Heaven avait quitté l’appartement la semaine précédente dans le bu]t de trouver de quoi survivre pour les gens de l’immeuble de Grand Avenue. Le jeune homme avait décidé de partir seul, convaincu qu’il serait de retour rapidement et que Dylan, le vieil Ari ou Harmony le ralentiraient plus qu’autre chose si l’un d’eux l’accompagnait. Dylan était une véritable catastrophe sur pattes qui risquait sa vie à chaque pas, il était hors de question qu’elle sorte. Le vieil Ari, lui, était un grincheux de première classe et Heaven ne souhaitait pour rien au monde partir à l’aventure dans les rues d’Oakland en sa compagnie. « Plutôt crever » C’est ce qu’il avait instantanément répondu à Dylan lorsqu’elle l’avait doucement suggéré. Sans mentionner Harmony... Très mignonne, oui, mais également très chiante car en pleine « crise d’adolescence ». D’ailleurs, elle détestait cette combinaison de mots « crise d’adolescence ». Bref, il n’avait certainement pas besoin de qui que ce soit pour l’accompagner. La décision avait été prise très rapidement : il irait seul, reviendrait vite. Pourtant, les choses ne s’étaient pas passées comme il l’avait prévu.

Le centre commercial où le jeune homme avait décidé d’effectuer son ravitaillement était à une quinzaine de minutes à pied de son appartement. Malheureusement, un certain nombre de morts vivants semblaient en garder l’entrée, dissuadant fortement le jeune homme. Heaven avait donc continué son chemin jusqu’au lac Merritt près duquel il avait trouvé une épicerie de quartier dans laquelle il avait pu gracieusement remplir son sac. Satisfait, c’est au coucher du soleil du premier jour de son escapade que le beau brun avait décidé de rentrer à la maison. Il avait même pensé à piquer deux paquets de marshmallows pour satisfaire la gourmandise de Dylan (et la sienne, par la même occasion). Bien qu’il ne craigne pas se promener seul dans les rues d’Oakland, Heaven n’était tout de même pas pleinement rassuré et avait drôlement hâte de retrouver son appartement. Pas de chance, le destin en avait décidé autrement … Des putains de zombies, encore. Probablement une bonne quinzaine, d’ailleurs. Une horde… Pensant d’abord à se réfugier dans une voiture à quelques pas, Heaven abandonna très vite cette idée, bien trop risquée. Le jeune homme s’engouffra donc dans un magasin de la rue où il se trouvait. C’était sans compter trouver d’autres zombies à l’intérieur. Avec son arme, le jeune homme en tua quelques-uns avant de s’enfermer lamentablement dans ce qui semblait être l’arrière-boutique pour sauver son petit cul. Il lui fallait se rendre à l’évidence : il lui était impossible, à lui seul, de venir à bout de tous ces mordeurs assoiffés de chair humaine. Dans un soupir, le jeune homme se laissa glisser le long du mur, regrettant presque d’avoir refusé d’avoir de la compagnie durant son expédition. Il fallut deux jours pour que les grognements cessent, convainquant Heaven à sortir de sa cachette, non sans une certaine appréhension. Quelques zombies erraient encore dans le magasin et dehors, mais le reste du groupe semblait avoir disparu. Après avoir abrégé les souffrances des quelques revenants qui hantaient les lieux, Heaven se remit en route. Le vieux allait gueuler, s’il ne rentrait pas tout de suite. Et puis, Dylan était du genre à s’inquiéter facilement… Heaven grimaça à l’idée de la faire pleurer encore une fois et pressa le pas.

