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 Please pay attention : our nation is in crisis, a state of emergency has been declared - Bruce [mai 2025]
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Joshua Atherton
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Joshua Atherton
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Lun 9 Nov - 1:11
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La descente brutale m'a un peu assommé et je soupçonne que je vais avoir droit à quelques bleus pour le reste de la semaine. Mais surtout, lorsque j'essaye de me redresser, pour voir où se trouve ce connard de zombie qui m'a surprit, je me rend compte que ma cheville me fait bien mal. Je grimace mais je me force à la bouger pour vérifier qu'elle n'est pas cassée. Ce serait la sacrée poisse. Finalement, j'ai l'air à peu près opérationnel si j'oublie la douleur. Il va seulement falloir que j'évite les sprint si possible. Je jette un coup d'oeil au bout de cadavre immobilisé mais encore vivant et je le juge du regard alors qu'il fait claquer sa machoîre comme un taré en ma direction. "Mais quel looser..." Je me fous de sa gueule comme si j'étais mieux avec les fesses par terre. Finalement, je soupire et je me relaisse tomber en arrière. Je ferme les yeux un instant parce qu'il prend son temps ce vieux con. Ne me dites pas qu'il est en train de flirter avec la fille ?! C'est qu'il serait capable en plus !

Mais alors que je commence à douter, je l'entends arriver et j'ouvre un oeil lorsqu'il s'agenouille à côté de moi en me secouant. Je vois son regard inquiet qui cherche à comprendre ce qui m'arrive et ça m'arrache un petit sourire. Il a beau prétendre le contraire lorsqu'on lui demande directement, je sais qu'il s'inquiète pour moi. Tout comme je m'inquiète pour lui. On a toujours pris soin l'un de l'autre, et on s'aime à notre façon. Je glisse mes mains derrière ma tête comme si je bronzais, et je le rassure avec un petit sourire en coin. "T'inquiète papounet, je faisais juste une pause le temps que tu ramènes tes fesses. T'es sur que tu veux pas une canne pour t'aider ?" Je me moque mais tu vas voir que c'est moi qui vais en avoir besoin d'une... Il me souris et me force à me redresser. Voilà qu'il se met à jouer les papa poule en me demandant si je me suis fait bobo. Une nouvelle fois un sourire amusé s'affiche brièvement sur mon visage. "J'ai loupé une marche comme un con c'est tout. Je me suis tordu la cheville." Il la regarde d'un air inquiet mais un peu perdu. Je l'observe un instant en le laissant s'agiter parce qu'il est tout chou avec ce petit air anxieux. Et puis finalement je hausse les épaules en marmonant. "A part un bisous magique y'a pas grand chose à faire. Ca va passer." J'ai déjà subi bien pire pendant les entraînements à l'armée. Je me serais déjà fait hurler dessus de pas faire ma chochotte si mon instructeur était là. C'est une bonne chose qu'il ne le soit pas tiens.

Finalement Bruce se relève et j'attrape ses mains pour me remettre sur mes pieds à mon tour. Je frotte mon pantalon en ronchonnant un peu parce que ma cheville fait mal et que je suis vraiment trop débile de pas avoir fait attention. Mais le policier me met soudainement un sachet sous le nez. Mon regard passe du cannabis à Bruce plusieurs fois parce que je ne suis pas sûr qu'il est sérieux. A tous les coups il attend que j'approuve pour le brûler devant moi en me faisant la morale. Mais ce fou il a vraiment l'air fier de lui ! "Mais quel genre de policier tu es exactement ?" Je l'interroge avec un air clairement suscpicieux mais un sourire amusé s'étend sur mon visage l'instant suivant. "Ca veut dire que tu es content de me voir, hein ? hein ? hein ?" Je le harcèle jusqu'à ce qu'il me confirme, allant même jusqu'à l'aggriper par la manche pour le secouer et le faire parler. Et puis lorsqu'on arrive dans le hall d'entrée, je me fais plus discret. On sait jamais, si la bande de tout à l'heure a décidé de nous tendre une embuscade ces cons... "Bon t'es prêt on y va ? Ou tu as encore un dernier truc à dire à ta princesse de l'apocalypse ? Du genre, 'au fait je vais avoir 65 ans cette année'." Je prends une voix un peu tremblante comme les vieillards pour l'imiter et je m'enfuis par la porte en ricanant pour l'empêcher de me frapper.

Alors que je déboule dans la rue en riant encore de ma connerie, je me sens soudainement soulagé d'un poids. Je ne m'en étais pas rendu compte - ou bien je m'efforçais simplement de l'ignorer - mais la solitude commençait à me peser sérieusement. Mon moral remonte alors que j'ai presque l'impression d'avoir retrouvé une vie normale. Je lance un regard à Bruce. On fait une belle équipe de bras cassés entre lui qui se tient l'épaule et moi qui boite pour notre premier pas dehors ensemble. On commence bien notre sauvetage de l'Amérique.. !

Finalement, je ne sais pas combien de temps s'écoule dans notre fouille du quartier. On trouve que dalle et ma cheville commence sérieusement à fatiguer. Je me laisse tomber dans le canapé de l'appartement que nous avons envahis et je soupire. "Punaise à part de bons canap' y'a vraiment que dalle dans cette ville !" Je râle comme à mon habitude en tendant mes jambes devant moi, et je fais prudemment tourner ma cheville, comme pour vérifier que mon pied ne va pas tomber soudainement. Finalement je laisse tomber mon sac à mes pieds avant de m'affaler tout à fait dans le dit-canapé. Je fixe un court instant le plafond avant de reprendre la parole. "Au fait tu m'as pas dit...qu'est ce qui t'as pris de venir te faire chier ici ? On vous a pas dit que c'était la cata avant de chercher des volontaires assez débilos pour accepter ?" Je jette un regard en coin à Bruce parce qu'au fond je sais qu'il serait le premier à foncer dans n'importe quelle merde, aussi grosse soit-elle, pour pouvoir aider de pauvres gens en détresse. Pour le coup il doit avoir un peu les boules d'avoir été si con cette fois-ci, hinhin. Mon regard se perd à nouveau sur le plafond. Une question me trotte dans la tête mais j'hésite à la poser. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, et pourtant j'ai envie de savoir. Je lutte encore un peu quelques instants pour me la boucler. J'ouvre la bouche et je la referme sans rien dire. Finalement je craque. "Et papa et maman, comment ils vont ?" C'est quand la dernière fois qu'il les a vu ? Est-ce qu'ils se sont tirés d'ici avant que l'épidémie ne devienne trop grave ? Je l'espère de tout mon coeur. J'aimerais bien que Bruce me le confirmer, même s'il doit me mentir pour ça. Ils sont relous et un peu cons mes parents, mais ils sont attachants quand même. Ca me ferait bien chier de les savoir grignotés comme mes collègues, surtout que je les ai laissé derrière pour pas grand chose au final ici. Je fixe obstinément le plafond pour ne pas croiser le regard de Bruce. Etrangement mon coeur se serre avant même d'avoir une réponse, comme si je savais déjà tout au fond de moi. Ces cons ils sont probablement restés à attendre que je revienne pour s'enfuir tous ensemble. Pour une fois que je ne leur en voulait pas de m'oublier un peu, il avait fallu qu'ils décident de m'aimer soudainement trop fort pour prendre un avion un peu avant moi... Quand je vous disais qu'ils sont relous.

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Bruce McKinney
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Lun 9 Nov - 3:00
Joshua ricane. Evidemment, ce sale petit con ne sait faire que ça. Pourtant c’est pas moi qui me suis ramassé dans les escaliers en me cassant la cheville. Ma canne, je vais lui mettre dans la tronche ça va le calmer tiens. Il râle en se levant, parce que, ah oui, il sait râler aussi. Et je ris en le regardant faire. L’armée l’a peut-être fait grandir, il reste quand même un gamin en crise. Et pendant qu’il essuie son pantalon qui a bien pris la poussière, je ne peux pas m’empêcher de l’imaginer plus vieux, papa ou quelque chose dans le genre. Sa pauvre femme aura probablement besoin d’un psy pour le supporter. Et son enfant n’en parlons pas. Je souris, innocemment pour lui cacher mes pensées avant de lui présenter ma trouvaille. Il reprend son air réprobateur mais je ne suis pas dupe, je lui ai enlevé tellement de fois cette saleté du bec qu’il ne va pas essayer de me faire croire qu’il n’en a jamais fumé. Je lève les yeux au ciel quand il commence à faire son agent de la paix bien parfait et chiant à crever. « Si t’en veux pas je le balance hein. » Et finalement il change de sujet. Voilà, c’est bien ce que je me disais. Je range le petit sachet dans ma poche pour pouvoir sortir d’ici, mais voilà qu’un horrible lutin s’agrippe à moi. J’essaie de me dégager de la prise du lutin mais il s’accroche, il me secoue en ricanant que je suis content de le voir pour avoir dit ça. C’est qu’il a vraiment décidé d’être chiant ! Il me secoue tellement que j’ai mal à l’autre bras. « Aie mais c’est pas vrai ça ! Lâche moi ! » Pour avoir la paix, je finis par grommeler que ouais, je suis content de le voir. Et s’il continue je vais lui servir un truc tellement larmoyant qu’il va arrêter son cirque.

Heureusement nous arrivons dans le hall et il se tait enfin. Je soupire de soulagement et récupère mon bras, profitant du silence qu’il m’offre quelques secondes. Il mentionne la femme que j’ai sauvée avant de s’enfuir en courant. Il fait bien de fuir parce qu’il va vraiment se prendre un coup s’il continue ! Je le regarde courir en boitillant et je me dis que c’est bien fait. Et puis je traverse le hall pour le suivre dehors. « Me fais pas chier sinon je te balance mon dentier, j’abandonne la femme de ma vie pour toi. » Je souris comme si j’étais sérieux, face à son air dégoûté. Mais c’est vrai que j’aurais pu la mettre dans mon lit, j’en suis sûr. Le charme des cheveux poivre et sel, que voulez-vous. Je sors à la suite de mon fils adoptif d’apocalypse pour le rejoindre dans la rue. Dans son dos, je ne peux m’empêcher de sourire un instant. Il m’a manqué cet abruti.

Le charme des cheveux poivre et sel ne semble pas réellement fonctionner sur le destin parce qu’après un long moment de recherches, nous n’avons toujours pas mis la main sur une arme. Tout seul, je ne me sentais pas particulièrement en danger avec comme seule arme mon tire-bouchon. Mais maintenant que Joshua est là, j’ai cette pression supplémentaire qui me pousse à vouloir avoir de quoi me défendre, le défendre. Je ne me pardonnerais jamais qu’il lui arrive quelque chose, il me faut une arme. Mais aujourd’hui, à part du cannabis et un ourson en peluche gracieusement donné à Joshua, je n’ai pas trouvé grand-chose. Quand la cheville du pauvre petit chou commence à trop fatiguer, nous décidons de nous accorder une pause à durée indéterminée. Josh prend place sur le canapé et l’espace d’un instant, j’ai l’impression que nous sommes à nouveau chez moi. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai du voler à sa rescousse pour lui éviter une crise parentale et le ramener chez moi pour lui sauver la vie. Trop bourré pour faire autre chose, il s’écrasait juste sur mon canapé qui est devenu son domaine avec le temps. Je souris en m’affalant sur un fauteuil à côté et soupire comme si je venais de mourir quatre fois.

Je suis presque en train de m’endormir en fait, sans penser à boire pour une fois. Ça paraît anodin et pourtant, depuis que je suis dans cette ville de merde je ne fais que boire. Le fait de ne pas penser à ma chère bouteille ce soir est déjà un progrès conséquent. Le bonheur d’avoir retrouvé Joshua probablement. Pourtant quand il reprend la parole, je grogne comme si j’allais l’égorger. Je me redresse et lui envoie un regard larmoyant. « Je suis venu pour te retrouver… » Je n’arrive même pas à garder un air sérieux, je ricane en voyant son visage. « On nous a pas dit grand-chose mais personne voulait venir dans cette merde. Alors j’ai accepté. »

Il ne rajoute rien et je ferme les yeux à nouveau. Je laisse tomber ma tête contre le dossier du fauteuil mais mon visage se crispe à nouveau quand Joshua parle. Et cette fois, ce n’est pas juste pour faire comme s’il me gonflait plus que n’importe qui. Je me redresse dans mon fauteuil mais il ne me regarde pas. Il fait comme s’il détestait ses parents, il joue l’enfant rebelle mais je sais bien que tout ça n’est qu’une façade. Il a arrêté de jouer quand nous ne sommes que tous les deux et là, je ne vois qu’un gamin terrorisé à l’idée qu’il soit arrivé quelque chose à ses parents. Mon cœur se serre. Je voudrais lui dire que tout va bien, lui dire qu’au moins je sais. Mais je n’en sais rien, je ne sais pas du tout comment vont ses parents. Je soupire une nouvelle fois. « Quand je suis parti ça allait. Ils étaient inquiets pour toi mais ça change pas de d’habitude. Je suis parti peu de temps après le début de l’épidémie alors ça fait un moment que je n’ai pas eu de leurs nouvelles. » Je me sens comme le pire homme du monde à cet instant, je me sens obligé de me lever pour venir à côté de lui, sans oser le toucher non plus. Je ne le prends pas dans mes bras mais j’y suis presque, c’en est un peu bizarre. « Mais ils ne sont pas aussi cons que tu le crois, ils ont du partir si c’est aussi la merde chez nous. » Du moins je l’espère. Parce qu’ils ne sont pas cons mais ils aiment aussi leur fils, j’espère qu’ils ne sont pas restés chez eux à l’attendre. Je tente un sourire et je tapote affectueusement son genou. Et pour essayer de changer un peu de sujet, je lui balance le sachet de cannabis. « Allez pleure pas et roule nous ça sinon je vais être obligé de te prendre dans mes bras ça va être horrible. » Je souris ironiquement en attendant qu'il s'exécute et qu'il se reprenne. J'essaie de l'aider à penser à autre chose parce que ça ne sert à rien de penser à ceux qui sont loin. J'essaie en même temps de ne pas penser à mon fils ou à mon ex-femme. Ça me ferait chier qu'elle soit morte elle aussi, même si c'est la pire des connasses. J'ébouriffe affectueusement les cheveux de Josh. S'il faut que je le prenne dans mes bras, je le ferai quand même.
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Lun 9 Nov - 18:37
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Personne voulait venir dans cette merde. Bien sûr que personne ne voulait venir. Je ne dis rien mais je fronce les sourcils, le regard toujours fixé au plafond. Bruce c'est bien le seul taré prêt à tout pour aider même le plus con des hommes, même s'il aime jouer le vieux con qui en a rien à foutre de personne. C'est quelqu'un de bien, de trop bien pour la plupart des survivants de cette ville. Je regrette presque qu'il soit ici. J'aurais tellement préféré le savoir en sécurité avec mes parents. Mais d'un autre côté, je ne peux pas être plus content qu'il soit là. De toute les fois où il m'a sauvé la vie, celle-ci reste probablement la meileure. Je crois que j'aurais pété les plombs si j'étais resté seul plus longtemps. Je me serais peut-être mis à flinguer des civils sans me poser de question moi aussi, allez savoir.

