Trois semaines. Trois semaines coincés dans un hôtel, à haïr cette situation sans rien pouvoir y changer. Trois semaines entrecoupées d’expéditions à l’extérieur, de prises de risques pour survivre. Trois semaines de découvertes, d’horreur. Avery, durant tout ce temps, avait appris à connaître ses compagnons d’infortune. Ils avaient vécu des moments forts, des moments difficiles, des moments de complicités… A présent, la jeune femme les considérait comme des membres de sa famille, elle y était attachée. C’est étrange comme, en l’espace d’une poignée de jours, dans une situation différente de tout ce que vous avez pu vivre, tout est différent. Le froid est plus froid, la tristesse semble plus profonde, les relations plus puissantes. Toutes vos émotions sont accentuées. Votre vie bascule, plus rien n’est comme avant. Votre vision du monde s’obscurcit, vos rêves changent…


Avery, dont l’esprit était sans cesse encombré de pensées, avait décidé de s’occuper. Appelez cela une tentative de fuir ses angoisses si vous voulez, vous avez probablement raison. Stressée par la situation dans laquelle elle se trouvait, la jeune femme avait commencé à lire au début de la troisième semaine. Elle ne dormait pas beaucoup, de toute façon. Lire était donc un moyen efficace de lutter contre les idées noires, contre la déprime. Une manière de passer le temps. Commençant par des romans traînant dans la bibliothèque de l’hôtel, elle avait fini par songer à lire des ouvrages spécifiques, des ouvrages qui pourraient lui être utile. Elle avait d’ailleurs trouvé plusieurs livres intéressants, susceptibles de les aider, elle et les autres, à survivre mieux. Ce qu’elle n’avait pas trouvé dans les livres, elle l’avait cherché sur Internet.




Les mains tremblantes, Avery pressa sept lettres du clavier de l’ordinateur se trouvant dans l’une des pièces de l’hôtel. Z, O, M, B, I, E, S. Sans même jeter un oeil aux différentes illustrations que lui suggéraient le moteur de recherche, Avery entreprit de lire quelques articles au sujet de ces créatures. La jeune femme avait visionné de nombreux films apocalyptiques, sans jamais se douter qu’elle se trouverait dans la même situation un jour. Les informations disponibles sur Internet ne l’aideraient certainement pas à comprendre comment ils en étaient arrivés là mais elle avait l’espoir de trouver des informations pouvant lui être utiles. Pourtant, la jeune femme n’apprit rien qu’elle ne savait déjà. Viser le cerveau pour éviter qu’un mort-vivant ne se relève à nouveau, couper tout membre mordu pour éviter d’être infecté … La jeune femme soupira et ferma d’un clic rapide la fenêtre de recherche qu’elle avait ouverte. Rien à faire, elle ne comprendrait pas en cherchant des informations sur Internet. Comment avaient-ils pu en arriver là ? Etait-ce les humains qui, par le biais de leurs recherches, avaient déclenchés ce merdier ? Oakland était-elle la seule ville touchée par cette tragédie ? Où pouvaient-ils fuir ? … La quarantaine ayant débuté au Highland General Hospital, il était fort probable que les scientifiques y soient pour quelque chose… Mais peut-être était-ce plus compliqué que cela ?

Avery, frustrée, désireuse de penser à autre chose, se leva brusquement, faisant glisser la chaise sur laquelle elle était assise dans un bruit sourd.


Cela faisait maintenant plusieurs jours qu’Avery tentait de se renseigner sur différentes pratiques médicales utiles en cas d’accident. Le groupe de survivants, dont les notions dans le domaine de la santé étaient trop faibles, risquaient gros si l’un d’entre eux venait à être blessé ou malade. En premier lieu, la jeune femme se renseigna au sujet des médicaments et du matériel que Michelle et elle avaient volé dans différents établissements quelques jours auparavant et prit soin de lire toutes les notices d’utilisation se trouvant dans les emballages. Assise sur le grand lit de la chambre d’hôtel, Avery était assise au milieu de toutes leurs trouvailles médicales, des morceaux de papiers éparpillés un peu partout. Les notices d’utilisation. Elle les avaient toutes lues, comprises. En aucun cas elle ne souhaitait faire de l’automédication sans savoir quels effets les comprimés pouvaient entraîner ou sans connaître les doses suggérées. Levant la tête, elle aperçut Michelle entrer dans la chambre. Il était temps de faire l’une des choses qu’elle aimait le plus : se détendre avec la jeune fille.



Les recherches d’Avery lui avaient permis de mieux comprendre comment procéder pour soigner différents types de blessures. L’un des ouvrages de la bibliothèque expliquait de manière très précise comment effectuer un bandage avec un foulard ou un morceau de tissu. Les illustrations étaient détaillées, ce qui avait ainsi permis à la jeune femme de s’entraîner. Les différents noeuds devaient être placés au bon endroit, faits d’une certaine manière et les bandages, pour être efficaces, devaient être assez serrés mais pas trop. A présent, Avery se débrouillait pour, avec son écharpe, bander bras, cheville et poignet.

Envisageant tous les scénarios possibles, même les pires, Avery se renseigna concernant les hémorragies. De ce fait, elle apprit que, pour sauver une personne souffrant d’une blessure saignant abondamment, il est nécessaire d’appuyer sur la plaie et d’effectuer un garrot ou une compression afin d’empêcher la victime de se vider de son sang. De nombreux médicaments, dont la boîte rouge qu’Anthonin lui avait judicieusement indiqué à l’hôpital lors de la première semaine, pourrait être utiles au groupe qui avaient en leur possession des comprimés pour lutter contre les infections et la fièvre. Après avoir lu et étudié différentes techniques médicales, Avery décida de stopper ses recherches, espérant n’avoir jamais besoin de mettre en pratique ce qu’elle avait pu lire.