Mais le sort semblait s’acharner sur le garçon. La nuit commençait à tomber et il avait la certitude que les rues n’étaient pas sûres après le coucher du soleil. Ainsi, lorsqu’il aperçut un groupe d’humains au détour d’une rue, le jeune homme préféra se hisser sur un balcon afin d’y passer la nuit. Le lendemain matin, c’est courbaturé et endolori qu’Heaven ouvrit les yeux. Le soleil était levé depuis quelques heures lorsqu’il s’étira avant de péniblement se lever et de reprendre la route. Alors qu’il était presque arrivé, le jeune homme fut désagréablement surpris par un zombie, un seul. Surgit de nulle part, celui-ci, étrangement vif pour un revenant, lui avait bondi dessus sans crier gare. Alors qu’il chutait au sol avec le zombie, Heaven chercha à se débattre de toutes ses forces. Surtout, ne pas laisser cet affreux bonhomme planter ses quelques dents restantes dans sa chair. Surtout pas. Heaven, tandis qu’il se débattait, cherchait à saisir son pistolet dans sa poche. S’il avait pu survivre à quinze zombies, ce n’était certainement pas un seul de ces individus qui viendrait à bout de lui. Et pourtant … Deux coups de feu retentirent dans la rue. Dans un hurlement, Heaven plaça instinctivement sa main contre sa hanche. L’un des tirs l’avait touché. Merde. Le zombie, lui, retomba lourdement sur le sol. D’un geste brusque, Heaven balança son pied dans la figure du revenant et observa rapidement autour de lui, à la recherche de la personne qui lui avait sauvé la vie. Personne… Tant mieux, ça lui épargnerait les remerciements d’usage. D’autant plus que maintenant, il pissait le sang.

D’un geste rapide, Heaven retira sa veste en cuir et son t-shirt avant de le déchirer d’un coup sec. La balle était probablement toujours à l’intérieur… Doucement, le jeune homme noua ce qu’il restait de son tee-shirt autour de la plaie et se remis douloureusement en route.

Son appart. Dylan. ENFIN. Heaven, tout en montant lentement les marches menant à son appartement, s’appuyait sur la rambarde métallique. Franchir les barricades ne fut pas de tout repos, ni très discret d’ailleurs. Harmony fut la première à ouvrir la porte et à crier « Ari, Heaven est revenu ! Il va bien ! » à l’attention du vieux. D’un geste automatique, Heaven remonta la fermeture éclair de sa veste en cuir afin de dissimuler sa blessure. Au même moment, la voix de l’ancien militaire s’éleva dans l’appartement. « Merde, il est coriace le con ! ». Un mince sourire étira les lèvres d’Heaven. Ils étaient insupportables, surtout papy, mais Heaven était bien content de les retrouver. « Mais qu’est-ce qu’il t’es arrivé ? Tu vas bien ? ». Harmony semblait inquiète. Heaven, qui n’avait pas la notion du temps, ne savait pas trop combien de temps il s’était absenté. Trop longtemps, c’est sûr. Mais ce n’était pas le moment de discuter. « Plus tard, Harmony. ». Sans attendre de réponse de l’adolescente, Heaven lui tourna le dos et entra dans son appartement.

Dylan, malgré sa maladresse, lui avait manqué. Le jeune homme s’était attaché à elle, ceci bien qu’il prétende le contraire. Elle, qui se faufilait chaque nuit près de lui depuis leur première nuit apocalyptique, qui avait deux mains gauches et un grand cœur. Il avait hâte de la voir. De l’emmerder, aussi. D’un coup d’épaule, Heaven se débarrassa de son sac à dos tandis que Tipp-Ex se ruait contre ses jambes pour s’y frotter. De son bras droit, le jeune homme pris appui sur le meuble d’entrée pour ne pas défaillir. Il fallait qu’il s’occupe de cette balle. Dylan pourrait l’aider à la retirer …

« Dylaaan ? »

Heaven s’avança dans l’appartement, surpris de ne pas voir la jeune femme dans les environs. C’est en arrivant à la hauteur de la cuisine qu’il se rendit compte de la présence de la rouquine. Fronçant les sourcils, le jeune homme brisa le silence, d’une voix calme et froide.

« J’ai absolument aucune idée de ce que tu fous chez moi, mais tu ferais bien de te barrer très vite. »

[HRP : Désolée du retard, je suis pas passée chez ma mère avant ce soir et j'avais pas envie de tout récrire. Dès maintenant, je mets mes textes sur mon Google drive èé]

Heaven observait la rouquine, fronçant les sourcils. Dans d’autres circonstances, il l’aurait très certainement abordée d’une toute autre manière. Bien foutue, des yeux bleus azur … Autant dire qu’il n’aurait probablement pas hésité une seule seconde avant de sortir le grand jeu. Mais rien n’était plus comme avant et, bien qu’il ait toujours eu un faible pour les filles à la chevelure flamboyante, Heaven était hors de lui. C’était une intruse, une inconnue. Dans son appartement. La dernière chose qu’il souhaitait, c’était que cette fille reste dans les parages. Il n’attendait d’ailleurs pas qu’elle lui réponde quoi que ce soit. Tout ce qu’il voulait, c’était qu’elle parte. Et vite.