Et puis irrémédiablement me vient cette angoisse. Si c'est autant la merde ici, comme ça se passe à San Francisco ? J'ai envie de proposer à Bruce de quitter cette ville de merde sur le champ et de retourner illico chez nous. Et pourtant, j'ai trop peur de découvrir ma ville dans le même état que celle-ci. Je crois que je préfère garder de bons souvenirs d'une ville vivante, pleine de monde et pétillante de mille couleurs. Je préfère me souvenir de mes parents plongés dans leurs dossiers jusqu'à deux heures du matin alors que je m'ennuie sur le canapé du salon. Plutôt ça que de les savoir effrayés et amaigris par cette situation terrible. Et puis je sais pas, ils ont de l'argent, dans les films catastrophe les riches ont toujours le droit de s'enfuir les premiers pour rejoindre des bunkers qui leur sauveront la vie. Je prie tellement fort pour qu'ils aient fait ce choix. Egoïstement, je suis prêt à sacrifier une famille pour sauver la mienne. Mais eh c'est ça, c'est la nature humaine. Je les aime trop pour pouvoir me raisonner. Seulement, je soupçonne que ces cons soient trop débiles pour profiter de leur situation. A tous les coups, ils auront décidés de survivre de leur mieux en attendant que je vienne les chercher. Si ça se trouve, ils auront même ouvert leur porte à d'autres inconnus en détresse. Je serre les dents en imaginant mes parents face aux petits cons qui nous ont confronté un peu plus tôt. Je sais qu'ils ne m'ont jamais accordé beaucoup de temps parce qu'ils aimaient jouer les humanistes dans les tribunaux. Alors j'espère qu'ils seront assez intelligents pour réaliser qu'un dossier papier c'est pas la même chose que la réalité d'un homme prêt à tout pour survivre.

Comme je me torture trop l'esprit, je finis par interroger Bruce. C'est le meilleur ami de la famille, il sait forcément quelque chose non ? Je l'espère de tout mon coeur. Mais sa réponse ne fait que m'inquiéter davantage. Ils sont inquiets pour moi. Je me rappelle notre dernière discussion, alors qu'ils m'avaient demandé de ne pas y aller. Je leur avait répondu que je n'avais pas trop le choix et que c'était pour ça que je m'étais engagé. Je me souviens avoir pensé qu'en plus de ça je n'allais pas les regarder bêtement travailler sans rien faire alors que mes collègues seraient dans la galère sans moi. Je les avais trouvé presque ridicule d'essayer de me retenir alors que la plupart du temps j'ai presque l'impression d'être un boulet quand je leur demande de passer du temps ensemble. Je passe mes mains dans mes cheveux pour chasser ces souvenirs avant de me mettre à regretter amèrement. Il me font chier à s'inquiéter pile poil au mauvais moment.

Je jette un bref regard à Bruce lorsqu'il vient s'assoir à côté de moi, et je reporte rapidement mon regard sur la pièce. Il me fait presque regretter ma question parce que maintenant que j'ai lancé le sujet, je m'inquiète deux fois plus. Le vieux a du s'en rendre compte parce qu'il essaye de me rassurer, un peu maladroitement. "Mh mh." J'acquiesce en murmurant, le regard pensif. C'est tellement plus réconfortant de se convaincre que le policier dit vrai. Mais au fond de moi, je doute. Je sais même que c'est faux. Je sens la panique me prendre et Bruce me fait revenir à moi en posant une main sur mon genou. Je lui renvois un peu maladroitement son sourire pour mimer un air faussement rassuré et je respire un grand coup pour tenter de me calmer. C'est vraiment trop chiant cette putin d'apocalypse de merde !

Mais soudain, Bruce chasse toutes ces mauvaises pensées en me jetant sa trouvaille du jour dessus et en me menaçant d'un câlin en plus. Cette fois il m'arrache un vrai sourire amusé et je tends une main vers lui comme pour l'arrêter avant même qu'il s'approche. "Ok ok, je vais le faire." Voilà pourquoi je l'adore. Pour ces moments où il ne cherche pas à jouer au psy ou à faire la grande personne responsable et moralisatrice. Il a ce don de savoir ce dont j'ai besoin au bon moment. Pas une seule fois il ne s'est trompé. J'essaye de le chasser en râlant avec un grand sourire lorsqu'il touche à mes cheveux. "Aaah ! Me décoiffe pas, j'ai passé presque 30 minutes à me faire beau ce matin !" Et je ris parce que je me sens déjà mieux. D'un geste d'expert, j'exécute les ordres du policier et je suis volontairement généreux avec sa part. Ca lui apprendra à m'exploiter, hinhin ! Je lui tend finalement son joint et je sors mon briquet pour lui allumer avant de me laisser à nouveau tomber au fond du canapé. "S'il y avait plus de flics comme toi, le monde serait plus heureux." J'affirme avec un sourire et je me demande si je ne plane pas déjà pour lui avoir fait un tel compliment. "Tu crois qu'on fera des chansons sur nous quand on aura sauvé l'Amérique ?" Je le questionne avec un air un peu pensif. Je nous imagine tous les deux en uniforme, recevoir la médaille d'honneur sous les projecteurs de toutes les télévisions du monde et ça m'arrache un sourire. Ce serait la méga classe internationale. "Et des mugs avec nos tronches dessus, comme la reine d'Angleterre !" Je ricane en imaginant la tête de Bruce sur la tasse de tous les citoyens américains qui prennent leur café le matin. Oh non pitié, ce serait sacrément relou ! Mais avec la mienne ce serait le swag absolu ! J'achèterai une armoire pour en faire une collection tiens !

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Mar 10 Nov - 1:19
Il n’est pas bien. Je le vois et je suis incapable de faire autre chose qu’essayer de le secouer un peu. Ca me brise le cœur de le voir si mal mais je ne sais pas quoi faire d’autre. Entre Josh et moi, ça n’a jamais été tendre, on joue tous les deux au con qui ne ressent rien. Pour le coup, j’aimerais savoir un peu plus parler et lui dire qu’il ne doit plus avoir peur, qu’il n’est plus seul maintenant. Il a vraiment peur pour ses parents et je voudrais lui dire que tout va bien. J’ai souvent été témoin de ses engueulades avec ses parents, pour en avoir réglées quelques unes. Je sais que tout n’est pas toujours simple entre eux, mais je sais surtout qu’ils s’aiment énormément. Et ça me rend carrément dingue de voir le petit soldat tout triste et mort de trouille. J’ai envie de l’attraper par le bras et de le traîner jusqu’à San Francisco pour aller chercher ses idiots de parents et les ramener tous en sureté. Tout ce que je trouve à faire pourtant, c’est de lui faire rouler des joints. Bravo le flic, bel exemple. Peut-être bien qu’elle avait raison ma femme, que j’aurais pas été un bon père. Peut-être que ce gros con qu’elle a rencontré après être partie de chez nous vaut vachement mieux que moi et que je ne représente pas un environnement assez sain. Pourtant quand je vois Joshua il n’a pas l’air d’être complètement cinglé, après tout le temps qu’on a passé ensemble. Finalement, c’est lui dont je me suis occupé comme d’un fils alors que je ne pouvais même pas voir le mien. Comme si on comblait la solitude de l’autre. O joie, quand tu nous tiens.

Alors que je me flagelle en me traitant de nul, j’arrache quand même un sourire à Joshua. Et je crois que c’est la plus belle récompense du monde. Je souris alors que le même sourire éclaire son visage. J’aime tellement le voir comme ça, tout joyeux. Je l’ai vu tellement de fois râler, crier, pleurer (même s’il ne l’avouera jamais) quand il était plus jeune, un sourire c’était précieux. Et ça l’est resté pour moi. J’ai gagné aujourd’hui, j’ai chassé les pensées tristes de son esprit, du moins pour le moment. Je ferme les yeux à nouveau pendant qu’il roule les joints, profitant de ce très court instant pour faire une toute petite sieste. A peine le temps de respirer qu’il me tend déjà mon joint. Je l’attrape et le glisse entre mes lèvres. Il peut se foutre de ma gueule avec ma bouteille, il n’est pas mieux avec ses clopes. Il s’écrase à nouveau dans le canapé et je fais de même, les yeux à demi clos. Je fume et je manque de m’étouffer en l’entendant. Je tousse de la fumée et me redresse le temps de reprendre le contrôle de mes poumons. « J’ai bien entendu ? T’as de la fièvre ? » Je ricane en posant ma main sur son front pour contrôler sa température. Mouais. Il est plutôt froid, je décide donc qu’il est conscient de ce qu’il pense et ça me fait sourire malgré moi. Je sais qu’il tient à moi, mais l’entendre prononcer des paroles gentilles ça me fait tout drôle. Dans une dernière toux je m’affale à nouveau contre le dossier du canapé.

« J’espère bien qu’ils écriront des chansons sur nous ces nazes, je me fais pas chier comme ça si c’est pour rester un vieux con anonyme ! » Je souris. C’est vrai quoi, j’espère bien qu’ils seront un tout petit peu reconnaissant envers nous. On fait des efforts, je dirais même qu’on se casse le cul pour essayer de sauver des gens. Je me suis fait planter le bras bordel ! Je prends une nouvelle bouffée de fumée et ris quand il mentionne nos tronches sur des mugs. Ce serait hyper classe, j’aimerais trop boire dans une tasse avec ma tête dessus. « Ouais enfin si je vois ta gueule sur un mug, je mets le vendeur en prison direct. » Je lui lance un regard amusé et continue de fumer en silence un instant. Avant de renchérir sur sa connerie. « Imagine tu débarques dans une soirée, t’as des fans et tout… Des filles qui pleurent si tu leur souris, ahah ! » Et voilà que je nous imagine carrément en Beatles. On aurait un swag infini il faut bien l’avouer.

Un temps passe. Je fume, il fume, nous avons fini par nous calmer. Je reste silencieux, assommé par le joint que je suis en train de fumer, je ne m’arrête pas pourtant. Je n’ai pas trop l’habitude de fumer ce genre de merde, mais j’avoue que ça détend. J’ai l’impression de peser 10 tonnes, je m’enfonce peu à peu dans le canapé, bientôt je vais disparaître. Mais je ne peux pas disparaître ! Je sursaute violemment comme si on venait de me piquer avec une épingle. Joshua a l’air de planer un peu moins que moi mais il ne bouge pas d’un poil quand je sursaute comme un fou. Comme s’il était habitué. Mais je me suis redressé et je le fixe. Depuis combien de temps est-ce qu’il est tout seul à jouer le mec cool et fort ? Depuis combien de temps il en prend plein la gueule en faisant comme s’il s’en foutait ? Il a l’air un peu ravagé par cette connerie d’apocalypse et ça me fout sérieusement les nerfs. Ces connards de scientifiques ils pouvaient pas réussir un truc pour une fois ? J’approche ma main de l’épaule de Josh comme si j’avais peur de m’en prendre une, et je la pose doucement sur lui. « Eh, ça va aller maintenant. Je suis là. » Et je compte bien rester, pour protéger cette saloperie de gamin militaire. Parce que je veux qu’il se remette de ça et qu’il reprenne une belle vie après. Une vie bien pleine de conneries comme il sait faire.
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Mar 10 Nov - 22:45
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Je ris avec lui lorsqu'il pose une main sur mon front avant de le repousser gentillement. Ca a toujours été comme ça entre nous. On pense beaucoup de bien l'un de l'autre, mais on se l'avoue toujours avec beaucoup de mal. Dans le meilleur des cas, on ne se l'avoue pas du tout. Néanmoins, pour cette fois-ci il mérite son compliment. C'est quand même lui qui m'a jeté le paquet de cannabis dessus, alors que d'habitude il me prendrait la tête pendant une bonne demi-heure s'il me voyait avec. Comme un vrai policier quoi. Quelle bande de relous ceux là alors !

Je souris un peu bêtement lorsque Bruce m'affirme qu'ils chanteront bientôt des chansons pour venter nos mérites. J'imagine une comptine que tous les enfants apprendraient à l'école. Ca s'appellerait "Le jeune soldat et le vieux con". Ouais, c'est un chouette titre. Je souris tout seul comme un con en imaginant la scène, jusqu'à ce que l'idée des mugs me vienne. C'est vrai quoi, ils sont fous ces anglais à faire toute leur vaiselle avec la tronche de la famille royale imprimée dessus. Alors ça me fait bien marrer d'imaginer la même chose en Amérique, avec la tronche des légendes vivantes que nous serons devenues. Je ris doucement alors que Bruce m'assure qu'il jettera tous les vendeurs de mes mugs en prison. Alors je le rassure en répondant : "T'inquiète je ferais sauter tous les magasins qui vendent ta tronche à coup de grenade aussi. Je sauve pas l'Amérique pour que tous les honnêtes citoyens de ce beau pays aient à te supporter à chaque pause café." On songe un instant aux futurs délices de cette victoire à venir avant que Bruce ne réenchérisse en parlant des soirées et des filles. Je ricane parce que ça ne m'étonnes pas de lui et je me laisse aller en tirant sur le joint. J'imagine avec un sourire que cette épidémie prend enfin fin et que l'on s'en tire comme deux grands héros. Je détaille toutes les bonnes choses auxquelles on aura le droit après ça. Je ricane même un peu comme un con en imaginant les officiers me féliciter et me prendre pour exemple en engueulant les nouveaux qui paressent de trop. Ca ce serait franchement comique.

Doucement je sombre dans cette agréable vision et j'oublie que nous squattons un appart' déserté au milieu d'une ville complètement foutue. J'entends presque les applaudissements et les cris des centaines voire des milliers d'américains venus nous voir. Il y a des confettis dorés, l'hymne américain, les filles qui hurlent nos prénoms, et le président venu nous serrer la main pour nous remercier. Des fois on a des dîners un peu chiants mais avec Bruce on fait passer le temps en s'enfilant toutes les coupes de bon champagne qui traînent. On jouera à celui qui est capable d'en avaler le plus en ayant toujours l'air parfaitement sobre devant les caméras. Je soupçonne qu'il soit un peu plus doué que moi à ce petit jeu, mais je tente le coup quand même, parce que ça me ferait bien rire qu'il sorte une grosse connerie devant toute l'Amérique. On nous couvrirait de tellement de récompenses qu'on pourrait tous les deux prendre notre retraite et racheter Disneyland. Si ça se trouve la femme de Bruce reviendrait même alors qu'il serait en train de petit-déjeuner avec deux belles gosses à peine vêtues. Ca me fait bien rire d'imaginer la scène tiens !

Et puis soudain au milieu de toute cette foule en délire, je vois mes parents. L'un contre l'autre, ils me regardent avec un air fier et un mince sourire. Soudainement je n'entends plus la foule autour de nous et je ne vois plus qu'eux. Est-ce qu'ils seront seulement en vie pour profiter de tout ça avec moi ? Est-ce que ça a seulement un sens que je survive s'ils ne sont plus là ? Je tire nerveusement une nouvelle bouffée de fumée et je ferme les yeux en me rappelant le visage de ma mère. Etrangement, une chanson me revient en mémoire. Celle qu'elle me chantait quand j'étais encore petit. Je ne me rappelle plus les paroles, elle a arrêté de chanter pour moi à mes 7 ans, parce que j'étais devenu un grand garçon raisonnable selon elle. En mémoire il ne me reste que l'air de la chanson et le son de sa voix douce. Ca suffit à détourner mon attention de notre futur célébrité, à Bruce et à moi. D'ailleurs je l'entends remuer à côté de moi mais je ne bouge pas, trop occupé à imaginer ce que mes parents pourraient bien me sortir quand je les retrouverais. Que je suis un sale gosse trop têtu pour admettre que j'aurais du les écouter ? Ou qu'ils sont fiers de ce que j'ai réussi à accomplir ? Je fronce les sourcils d'un air concentré comme si j'étais plongé en plein débat, lorsque soudain Bruce pose sa main sur mon épaule. Je me tourne vers lui et je le regarde d'un air un peu confus, comme s'il venait de me dire quelque chose qui n'avait aucun sens.

L'espace d'un instant, je cherche une réponse autour de nous d'un air complètement perdu. J'évite son regard comme s'il était capable de me changer en pierre, et pourtant j'ai l'impression que je ne peux pas lui échapper. Il est là, dressé sur le bord du canapé, une main sur mon épaule, et je sens son regard perçant sur moi. Je sais que je ne vais pas pouvoir fuir ce moment, et pourtant je continue d'observer la pièce en silence pour le retarder au maximum. Il est là. Bruce est là, ça va aller maintenant. Ce ne sont que quelques mots, et pourtant lorsque je fais finalement l'erreur de plonger mes yeux noirs dans les siens, je suis immédiatement pris au piège. Tous ces sentiments que j'ai refoulé me reviennent tous d'un coup au visage. Ca me fait presque l'effet d'une bombe et sur le coup j'ai l'impression que je vais en mourir. Je bloque ma respiration pour retenir un sanglot mais je me perd dans le regard de Bruce. Je sens qu'il lit en moi comme dans un livre ouvert, et mon regard interrogateur se fait peu à peu suppliant. Je n'ai pas la force de lui mentir, et il me force à tout lui avouer en me fixant de la sorte. J'aurais préféré enterrer tout ça et ne plus jamais y repenser. Pourtant, il force les choses à ressortir, il réouvre les plaies à coup de couteau sauvage, mais c'est pour mieux révéler l'infection purulante qui se cache derrière.

