Ptin on patauge sévère dans ce quarier ! Heureusement que mes chaussures de soldat sont solidement attachées à mes pieds, parce que je m'enfonce dans la boue comme dans du sable mouvant. A chaque pas, je suis obligé de tirer pour m'en sortir, et ça fait un sale bruit de ventouse du genre "sploutch splutch" qui prévient tout individu à moins d'un km à la ronde que j'arrive. Je râle tout seul en veillant surtout à ne pas tomber, mais le principal c'est que les zombies aussi doivent avoir du mal à circuler sur un terrain pareil.

Je n'aurais pas aimé être dans le coin quand les inondations ont frappé le quartier. Un peu plus loin, j'entends une rivière qui ressemble plutôt à un torrent vu le débit de l'eau. J'ouvre de grands yeux en réalisant que le monstre aquatique traverse littéralement la ville, et qu'il a emporté quelques bouts de maisons avec lui au passage. Je n'avais jamais vu une catastrophe pareille à San Francisco. Peut-être que les dégâts ont été plus importants parce qu'aucun service d'ordre n'était là pour réguler la chose, mais la nature n'est clairement pas en faveur de l'humanité en ce moment.

D'ailleurs, les nuages ont décidé de me donner raison, parce qu'il se remet à pleuvoir. Je peste à voix haute parce que les rues ont de toute façon l'air déserte, et puis je me dirige vers une maison pour y trouver temporairement refuge - histoire de ne pas être trempé comme si j'étais tombé dans la rivière de la mort. Malheureusement pour moi, dans ma précipitation je glisse sur la boue et je me ramasse sur les fesses, trop occupé à lever mon arme bien haut pour la sauver du désastre. "Putin de merde !" Cette fois s'en est trop, je hurle ma colère contre le monde entier sans m'inquiéter des zombies du coin. Au moins je me sens un tout petit peu mieux, même si maintenant j'ai mal au coccyx.

La montée de la marais avait été plutôt prévisible.
Depuis que le robinet qui temporisait l'écoulement du Styx avait été saboté, les flots de carcasses ne cessaient de se répandre dans un coin du Nouveau Monde. Wenceslas, brave, avait mené son enquête, et soupçonné la Guilde du Triangle, et à raison si l'on en croyait le comportement étrange d'une propriétaire d'un T-shirt incitant clairement à la haine et au plus terrible des spiritismes : "The Dark Side of The Moon" de "Pink Floyd". Encore un coup de l'Ancienne Ruine pour ramener l'essence de l'humanité dans le Premier Chaos.

Enfin, le terrible fleuve des enfers avait emporté ce pion du diable bien loin de la vue du jeune héritier. C'était tant mieux, de cette façon il avait évité de mobiliser sa lance tordue des âmes de feu torturées. Autant éviter d'user cette arme qui avait trempé dans le pouvoir du Premier Chaos sur une créature aussi faible. Et puis "Pas de bras, pas de combat", comme disait l'Autre.

Beaucoup d'êtres boitillants à la pâle figure se trouvaient dans cette zone. Les résidents et vils autres personnages hantaient ces lieux sales et mouillés. Le porteur d'Espadon, qui n'était pas poissonnier, se reposait en cogitant à propos de tout cela. Devant la cheminée de la haute maison qui échappait aux dégâts des eaux, Wenceslas tentait d'allumer un feu. C'était aussi facile que de faire jaillir une ampoule de sa tête, comme dans les bandes dessinées. Cela prit tout de même une demi-heure, car la patience est la première de toutes les vertus, et Wenceslas était vertueux.

Il avait tout de même été nécessaire de mobiliser son âme torturée des lances de feu tordues. Par la même occasion, et puisqu'il en avait les matériaux, le héros tenta de créer un être alchimique, en consumant dans les flammes plusieurs paquets de bonbons trouvés sur place. Calmement, méthodiquement, il les mélangeait avec son torturé tordu du feu des lances des âmes. Il parvint à former une créature gluante, mais bien évidemment il manquait un cœur de sirène pour lui donner vie.

C'est alors qu'un cri perçant s'empara de l'attention du protagoniste. Rapide comme un clerc, il mit deux-cent-cinquante ans à réagir pour ouvrir la porte qui menait sur l'extérieur.

Dehors un grognon étalé dans les marais était en train d'émettre une proposition visant à créer un être alchimique à partir d'une autre matière. Wenceslas n'avait jamais pensé à cette idée.

Méfiant, il se disait que cet étranger allait devoir avoir une bonne raison de se trouver là. Sinon, il tâterait de l'art de combat de Wenceslas, et de son tordu de feu des lances de l'âme torturée.

Il chercha dans sa mémoire le carton qui contenait des PTF, des "Phrases Toutes Faites". Il trouva Shakespeare et manqua de lui rentrer dedans. S'emparant d'un de ses traits d'esprit, Wenceslas prit une grosse voix, qui était en DLC avec les paroles de l'amuseur public anglais.