« Hm toi c’est Heaven, c’est ça ? Moi c’est Juliet. J'aide Dylan pour te retrouver. Mais c’est cool, t’es vivant, t'es vivant à ce que je vois...! Elle va être... »

Sans laisser le temps à Juliet de poursuivre – ou à Heaven d’exprimer sa colère -, des bruits de pas martelant le sol annoncèrent l’arrivée de Dylan qui, sans laisser le temps au jeune homme de réagir, se jeta à son cou en manquant de lui faire perdre le peu d’équilibre qu’il lui restait. Un faible grognement échappa des lèvres du garçon lorsque la jeune femme s’appuya contre lui, effleurant sa plaie. Oubliant la présence de la rouquine, Heaven se laissa aller et entoura les fines épaules de Dylan des siennes, la serrant doucement dans ses bras et ferma les yeux quelques secondes. Elle sentait bon. Le reniflement bruyant de Dylan arracha un sourire au jeune homme, qui était également étonné qu’elle ne se soit pas cassé la figure en débarquant comme une fusée.

« Je suis contente que tu sois revenu... »

D’un geste de main, Heaven ébouriffa les cheveux blonds de Dylan. Moi aussi, je suis content. J’suis là maintenant, j’te laisserai pas. Putain, tu m’as tellement manqué, abrutie. J’ai eu la trouille de ma vie. J’pensais jamais vous revoir, même le vieux. Jamais te revoir. Crever tout seul. Devenir un zombie. Putain, Dylan, pleure pas… Heaven, bien trop fier, ne prononça pas ces mots-là. Il ne s’était jamais senti si vulnérable et ne souhaitait rien laisser paraître. Au lieu de ça, le jeune homme relâcha son étreinte et plongea son regard dans celui de Dylan.

« J’te l’avais dit, pas vrai ? »

D’un geste maladroit, Heaven s’appuya contre le premier meuble à sa hauteur. Il avait l’impression que sa tête était sur le point d’exploser et sa vue semblait parfois trouble. La chaleur du sang contre son corps semblait s’intensifier. Heaven était couvert de sang de la tête aux pieds. Lorsqu’il baissa les yeux, il remarqua que son propre sang coulait sur son jean. Merde.

En relevant les yeux, le jeune homme croisa le regard clair de la rouquine, qui restait plantée là. La mâchoire d’Heaven se crispa.

« T’es sourde ou quoi ? Je t’ai demandé de te barrer. »

De sa main droite, Heaven ouvrit sa veste en cuir, dévoilant son torse maculé de sang. Le morceau de tee-shirt blanc qu’il avait utilisé pour bander sa plaie était maintenant rouge sang. Il fallait qu’il s’occupe de ce truc où il pourrait y rester.

Tandis qu’Heaven risquait douloureusement quelques pas en avant, la rouquine dont il avait déjà oublié le nom se dressa face à lui, plongeant son regard clair au fond du sien, le défiant sans aucune hésitation. Le jeune homme se stoppa net dans son avancée, serrant le poing. C’était vraiment pas le moment de l’emmerder.

« Non.  Non, je ne partirai pas d’ici sous prétexte qu’un grand bonhomme comme toi me l’ordonne. Tu déboules seulement, laisse-moi au moins t’expliquer ma présence ici avant de monter au quart de tour, mon grand ! »

« Je crois que t’as du mal à saisir. Ici, c’est chez moi. C’est MON appart. Alors le grand bonhomme, comme tu dis, a absolument aucun scrupules à t’ordonner de virer ton petit cul d’emmerdeuse. J’en ai rien à foutre de tes explications, je veux pas de toi ici, alors dégage. »

Le regard perçant du jeune homme, toujours rivé sur celui de la jeune femme, refletait son degré d’agacement. Le ton de sa voix, quant à lui, était glacant. Heaven n’avait d’ailleurs pas hésité à hausser le ton, sans pour autant crier. Pour l’instant … A vrai dire, il n’avait pas réellement la force de hurler. Une chance, pour Juliet, car les accès de colères d’Heaven étaient généralement difficiles à vivre en raison de son impulsivité et son manque de contrôle. Doucement, Heaven prit une grande inspiration afin de contenir son énervement. Même respirer était devenu douloureux. Alors qu’il était sur le point de balancer une nouvelle remarque cinglante à la rouquine, Dylan laissa échapper un cri d’effroi.