Je parviens tant bien que mal à quitter son regard mais c'est déjà trop tard. Je sens mon coeur se serrer et d'un coup je déballe tout. "Comment on va faire Bruce ? Comment on va faire ?" Ma voix est tremblante, je lutte contre les larmes qui menacent de couler à tout instant. Merde, il faut que je me reprenne ! Je passe une main sur mon visage et je renifle, mais lorsque je croise à nouveau le regard de Bruce, mes larmes se mettent à couler toutes seules, sans que je ne puisse rien y faire. Je me sens soudainement incroyablement faible et vulnérable. C'est vrai ça, comment on va faire ? L'armée n'existe même plus dans cette putin de ville.. ! Je me souviens des supplications désespérées des civils qui voulaient passer le barrage. Des cris atroces de mes camarades déchiquetés sous mes yeux. De la peur immense qui m'a saisi à ce moment là. De la voix de notre supérieur qui nous a hurlé de nous replier. Je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie je crois. J'ai couru sans me retourner, et quand enfin je me suis arrêté, à bout de forces, j'étais seul. Complètement seul. Il faut croire que toutes ces pompes et tout ces tours de terrains que j'aurais fait en plus pour chaque connerie que j'aurais sortit m'ont sauvé la vie ce jour là. Mais en cet instant précis, je ne suis pas sûr d'avoir envie de survivre. C'est tellement injuste. Comment se fait-il que je sois le seul survivant ? Je me souviens du visage de chacun de mes amis et je me demande encore et encore comment ils ont pu se faire attraper. Et puis il y a tout ces civils que j'ai croisé et que je n'ai pas pu aider. Et enfin les quatres abrutis de la veille. Merde j'ai tué des civils ! C'est la peine de mort que je mérite, pas la médaille d'honneur ! Non mais c'est quoi ce délire de héros.. ??! Je plonge mon visage dans mes mains et je craque complètement. "C'est un cauchemar...un putin de cauchemar Bruce.." Et j'attends désespérement qu'il m'aide à me réveiller. Si seulement il le pouvait...

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Bruce McKinney
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Mer 11 Nov - 0:28
Ma main posée sur son épaule, je le vois lutter intérieurement. Ses yeux cherchent quelque chose mais il ne semble pas trouver ce qu’il veut. J’ai le cœur qui se serre, je vois à nouveau un petit gamin tout seul, ma main se referme un peu plus sur son épaule. Allez Josh, reprends-toi bordel. Mais il ne semble pas prêt à se reprendre. Au contraire, son regard s’affole jusqu’à ce qu’enfin, il se pose sur moi. A cet instant je me glace, j’ai l’impression de lire en lui comme s’il me confiait tout ce qu’il ressentait à voix haute. Je n’arrive même pas à détourner les yeux, je serre tellement son épaule que j’ai peur de lui faire mal. Joshua, mon cher petit Joshua, allez quoi. Il est bien plus secoué que je ne le pensais. Putain je n’aurais jamais du le laisser partir. Il n’aurait jamais écouté ses parents mais j’aurais du lui faire tous les chantages du monde pour qu’il reste chez nous à San Francisco. Je m’en veux tellement. Le temps passe au ralenti, j’ai l’impression que je vais crever. Je ne supporte pas cette profonde détresse que je vois dans ses yeux. Il détourne le regard mais c’est trop tard. Trop tard pour jouer le petit con au dessus de tout ça, trop tard pour mimer l’espoir. J’ai vu.

Il lutte pourtant, de toutes ses forces. Il renifle comme un enfant, il essaie de retarder ses larmes. Et je suis paralysé. J’essaie de trouver quelque chose, la solution pour l’empêcher de pleurer, pour le ramener chez lui comme je l’ai fait après tant de soirées, en lui évitant de se faire engueuler en plus. Mais je n’y arrive pas. Le désespoir, il n’y a que ça qui brille dans ses yeux. Et ça fait plus mal que n’importe quoi. Il n’avait pas le droit de sourire, de rire comme ça si c’est pour s’effondrer maintenant. Pourtant il le fait. Il réduit mon cœur en bouillie. Les larmes coulent sur ses joues et c’est comme si le monde s’arrêtait de tourner. Je veux le ramener chez lui, je vais devenir fou sinon. Je le regarde, impuissant face à ses larmes, à tout ce qui écrase son cœur. Pour la première fois de ma vie, je le vois totalement incapable de réagir, de voir le bon côté des choses. C’est parce qu’il n’y en a pas. Je me gifle intérieurement. Je n’ai pas le droit de désespérer à mon tour. Je dois rester fort, ne pas oublier que tout n’est sûrement pas perdu. Il y a forcément quelqu’un quelque part, quelqu’un d’autre qui cherche à tout régler. Et je resterai là, je survivrai quoiqu’il arrive pour sortir Josh de cet enfer. Il se détourne de moi. Il enfouit son visage dans ses mains et je retire ma main de son épaule. Je le vois, secoué par ses sanglots. Ok. OK. Ça va aller. Je respire profondément. Il faut que je sois fort. Je le porterai jusqu’à San Francisco s’il le faut.

Je souffle un coup et cette fois, je m’approche vraiment de Joshua, je tire le fauteuil plus près du canapé pour me mettre face à lui. Avec une douceur infinie, je glisse mes mains sur ses épaules. Je les presse doucement avant de le forcer à se redresser. Il résiste, comme s’il pesait quinze tonnes, mais je ne cède pas. Une fois qu’il est à peu près assis, même s’il est toujours recroquevillé sur lui-même, j’arrive à voir son visage. Je plonge mon regard dans le sien, sans le lâcher. « Josh écoute moi. Oui c’est un cauchemar, mais ça va s’arranger tu verras. » Je ne le quitte pas des yeux, c’est une véritable promesse. Tout s’arrangera, je ferai tout pour. Pour Josh. Il n’arrête pas de pleurer mais je ne le lâche pas. Il n’a pas le droit de tout laisser tomber, je l’en empêcherai. Je ne sais pas encore tout ce qu’il a vécu, je ne suis même pas sûr qu’il me racontera, mais j’imagine. S’il est tout seul c’est que les autres sont partis, ou qu’ils sont morts. Comme mes collègues. Mais lui, il est tellement jeune pour vivre ça, je donnerais tout pour avoir vécu les choses à sa place. Et j’espère de tout mon cœur que ses parents ne le lâcheront plus d’un poil quand on les retrouvera. Bordel de merde, non mais quelle famille !

La petite bouille de Josh me serre encore la gorge. Aussi délicatement que je le peux, je glisse mes doigts sur ses joues pour effacer les traces de ses larmes, et celles qui coulent encore. Je ne veux plus voir ça, plus jamais. Mais j’ai l’impression qu’elles ne vont jamais s’arrêter de glisser sur son visage. Alors pour une fois, pour une seule fois dans toute ma vie, je mets ma fierté de côté. Je le regarde un instant et finalement, je l’attrape. Je l’attrape et je le serre fort dans mes bras. Il sanglote encore, je le sens trembler contre moi mais je ne le lâche surtout pas. Je continue de le serrer de toutes mes forces pour l’empêcher de tomber, pour l’empêcher de s’enfoncer trop loin dans ses pensées négatives. Je frotte son dos, doucement, pour essayer de lui apporter de la chaleur, du réconfort. Mon petit Joshua. « Calme toi… Tu ne seras plus jamais seul Joshua. »
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Joshua Atherton
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Mer 11 Nov - 5:12
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Je me sens tellement fatigué d'un coup que je laisse le désespoir m'envahir complètement. Je m'effondre et quelque part ça fait du bien d'arrêter de lutter. J'ai juste l'impression que je ne pourrais jamais remonter la pente. Je chute sans savoir quand est-ce que je vais atterir. Tout ce que je sais, c'est que ça va être douloureux. Replié sur moi-même, réfugié entre mes mains, je me laisse aller en ignorant complètement Bruce. Maintenant que j'ai laissé les larmes couler sur mes joues, j'ai l'impression que je ne pourrais plus jamais m'arrêter. Sans retenue aucune, je sombre complètement jusqu'à ne même plus savoir pourquoi je pleure. Tout ce que je sais, c'est que ça soulage ce poids qui pèse sur moi depuis tout ce temps. Au moins un peu.

Je sens les mains de Bruce se poser sur mes épaules mais je continue de l'ignorer. Je veux juste qu'on me laisse tranquille. J'en ai assez de me torturer l'esprit pour les autres. Je veux m'assoir dans un coin d'ombre et laisser le monde oublier que j'existe. J'ai lutté tant de fois pour prouver aux autres que j'étais là, pourquoi faut-il qu'on me harcèle le jour où j'accepte enfin cette solitude atroce ?

Finalement je me redresse un peu et je me fait du mal pour tenter de me reprendre. Je sais que Bruce ne me lâchera pas tant qu'il n'aura pas ce qu'il veut, alors autant rendre les choses plus rapides. Je plante directement mon regard dans le sien lorsqu'il me demande de l'écouter et je fronce les sourcils d'un air mécontant lorsqu'il m'assure que les choses vont s'arranger. Il y croit ce con. Ca fait quoi ? Deux, voire trois, mois que je suis dans cette putin de galère ? Trois longs mois que je me troue le cul à essayer de trouver une solution inexistante. J'en ai ma claque de me faire autant chier pour les autres, tout ça pour des prunes. Je ferais peut-être mieux de faire comme tout le monde. De me trouver un abri plus ou moins safe, d'attaquer tout ceux que je croise pour réccupérer un maximum de choses et finir ma vie comme un putin d'animal sans morale. C'est ça ce qui nous attend, rien d'autre. Ses promesses en l'air, il peut se les garder, je suis plus un putin de gosse qui croit tous les mensonges qu'on lui raconte. "Non... Non tu mens..!" Ma voix est tremblante entre deux sanglots. J'aurais voulu lui crier dessus mais je murmure à peine sur un ton plaintif. Je tente à nouveau de lutter un peu contre sa prise, mais il m'empêche farouchement de lui échapper sans détourner son regard perçant de moi.

Pourtant sans se laisser abattre par mon regard fâché, Bruce essaye de sécher les larmes qui coulent sur mes joues. Ca me brise encore plus le coeur de le voir croire comme ça à une amélioration, alors que je sais bien qu'il n'y a aucun espoir de retrouver notre vie d'avant. Je fais juste semblant, mais je suis fatigué de prétendre. Je renifle encore mais mes larmes continuent de couler inlassablement. Je lui en veux de m'avoir fait soudainement craquer comme ça. Je ne comprends même pas comment il a réussi, mais c'est de sa faute. Je ne peux même pas me détourner de lui puisqu'il refuse de me lâcher. Alors je fixe obstinément la table basse à côté de nous, comme pour lui faire comprendre que je ne veux pas l'écouter même si il insiste.

Et puis soudainement il m'attire contre lui, et le temps que je comprenne, j'ai la tête enfouie contre lui. Il me serre fort et je n'ai même pas la force de lutter, alors je cède à un nouveau sanglot. Tant pis, au point où j'en suis je peux bien pleurer devant lui, c'est un peu tard pour revenir en arrière et jouer les grands gaillards. A nouveau j'ai l'impression de céder face à tout les malheurs du monde et de chuter dans un puit sans fond. Pourtant, contre cette présence rassurante, j'ai l'étrange sensation que la chute ne sera pas si dure. J'ai beau continuer de pleurer, je me sens un peu plus calme. A ses mots, je cesse de lutter contre lui et je me laisse presque tomber sur lui. A mon tour je passe mes bras autour de lui et je le serre contre moi en aggripant son pull. Il a plutôt intérêt à pas mentir ce sale con. J'essaye de le lui dire mais tout ce que j'arrive à faire c'est un petit sanglot plaintif. Alors je renonce et je laisse tomber ma tête contre son torse en fermant les yeux, comme si ça pourrait retenir les quelques larmes qui me restent. Je suis à moitié sur le fauteuil et à moitié sur le canapé, et pourtant je me sens bien dans cette drôle de position. Les secondes passent, puis les minutes, et peut-être les heures. Je ne sais plus. Je me suis complètement affalé sur Bruce. J'ai arrêté de pleurer et j'ai sombré dans un espèce de demi-sommeil, à bout de force. Je ne bouge plus. Je ne veux plus bouger. Je pourrais passer l'éternité comme ça, calé d'une façon un peu miraculeuse. J'écoute battre le coeur du policier et je me laisse bercer par cette mélodie étrange. J'ai beau jouer le soldat fort et inébranlable depuis le début, c'est le premier moment de vraie tranquillité que j'ai depuis le début de toute cette merde. Parce que j'ai beau savoir faire des pompes et tirer sur une cible, rien ni personne ne peut être préparé à ce genre d'évènement, et je reste avant tout un pauvre être humain dépassé par les faits et terrorisé comme les autres. Alors tranquillement, je profite de cet instant et je m'endors doucement en rêvant qu'il ne s'arrête jamais.

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Mer 11 Nov - 17:01
Je mens. Il dit que je mens, il le murmure comme un dernier soupir. Mais c’est faux, je ne lui mens pas délibérément du moins. J’y crois réellement, je sais que tout s’arrangera. Je suis avec lui maintenant et nous serons invincibles. Je ne vois pas qui pourrait nous empêcher de réussir ce que nous voulons faire. Nous créerons un endroit sûr et nous y amènerons les civils, tu vas voir les héros de l’apocalypse. Je lui offrirai même un mug avec sa tronche si ça peut lui faire plaisir. Je l’attire à moi pour essayer de lui apporter du réconfort, lui montrer qu’il n’est pas seul et qu’il ne le sera plus jamais. Je le serre fort dans mes bras même s’il résiste, même s’il joue encore un peu les durs. Pourtant ses larmes qui coulent n’ont rien de factice, il pleure comme s’il allait pleurer pendant des jours entiers. Je ne le lâche pas même s’il se débat un peu, et il finit par céder. Il continue de pleurer contre moi mais je le sens se calmer peu à peu. Finalement, il s’agrippe à moi et je ne desserre pas ma prise sur lui. Je ne saurais jamais lui dire, mais je l’aime comme mon fils. Plus encore. Alors que ses sanglots se calment, je ne dis plus rien, je me contente de le garder contre moi. Je glisse ma main dans ses cheveux pour le maintenir contre moi alors que je sens qu’il s’endort. Comme on l’aurait fait avec un petit enfant. Ses doigts relâchent un peu mon pull même si je sens toujours ses mains dans mon dos. Il est à bout de force et je me sens coupable de ne pas l’avoir trouvé plutôt. Mais à vrai dire je ne pensais même pas qu’il était toujours là. Le petit militaire pèse de plus en plus sur moi et je l’entends soupirer. Un sourire traverse mon visage. J’avoue que ça a peut-être quelques avantages de se laisser aller à ces conneries de câlins. Je suis bien comme ça, même si je vais bientôt passer à travers le fauteuil. Je ferme les yeux pour profiter un moment, il dort alors il ne saura jamais que je suis resté pendant longtemps comme ça hein ? Hinhin. J’écoute sa respiration devenir profonde et régulière, sans arrêter de le bercer tout doucement. J’ai l’impression d’avoir un gros chat endormi sur moi, ça me fait doucement rire.

