J’ai réussi à me procurer quelques paquets de cigarettes, pour la plupart, volés dans les sacs de mes clients. J’ai aussi trouvé de l’argent dans leurs affaires alors, forcément, je me suis servie. Quand on n’a plus rien à perdre, on fait des conneries, comme moi. Je glisse une cigarette entre mes lèvres alors que je regarde aux alentours les quelques zombies qui traînassent. D’ailleurs, il y en a un qui se cogne contre un arbre. Quel abruti… En même temps, on ne demande pas aux zombies d’être intelligents. On leur demande juste d’être des cibles mouvantes et qui errent sans but. Un avantage non négligeable avec ces saloperies : ils sont lents. On peut donc aisément se faufiler loin d’eux en marchant rapidement. Il faut quand même se méfier des gamins, ils sont plus rapides et plus mordants que les vieux. Bref. Je jette mon mégot dans un vieux pot de pâte à tartiner vide et rempli d’eau, avant d’enfiler ma veste noire. Je remonte la capuche ainsi que la fermeture éclair, avant de caler mon sac en bandoulière. Je vais aller fouiner un peu pour trouver de quoi manger. Mes réserves ont pas mal diminué, il faut que je refasse le plein. Je descends de ma cabane dans l’arbre avec le plus de discrétion possible mais tombe lourdement au sol. « Putain… » Bon, finalement, pour la discrétion on repassera n’est-ce pas. Le but est de semer les abrutis de consanguins morts et pourris. Ils ont l’air fasciné par un pauvre cerf mourant. Tant mieux, qu’ils s’éclatent, comme ça je passe inaperçue. Je quitte mon bois-maison et m’engage sur la grand-route. Comme d’habitude, tout est calme. J’ai repéré un peu plus loin, un truc brillant sur le bitume. Par je ne sais quel miracle, il s’agit d’un cutter. Parfait ! Je le fourre dans mon sac et continue ma route, me permettant même quelques fantaisies en sautant dans les petites flaques d’eau sur mon chemin. Ce n’est pas sérieux mais de toute façon, dans ce monde, ça ne sert à pas grand-chose d’être sérieux. Hier encore, j’ai mis un caleçon sur la tête d’un des contaminés errants. C’était une bonne pinata ! Je ne mets pas longtemps à arriver aux portes de la ville. Et encore une fois, je me rends compte avec plaisir que les rues sont presque désertes. Le seul hic qui se pointe à présent c’est les zombies devant le supermarché. Je n’ai qu’un cutter pour me défendre, autant dire que ce n’est pas gagné…

J’ai seulement deux options : combattre ou fuir. Seulement, je ne suis pas sûre de pouvoir tenir bien longtemps, tant la faim me tord les entrailles. Je ne suis pas bien épaisse déjà, alors si je ne mange pas, je vais crever et probablement me transformer en l’une de ces saloperies de mort-vivants. Je ne veux pas devenir comme eux, errant sans but. Je vaux mieux que ça. *Aller ma fille, il serait temps de te décider* Seulement, un bruit de bataille me fait sursauter et je me retourne précipitamment, avec mon pauvre cutter dans la main. Merde, je tremble, ce n’est pas dans mes habitudes ça. Mon regard se pose sur un gars immense. Immense par rapport à ma petitesse. Il vient de dégommer un bouffeur de cerveau. Je fais quoi ? Je reprends mon chemin en quête de nourriture, ou je m’enfuis ? Choix difficile. Je fais quelques pas en arrière, m’entravant bêtement dans un cadavre sans tête et tombe à la renverse. Je fixe toujours le rouquin avec méfiance, le menaçant avec mon cutter de fortune : « T’approches pas ! » Ouais bon, je ne sais pas si je vais l’effrayer de cette façon peu sûre. Jusqu’à présent, je n’ai pas rencontré de gens vivants et sains, alors forcément, mon niveau de sociabilité est au plus bas. Je me relève sans le quitter des yeux, ma capuche tombant dans mon dos. « Je viens juste chercher à manger et après je pars ! » Sur ces derniers mots, je tourne les talons et pars en courant en direction du supermarché. On est sensé fuir les zombies, pas ses semblables en pleine santé. Enfin bon… J’arrive à me faufiler entre les jambes de ces crétins, et pénètre dans le commerce. Je me dépêche de remplir mon sac avec tout ce que je peux mais, surtout des conserves pour une personne. Je ne vais pas prendre plus que ce que j’ai besoin, ce n’est pas utile. De plus, le rouquin doit être aussi affamé que moi, autant partager. Oui je sais, il faudrait que j’apprenne à penser à moi avant les autres.

Me faufiler entre les zombies et oublier de fermer la porte, était une très mauvaise idée. Je choppe deux-trois trucs dans les rayons et repère par chance, une batte derrière le comptoir. Un grognement proche me fait tomber à la renverse mais j’arrive finalement à reprendre pieds, frappant de toutes mes forces la tête de la bestiole. Un de moins. Néanmoins, un autre débarque, pas le temps de faire une pause pour reprendre mon souffle. Par chance, il s’entrave dans son compère et s’empale de lui-même sur le présentoir à cartes postales. Il s’est suicidé en somme. Et puis un cri résonne et je m’empresse de rejoindre le rouquin qui semble en danger. Un dernier shoot dans la tête de l’autre et je m’effondre contre le rayonnage. « Pour… pourquoi tu n’as pas attendu dehors… ?! T’es inconscient ou quoi ?! » Je ne devrais pas m’en prendre à lui de cette façon mais, comprenez-moi, j’ai vraiment cru que j’allais crever à cause de lui. Il aurait dû attendre que je le débarrasse des vieilles pourritures zombifiées. Je me relève enfin et lui tends ma main, attendant patiemment qu’il se relève à son tour. « Est-ce que ça va ? » Il n’a pas bonne mine et je me demande s’il n’est pas contaminé. Je l’aide finalement à se redresser puisqu’il ne semble pas réagir, et le remets sur ses pieds. « Youhou reviens sur terre ! » Oui bon, ce n’est pas spécialement une bonne idée ça aussi mais je cherche à le ramener parmi les vivants.