« Non mais t'es blessé ?! »

Sans blague… Le cri aigu semblait raisonner au creux de son horeille. Du Dylan tout craché… elle était paniquée. Avant même qu’Heaven ait pu dire quoi que ce soit, son amie s’était précipitée sur lui et, d’un geste délicat, avait soulevé sa veste afin d’inspecter sa blessure de plus près. Le visage du jeune homme se crispa de douleur tandis que les petites mains de Dylan parcouraient son torse, lui arrachant des frissons.

« Respire, Dylan, je suis pas encore mort. »

Doucement, la blonde retira le tissu noué autour des hanches d’Heaven. Rapidement, le jeune baissa les yeux afin de constater l’étendue des dégats. La plaie n’était pas très large mais il avait perdu pas mal de sang. Qui plus est, la couleur et la texture de sa blessure ne le rassuraient pas … Les sourcils froncés, il releva la tête en direction de Dylan qui, elle, semblait totalement hors de contrôle.

« Tu t'es fait ça comment ?! »

Bonne question.

« Je sais pas trop. Quelqu’un m’a tiré dessus. Enfin… Quelqu’un a tiré sur l’aberration qui voulait m’bouffer . »

Heaven marqua une pause, grogna tandis qu’il retirait totalement sa veste qui le dérangeait, et reprit.

« Dommages colatéraux. »

« Qu'est-ce qu'on fait ?! »

Le regard de la jeune femme allait d’Heaven à Juliet, de Juliet à Heaven. Elle semblait totalement dépassée par les événements… Heaven ne lui laissa pas le temps de continuer et lui pris le bras.

« Y’a pas de « on ». Elle, elle s’en va. Elle me touche pas. Et toi, tu t’occupes de ça. »

Les doigts du jeune homme entouraient le mince poignet de Dylan sans aucune difficulté. Serrant un peu plus fort, Heaven s’accrochait à la jeune fille. Ses forces semblaient peu à peu le lâcher et il avait l’étrange impression que le sol se dérobait sous ses pieds.

Heaven sentit une goutte de sueur perler sur le haut de son front, puis glisser le long de sa tempe. Déglutissant avec peine, le jeune homme cligna des yeux plusieurs fois, espérant sincèrement que le visage de Dylan lui semblerait plus clair après ça… Raté. Sa main enserrait toujours fermement le poignet de la jeune femme, sans quoi il avait peur de s’écrouler. Elle devait l’aider.

Je peux pas crever, pas comme ça, pas maintenant... Pathétique.

« Non mais tu t’es vu, sérieusement ? T’es même plus capable de faire un pas de plus dans ton état ! »

« Merci, j’avais pas remarqué, tiens ! »

« Tu pisses le sang, laisse-moi t’aider. Dylan, à nous deux on peut bien soigner Monsieur Grande Gueule, non ? »

« J’AI DIT NON ! »

Heaven bouillonnait de colère, ce qui n’arrangeait franchement pas son état. Tous ses sens semblaient hors de contrôle. Il avait l’étrange sensation de sentir une odeur nauséabonde en permanence et d’avoir du fer dans la bouche, sa vue se troublait, ses membres tremblaient. Il fallait qu’il se calme, et vite.

« Assied-toi si tu ne veux pas voir le carrelage de près ! »

Juliet venait de tirer l’une des chaises de la cuisine, l’invitant, sans plus de politesses, à poser son cul dessus.

« Crève.  »

Dylan, de ses doigts fins, desserra délicatement les doigts d’Heaven de son poignet. Le jeune homme réalisa alors que ses doigts avaient laissé une marque rouge sur le bras de son amie. Merde. La dernière chose qu’il souhaitait, c’était lui faire mal… La jeune femme plongea son regard dans le sien avant de prendre la parole.