Il commence à s’agiter un peu, peut-être que son corps s’engourdit à cause de la position bizarre dans laquelle il s’est mis. En douceur, je l’attrape comme je peux pour le soulever un peu et l’allonger sur le canapé. Un doux sourire passe à nouveau sur mon visage quand il se roule un peu en boule. Je caresse doucement sa joue et il marmonne un truc que je ne comprends pas alors je décide qu’il est temps d’arrêter. J’ai comme l’impression de reprendre nos habitudes quand je lui enlève ses godasses avant de les balancer au pied du canapé. Je fouille un peu partout pour trouver une couverture que je lui pose dessus et lui mets dans les bras la peluche que j’ai trouvée. Je ricane en le voyant comme ça et encore plus quand j’imagine la tête qu’il fera en se réveillant avec l’ours dans les bras.

Et à mon tour, je m’affale dans le fauteuil à côté dans un râle d’agonie monstrueux. Et je reprends mon joint pour le finir tranquillement en veillant sur Josh. La fumée commence à envahir la pièce et sa fait une espèce de brouillard dégueu, ça pue en plus. Il ne faut pas que je m’endorme. Pas tout de suite. D’abord, je me lève, le joint toujours pendu à mes lèvres, et je cherche de quoi bloquer un peu la porte et les fenêtres. Heureusement nous ne sommes pas dans un grand truc, c’est un tout petit appartement tout pourri. J'attrape un meuble un peu lourd et je le pousse pour bloquer la porte. Ça fait un peu trop de bruit mais bon, il ne va pas me faire chier le gosse. Une fois que la porte est plus ou moins impossible à ouvrir de l'extérieur, je me dirige vers les deux fenêtres. Nous sommes au deuxième étage, je ne vois pas trop comment on pourrait entrer par là mais on ne sait jamais. Je n'ai pas de quoi les barricader mais je tire au moins les rideaux pour que personne ne puisse regarder à l'intérieur. Et enfin, je me traîne jusqu'au fauteuil et me laisse tomber dessus. Cette fois, je ne me lève plus. Je resterai là au moins trois ans.
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Mer 11 Nov - 20:32
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Je dors d'un sommeil profond et sans rêve. Je crois que mon être tout entier s'est éteint pour sombrer dans les bras de Morphée aka Bruce. Je ne sais même pas combien de temps s'écoule comme ça. Des minutes ? Des heures ? Toute la nuit ? Alors que j'étire mes muscles contractés en restant allongé, je tombe sur une petite boule de poil toute douce. Je me fige un instant en croyant à un animal, mais je réalise finalement que la chose ne bouge pas. Je m'en empare et ouvre enfin un oeil pour identifier l'objet. Je fronce les sourcils parce qu'il me faut un court instant pour me réveiller tout à fait. J'ai les yeux qui brûlent d'avoir pleurer et la tête un peu dans le paté. D'ailleurs je crois halluciner quand je reconnais la peluche que Bruce a essayé de me refourguer un peu plus tôt. Est-ce que c'est le cannabis qui me fait complètement délirer ? Mais la peluche entre mes mains à l'air bien réelle. J'hallucine, ce salaud a profité que je dorme pour me la glisser entre les bras. Je suis sûr que s'il avait pu il aurait pris une photo. Je pivote sur le bord du canapé et je cherche Bruce dans la pièce. Il se tient tout prêt, mais il ne bouge pas. Je plisse les yeux pour voir à travers la pénombre. Je crois bien qu'il dort et je dois me faire beauuucoup de mal pour résister à la terrible tentation de lui envoyer la peluche dans la tronche.

J'ignore si le soleil se couche ou se lève mais le crépuscule dehors envoie peu de lumière à travers les rideaux tirés de la pièce. Je me débarasse de la couette et je me redresse le plus silencieusement du monde pour m'assoir sur le bord du canapé, face au policier. Je l'observe un instant sans faire de bruit. Il a l'air si paisible que je ne voudrais pas le réveiller. Avec un sourire moqueur et un esprit vengeur sans limite, je glisse délicatement la peluche dans le creux de son bras. Vieux con va ! Je balaye finalement la pièce du regard et je remarque qu'en plus d'avoir tiré les volets, Bruce a pris soin de barricader la porte. Je pose à nouveau mon regard sur lui en me rappelant avoir complètement sombré. J'ai du m'endormir dans ses bras, parce que je ne me souviens plus du tout de le voir déplacer ce gros meuble. P'tin ça craint d'avoir craqué comme ça. Je passe une main sur mon visage en cherchant à me réveiller davantage. Comme d'habitude, Bruce s'est occupé de tout alors que j'étais complètement à la ramasse. Je l'aime ce vieux con. Certes oui, il est vraiment trop con des fois, mais je n'ai jamais connu personnage plus attentionné que lui. Un jour j'aimerais lui dire combien je lui suis reconnaissant pour tout ce qu'il a fait pour moi. Je lui jette un sourire pensif avant de me reprendre. Ouais enfin bon, pas aujourd'hui hein. Ce serait trop d'amour d'un coup, son petit coeur de vieillard pourrait ne pas le supporter.

Je ricane silencieusement à ma propre blague et je décide finalement de me lever pour faire le tour du micro-appart. Le silence est absolu alors je marche sur la pointe des pieds et j'ose à peine respirer.


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Je chill dans l'appartement en chaussettes pendant que le vieux ne bouge toujours pas. Alors je prends le temps d'observer les quelques photos qui décorent l'endroit. De toute évidence, l'appartement a été quitté en toute hâte. Il y a un jeune homme et une femme sur les photos, sans doute un couple vu la façon dont ils posent. Je m'attarde un peu sur une photo où je reconnais San Francisco en arrière-plan, et puis je finis par soupirer et passer mon chemin. Je crois que je me suis assez appitoyé sur mon sort pour le reste de l'année au moins. Je me fais violence et je poursuis mon exploration jusque dans la chambre. L'endroit est désert, comme le reste de l'endroit. Je m'approche doucement de la fenêtre alors que j'entends la pluie tapoter doucement sur les carreaux. Je jette un coup d'oeil curieux dehors, mais la rue est déserte. Même pas un zombie sous ce déluge d'eau.

Soudain une idée me traverse l'esprit. Je vais chercher quelques récipients dans les placards de la cuisine pour les mettre sur les bords de toutes les fenêtres. Même si l'eau n'est pas potable, ça ne sera pas de refus de s'arroser la tronche comme ce looser de William à la mairie. Je souris en repensant à lui et j'espère que ses amis l'ont retrouvé. Je ne sais que trop bien ce que c'est, l'horreur d'être seul. Comme je n'ai certainement pas envie de penser à ça maintenant, je rejoins Bruce là où je l'ai laissé, et ce bon vieux bonhomme n'a pas bougé d'un pouce. Je souris et puis je trouve une nouvelle idée pour m'occuper. Si on arrive à récolter suffisamment d'eau pour prendre une douche bien glacée, ce serait cool aussi de pouvoir mettre la main sur de nouveaux fringues. Alors je me lance dans cette nouvelle mission toujours sans faire de bruit.

C'est quand j'arrive dans la salle de bain et que j'ouvre le grand placard pour vérifier qu'il y a des serviettes que la catastrophe arrive. Je suis encore à moitié endormi dans cet appart' osbcur et silencieux. Mais à l'instant même où j'ouvre cette porte, mon coeur rate un battement et j'ai l'impression qu'on me met deux claques. On me hurle dessus d'un cri strident précisement. J'ai à peine le temps d'identifier une gosse à moitiée zombifiée que le truc se jette sur moi en me crèvant les tympans.

[Lancer de réussite CàC : 2=10=12 (réussite de justesse)]

"Eeeeeh" Je me jette en arrière sous l'effet de la surprise mais je glisse comme un con sur le carrelage et je me rattrape de justesse avec les mains, au milieu de morceaux de miroir couverts de sang séchés. C'est vraiment trop glauque cette mini-pièce. Par chance, je peux compter sur mes réflexes pour bondir et arrêter la gamine à temps. "AAAAH" Un cri m'échappe lorsque mon cerveau capte tout à fait ce qui est en train de se passer. Il y a un putin de zombie qui vient de sortir un putin de placard !! MERDE REVEILLE TOI JOSH. L'adrénaline m'arrive brutalement en masse dans les veines. Je serre les dents alors que la machoîre de la gosse claque à quelques centimètres de mon bras. Oh putin ! J'ai eu chaud ! Dans un élan de rage, je l'attrape par son pull, je la soulève et je la jette un peu plus loin en poussant un cri de guerrier super en colère. Etrangement, je trouve qu'elle ne pèse presque rien. Vite, réfléchis Joshua. Le temps qu'elle se relève et qu'elle revienne à la charge, je n'ai que quelques secondes pour trouver une arme. N'importe quoi. Tout ce que je trouve, c'est un verre vide près du lavabo. Je m'en empare pour lui balancer à la tronche, mais ça ne semble pas lui faire grand chose. Elle marche même sur le verre brisé pied nus sans broncher. Ca devient délicat de se remuer en chausettes dans cette pièce. "Oh fuck.." Je réalise finalement que je suis coincé comme un con et désarmé. Je m'attendais à tout sauf à ça. Mais je suis obligé de me préparer à exploser le crâne d'une gamine à main nues. J'essaye d'éviter son regard vitreux et de me concentrer sur ces cris inhumains qui me glacent le sang. Putin d'épidémie de merde... En plus de ça, une douleur vive me prend à la main. Je prend le temps de jeter un coup d'oeil et mon estomac se retourne presque en voyant que je saigne. Oh merde ! Comment je me suis fait ça ?! Est-ce que c'est cette sale petite garce qui.. ?!! Je sursaute et je ferme brusquement le poing pour retenir le saignement au moment où elle se jette à nouveau sur moi.



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Mer 11 Nov - 23:22
Je dors paisiblement, et pour une fois je n’ai pas bu une goutte. Bon, j’ai fumé un joint mais ce n’est pas pareil, je ne suis pas dans le même état que quand je bois. Je ne ressens aucun manque, aucune anxiété. Je plane un peu mais pas trop, la crise larmes de Josh m’a carrément calmé. Je suis juste un peu plus lourd que d’habitude, ma tête surtout. J’ai regardé mon fils de l’apocalypse dormir pendant un moment, je ne sais pas combien de temps. Et le voir dormir comme ça, ça a fini par me donner sommeil. J’ai voulu lutter pour veiller sur lui, pour être là s’il se réveillait, mais j’ai fini par sombrer. Et affalé sur mon fauteuil, je dors sans jamais être secoué par l’angoisse. Pas un rêve, pas un cauchemar, juste le repos. Le soulagement aussi je crois, de savoir Josh près de moi et pas perdu loin, quelque part où je ne peux pas savoir comment il va. Je suis heureux qu’il soit là. J'espère que je le ramènerai rapidement à ses parents, pour qu'encore une fois ils me disent à quel point je suis merveilleux. Sauf que cette fois, je crois que ce sera la seule fois où il a vraiment besoin de moi.

Enfin je l’étais jusqu’à maintenant. Sa voix me réveille en sursaut, il gueule comme un fou. Putain mais qu’est-ce qu’il a encore ? L’espace d’un instant, j’ai l’impression d’avoir rêvé. Je grogne comme un vieux monstre et je gigote sur mon fauteuil. C’est déjà l’heure de se lever ? C’est chiant ! Pourtant le bruit dans l’appartement continue de me secouer, de me tirer du sommeil peu à peu. C’est un nouveau cri qui finit de me réveiller complètement. J’ouvre les yeux d’un coup, la pièce est dans la pénombre mais la faible lumière du matin traverse les rideaux, j’arrive à voir plus ou moins où je suis. Je ne m’en rends pas tout de suite compte, mais j’ai quelque chose serré contre moi, dans mes bras. Je ricane en m’apercevant que c’est la peluche que j’ai mise dans les bras de Josh tout à l’heure. Ah le sale petit con ! Pauvre ours rejeté comme ça. Je balance la peluche sur le canapé avant de vraiment analyser la situation. Joshua n’est plus sur le canapé, il ne s’amuse pas à me gueuler dans les oreilles juste pour me faire chier. Alors pourquoi est-ce qu’il crie ? Je m’étire rapidement et je me relève. Waow. C’est un peu difficile mais allez, on dormira plus tard. Je me dirige grâce au bruit que fait Joshua, de toute manière l’appartement n’est pas grand alors je ne mets pas longtemps à le trouver. Et quand j’arrive près de la salle de bain, j’entends que Josh n’est pas seul. Quelque chose pousse des grognements aigus atroces. Un enfant zombie ? Quelle horreur. J’approche encore pour le trouver dans une bien mauvaise posture. Ah c’est bien la peine de faire le malin avec ton fusil à pompe… Le voilà désarmé, coincé dans une toute petite pièce et en chaussettes en plus. Bravo l'armée !

[dé de CàC : 9 + 7 = 16. Réussite totale]

Je me moquerai de lui plus tard, d'abord il faut que je sauve la vie de ce gamin. Mais je me promets que je ne manquerai pas de lui faire remarquer. Je cherche rapidement quelque chose pour me servir d'arme et c'est sur une lampe que je jette mon dévolu. La petite zombie se jette sur Josh et j'ai à peine le temps de l'attraper par son pull pour la tirer en arrière. Pas touche gamine. Je la tire vers moi pour qu'elle lui foute la paix et j'abats la lampe sur sa tête sans oser regarder la petite. Je n'ose pas regarder le visage de ce qui était il y a quelques temps une petite fille. Je lui explose le crâne avec cette lampe pourrie, lampe qui éclate en plusieurs morceaux sous le coup. C'est net au moins, le petit corps cesse de s'agiter, les mains ne cherchent plus à m'attraper. Enfin, les cris de l'ex fillette se taisent et son corps sans vie tombe sur le sol. Je me sens mal. C'était une petite gamine bordel. Je la regarde maintenant et je ne peux pas m'empêcher de m'agenouiller près d'elle pour essuyer son visage plein de sang. Pauvre chérie. Mon cœur se serre en pensant à la peur qu'elle a du ressentir, à tout ce qu'elle a vécu. En tant que père, je me sens coupable. J'attrape le petit corps et je le soulève pour aller le poser sur le lit, dans ce qui devait être sa chambre. Je l'allonge doucement et arrange ses longs cheveux blonds. Nerveusement, je fais craquer mes doigts. Ok, calme. Je souffle un coup et je sors de la pièce sans me retourner. Je ferme la porte un peu brusquement. Il ne faudra plus jamais l'ouvrir.

Finalement, je reviens vers Joshua dans la salle de bain mais je ne l'y trouve pas. « Eh Josh ? T'es trop vieux pour jouer à cache-cache. » Je retourne dans le salon et heureusement, il est là. Je souris et m'assois à nouveau sur mon fauteuil. « Ca va ? Tu as bien dormi ? » Je ne lui parlerai pas de son craquage d'hier, je ne veux pas l'embarrasser avec ça. Parce que ses larmes étaient sincères, un profond désespoir émanait de lui et je ne veux pas lui faire penser à ça.


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Mer 11 Nov - 23:22
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Jeu 12 Nov - 0:49
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Je suis vraiment pas habitué a avoir un adversaire de cette taille et ça me fait un peu perdre mes repères. Mais surtout mon attention est rivée sur cette main que je serre. Je fais mine de monter ma garde comme pour me mentir à moi-même mais je sais déjà ce qui m'attends quand je vais deserrer les doigts. La réalité. Cette putin de réalité cruelle et injuste. J'ai un dernier moment de recul au moment où la fille va m'attraper à nouveau, mais Bruce surgit à ce moment. Je le vois abattre une lampe sur la tronche de la pauvre gamine et elle s'effondre à nos pieds sur le coup. Je laisse mes bras retomber mais je ne desserre pas la main pour autant. Le regard de Bruce est tourné vers la petite et je le vois pensif alors je ne dis rien. Je reste planté là comme un con, à serrer ma main en espérant que le saignement s'arrête vite. Sans un mot, le policier soulève le corps de la gamine et l'emporte. Je le regarde faire et dès qu'il a disparu je saute par-dessus les débris de verre pour quitter cette putin de pièce de malheur. Sérieux je vais pas me laisser creuver dans cet appart' pourri quand même ?!! Putin de merde. Je vois Bruce dans la chambre alors je me dirige tout droit vers le salon d'un pas rapide. Je sens les battements de coeur accélérer alors que la panique me gagne. Merde ! Merde merde merde merde. Ma paume ouverte est pleine de sang et je grimace. C'est bien du mien qu'il s'agit. Je me suis entaillé la main en tombant à tous les coups, mais un frisson glacial me prend lorsqu'irrémédiablement la question me vient à l'esprit : est-ce que ça suffira au virus pour qu'il me contamine ? Est-ce que je vais vraiment me transformer en un de ces putin de monstres de malheur ? Là ? Comme ça ? Dans l'endroit le plus pourri du monde ? De la façon la plus conne possible ? Juste après avoir retrouvé Bruce ? Non non non. C'est beaucoup trop injuste. Beaucoup trop.

