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 Sois Tranquille - William Hawke
Alexander Clavell
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Sois Tranquille - William Hawke   
Jeu 8 Oct - 0:55




Willou & Alexou


Sois tranquille


Mon regard ne se détache plus de cette vision qui me fige dans l'horreur. Je ne peux pas croire ce que je vois, et pourtant je suis bien obligé de faire face à cette réalité absurde. William me tourne le dos, je crois qu'il essaye de cuisiner quelque chose. Le choc me cloue sur place et j'ai l'impression que mon corps tout entier refuse de m'obéir. Je me trouve incapable de bouger le moindre muscle, et mon ami ne semble pas avoir remarqué ma présence. Je suis pourtant à quelques pas de lui seulement. Intérieurement, je me débats comme un fou. Je hurle, je crie à m'en briser les cordes vocales, et pourtant je me mure dans un silence total, incapable de faire le moindre son. Je panique face à cette inobéissance étouffante. Je ne comprends pas. Qu'est ce qui m'arrive ? Qu'est ce qui se passe ? Pourquoi William ne réagit pas ? Qu'est ce qu'il s'est passé ?

William. William ! WILLIAM ! J'ai l'impression de me noyer en hurlant son prénom. Une force invisible me tire en arrière et je suis obligé de lutter de toutes mes forces pour ne pas m'éloigner de mon ami. Mais la force continue de me tirer en arrière. D'après elle, il faut partir. C'est trop tard. Je dois renoncer. Mais je m'obstine. Non, non, mais qu'est ce qu'il se passe bon sang ?! "William !" Enfin le roux redresse la tête. Je repousse cette main invisible qui serre mon bras avec force et mon tourne à nouveau vers mon camarade d'apocalypse. "William qu'est ce qu-...?!" Ma voix s'étrangle sans que je trouve la force de finir ma phrase. Je désigne d'un doigt tremblant la morsure à l'arrière de son épaule. Ma bouche est sèche et ma forge brûle. Je suis incapable de parler mais mon regard fait le reste. Je l'interroge en posant mes yeux bleux paniqués sur lui, comme s'il allait me fournir une explication rationelle, me dire que j'ai mal compris, que ce n'est pas ce que je crois.

Mais il se contente de se retourner vers moi, la cuillère dans la main, et de hausser les épaules avec un sourire un peu triste. "C'est pas de chance." "Pas de.." Je tente de répéter en essayant de trouver un sens à ce qu'il me raconte, mais une nouvelle fois, l'absurdité de la situation m'assome. Quoi ? Pas de chance ? Il s'est fait mordre et il me dit qu'il n'a pas eu de chance ? Qui que quoi comment ? Je suis incapable de réfléchir. Je nie tout en bloc. Ca ne peut pas être vrai. La colère me prend. Mais qu'est ce qu'il me raconte ?! Il se fout de ma gueule ? "William !" Je l'interpelle une nouvelle fois sur un ton plus agacé. Il faut qu'il se reprenne. Qu'il m'explique. Il y a forcément une explication. C'est une blague. C'est impossible. Ca n'est pas en train d'arriver. Alors que je suis de plus en plus nerveux, William soupire en pose sa cuillère. Puis il se dirige vers moi en souriant doucement, comme s'il cherchait à me rassurer. Je recule d'un pas. Je ne veux pas être rassuré, je veux une explication. "Tu sais, c'est pas si grave..." J'en perds ma mâchoire et reste incapable de répondre quoi que ce soit. Pas si grave ? Pas si grave ?! Maintenant c'est sûr il se fout de ma gueule. "Mais William ! Tu vas mourir !!" Je proteste comme s'il s'agissait de la chose la plus absurde qu'on m'ait jamais dite. En fait, c'est sans doute le cas. Je suis pris d'un vertige en réalisant ce que je viens de dire. Je lui en veux de me l'avoir fait dire. Comment peut-il se murer dans le déni et m'obliger à affronter seul la réalité ?! William va mourir. Mourir. S'endormir. S'éteindre. Disparaître. Pour de bon. Je ne comprends pas qu'il ne m'en ait pas parlé. Comment peut-il être si calme ?! Mais qu'est ce qui lui prend bon sang ?! Il hausse une nouvelle fois les épaules. "Il fallait bien que ça arrive un jour ou l'autre..." Son visage est un peu triste mais ne laisse transparaître ni peur ni regret. S'en est trop pour moi. Ca n'est pas un secret qu'il est pénible pour William de se forcer à survivre chaque jour. Mais comme nous tous bon sang ! Je refuse de le laisser accepter son sort aussi facilement. J'ai l'impression que ça l'arrange de se savoir condamné. Je crois même que je lui envie cet état si calme et serein. Mais surtout je lui en veut terriblement de m'abandonner aussi facilement. Traître ! Lâche ! Il ne se bat pas une seule seconde. Il est juste soulagé que toute cette histoire promet de s'arrêter bientôt. J'ai envie de l'attraper par les épaules et de le secouer de toutes mes forces pour qu'il se ressaisisse. Mais une nouvelle fois mon corps semble peser des tonnes. Non il n'a pas le droit de renoncer, de m'abandonner. L'idée de revoir continuer seul sans lui me terrorise. En renonçant si facilement à sa propre vie, il me condamne avec lui. Je le sais. Petit à petit, je réalise tout ce que cette morsure implique et je déteste de plus en plus ce regard compatissant que William pose sur moi. Aussi égoïste que cela puisse être, je refuse de lui accorder si facilement la paix promise par la mort. Je veux qu'il se batte et qu'il souffre avec moi. Il n'a pas le droit de me laisser seul dans ce cauchemar. Alors que je vois son teint blanchir, la colère gronde en moi. J'ai envie de le frapper, de lui mettre des baffes jusqu'à ce qu'il se reprenne. Je lui en veux tellement d'essayer de me calmer. Je ne le laisserai jamais me convaincre de le laisser partir. En acceptant si facilement son sort, il me condamne avec lui. Est-ce qu'il s'en rend seulement compte ? Comment a t-il pu se laisser mordre ? Comment a t-il pu m'abandonner ? Me laisser seul au milieu de cette jungle atroce ?! Je tends les bras pour tenter de l'attraper et de le serrer contre moi. Je veux l'empêcher de partir. Je ne le laisserai pas faire, quoi qu'il arrive. Mais il se tient tout juste assez loin pour que je le frôle sans pouvoir le toucher. Je suis toujours incapable de faire le moindre pas en avant, et je sens qu'il va m'échapper. Je sens un sanglot monter et je lance un regard suppliant à mon ami. Ne m'abandonne pas... Je t'en supplie... Et une nouvelle fois ce sourire triste, un peu désolé, mais résigné. Et il ferme les yeux. Il m'abandonne. Pour de bon. Sans scrupule et avec sérénité. Traître ! Lâche !