« ... Tu sais très bien que je ne peux pas faire ça toute seule. Et tu sais aussi très bien qu'on ne peut pas affliger ça à Harmony et que Ari, vu l'heure, doit être parti en ravitaillement. Il n'y a que toi, moi et Juliet. »

Heaven plissa les lèvres, s’apprêtant à répondre lorsque Dylan continua.

« Pour le moment on s'occupe de toi, après on discutera d'elle... »

Elle avait probablement raison, mais il était bien loin de vouloir changer d’avis. De toute manière, il y avait très peu de chances que la balle n’ait pas touché d’organes vitaux. Même s’il laissait Juliet jeter un œil, ça ne le sortirait pas forcément d’affaire. Ari, en tant qu’ancien militaire, aurait peut-être eu une solution, mais Heaven rechignait tout autant à ce que le papi s’occupe de lui.

« Okay, on va te transporter sur le canapé et il faut que tu nous en dises plus... est-ce que la balle est ressortie ?" »

Dylan aida Heaven à se déplacer lentement jusqu’au canapé sur lequel il se laissa lourdement tomber dans un grognement rauque. La balle était logée dans sa hanche, il en était sûr. Doucement, le jeune homme posa ses doigts autour de sa blessure tout en se redressant péniblement.

« La balle est à l’intérieur. J’aimerai que tu la sortes de là, maintenant. S’il te plaît. »

L’aimabilité n’étant pas son fort, la demande d’Heaven n’était pas des plus délicates, même s’il essayait d’être … Comment déjà ? Sympa, c’est ça.

«  Et... Est-ce que... Est-ce que la balle a d'abord traverser un de ces trucs ? »

Heaven ne put dissimuler sa surprise lorsque Dylan formula sa question. Il n’avait même pas pensé à cette éventualité. S’il s’avérait que la balle avait bel et bien traversé un revenant avant de l’atteindre, il était condamné. Ils ne savaient pas grand chose de ce virus. La manière dont il se transmettait, pourquoi … A cet instant, il aurait aimé en savoir un peu plus. Il n’aurait jamais du revenir, pas s’il y avait un risque qu’il finisse par dévorer Dylan, Harmony et même Ari…

« Je … J’en sais rien. Il a été touché aussi mais … Y’a eu deux coups de feu. »

Allez, réflechis Heaven… D’un geste de main, le jeune homme se frotta la tempe, essayant de se souvenir des détails… Impossible.

« Putain … J’en sais rien. »

Ils ne sauraient jamais.

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'Dé de Réussite' : 9

« S’il y a un risque que tu nous bouffes, moi je propose d’abréger rapidement tes souffrances... »

Elle pouvait pas la fermer celle-là ? Inspirant un grand coup, Heaven retint une remarque cinglante et servit son regard le plus sombre à la rouquine, content de remarquer que Dylan en faisait de même.

Tandis que Dylan tournait les talons en quatrième vitesse afin d’aller chercher tout ce que Juliet lui avait suggéré pour nettoyer la blessure, Juliet s’éloigna à son tour et revint avec un chiffon qu’elle balança sans plus de cérémonie à la figure du jeune homme.

« Tiens, un peu de frais peut pas te faire de mal. »

La contact du tissu frais et mouillé sur son front brûlant lui faisait un bien fou. En revanche, les manières de Juliet l’énervaient au plus haut point. Heaven, serrant les dents, s’adressa une fois encore sèchement à Juliet. Elle s’attendait quoi, à un merci ? Ca non, jamais. Heaven avait envie de lui hurler d’arrêter de lui faire chier, mais il n’en avait pas la force. D’un geste de main, il retira la serviette à présent toute aussi brûlante que son front et passa sa main dans ses cheveux. Il avait l’horrible impression qu’il ne tarderait pas à tourner de l’œil, tant sa blessure le tiraillait. L’espace d’un instant, il se demanda s’il allait mourir. Sans lui laisser le temps de poursuivre sa pensée, Juliet s’agenouilla auprès de lui et s’approcha de lui. Bien trop près, d’ailleurs. Heaven, qui n’y voyait déjà plus très clair, cligna péniblement des yeux et fronça les sourcils.