Nerveusement, je cherche quelque chose dans la pièce pour m'aider et je me jette presque sur la fenêtre pour vider un bol que j'ai laissé dehors sur ma main. Je la nettoie rapidement jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un long trait rouge sur ma main refroidie et propre. Je prends même le temps de rajouter du savon pour désinfecter, au cas où la bactérie ne soit pas encore entrée dans la plaie. Je me force à respirer fort pour ne pas céder à la panique et aux larmes. Putin de merde !!! Dans un élan de rage, je balance le pauvre bol par la fenêtre et il va s'écraser à l'autre bout de la rue. Je referme la fenêtre et lorsque j'entends la voix de Bruce, je retourne à mon canapé en essayant de contrôler les tremblements de ma main avant qu'il ne me retrouve. Il ne lui faut pas longtemps dans ce mini-appart'. Quand je le vois revenir, je lui en veux presque d'avoir si bien traité cette gamine qui va probablement causer ma perte. Merde ! Non, je ne veux pas y croire, ça ne peut pas arriver ! Pas comme ça ! Pas maintenant ! J'évite le regard de Bruce en faisant mine de remettre mes chaussures. Lorsque je le vois approcher et s'assoire près de moi, je ne peux pas m'empêcher d'être un peu nerveux. Je fixe mes chaussures avec intérêt en prenant mon temps pour faire les lacets et je relève la tête avec un air un peu perdu lorsqu'il m'interroge. Je fais mine de ne pas être bien réveillé parce que je ne suis pas sûr d'avoir envie de lui parler de ma main maintenant. Ce n'est qu'une petite coupure, pas vrai ? Ca va guérir en quelques jours et on n'en parlera plus. "Hein ? Euh, ouais ouais.." Comme je réponds d'un air un peu évasif, je pose mon regard sur la peluche et je tends ma main valide pour l'attraper et la mettre sous le nez de Bruce. "Et toi ? Avec monsieur Nounouurs !" Je prends une grosse voix de papa ours en donnant un prénom à la peluche et je l'agite devant le policier en ricanant. Je me réfugie derrière mon humour pour ne pas le laisser se douter de quelque chose. C'est ce que j'ai toujours fait et ce que je fais de mieux. Et puis je me dupe moi-même en riant pour oublier cet instant de panique. "Pour ton information tu dormais la bouche ouverte en bavant et en ronflant, je comprends pourquoi les filles ne restent pas plus d'une nuit chez toi maintenant." Je l'informe en prenant l'air le plus sérieux du monde, mais dès que je relève les yeux vers lui, j'explose de rire et je me dépêche de sortir du canapé avant qu'il ne lui prenne l'envie de me sauter dessus, et pas dans le bon sens du terme. Je pose mes mains sur mes hanches en me tournant à nouveau vers le policier maintenant qu'il y a le canapé entre nous, et je lui désigne les fenêtres d'un geste de ma main valide. "Au fait j'ai mis des bols dehors si tu veux te laver la tronche." J'hésite un instant, et puis je me sens obligé de rajouter avec un grand sourire moqueur. "Ca serait pas du luxe, hein.. ?" Je ricane encore un peu, et pendant qu'il ne regarde pas, je jette un coup d'oeil rapide à ma main meurtrie. Le saignement se calme doucement, alors je l'essuie sur un coin de mon T-shirt qui est - par chance - noir, et je reviens vers lui en prenant un air un peu plus préoccupé. Toute cette histoire de coupure ça me rappelle un truc. Je m'appuie sur le dossier du canapé et je fais un mouvement de tête vers l'épaule de Bruce. "Comment ça va ta blessure de guerre d'ailleurs ?" Encore une fois, je ne suis pas capable de garder mon air sérieux plus de deux secondes. "Ca picote pas trop ?" Je prends un ton exagérément inquiet et une mine tristounette comme s'il venait de m'annoncer la mort de son petit chien. Dès le matin, je suis insupportable et instoppable. Je suis comme ça avec tout le monde, mais encore plus particulièrement avec Bruce je crois. Et puis j'en ai vraiment besoin là, maintenant, tout de suite. Je me concentre sur sa tronche de vieux plouc agacé et fatigué pour me changer les idées et ignorer les picquotements qui me chatouillent la paume de la main. C'est vraiment une sacré distraction Bruce. La meilleure de toute. Alors je lui fais mon plus beau sourire innocent comme si ça pourrait l'empêcher de m'engueuler. Ca aussi, c'est un vieux tour qui marche à tous les coups. Je devrais donner des cours de swag un jour, avant de mourir...

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Jeu 12 Nov - 2:47
Le regard de Josh est perdu, il a l’air encore un peu paniqué et je comprends tout de suite que quelque chose ne va pas. Seulement, je mets ça sur le compte de sa crise de nerfs de la veille. Il ne voudra pas en parler, il fait trop le fier pour ça. Non, au lieu de s’excuser pour avoir confondu mon pull avec un mouchoir, il préfère attraper le pauvre petit ours en peluche et me le coller dans la tronche. C’est pas vrai ça, il s’arrête jamais ? Pas la peine de répondre, je sais déjà que la réponse est non. Il camoufle son état derrière ses insupportables vannes – qui me font beaucoup rire la plupart du temps – pour faire comme si tout allait bien. Mais je vois bien que ce n’est pas le cas, pourtant je fais comme si. Je ne veux pas le pousser à craquer comme je l’ai fait hier. Je ne l’ai même pas fait volontairement en plus. Chacun gère son angoisse comme il peut, je ne veux pas le forcer à parler de choses dont il n’a pas envie de parler. Alors je prends mon air le plus blasé possible, pour regarder la peluche. « Bien oui, il pesait moins lourd que toi alors j’ai fait l’échange. Tu m’en veux pas ? » Je ricane mais il en rajoute une couche, relevant ses yeux débordant de rire vers moi. Je préfère le voir comme ça, si ça peut l’aider à oublier sa tristesse, tant mieux. Mais je ne laisse pas tout passer quand même. Quand il mentionne mon franc succès dans les relations à long terme avec le sexe opposé, mon pied part automatiquement pour tenter de rejoindre son torse. Il a de la chance, il a anticipé et il s’est précipité derrière le canapé. C’est ça, protège toi. J’attrape la peluche qui n’est décidément pas bien tombée avec nous, et je la lui balance dans la tronche.

J’étais prêt à déclencher une nouvelle guerre mondiale, seulement il m’annonce qu’il a rempli des bols avec de l’eau de pluie. C’est qu’il est pas si con parfois ! J’en suis presque surpris. Quand j’aurai plus la flemme de me lever, j’irai en prendre un promis. Je regarde Josh d’un œil critique. « T’es aussi poussiéreux que mon exemplaire de la bible alors la ramène pas trop. » Et je ferme les yeux, parce que je voudrais bien finir ma nuit moi. Enfin dormir un peu, on n’a rien à faire de toute manière alors pourquoi pas une grasse matinée ? Ce serait top ça, de pouvoir dormir tranquillou toute la journée. Mais je connais Joshua et étrangement, j’ai le pressentiment que ma nuit ne va pas être prolongée, même pas d’une toute petite minute. J’ouvre un œil quand il me parle de ma blessure. Que de surprises ce matin, il s’inquiète pour moi maintenant ? Mais sa voix change et je comprends. Fausse alerte, je peux me rendormir. Ou pas. Parce qu’il continue de parler. Ce gosse est un putain d’emmerdeur. Je lève les yeux au ciel quand il me sert son sourire à deux balles. Pas la peine là, je suis trop fatigué. Pourtant je me redresse dans mon fauteuil et je souris. Je suis trop gentil et patient avec Joshua, j’espère que ses parents me paieront cher pour ça. Je prends une voix grave et un air préoccupé mais pas trop. « Je pense que ça ira, ne t’en fais pas. La douleur partira avec le temps. » Je suis sûr que tous les deux, on aurait été trop bons dans un film dramatique. Ça aurait été tellement triste et profond que le film aurait été interdit aux moins de 18 ans. Aux filles surtout. Ça aurait été pire que Twilight, elles auraient toutes été amoureuses de nous. Mais bref.

Puisque je n’ai pas le droit de dormir tranquillement dans cet appart’, je finis par me lever et me diriger vers la fenêtre. J’ouvre et attrape un premier bol, dont je vide le contenu sur mon visage. Je frotte vaguement et puis je repose le bol pour qu’il se remplisse à nouveau. D’ailleurs, c’est quoi ce temps de merde ? « Putain c’est un temps à boire de la bière devant la télé ça… » Ce serait chouette, mais je crois que ça va être compliqué de capter une chaîne aujourd’hui. J’attrape un autre bol qui me sert cette fois à nettoyer ma blessure. Le bord est net, il aurait fallu recoudre je pense mais je n’en ai pas les moyens. Alors je repasse un vieux bout de t-shirt autour pour faire un bandage et je prie pour que ça finisse par se refermer. Finalement, j’attrape un troisième bol que je ramène à l’intérieur. Je me demande si, si on fait bouillir l’eau, elle est potable. C’est possible non ? Aucune idée. Alors j’ai une autre idée qui me vient, beaucoup plus drôle celle là. J’approche de Joshua comme si de rien n’était, comme si je continuais de me laver tranquillement. Et quand je suis assez proche de lui, je lui balance l’eau à la tronche. Ça lui apprendra à être aussi chiant ! Et quand il me fusille du regard, je lui balance le même sourire innocent que celui qu’il m’a fait tout à l’heure. Bon, en un peu moins mignon peut-être.

Mon sourire n'a pas l'air d'amadouer Joshua alors je m'enfuis rapidement jusqu'à la petite cuisine. C'est mignon cet appartement, même si c'est tout petit. Il y a des photos un peu partout et je tombe sur la photo d'une petite fille, j'imagine que c'était elle qui a attaqué Josh. J'ai envie d'arracher la photo du frigo pour ne pas avoir la petite sous les yeux mais je la laisse. On va dire que c'est une forme de respect, un hommage ou je ne sais quoi. J'aimerais trouver de quoi manger pour le petit-déjeuner mais avant même d'ouvrir les placards, je vois une petite boîte blanche remplie de cachets. C'est un truc contre le mal de crâne je crois, alors j'embarque. On n'a jamais assez de ces trucs là. Fier de cette trouvaille pourrie, je reviens dans le salon pour mettre la boîte dans mon sac. « J’ai trouvé de quoi apaiser mes futures gueules de bois ! Hinhin. » Josh déteste quand je fais l'alcoolo, comme il dit, mais c'est lui qui a commencé à me faire chier ce matin. Il a cherché, je suis en légitime défense monsieur !


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Je le fixe un instant d'un air un peu blasé avant de faire glisser mon regard sur la pièce. Après tout, j'ai commencé à faire le con et il ne fait que me suivre. Et puis même si je vois bien qu'il prend un air délibérément tragique pour se foutre de ma gueule, j'ose espérer qu'il n'a pas tord. Il va guérir, lui. D'un autre côté, plus les minutes passent et moins la coupure me lance. L'espace d'un vague instant, je ne peux pas m'empêcher de me demander si la transformation est douloureuse. La douleur n'a pas l'air d'arrêter un zombie déjà totalement transformé, mais qu'en est-il d'un humain en transition ? Tant de questions me viennent soudainement à l'esprit que je décide de ne pas y prêter attention. Si je me mettais à chercher des réponses, ce serait accepter le fait que je vais y passer. Hors je refuse. Je ne peux pas creuver aussi connement, alors je me tais et j'espère. Je suppose qu'il suffit d'attendre et de voir. De toute façon, je n'ai pas envie de me prendre la tête ou d'embêter Bruce avec ça maintenant que les choses sont revenues à la normale.

Pendant que le policier va chercher un bol d'eau, j'entreprends de farfouiller un peu l'appart' pour voir si je trouve quelque chose d'intéressant à embarquer. Le premier tiroir que j'ouvre ne m'offre que des papiers administratifs relous. Je détestais tellement m'occuper de cette merde qu'il m'est arrivé une fois de devoir vivre plusieurs jours sans électricité, le temps de payer ma facture. Je souris lorsque Bruce râle après le temps et je détache mes yeux des papiers un instant. "Râle pas ça te laisse le temps de désaoûler quelques heures au moins." J'ouvre un nouveau tiroir et je mets la main sur un dessin de gosse. Probablement un vieux dessin de la petite planquée dans le placard. Je l'observe un instant d'un air pensif. Il représente sa famille. Où étaient ses parents pendant que la pauvre gamine se transformait en zombie ? Qu'est ce qu'elle foutait cachée dans le placard ? Est-ce que ce salaud de destin l'a placé là exprès pour moi ? Est ce que ses parents l'ont abandonné en constatant qu'elle était mordue ? J'imagine l'horrible scène : les parents qui lui ordonnent de rester cachée quoi qu'il arrive. Ils s'enfuient sans elle et elle ne bouge pas de sa cachette parce qu'elle leur fait confiance. Elle meurt à petit feu en pleurant et en espérant qu'ils vont vite revenir. Mais ils ne reviennent jamais. Je laisse retomber le dessin dans son tiroir et je sens un malaise me prendre alors que j'imagine la détresse de la pauvre gamine. Et surtout, j'ai peur de ce qu'il pourrait m'arriver une fois que Bruce saura.

Bruce, ce sale bâtard. Il s'est faufilé dans mon dos sans que je ne me doute de rien, comme le pire des traîtres. Mon corps tout entier se contracte au contact de l'eau glaciale et je crois même que je fais une sorte de micro arrêt cardiaque. Je n'ai rien vu venir et il me faut un instant pour comprendre que je viens d'essuyer une terrible attaque de ce vieux con. Je lui lance un regard assassin alors qu'il me lance un petit sourire innocent. Ca me donne encore plus envie de lui sauter dessus et de lui faire bouffer le bol. "Mec !" Je lui lance un regard choqué et je ne sais pas quoi ajouter de plus sous l'effet de la surprise. Alors qu'il s'enfuit dans la cuisine, je lui hurle en guise de dernière menace : "Sale traître !!" Aucun doute, ma vengence sera longue et douloureuse pour lui...

Je retire mon T-shirt trempé et je vais l'essorer sur le rebord de la fenêtre pendant que Bruce s'occupe probablement de monter une barricade dans une autre pièce. Du moins j'espère pour lui, parce que sinon il est sur le point de creuver. Néanmoins, au fond on ne peut pas dire que le contact de l'eau soit de trop. C'est devenu une denrée plutôt rare depuis que les robinets ne fonctionnent plus. Je me sèche rapidement avec la couverture dans laquelle j'ai dormi et j'étends mon T-shirt sur le dossier du canapé. Dehors, la rue est toujours déserte et je me demande si les zombies n'aiment pas la pluie. Ce serait un sacré avantage pour nous. Finalement, j'enfile mon sweat que j'avais par chance laissé traîner sur mon sac avant de me faire asperger d'eau, et je mets même la capuche pour montrer que je ne suis pas content.