Et il grinça, lentement, avec la puissance d'une vieille armoire de bibliothèque:

"Did you came here to meet your trouble ?"

Bon Dieu, quelle crasse.

J'ai relativisé un peu trop vite, parce que je ne suis même pas relevé qu'une porte s'ouvre un peu plus loin et qu'un gus sauvage se précipite vers moi. Il a de la chance lui, il maitrise la marche dans la boue glissante. Bon, se ramasser la tronche par terre, ça arrive à tout le monde, même aux meilleurs, alors je garde un semblant de dignité malgré tout.

Et puis comme il m'interroge avec une drôle de voix et un air un peu fou - sinon bizarre - j'hésite un instant. Je ne sais pas trop si je devrais le flinguer desuite avant qu'il ne se jette sur moi en poussant un cri étrange, ou si sa question est un pur acte de prévention. Je ne saisis pas la raison d'une telle agression verbale alors que j'ai encore les fesses dans la boue et le fusil en l'air, mais je suppose que tous les survivants n'ont pas eu la vie facile ces derniers mois. Alors je lui pardonne ce manque évident de politesse, et je réponds simplement en haussant les épaules. "Ben...non ?" Je n'ai rien demandé à personne moi ! Je suis seulement victime du complot entre ce sol instable et la gravité terrestre qui m'ont tout deux projeté sur le sol imbibé d'eau. Je déteste cet endroit, je déteste cette ville toute entière, et il ne m'en faudrait pas beaucoup pour détester ses habitants aussi.

Pourtant je suis une bonne personne. Alors quand je me redresse en grognant un peu parce que cette apparition inattendue ne m'a pas rendu ma bonne humeur pour autant, je décide de ne pas agresser le nouveau venu à mon tour. Je tente de me débarasser de la boue sur mon pantalon, mais l'opération n'est pas un franc succès. A mon retour, Bruce va capter direct que je me suis cassé la gueule, et je soupire en entendant d'avance son rire gras et stupide. "C'est bon pour la peau, non ?" Je questionne soudainement l'inconnu en lui montrant ma tenue pourrie par la boue. On se console comme on peut, hein.

Et puis merde. En bon soldat de l'Amérique que je suis, je bombe le torse comme si de rien n'était, et je décide d'oublier un instant que le sort semble s'acharner contre moi. "Comment ça va citoyen ? Vous avez besoin d'aide ?" Je vais tenter d'ignorer la position inconfortable dans laquelle il vient de me trouver, et faire mine que je suis le militaire le plus cool de la ville. C'était sans compter sur ce fameux sort qui s'acharne bel et bien sur moi. Putin je suis maudit je vous dis ! Je n'ai pas fait plus de trois pas qu'un bruit terrible retentit dans mon dos. Le barrage de ruines qui retenait la rivière-torrent à bonne distance de nous vient tout juste de céder. Je sursaute, je me retourne, et j'ai à peine le temps de constater les dégâts et de pousser un petit cri que l'eau se précipite déjà sur moi.

Un peu plus loin, il y a une pente. Je me précipite aussitôt vers cet endroit salvateur, suffisamment élevé pour nous offrir protection. Mal m'en a pris. Dans ma précipitation, j'oublie cette histoire de complot divin, et je ne prends pas garde à cette poisse qui me guette à tous les instants. Je ne me méfie pas, et comme je cours en osant regarder un instant derrière moi, je ne remarque pas le grand trou qui apparait soudainement sur ma route et dans lequel je vais me fracasser la tronche. Le choc est violent parce que je ne m'y attends pas, et quand je réalise où je suis, je hurle en remarquant que je suis entouré de cadavres. Mon coeur rate un battement ou deux sur le coup, avant que je ne remarque que les cadavres sont bel et bien morts. Un brave monsieur a creusé une fosse commune pour enterrer ces gens ensemble, et moi j'ai été assez con pour tomber dedans. Comble de la poisse, la terre est beaucoup trop glissante pour sortir de là, et il a fallu que ce brave monsieur décide de creuser un tombeau et pas une simple tombe assez peu profonde pour laisser sortir les vivants. Voilà, ça y est, je hais aussi les habitants de cette ville. Trop c'est trop, et j'en oublie ma brève connaissance de l'instant précédent pour sortir une liste relativement riche de toutes les insultes que je connais. "Putin mais c'est pas vrai enculé [...] y'en a marre de tout ces fils de pute de sac à merde [...] on va tous les niquer à la bombe H ces sales batards [...] merde putin fais chier crotte chiotte flûte." Je crois que j'arrive à bout, et maintenant que la colère est passée, il est temps de trouver un moyen de sortir d'ici. "Ehoh ? Y'a quelqu'un ??"

Le membre 'Joshua Atherton' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Dé du Destin' :