« Écoute-moi bien mon vieux. Je sais parfaitement qu’ici c’est chez toi, mais je te rappelle que j’ai aidé ta gentille copine à te retrouver. Elle était inquiète et morte de trouille, et toi tu rentres à l’improviste sur le point de crever. Je vois bien qu’elle tient à toi. Tu veux pas crever, et crois-moi j’ai pas envie que tu claques non plus mais c’est pas pour ta belle gueule, c’est pour Dylan que j’essaie de te sauver. Alors tu as deux choix : soit tu la fermes et tu te laisses faire, soit je t’abandonne et tu peux être sûr de crever. Réfléchis bien, tu voudrais pas briser le cœur de ta pauvre Dylan tout de même ? »

Heaven soupira et défia Juliet du regard, plongeant son regard azur au fond du sien. Manipulatrice, en plus de tout le reste. Décidément, il la détestait. Le jeune homme plaça sa main à l’arrière du crâne de la rouquine, crispant ses doigts dans ses cheveux. Si elle voulait la guerre, elle l’aurait. Autant dire que le jeune homme était doué à ce jeu là.

« Va te faire foutre, ma pauvre. Barre-toi seulement si mon attitude te plaît pas, j’en crèverai certainement pas. Et Dylan non plus, crois-moi. On a pas besoin de toi, ni elle, ni moi. Je vais m’en sortir et je t’assure que si tu continues à me faire chier ou que tu te mets en travers de mon chemin, j’hésiterai pas une seconde à te trouer la tête pour te faire fermer ta grande gueule. »

D’un coup de main, Heaven repoussa Juliet pour l’éloigner de son visage tandis que Dylan revenait avec la panoplie de produits de soins et… le Glock 27. Heaven n’en revenait pas. Le jeune homme aurait très certainement fait la même chose, mais il trouvait cela étonnant de la part de Dylan… Il remarqua aisément que la blonde n’était pas à l’aise et qu’elle évitait soigneusement de le regarder. Un sourire presque moqueur étira ses lèvres avant qu’il ne commente cela.

« Vise entre les deux yeux si j’essaie de t’bouffer. »

Dylan commença alors à parler d’un livre qu’elle avait lu à la bibliothèque, assurant qu’elle pensait savoir comment faire. Heaven n’avait pas vraiment d’autre choix que de lui faire confiance. Au moins, Juliet ne le toucherait pas.

Lorsque les doigts froids de Dylan entrèrent en contact avec sa peau, Heaven sentit ses muscles se crisper. Le simple fait qu’elle effleure les bords de sa blessure lui faisait un mal de chien. Le jeune homme commença par serrer les dents et plisser les yeux, respirant de plus en plus fort. Les poings serrés, il regarda les doigts de Dylan s’enfoncer de plus en plus profondément sous sa chair. Il avait l’effroyable impression d’être brûlé au fer rouge de l’intérieur.

Un cri de douleur lui échappa. Il avait l'impression que chaque seconde durait une éternité, que Dylan ne trouverai jamais. Sa chair était comme gratée de l'intérieur, la douleur était insoutenable. Tout à coup, le décor de l’appartement sembla tourner autour d’Heaven, qui sentit son cœur cogner rapidement contre sa poitrine tandis qu’il avait l’impression de devenir momentanément sourd. Merde. Il ne fallait pas qu'il perde connaissance, surtout pas ...

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'Dé de Réussite' : 6

Heaven inspira profondément. S'il tombait dans les pommes, ce ne serait pas bon. Pas bon du tout. Le jeune homme tentait de s'accrocher à l'image de Dylan, tentant de discerner ses traits clairement. Lorsque la jeune femme ressortit la balle de sa hanche, Heaven se sentit soulagé. Un instant, il eut l'impression de se sentir mieux, d'y voir plus clair, de respirer plus calmement... Mais la douleur était toujours présente. Atroce, même. D'un geste de main, le jeune homme saisit la main pleine de sang de Dylan, murmurant un lamentable « Merci... » avant de prendre une nouvelle inspiration. C'était peine perdue.

Heaven perdit connaissance, s'écroulant sur le canapé.