[Lancer de réussite pour observation : 3+1 = 4 (échec totaaaaaal)]

Lorsque l'abruti revient, il en rajoute même une couche en déclarant fièrement qu'il va pouvoir faire l'alcoolo tranquille, avec des médocs pour le sauver des méfaits de sa bouteille. "Même les zombies ne voudront pas de ton foie avec tes conneries !" Je grogne sans même lui accorder un regard. Je continue de farfouiller dans les tiroirs de la pièce, mais je ne trouve absolument rien d'utile. Je mets cependant la main sur un nouveau vieux dessin de la petite et je le montre à Bruce. C'est un bonhomme très grossièrement dessiné, avec un énorme corps et une toute petite tête. "Regarde ! Il te ressemble !" Je jette un nouveau regard impressioné au dessin avant de le reposer. "Elle est douée cette petite !" C'est décidé, ce matin on ne se fait pas de cadeau. Tous les coups sont permis. Mais finalement, je soupire et j'abandonne ma fouille. "Il y a rien d'intéressant dans cet appart', on va mourir d'ennui dans cette ville pourrie !" Je lance un regard désespéré par la fenêtre avant de me laisser tomber à nouveau sur le canapé en gémissant comme un mourrant. "Au secouuuurs !" Oui j'ai décidé de faire mon sale gosse, parce que je sais pertinament que ça va l'agacer, et j'en ris intérieurement d'avance. Il va vivre la pire journée de sa vie ce salaud !



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Ven 13 Nov - 1:59
Cet idiot ne s’attendait pas à une attaque si matinale, je le vois se contracter comme s’il allait mourir. Hinhin. C’était pourtant évident que je n’allais pas passer à côté d’une si belle occasion. Et puis il n’avait qu’à pas être relou. Son regard noir me donne encore plus envie de rire mais je m’échappe rapidement avant de prendre un bol dans la gueule. Je l’entends râler aussi mais je crois que mon cerveau a développé un filtre, je n’entends plus ce qu’il dit quand il parle avec ce ton là. Ca m’évite d’entendre pas mal de conneries, je n’entends même plus ce qu’il me crie. Par contre je trouve cette jolie boîte de cachets et quand je la range en soulignant bien à quoi elle servira, la réaction de Joshua ne manque pas. Je ne relève même pas sa remarque sur mon foie, j’ai un filtre je vous dis. Par contre je souris en voyant qu’il a mis la capuche de son sweat sur sa tête. Il me fait rire avec ça, on dirait Caliméro avec sa coquille. « Tu essaies de me rappeler la délicieuse époque où tu avais 15 ans ? » Je ricane en me remémorant la tronche qu’il tirait tout le temps à cet âge là. Il était insupportable, je devrais avoir une médaille rien que pour me l’être coltiné aussi longtemps.

Je balance mon sac, profitant du court répit qu’il me laisse en fouillant dans les tiroirs. Cela dit, il fait tellement de bruit que je crois que je préfère quand il râle. Toujours accroupi, je le regarde faire. Il a beau gesticuler en souriant, je ne suis pas dupe. Je ne suis pas aussi con qu’il veut bien le dire, je vois bien que quelque chose ne va pas chez lui. Et même si j’essaie de me persuader que c’est à cause de ses parents, de ce qu’il a vécu pendant qu’il était tout seul, je ne suis pas entièrement satisfait de mon explication. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, alors comme je suis un vieux con chiant, je me décide à lui demander. Au pire, il se mettra encore à pleurer dans mes bras, il paraît qu’il faut pas garder ces trucs là pour soi. « T’es sûr que ça va ? T’as une sale gueule. » Je garde quand même un ton un peu léger, je ne voudrais pas trop le plomber non plus.

Sauf que ce sale petit con, il fait comme s’il ne m’avait pas entendu. Ok, je ne pose plus de questions là-dessus, message reçu. Il me sort un dessin pourri, sûrement fait par la gamine mordue, d’un bonhomme trop mal fait. Je ricane en le voyant mais je prends un air outré quand il dit que c’est moi. Non mais sérieusement ? Faussement très fâché, je lui fais un joli doigt d’honneur avant de me relever. « C’est toi sur le dessin, regarde y a ton sourire de débile ! T’as besoin de lunettes mon petit… D’ailleurs tu les as pas prises quand tu t’es engagé ? » Je ricane en voyant sa tête. C’est lui qui a commencé, il ne va pas se plaindre hein. Je lui montre du bout de l’index le prétendu sourire du bonhomme, comme si Joshua était aveugle. C’est vrai ça, qu’il avait des lunettes avant. Je pouffe en y repensant, parce qu’elles étaient carrément ridicules et qu’il avait l’air complètement con quand il les portait. Je me demande bien s’il a déjà osé montrer une photo de lui comme ça à quelqu’un… Il boude et moi je me marre, on dirait des fous dans un asile. Il se lève quand je m’écroule et vice versa, on tourne en rond. Je vais devenir cinglé si on ne trouve pas quelque chose à faire. Et cette pluie de merde qui continue de tomber en plus ! Josh n’a pas tort pour une fois, cette ville est vraiment nulle. On aurait du les laisser crever ces cons, quand on voit comment on se fait remercier ! Nous on aurait protégé notre jolie ville et ça aurait été réglé en trois heures. Je me plais à rêver encore de chez moi, même si je sais très bien que nous n’aurions pas fait mieux que les habitants d’Oakland qui étaient tous sûrement très sympas avant. Mais puisqu’il faut bien rejeter la faute sur quelqu’un, ce sera sur eux. Ils critiquent bien la police et les militaires, pourquoi nous on ne pourrait pas faire l’inverse ? Connards de civils.

Puisque c’est comme ça j’attrape ma bouteille. Je l’ouvre et je jette un œil à l’intérieur, ça commence à devenir carrément critique. Mais puisque cette journée a vraiment trop mal commencé, hop, on va régler ça à ma manière. Je porte le goulot à mes lèvres en ignorant le regard de Josh et je bois une gorgée. Si on attend trop, le whisky il va s’éventer, faudrait pas gâcher ! Je bouche la bouteille avant de la balancer sur Joshua. « Fais pas cette tête, déjà je partage j’aurais pu tout boire… » Et puis s’il boit pas, je le ferai moi. Il va pas commencer à me faire chier avec ma consommation d’alcool alors qu’on est dans la ville la plus naze du monde, au milieu d’une apocalypse zombie en plus. Wouhou. Je flâne encore dans le salon, je fais les cents pas autour du canapé. C’est hyper chiant mais j’en peux plus. « Bon. On se casse d’ici ou on attend la mort ? » En passant derrière le canapé pour la millième fois, je secoue un peu Josh par l’épaule, pour qu’il réagisse. Allez quoi, debout !

En attendant qu’il se lève, je me casse de la pièce pour aller fouiller encore un peu le mini appartement. On a fait toutes les pièces, il ne reste que la chambre des parents je crois. Alors je m’approche de la porte et d’abord, je colle mon oreille contre pour essayer d’entendre s’il n’y a pas encore un zombie de merde. Mais tout semble calme, alors j’appuie doucement sur la poignée, je serre les dents et je pousse leeentement la porte. Ok. Personne ne hurle, personne ne me saute dessus. Jusqu’ici tout va bien. J’ose jeter un petit coup d’œil et je ne vois rien. Alors j’entre carrément parce que ça commence à m’emmerder d’y aller doucement. Ça pue un peu là dedans, le lit est tâché de sang mais il n’y a personne. Je fouille un peu partout, dans tous les placards et tout ce que je trouve, ce sont des vêtements. Bon, c’est déjà pas mal. Je récupère plusieurs trucs pour Josh et pour moi, mais avant de partir j’ai une idée un peu bizarre. J’attrape le matelas et je le soulève pour le décaler un peu. Bingo. Tout le monde cache des trucs sous son lit ou sous son matelas. Un bruit métallique se fait entendre et je cherche un peu d’où ça vient. Je trouve rapidement le couteau papillon qui vient de tomber. Ça c’est vraiment con d’être parti sans, mais ça me fait plutôt plaisir. Ce sera toujours mieux que mon vieux tire-bouchon. Cool ! Comme si j’avais trouvé un trésor, je brandis mon couteau en revenant dans le salon. « Mate ça ! L’Amérique est sauvée ! »
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Sam 14 Nov - 15:08
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Il me demande comment ça va, et sa question me glace le sang. Il n'a pas l'air mort d'inquiétude, mais j'ai capté la suscpicion dans sa voix. Je fais mine d'analyser un papier très important et je reste totalement silencieux. Je ne trouve même pas la force de lui dire qu'il est encore plus moche que moi, je peux encore sentir la coupure sur ma paume. Et j'ai l'impression de sentir à nouveau les petites mains de la gamine sur moi. Il y a tant de choses que l'on ignore sur ce maudit virus, à commencé par le mode de transmission. Est-ce que c'est uniquement transmissible par la salive ? Par le sang ? J'ai été obligé de la toucher pour la repousser, et il y avait tellement de sang sur elle. Est-ce que c'était seulement son sang ? Je tente de me rassurer comme je peux. C'était peut-être du sang non infecté. Comme celui sur le morceau de miroir qui m'a entaillé la main. Ma vie ne tient plus qu'à un fil, à un malheureux petit détail. Il suffit d'une cellule infectée, une micro-bactérie, et toute ma vie prend fin en cet instant. Une nouvelle fois, je serre les dents, dégoûté face à cette injustice absurde. Le destin ne m'a laissé aucune chance. J'étais peut-être prêt à mourir, mais au combat. Pas comme ça, pas dans cet appart' ridicule et silencieux.

Le silence d'ailleurs, je le brise avec une nouvelle attaque vers Bruce. Je le fais changer de sujet et il marche à la perfection. Il me retourne d'ailleurs plutôt bien la blague en faisant mention des lunettes que j'ai porté pendant un temps dans ma tendre – enfin tendre c'est un grand mot quand il était dans les parages – enfance. Il arrêtait pas de me dire que ça me faisait une tronche d'Harry Potter, et il ne manque pas une occasion de me rappeler cette blague idiote qu'il m'a faite et refaite. Il ricane alors que je lève les yeux au ciel et je lui envoie un coup de coude dans les côtes alors qu'il pointe le sourire du bonhomme sur le dessin. Finalement, j'abandonne le papier pour regagner le canapé.

Je m'allonge à nouveau dessus et je fixe le plafond en posant les mains sur mon ventre. Je dois un peu ressembler à un mort dans son cercueil comme ça. Je ferme les yeux un instant. J'ignore si c'est la faim, la fatigue, ou...autre chose, mais j'ai l'impression d'avoir la tête qui tourne. Néanmoins, je me force à ouvrir un oeil lorsque j'entends Bruce remuer. Je le vois alors sa bouteille à la main, et je lui envoie un air presque choqué en me redressant sur les coudes. Putin le sale con ! Il cachait une bouteille dans son sac depuis le début ! J'aurais dû m'en douter venant de cet ivrogne vicieux et calculateur !! Au moins, il capte mon regard au lieu de l'ignorer royalement. Mais il ne semble pas se sentir coupable, mais alors pas du tout. Il me reproche même presque de ne pas le remercier avec un sourire lorsqu'il me balance la bouteille dessus. J'hésite un instant à la renverser sur le sol devant son air de vieux con ahuri, mais finalement je me ravise et je prends une bonne gorgée. Avec un peu de chance, ça me désinfectera de l'intérieur... ? Et puis sinon, ça m'aidera peut-être à oublier, un peu. Je suis probablement mourrant bordel de merde...

Je continue de fixer le plafond en silence, j'attends la mort, comme un con. Je ne sais pas quoi faire pour l'arrêter. Je crois bien qu'il n'y a rien à faire. Pour l'instant je ne souffre pas, alors j'en profite pour laisser mon esprit vagabonder dans mes souvenirs. Maintenant que je n'ai plus de futur, je n'ai plus besoin de me prendre la tête avec toute cette histoire de refuge impossible. Ces débiles de survivants se débrouilleront très bien sans moi pour insulter les militaires, bordel. Non, je n'ai aucun regret pour eux. Ce qui me chagrine, c'est Bruce. Je l'entends faire les cents pas à quelques mètres de moi, et je sais qu'au fond, lui aussi il a probablement peur de la solitude. De toute façon en ces temps d'apocalypse, celui qui prétend ne pas avoir peur est soit mort, soit un putin de menteur. Alors inévitablement, je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter un peu pour moi. De toute façon il faut bien se faire une raison. Non, c'est pour Bruce que je m'inquiète. Je n'ai peut-être plus d'avenir, mais lui il en a un. J'espère qu'il ne va pas la gâcher dans une bouteille, sa précieuse vie. Il ne mérite tellement pas de se retrouver seul dans cette galère atroce. Je regrette et je m'en veux presque d'avoir été si con. Combien de temps il me reste avec lui ? Est-ce que je devrais lui dire maintenant ? Est-ce que je ne devrais pas profiter de ces derniers instants qu'on m'accorde avant la fin du cauchemar ?

C'est Bruce qui me tire de mes interrogations bien glauques. Le contact de sa main sur mon épaule me fait presque sursauter, et je me contente de grogner pour répondre à sa question qui me fait une nouvelle fois manquer un battement. La mort, même si on se casse, je n'ai plus qu'à l'attendre de toute façon. Mais quand Bruce quitte la pièce un instant, je me redresse quand même en le regardant disparaître. Je ne vais pas l'obliger à rester avec moi tout seul jusqu'à la fin. Je vais lui trouver des potes digne de confiance, et ensuite j'aurais enfin la conscience tranquille. Putin ça me fait chier, je suis en train d'organiser ma propre mort merde !! Je passe une main dans mes cheveux, je me sens complètement largué. Ce monde est complètement fou, ça n'était pas du tout censé se passer comme ça. Comment est-ce qu'on a pu en arriver là ?! Je ne comprends pas, je ne comprends rien. Alors je me lève, je récupère mon T-shirt encore humide mais je l'enfile malgré tout, et je refais un dernier tour de la pièce moi aussi. Je pose mon regard sur les papiers dans lesquels j'ai farfouillé et j'hésite un instant. Je ne suis pas sûr de pouvoir dire tout ce que je veux à Bruce en face. J'aurais tellement à lui dire. Je n'ose pas imaginer sa réaction. Alors finalement je m'empare d'un papier vierge et d'un stylo et je les glisse dans mon sac. Je ne sais pas vraiment ce que je vais faire avec ça. Je refuse une seconde d'admettre ce qui va arriver, mais je crois qu'une partie de moi le sait déjà. C'est vraiment trop flippant.. Peut-être que si je nie en bloc et que je fais comme si tout va bien, ça m'aidera à guérir ? Plus je panique, et plus j'ai l'impression que ma main me brûle. Est-ce que ça y est ? Le virus attaque déjà ? Je ne peux pas m'empêcher de jeter un coup d'oeil à la vilaine coupure et de tripoter d'un oeil critique, comme si je pouvais m'improviser expert en blessure zombifique.

Mais soudain Bruce surgit à nouveau en brandissant un trophée. Je me tourne soudainement vers lui en laissant retomber ma main comme si de rien n'était. Je lui souris d'un air un peu moqueur en voyant qu'il tient un simple couteau tout en hurlant que l'Amérique est sauvée. "Sauvée je sais pas, mais en tout cas si tu tombes dessus et que tu te plantes avec, le QI général augmentera peut-être un peu." Je ricane en récupérant mon fusil et je le lui montre, comme pour lui faire comprendre qu'il ne pourra pas rivaliser. "Ca c'est un équipement digne d'un héros national." Je fais le fier avec mon arme, juste histoire de lui briser son élan de fierté. Il n'avait qu'à pas perdre son arme ce gros naze.