Je hurle et j'ignore si mon cri vient de mon rêve ou s'il a bel et bien déchiré le silence de la maison. L'espace d'un court instant, j'ai l'impression de tomber et je n'ose pas bouger, jusqu'à ce que je réalise que je suis allongé dans un lit. Je tente de réorganiser mes pensées, mais le désespoir et la colère de cette horrible vision continuent de m'étouffer. Il me faut encore une longue minute avant de réaliser que j'étais en train de dormir. Je chasse le drap dans lequel j'étais perdu d'un geste nerveux. J'ai besoin de me lever. Je ne suis pas encore sûr de ce qui est réel et imaginé. Etait-ce un souvenir ou un cauchemar ? Je ne suis pas sûr. Je tremble un peu face à cette incertitude. Je plonge mon visage dans mes mains et tente de me calmer tant bien que mal. Je passe une main dans mes cheveux pour tenter de les réorganiser plus ou moins bien au moment où la porte s'ouvre. Je redresse immédiatement la tête, et je cligne plusieurs fois des yeux avant de reconnaître William. Sa vision me comprime la poitrine et j'ai presque envie de pleurer de soulagement en le voyant devant moi. Pourtant, étrangement, j'ai encore l'impression d'être en colère après lui. Je m'étire un peu, frotte mes yeux, et lui assure que tout va bien. Pourtant, je déteste ce sentiment laissé par un tel rêve, une suspicion terrible qui me torture malgré moi. William serait-il vraiment capable d'abandonner ? Et de m'abandonner, au passage ? Je ne peux m'empêcher de m'interroger tant cette peur m'obscède. "Et toi ça va ?" Je demande d'un ton étrangement agacé. Je suis trop nerveux, la nuit n'a clairement pas été réparatrice. Un court instant, je regrette même ma question, comme s'il allait profiter de l'occasion pour m'apprendre qu'il avait décidé de mourir.

 





Dernière édition par Alexander Clavell le Mer 11 Nov - 13:27, édité 1 fois
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Re: Sois Tranquille - William Hawke   
Jeu 8 Oct - 23:44


Sois tranquille


Un cri. C’est tout ce que j’entends dans la nuit, alors que j’essaie désespérément de fermer les yeux. Il fait noir, il n’y a que la lune qui éclaire la maison dans laquelle nous sommes réfugiés, les autres et moi. La voix qui déchire la nuit, je la reconnaîtrais entre milles. Alexander a un problème et sans réfléchir plus longtemps, je saute sur mes pieds. Nous sommes barricadés dans une maison et je ne dormais pas, je ne vois pas comment quelqu’un ou quelque chose serait entré, mais je sens mon cœur accélérer quand même. J’ai toujours eu du mal à dormir, mais depuis notre expédition dans la forêt, c’est devenu vraiment compliqué. Les zombies, ils ne défoncent pas les portes, ils ne passent pas à travers des fenêtres bien fermées. Mais les hommes, ils sont différents, ils sont pires même. Ils entrent, ils volent, ils ne regrettent rien. Et près de ceux que j’aime, je ne trouve pas le sommeil. J’ai peur qu’il leur arrive quelque chose, j’ai déjà perdu Rose en m’endormant. Ca ne peut pas recommencer, je ne veux pas. Si je devais perdre Alex une nouvelle fois, je ne m’en remettrais pas. Alors je veille, j’ai les yeux grands ouverts dans la nuit, le hachoir à portée de main. Si je ferme les yeux, les images qui s’imposent à moi sont trop difficiles à supporter. Et c’est pour ça que quand j’entends la voix de la personne la plus chère à mon cœur résonner dans la maison, je n’attends pas un instant.

