérant le pas, Heaven observa les alentours. Il avait toujours apprécié cet endroit. L’idée de perdre la sérenité qu’il avait toujours ressentie ici le déprima. S’il avait fui l’Angleterre pour Oakland, c’est que ce lieu lui avait tout de suite plu.

« On va là ? Je crois que y a un café sympa dedans... On y trouvera forcément à manger. »

« Parfait ! »

Dès qu’ils arrivèrent au Kaizer Center, Heaven redoubla de vigileance. Les lieux semblaient déserts, mais ils n’étaient pas à l’abri d’une autre attaque. Et franchement, ils s’en seraient bien passés. S’ils se retrouvaient coincés dans ce centre commercial, ce serait la fin. N’ayant rien d’autre à faire qu’espérer, le jeune homme souhaita de ne pas avoir de mauvaise surprise une fois à l’intérieur. Le duo franchit donc la porte principale du centre, sans un bruit. Heaven avait la boule au ventre. Si une horde se cachait là, son misérable morceau de bois ne les sauverait pas. Pas plus que le rouleau de Dylan.

« On fait ça vite fait, bien fait. Ok ? Cet endroit ne m’inspire franchement pas confiance… »

Heaven et Dylan entrèrent dans le supermarché. Attrapant un sac à dos à l’entrée du magasin, le jeune homme le tendit à sa complice de vol à l’étalage.

« On se croirait vraiment dans un film… »

« Fucking deserted place »






« Tout ça, oui. Et on reste en vie.  »

Tandis que Dylan se dirigeait vers la droite, Heaven, quant à lui, décida de partir dans le sens inverse.

« Sois prudente. »

Le centre commercial, que le jeune homme connaissait comme sa poche à force de venir y faire ses courses, était méconnaissable. Une grande majorité des vitrines étaient endommagées, des morceaux de verres éparpillés sur les sol, des caddies abandonnés trônaient au beau milieu du passage... Heureusement, Heaven n'aperçut aucun corps. Aucun cadavre. Peu de risques donc pour Dylan et lui de croiser des morts vivants. Le jeune homme, bien que soulagé, ne relâcha cependant pas son attention.

Le nombre de magasins de vêtements du Kaizer Center était impressionnant, de même que le nombre de boutiques multimédia. Rien qui ne puisse vraiment leur servir. Heaven traversa le long couloir du centre, sachant exactement où il allait. Au "Coffee Kaizer". Ce café, bien qu'il n'égale pas le "Coffee with a Beat" de Perkins, était vraiment sympa. Un endroit agréable, où il était toujours possible de dégotter de bons petits plats. Leurs chocolats chauds n'étaient pas mal non plus.

Heaven, qui marchait d'un pas décidé, ne put s'empêcher de songer à Dylan, seule de l'autre côté du magasin. L'espace d'une seconde, il se dit qu'ils n'auraient probablement jamais du se séparer. Enfin. Pourquoi s'en inquiétait-il ? Il ne la connaissait pas vraiment, après tout. Au moment où Heaven se retrouva face au café, Dylan devait avoir, quant à elle, trouvé l'épicerie.

Le jeune homme observa rapidement le contenu des vitrines et des frigos. Malheureusement pour lui, le café était sans dessus-dessous et il ne restait plus grand chose. Dans un soupir, Heaven s'empara d'une bouteille d'eau stockée au frigo, de deux spatules en bois plates ainsi que d'une tablette de chocolat King-size. Peu fier de ses trouvailles, le jeune homme décida de revenir en arrière et de rejoindre Dylan comme prévu.

Sur le chemin du retour, Heaven observa les vitrines des magasins. La majorité des néons du centre commercial étaient défectueux, clignotant ou tout simplement éteints. Pourtant, au centre d'une boutique multimédia, une télévision, dernière survivante parmi ses semblables brisées, demeurait allumée. Heaven, qui n'était pourtant dans cette situation apocalyptique uniquement depuis quelques heures, ne put s'empêcher de se sentir mal à l'aise. Ce genre de distraction ne ferait probablement plus partie de son quotidien, à présent. Que devaient-ils faire ? Fuir ? Attendre que cette étrange épidémie, maladie ou malédiction - appelez-là comme vous voulez -  se dissipe ? Détournant la tête, Heaven aperçut son reflet dans une vitrine et cessa de se poser des questions. Son tee-shirt blanc et son jeans étaient teintés de rouge. Sans parler de sa figure. Un vrai désastre. Au moins, il pourrait prendre une douche une fois à la maison.

Sachant qu'il n'y avait aucune pharmacie dans le coin, Heaven décida de voler, car malgré la situation cela restait du vol, une écharpe, un sac à dos et des fringues propres. Sait-on jamais, pensa-t-il. Peut-être n'arriveraient-ils jamais chez lui.

Surpris de voir une jeune fille à sweat flashy, Heaven eu du mal à reconnaître Dylan qui, comme lui, avait profité de leur expédition pour dévaliser les magasins. Le jeune homme, soulagé de la voir seine et sauve, accéléra le pas pour se trouver à sa hauteur.

« Wow. Quelle métamorphose !  »

Souriant, Heaven s'accroupit auprès de la jeune fille et lui demanda de lui montrer sa cheville blessée. Le jeune dragueur sorti alors de son sac les deux spatules et l'écharpe afin d'improviser une attelle. Heaven avait toujours su se débrouiller avec peu de choses. Et puis, les blessures et les fractures diverses, il connaissait plutôt bien. Plaçant une spatule de chaque côté de la cheville de la jeune femme, il enroula consciencieusement l'écharpe autour de la jambe de Dylan. Le résultat n'était pas trop mal.

« Ca ne doit pas être très confortable, mais au moins ça maintient ta cheville. Avec ça, tu devrais pouvoir marcher, et ça guérira plus vite. »

Jetant un oeil à l'extérieur, Heaven constata que la nuit était sur le point de tomber. Les rues, encore éclairées lorsqu'ils étaient arrivés, étaient bien plus sombres à présent.

« Tu m'en dois-une. J'accepte les paiements en nature, d'ailleurs. »

Un clin d'oeil plus tard, Heaven avança en direction de la sortie du centre commercial.

« On est à quelques minutes de chez moi. D'ailleurs, on ferait mieux de se dépêcher avant qu'il ne fasse nuit. »

La suite par ici, Darling ~