Et puis finalement, je m'approche de la fenêtre. Il pleut encore et toujours. Je me tourne vers Bruce un instant pour l'interroger. "T'as un parapluie ou un truc pour rester au sec ?" En ce qui me concerne, j'ai eu l'intelligence de garder mon équipement militaire au complet, k-way compris. Si je dois creuver à cause d'une putin de maladie, ce sera pas la pneumonie. Et puis soudain un mouvement attire mon attention dehors. Je plisse les yeux pour tenter de mieux voir au milieu des gouttes d'eau sur la fenêtre. Et oui, je confirme. "Il y a un putin de zombie dehors. Merde, moi qui commençait à croire qu'ils n'aimaient pas la douche." Encore un espoir de ruiné. Et puis brutalement, puisque je venais parler de zombie, j'enchaîne sans vraiment comprendre pourquoi. "On sait que dalle sur ces trucs quand même... Même pas comment ils se transforment..." Je hurle intérieurement. Je ne sais pas à quel jeu je joue. J'ai l'impression de ne plus me contrôler, et je me demande même si c'est ça d'être un zombie. Et finalement, devant mon effarement intérieur le plus total, je me tourne une nouvelle fois vers le policier en prenant un air faussement intrigué comme si je n'avais pas envie de me coller une baffe à moi-même. "T'en a déjà vu un se transformer, toi ?" Discrètement, indirectement, j'essaye d'en apprendre un peu plus sur ce qu'il m'attend. Peut-être que si je sais, ça rendra les choses plus faciles...



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Bruce McKinney
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Dim 15 Nov - 4:00
Joshua a beau me sortir son regard d’adulte responsable et choqué par l’alcool que je bois à même la bouteille, il ne se fait pas prier pour faire de même. Peut-être que tout n’est pas perdu avec lui finalement. Enfin il a quand même l’air sacrément amorphe. Et moi, je ne sais pas ce qu’il a et ça commence à m’emmerder. Est-ce que c’est à cause de la gamine ? C’est difficile de voir des zombies, mais une enfant zombie c’est encore pire, on ne s’y attend jamais. Les enfants, ils sont fait pour sourire et courir partout en chantant - un peu comme Josh en fait - pas pour se jeter sur les autres en hurlant. Il m’énerve un peu, Josh, à faire sa loque sur le canapé en fixant le plafond. Alors quoi ça y est, il a tout donné ces derniers mois ? J’ai envie de le secouer parce qu’il n’a pas le droit de s’éteindre. J’aime trop la lueur qui brille dans ses yeux en temps normal, la bonne humeur de ce gamin est trop précieuse pour qu’il devienne terne et triste. Il grogne quand je le secoue doucement mais tant pis, on va se tirer de là, il va bouger un peu et tout ira bien. Je le trainerai s’il le faut, mais je ne le laisserai pas attendre ici que tout passe. Et en me baladant dans l’appartement pour fouiller une dernière fois l’endroit, je me demande si j’ai raison. Est-ce qu’il a réellement besoin de quelqu’un pour le faire bouger ? Il est adulte après tout, il fait ce qu’il veut. De quel droit est-ce que je débarque comme ça pour le traîner derrière moi en lui gueulant de réagir ? Je ne sais pas. Je ne sais pas si le fait de le connaître depuis tout ce temps m’autorise à agir comme si j’étais son père. J’en ai eu souvent l’impression, mais je ne sais pas où est vraiment la limite que je ne dois pas dépasser.

Mais ma trouvaille du couteau me fait oublier momentanément mes réflexions. Je crois que je ne suis pas fait pour me tordre le cerveau comme ça. Et puis si ça ne lui plaît pas, Joshua est assez grand pour m’envoyer me faire foutre tranquillement, il n’a plus 15 ans. Je lui ramène ma nouvelle arme comme si j’étais tombé sur un fusil d’assaut avec des munitions pour des années, et il ne manque pas l’occasion de se foutre de ma gueule. Je fais mine de lui mettre un coup de couteau quand il me sort son fusil. Quel relou ! Je réfléchis à un moyen de lui prendre sa saloperie de fusil pour qu’il arrête de faire le malin avec mais il s’enfuit jusqu’à la fenêtre avant. Je tends la jambe innocemment pour lui faire un croche-pied mais je le rate comme un gros nul. Décidément cette journée est vraiment la plus pourrie de ma vie entière. Je m’approche de la fenêtre à mon tour pour regarder dehors. La pluie ne semble pas vouloir s’arrêter, ça me fout les boules. On est en mai putain, pourquoi est-ce qu’il pleut ? Je secoue la tête quand le gamin me demande si j’ai de quoi me protéger de la pluie. Bien sûr que je ne me trimballe pas avec un parapluie. Par contre je balance sur le canapé les vêtements que j’ai trouvés dans la chambre. « J’ai rien mais j’ai trouvé ça, au pire je me changerai quand on aura trouvé un nouvel endroit. » Et soudainement, je vois une robe au milieu du tas de vêtements. Je ricane et évidemment, je l’attrape avant de la lancer à Joshua. « Tiens t’auras qu’à mettre ça, ça te va bien au teint. »

Je me trouve vraiment très drôle aujourd’hui, et Josh pas du tout. C’est chiant ça bordel. S’il croit que c’est deux vieilles blagues qui vont me faire croire qu’il va bien, il se fout le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Il a presque le nez collé à la vitre, je m’approche à nouveau de lui et je mets ma tête à côté de la sienne pour voir ce qui attire tant son attention. Un zombie isolé boîte au milieu de la rue, offrant un spectacle pitoyable. Il me ferait presque de la peine, si seulement je n’avais pas autant la haine contre les zombies. Finalement, il y en avait moins dans la rue aujourd’hui par pure coïncidence. Il n’a pas vraiment l’air de souffrir de la pluie, lui. Mon regard quitte la rue pour se poser sur le fils de mes meilleurs amis quand il prend à nouveau la parole. Il se tourne vers moi alors je me mets tout à fait face à lui et je croise les bras. Allons bon, voilà qu’il se prend pour un scientifique maintenant. Je fronce les sourcils en prenant appui contre le mur. Je ne crois pas avoir vu quelqu’un se transformer réellement, néanmoins les souvenirs de mes collègues tombés dans les rues d’Oakland reste douloureux. Un peu trop. Et puis d’ailleurs, je ne sais même pas ce que moi je fais encore là. Il y avait des gens tellement mieux que moi. Et ils sont morts. Je secoue la tête avant de planter mon regard dans celui de Josh. « Mes collègues sont morts mais disparus. Il n’y en a qu’un qui est mort près de moi. Pourquoi tu veux savoir ça ? » Je respire profondément pour éviter de trop me plonger dans mes souvenirs. « Mais puisque tu demandes, il ne s’est pas transformé. Il est mort et… Je l’ai… Enfin tu vois. Avant qu’il ne se transforme. » Je tente un sourire un peu crispé, même si je sais très bien qu’il n’y croira pas. D’ailleurs, il ne regarde même pas. Alors je ne tiens plus, je tapote gentiment son bras pour attirer son attention. « Tu me dis ce qui ne va pas ou on continue de faire semblant ? » J’essaie de lui parler avec ma voix la plus douce, mais je ne sais pas si ça sera suffisant.
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Joshua Atherton
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Lun 16 Nov - 2:02
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Bruce m'explique qu'il n'a rien d'autre que sa veste pour se protéger de la pluie, mais il jette quelques vêtements propres sur le canapé. Il les a probablement récupéré dans la chambre des parents. J'hoche la tête mais je me demande comment il va survivre si il continue comme ça, sans un minimum d'équipement et à boire dès qu'il s'assoit deux minutes. Des fois je me demande qui c'est le gosse ici. J'ai hâte de le voir éternuer toutes les deux minutes en attirant tous les zombies du quartier tiens. Et puis finanalement il ne me laisse pas le temps de faire le moindre commentaire, il me balance un vêtement dessus, et le temps que je l'observe pour constater qu'il s'agit d'une robe, il ricane à nouveau. Je lève les yeux au ciel et je lui rebalance à la tronche. P'tin ce qu'il est lourd aujourd'hui ! C'est l'apocalypse qui doit décupler ses capacités à faire les blagues les plus pourries de la planète. Au secours, c'est vraiment la fin du monde si ça doit continuer comme ça.. !!

Je sens sa présence à côté de moi, mais je ne détourne pas mon regard du zombie qui erre au milieu de la rue sous le déluge. Ca fait presque pitié. Alors je pose finalement mon regard sur Bruce et je l'interroge soudainement sur le processus. J'ai passé presque tout mon temps à chercher des informations sur l'armée et les survivants, mais je ne sais toujours quasiement rien de ce virus terrible. Est-ce que quelqu'un sait seulement quelque chose ? Le fléau a clairement surpris les scientifiques plus que n'importe qui, sinon la situation n'aurait pas autant viré au cauchemar si brutalement. Seulement moi, je n'y connais pas grand chose en sciences. Ca me faisait juste marrer d'essayer un peu tous les mélanges possibles pour voir si l'on pouvait vraiment intoxiquer toute la classe de physique-chimie. Un peu comme dans les séries américaines débiles pour ado. N'empêche qu'une fois j'avais failli réussir. J'avais failli me faire virer aussi. Mais bon, c'est un détail.

Je remarque l'air un peu perdu du policier. Ma question le perturbe visiblement plus que ce que je pensais. Je le fixe d'un air intrigué, comme s'il allait me donner une réponse détaillée, mais finalement il secoue la tête comme pour chasser de mauvais souvenirs et plante son regard dans le mien pour m'annoncer la mauvaise nouvelle. Je baisse les yeux en culpabilisant un peu de lui avoir posé la question. Je suis trop con, il m'avait pourtant dit que la moitié de son équipe était morte. Je songe une demi-seconde à la perte de la mienne et mon coeur se serre. Je m'en veux de forcer Bruce à se rappeler ces instants. Néanmoins, il inspire et reprends la parole, alors je relève les yeux vers lui, à nouveau intrigué. Je l'écoute attentivement, mais dès que je comprends où il veut en venir, je reporte à nouveau mon regard sur l'extérieur. Merde ! Est-ce qu'il va devoir m'achever moi aussi ? Je sens l'angoisse me tordre l'estomac alors que je me demande à quel moment cette idée va lui venir à l'esprit. Je me sens encore en formet et pleinement conscient de moi-même. Mais combien de temps cela va durer encore ? Quels symptômes a t-il eu après la blessure ? Combien de temps a t-il mis avant de supplier Bruce de l'achever ? Là est toute la question. Combien de temps me reste t-il ? Plus je retourne la question dans ma tête, et plus j'ai l'impression que le temps me filer entre les doigts. Chaque seconde qui passe me rapproche de cet instant fatidique. A nouveau, je sens la panique m'opresser. Je dois me dépêcher de tout mettre en ordre. Est-ce que je vais avoir le temps ? Je ne vais pas pouvoir revoir mes parents. A moins que la transformation me laisse suffisamment de jours pour tracer jusqu'à San Francisco ? Encore cette histoire de temps. Je ne bouge pas et je ne dis rien, mais mon regard court sur la rue comme si j'allais pouvoir y trouver une quelconque réponse miraculeuse.

Et puis je le sens tapoter mon bras. Je reviens à moi et je pose un regard interrogateur sur lui pour savoir ce qu'il me veut. C'est là qu'il me sort à nouveau son regard perçant et sa voix tranquille en m'interrogeant. J'en ai marre qu'il me démasque aussi facilement à chaque fois. Je suis tellement sur le cul qu'il me sorte ça aussi soudainement que je reste un instant silencieux à le regarder d'un air perdu, comme un con, sans savoir quoi répondre. Mon coeur se serre parce qu'il sait que quelque chose ne tourne pas rond, mais je ne veux pas lui faire de la peine. Merde je vais lui dire quoi ? Que je vais probablement mourir dans quelques jours ? Peut-être même quelques heures ? J'en sais foutrement rien. Putin arrête de réfléchir Joshua et réponds un truc merde. Qu'est ce qui ne va pas ? "Mh ? Non rien. Je me demandais juste. Peut-être qu'il y a encore des gens à l'intérieur des zombies. Tu sais, comme une sorte de coma. Peut-être que si on trouve un remède ils pourront guérir ?" Allez hop, je change de sujet. Discrètement, habilement. Je hausse les épaules comme pour faire mine que je me désintéresse du sujet. "J'en sais rien." Au fond j'en doute. Quand je vois dans quel état sont certains, même s'ils reprennaient conscience d'eux-même, il n'est pas humain de survivre à certaines blessures. De toute évidence, c'est l'organisme tout entier qui mute, pas juste le cerveau qui est désorienté. Putin c'est une sacrée connerie de bactérie qu'ils nous ont sortit là ces sales cons d'abrutis en blouse blanche. Je sens le regard de Bruce sur moi et ça me met mal à l'aise. Avec un peu de chance, ce sale con va encore insister jusqu'à ce que je crache le morceau. Il sait toujours tout avant même que je ne l'avoue moi-même. Je sais pas comment il fait, ça doit être un pouvoir spécial de flic. Ou de papa.

Un vertige me prend à cette pensée. Aussi loin que je me souvienne, Bruce a toujours été là. Il m'a donné des repères comme un père, il m'a épaulé comme un meilleur ami, et il a partagé certaines de mes conneries comme un frère aussi. Bruce il est tout ça à la fois. Et ça me fait vraiment chier de le laisser derrière moi dans toute cette connerie. C'est vraiment trop injuste de la part de ce putin de destin. J'ai déjà les nerfs en pelote, mais là ça me fout vraiment la haine tellement je n'y crois pas. Maintenant je lui en veut presque d'avoir accepté de venir jouer les héros dans cette apocalypse de merde. Sans déconner à quoi il pensait en disant oui ? Qu'est ce qu'il voulait prouver encore ?! Et voilà, je m'énerve encore tout seul. Nerveusement, je sors une cigarette et j'en propose une à Bruce sans détacher mon regard de la fenêtre. Je m'obstine à l'ignorer parce que je ne veux pas rendre toute cette galère réelle. Pourtant, plus je m'enfonce dans le déni, plus j'ai l'impression que ma main brûle. En fait je crois que je brûle tout entier. Peut-être que j'ai déjà de la fièvre, si le virus est un putin de rapide ça aurait du sens. Je sens mon coeur battre plus rapidement que la normale. Putin je crois bien que je vais creuver, là, maintenant, tout de suite. Putin de merde Bruce, ça fait trois mois que je me balade en solo dans cette merde, et il fallait que tu surgisses maintenant ?! J'ai envie de lui crier dessus et de le fuir, parce que je ne veux pas qu'il soit là dans mes derniers moments. Ca rend les choses beaucoup plus difficiles. Trop difficiles. Je lutte désespérement contre ce mal intérieur qui me ronge sans s'inquiéter de ce que moi je veux.

Je tire une longue bouffée de fumée et je souffle en prenant un instant pour me vider la tête. Ca va un peu mieux avec ma dose de nicotine. Je me calme un peu, et je réfléchis à ce que viens de dire Bruce. C'est vrai que c'est fatiguant de faire semblant. Malgré tout, je ne veux pas lui faire subir ça directement. C'est vrai quoi, vous avez déjà vu un père capable d'achever son propre enfant ? S'il me demandait la même chose, j'en serais incapable. Et il a beau faire le dur devant moi, je sais qu'il penserait probablement la même chose au fond. "Qu'est ce que tu vas faire toi, si c'est l'apocalypse qui gagne ?" C'est vrai quoi, il a un fils quelque part dans ce foutu pays. Un vrai fils j'entends. Il s'inquiète probablement pour lui aussi. C'est un peu déprimant comme question, mais ça le force à montrer un projet. Je veux être sûr qu'il ne va pas se laisser mourir dans un immeuble crasseux comme lorsque je lui suis tombé dessus. "Tu vas trouver une nouvelle équipe faut pas t'en faire. Je suis sûr que tu finiras pas tomber sur un îlot de résistance quelque part aux alentours de cette ville. Il ne faut pas abandonner." Je lui parle comme si je n'allais pas venir avec lui sans même m'en rendre compte. Après tout, ce sont les dernières paroles d'un condamné. J'espère tellement qu'il ne perdra pas espoir et qu'il continuera de chercher, même tout seul. Ca me fait bien chier, c'est quand je manque de temps que j'ai le plus la rage de vivre, et que j'ai cette certitude profonde que quelque part, l'humanité résiste. Et si ça peut changer quelque chose, alors je voue mes derniers instants à prier pour que Bruce sans hésiter. Pour qu'il rejoingne cette résistance et reconstruise sa vie là-bas. Je souris doucement pour moi-même en repensant à un Noël en famille où il était venu. Ca m'apaise un peu d'imaginer sa tronche heureuse et tranquille. Peut-être qu'un jour il en connaîtra d'autres avec sa propre famille, des noëls heureux et sans soucis.

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Mer 18 Nov - 19:42


❝...A state of emergency has been declared❞
Josh & Bruce
Le souvenir de la perte de mon équipe me remue un peu. Je ne sais pas parler de ce que je ressens, surtout pas avec Josh, mais je sais qu’il comprend. Lui aussi il a perdu ses collègues, il sait ce que j’ai du traverser. Même si apparemment il n’a jamais vu personne se faire mordre sans se faire entièrement dévorer. J’essaie de toutes mes forces de ne pas repenser à la blessure immonde qui semblait infectée après déjà une heure. Pourtant l’espace d’un instant, je suis à nouveau plusieurs semaines plus tôt, près de mes deux derniers collègues. L’homme que j’ai vu se faire mordre devait prendre sa retraite l’année prochaine. Je revois la morsure sur son épaule, le sang qui semblait pourri, les tremblements du pauvre gars. Qu’est-ce que je pouvais faire d’autres ? Je culpabilise comme un con alors que je sais que j’ai fait ce qu’il y avait de mieux. Je ne comprends pas pourquoi Josh m’a demandé ça puisqu’il n’écoute même pas ma réponse. Quel relou. Je souffle un bon coup pour arrêter de me torturer l’esprit avec cette histoire et je lui demande ce qui ne va pas. Parce qu’il ne va pas me faire croire que tout va bien. Je veux bien être con mais il y a une limite. Et vu la tête qu’il tire après ma question, je crois que j’ai mis le doigt sur quelque chose. Il sait bien que je ne vais pas le lâcher, j’ai l’impression qu’il réfléchit à quoi me dire alors je croise les bras et j’attends. Je le fixe attentivement, prêt à lui éclater la tête dans la fenêtre si je capte le moindre petit mensonge.

Mais ce qu’il me dit me laisse sur le cul, je ne peux m’empêcher de hausser un sourcil sans le quitter des yeux. Guérir des zombies ? Je crois qu’on y a tous pensé, mais je ne vois pas trop comment ça pourrait être possible. Je laisse le gamin changer de sujet en croyant que je me fais avoir. Mais je ne veux pas le forcer à parler alors je fais comme si. Je souris vaguement, je crois que je pose un regard presque doux sur lui, protecteur. Il faut que je me calme là, c’est pas parce que c’est l’apocalypse qu’il faut que je devienne tendre. Mon dieu. Je détourne les yeux un instant, profitant du silence de Joshua pour reporter mon attention sur la rue. La pluie se calme un peu mais elle n’arrête pas de tomber. J’ai l’impression qu’on va finir noyés dans l’eau de pluie si ça continue. Et j’affiche une grimace quand le zombie qui déambule tout seul dans la rue tombe par terre. Il est vraiment con le pauvre. Dire qu’avant, il était probablement un type sympa, avec une famille, un job, un type normal quoi. « Je sais pas si on pourrait les guérir. » Un rire nerveux m’échappe, je me sens particulièrement nul de répondre que je ne sais pas à Josh. Je ne crois pas que ce soit la première fois, avec toutes les questions qu’il a pu me poser en grandissant, mais cette fois, vraiment, j’aurais aimé lui répondre. J’aurais aimé me foutre de sa gueule en lui disant que bien sûr ils vont guérir. J’aurais aimé lui dire qu’il est con d’avoir peur. Mais je ne peux pas, je n’y arrive pas. Je ne sais pas et je ne peux pas lui mentir comme ça. De toute façon je n’ai aucune notion de médecine, je n’ai aucune idée de comment on pourrait guérir un truc qui détruit l’esprit des hommes en continuant de faire fonctionner le corps. Je pose ma main dans son dos et je le frotte doucement pour essayer de le réconforter. Son t-shirt est encore mouillé et je ne peux pas m’empêcher de jouer encore le papa de remplacement. « Tu devrais te changer, tu vas crever de froid. »

Mais je ne le force pas à bouger, je le laisse dans sa contemplation de la rue. Il s’allume une cigarette et je soupire d’un air mécontent en le regardant faire. Je déteste le voir fumer autant qu’il déteste me voir boire. Pourtant j’attrape la clope qu’il me tend et je l’allume. Ce n’est pas parce que je ne veux pas le voir fumer que je ne fume pas moi-même. Hum. Mais moins que lui quand même. Je m’encrasse les poumons en silence, en attendant que Josh le brise. Je suis patient, j’ai déjà passé des nuits entières assis dans mon fauteuil à attendre que Joshua version ado en crise accepte de me raconter pourquoi il faisait la gueule ou pourquoi il s’était encore tiré de chez ses parents. Sans rien leur dire. Alors on a peut-être pris de l’âge tous les deux, mais maintenant je suis surentraîné. Je fume et finalement, le militaire rompt le silence. Enfin. Mais je suis surpris par sa question, j’hausse les épaules sans me tourner vers lui puisqu’il est décidé à m’ignorer. Il fuit mon regard le petit con. « Si l’apocalypse gagne ? Je serais probablement bouffé par une de ces sales bêtes mais sinon, j’imagine que je m’enfermerais dans une cave à vin… » Je ne réponds pas sur un ton sérieux tout simplement parce que je ne sais réellement pas ce que je ferais. Qui pourrait savoir ? Et puis si l’apocalypse gagne comme il dit, c’est que les hommes sont morts non ? Je lance un petit regard vers Josh quand il reprend la parole. Sa façon de parler ne me plait pas, mais alors pas du tout. Comment ça je vais retrouver une équipe ? « Et toi alors ? Tu vas faire quoi ? » J’essaie de rester calme, de garder un air détaché et pourtant je me sens mal. Vraiment. En trouvant Josh j’ai caressé l’espoir de ne plus être seul mais peut-être qu’il veut partir lui ? Je tire nerveusement sur ma cigarette. Ma voix a tremblé je crois, j’espère qu’il n’a pas entendu, qu’il était trop occupé à regarder par la fenêtre. Mais je pense qu’il me connaît assez pour savoir que je suis déstabilisé. Alors pour ne pas perdre pied, je fais l’adulte, j’essaie de m’accrocher comme je peux. J’attrape Joshua par les épaules pour qu’il se tourne vers moi, parce que je ne supporte plus de le voir regarder la rue. « Je te connais par cœur Josh, dis moi ce qui va pas au lieu d’essayer de changer de sujet. » J’ai parlé d’une voix moins douce, moins rassurante parce que la nervosité m’a gagné. Égoïstement, je ne veux pas qu’il parte, je veux qu’il reste avec moi. Peut-être que biologiquement il n’est pas réellement de ma famille, pourtant il est comme mon fils. Je ne supporterais pas de le savoir loin de moi dans cette galère. Surtout pas après l’avoir serré dans mes bras pendant qu’il pleurait sur mon épaule.


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Ven 20 Nov - 3:53
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Ma pseudo-question a l'air de le laisser dubitatif. D'un autre côté c'est un peu ridicule de l'interroger lui sur le sujet. Je suis presque convaincu que Bruce n'était pas plus fort que moi – sinon pire hinhin – en physique-chimie au lycée. Et puis on parle de toute façon d'une médecine si poussée que l'on ne comprendrais probablement même pas la réponse d'un vrai scientifique. Cette réflexion m'arrache un léger sourire sarcastique pour moi-même. Je lève à nouveau les yeux vers Bruce et il me lance un regard qui se veut probablement rassurant. Ca ne fait que me briser un peu plus le coeur. Je ne peux pas lui dire en face que je vais bientôt sombrer. Je ne sais pas comment m'y prendre, ça me semble tout bonnement impossible lorsque mes yeux noirs sont attachés aux siens. L'idée de me tailler en douce m'effleure doucement l'esprit, mais c'est un peu tard pour ça maintenant qu'il est bien réveillé. Je ne suis même pas sûr si je vais tenir la journée. Cette nouvelle pensée me tort l'estomac. J'ai peur putin.

Bruce émet finalement un doute sur la question et le petit rire qu'il échappe me fait relever un instant les yeux vers lui. Je sens qu'il n'est pas à l'aise. Je le suis encore moins. Cette conversation est bizarre, cette journée aussi, et cette épidémie encore plus. Je ne sais pas à quel moment on a autant merdé pour en arriver là. J'ai l'impression d'être en plein cauchemar. C'est si suréaliste que je suis presque convaincu que tout ceci n'est pas réel. Putin qu'est ce que j'aimerais me réveiller maintenant. Même si c'est avec un seau d'eau glacé dans la tronche de la part de mon instructeur de malheur. Je serais content de le voir pour tout vous dire. Je me contracte malgré moi au contact de la main de Bruce dans mon dos. C'est trop difficile, de le voir, de l'entendre, de le sentir, et de me dire que tout ça est bientôt fini. Alors je me referme sur moi et je l'évite au maximum puisque je ne peux pas m'enfuir tout à fait. Il s'inquiète presque comme une maman poule et j'ai l'impression qu'il  désintègre on coeur au passage. « Mh. » Je lui réponds de la plus évasive des façons parce que je ne suis de toute façon pas capable de prononcer le moindre mot à cet instant. Ce n'est pas d'avoir froid qui m'inquiète en cet instant. Je m'imagine à la place de ce zombie qui rampe seul sous la pluie, et je me demande ce qu'il peut bien ressentir. De la peine ? De la douleur ? De la tritesse ? De la peur ? Et si quelque part au fond un morceau d'humain subsistait ? Même un tout petit. Je n'ose pas imaginer combien il doit être douloureux d'être à la merci d'un tel virus. Non, sans aucun doute je préfère encore mourir un peu plus tôt plutôt que de prendre le risque de me transformer en une de ces choses.

Ma main va nerveusement chercher mon paquet de cigarette et je le tend à Bruce pour répondre à son regard réprobateur. Il prend une cigarette à son tour et je la lui allueme en silence avant de reporter à nouveau mon regard sur la rue. La pluie a l'air de se calmer doucement mais persiste encore un peu. Ca me ruine encore plus le moral. C'est un trop plein d'ondes négatives qui m'étouffe. Inévitablement, je m'inquiète pour Bruce. Je ne sais pas quoi faire de lui, et j'ai peur de ce qu'il va faire après. Alors sans vraiment m'en rendre compte, je l'interroge tout à coup, comme pour chercher à me rassurer. Bon, échec total. Sa réponse n'a rien de rassurante. Elle est même ultra pessimiste et je ne peux pas m'empêcher de me mordre nerveusement les lèvres. Je m'en veux tellement d'avoir été si con avec la gamine. Il aura suffit de quelques secondes d'inattention, je perds l'équilibre, j'essaye de me rattraper mais ma cheville est douloureuse. Alors je tombe. Et c'est le drame. La scène se rejoue dans mon esprit alors je me force à revenir à moi pour tenter de forcer Bruce à postitiver. Il ne doit pas perdre espoir. Il n'est pas le seul survivant. Il doit continuer de croire en son rêve de refuge. Soudain il me retourne nerveusement la question. Je suis con, j'aurais du m'y attendre. Mais ce qui me choque le plus, c'est le ton sur lequel il vient de parler. L'espace d'un instant, je me demande s'il a compris et je ferme instinctivement ma main pour camoufler la blessure. Je tire sur ma cigarette sans rien dire, le regard perdu dans une autre dimension. J'imagine cette vie que je n'aurais jamais. J'imagine ce moment où je retrouverais mes parents sur une plage australienne avec Bruce. Son fils serait là lui aussi, ce sale looser. Et puis il y aurait cette fille, au visage parfait et au sourire désarmant. On irait boire des cocktails le soir sur la plage en discutant des nouvelles des Etats-Unis. Sa voix serait comme le plus beau chant de sirènes, et je suis sûr que Bruce ferait exprès de chercher à me foutre la honte devant elle. Ca le fera bien chier quand on se mariera et qu'on aura pleins d'enfants. Pleins de mini-moi qui l'appelleront papy Bruce. Hinhinhin. On serait les plus heureux du monde, et rien ne pourrait venir perturber notre petite vie tranquille.

Je soupire et j'ai l'impression que ma main me fait un mal de chien avant de me rendre compte que je suis en train de m'enfoncer les ongles dans la paume de la main. Je suis vraiment trop con ! Cette vie là, elle ne sera pas pour moi. Jamais. Je ne sais même pas pourquoi je me torture l'esprit avec toutes ces belles petites visions. « Je sais pas... Attendre. » Peut-être. Sans doute. Au maximum du moins. Je ne veux pas dépasser la ligne rouge. Je ne veux pas perdre pleinement conscience. Et si jamais je m'en prenais à Bruce sans m'en rendre compte ?? Cette pensée me vient soudainement à l'esprit au moment où il m'attrape par les épaules. Surpris par son geste et affolé par ma pensée, je pose un regard apeuré sur le policier alors qu'il me force à parler. Il n'est vraiment pas con, mais il est vraiment déterminé. Je capte l'angoisse dans son regard et ça ne fait que m'inquiéter davantage aussi. Je comprends à son ton qu'il ne veut plus rigoler. Il ne veut plus tourner autour du pot. Il me force à lui faire face et ne me laisse aucune échappatoire. Mais moi je n'ai pas la force de le confronter, de lui dire comme ça, dans le blanc des yeux, que je vais sans doute mourir dans les prochaines heures. Alors je fronce les sourcils d'un air mécontent. Je ne vais pas me laisser faire. « Qu'est ce que tu fais ? » Je l'interroge sur un ton protestataire, comme pour répondre à son propre changement de comportement. Puisque la douceur ne marche pas, il essaye de me faire cracher le morceau par la force ? C'est ça son idée ?! J'essaye de me dégager mais il me force à rester face à lui malgré tout. Quoi il veut vraiment savoir ? A ce point ? Je plante un regard mécontent dans son regard pour lui montrer que je désapprouve, mais il ne déserre pas sa prise sur moi. Alors finalement je m'emporte. Tout comme lui, j'en ai assez de tourner autour du pot et de chercher des excuses plus nulles les unes que les autres. J'en ai assez de prétendre que ça va aller alors que ça ne va faire qu'empirer. Il veut savoir la vérité ? Et bien il va l'avoir. « Je me suis fait avoir ok ?! Voilà, t'es content ? » Je lui crie presque dessus parce que je lui en veut de m'avoir forcé à lui avouer. Maintenant qu'il sait, c'est devenu réel. « Cette sale gosse m'a contaminé quand je suis tombé dans la salle de bain ! » Je lui ouvre même ma paume sous le nez pour qu'il puisse constater par lui-même, et sans prendre le temps d'analyser sa réaction, je le pousse en profitant du choc pour qu'il me lâche enfin et que je puisse m'enfuir à l'autre bout du salon. Je laisse soudainement la colère m'envahir et je crois que ça m'aide à oublier un peu la peur. Quand j'arrive devant mon sac, je me baisse pour réccupérer mon fusil et j'hésite un court instant.  Pas longtemps, quelques secondes seulement. Je me redresse d'un bond avant de me laisser le temps de regretter, et je fonce vers Bruce pour lui coller le fusil dans les bras. « Tiens ! Comme ça tu es bien armé, et tu sauras quoi faire.. ! » Je crois que je ne me rend pas bien compte de ce que je suis en train de faire. C'est plus facile de m'énerver sur Bruce comme je l'ai déjà fait de nombreuses fois plutôt que de songer à accepter la mort, alors j'en fais mon souffre-douleur, sans aucun respect pour lui. Je m'en voudrais probablement plus tard. Mais puisqu'il n'y aura pas de plus tard pour moi, je me contente de suivre égoïstement ce que mon coeur qui bat trop vite me dicte. Alors je me défoule sur le policier, sans prévenir et sans compatir. Après tout je vais mourir, merde !

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