Je cours comme je peux, une main tendue devant moi pour éviter de me prendre un mur, tâtonnant dans l’obscurité presque totale, l’autre main serrant mon hachoir. Et si quelqu’un était caché dans la maison, attendant que l’on dorme pour attaquer ? Et s’il y avait un zombie ? Et si, et si… L’angoisse m’étouffe. Il n’y a eu qu’un cri, un seul, et pas une seule fois je ne me dis que ce n’est rien de grave. Je n’avance pas assez vite, je trébuche sur un tapis dans le couloir et enfin, je me jette sur la porte. Les mains sur la poignée, j’hésite l’espace d’une demie seconde, juste le temps de me préparer psychologiquement à ce que je pourrais voir. Je sais pourtant que je ne supporterais pas que quelque chose me prenne Alexander. Personne n’a le droit de le toucher, personne n’a le droit de lui faire du mal ou de l’emmener loin de moi. De n’importe laquelle des façons. Je veux égoïstement qu’il reste avec moi parce que j’ai trop besoin de lui. D’un coup d’épaule, j’ouvre la porte comme un fou, les yeux grands ouverts pour essayer de voir ce qu’il y a à l’intérieur.

Et tout semble calme. Mon ami est assis sur son lit, l’air un peu hagard. Je ne vois pas très bien mais il a l’air de bouger normalement, même s’il est encore sûrement endormi. Il m’assure que ça va mais alors, pourquoi ce cri ? Le ton de sa voix me pose un poids au creux du ventre. Il n’a rien d’enjoué, rien de chaleureux. Pour un peu, je croirais que ce n’est qu’un jumeau d’Alexander et que lui est parti je ne sais où. Mon angoisse ne redescend pas, il n’agit pas normalement et ça me fait peur. Avec des pas hésitants, j’approche du lit et m’assois dessus. Pour me rassurer, j’ai besoin de lui, physiquement. C’est stupide peut-être, mais j’ai besoin qu’il soit là. « Je vais bien, mais toi… Tu as crié..? » Ma question n’en est pas vraiment une, mais je n’ose pas l’affirmer. Je me sens coupable face à lui et pourtant, je suis sûr de n’avoir rien fait. Nous n’avons pas bougé de la journée, profitant des provisions que nous avions trouvées plus tôt dans la semaine. Nous sommes restés dans la maison, flânant seulement un peu autour. J’étais même avec lui la plupart du temps, alors je ne comprends pas. Je le sens distant et ça me fait peur. Et si quelque chose l’avait décidé à nous laisser ? Je ferme les yeux un instant pour chasser cette pensée. Nous avons vécu des choses horribles ensemble, il pourrait vouloir oublier en partant. Mais non, ce n’est pas possible. Nous survivons ensemble, et nous continuerons… Disons au moins que je l’espère.

Patiemment, en attendant qu’Alexander me raconte ce qui lui a pris, je m’allonge sur le lit. Il est assez grand pour nous deux je crois, et malgré mon refus de dormir, la fatigue s'insinue en moi peu à peu. La tête appuyée contre un coussin qui sent un peu la poussière, j'aurais pu m'endormir en une dizaine de secondes. Pourtant l'inquiétude qui vient de monter en moi m'empêche de me détendre pour me reposer. Je veux qu’il me dise ce qu’il a, je veux qu'il sourit comme il le fait d'habitude. Je veux l’aider parce que je voudrais qu’il aille bien. Aussi bien que l’on peut aller au milieu de la fin du monde. Je fixe le plafond, l’obscurité au dessus de ma tête, en essayant de comprendre puisque pour le moment il ne dit rien. Qu’est-ce que j’ai bien pu faire ? Je n’arrive pas à formuler ma question à voix haute, j’ai peur qu’il se mette en colère. Je me sens comme un enfant qui a fait une bêtise, mais je ne sais pas ce que j’ai fait. Alors je ne dis rien. Je suis un peu mal à l’aise, je n’ose pas trop bouger. Pendant un instant qui me semble durer une éternité, nous n’entendons plus rien que le silence, pesant, seulement troublé par le bruit de nos souffles.



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Re: Sois Tranquille - William Hawke   
Sam 10 Oct - 2:39




Willou & Alexou


Sois tranquille


Je fuis son regard inquiet et interrogateur en fixant la fenêtre qui laisse entrer le peu de lumière que l'extérieur nous offre. L'aube se lève à peine et, puisque l'élerctricité nous manque, il me faut un instant pour m'habituer à la faible luminosité de la pièce. Je ne bouge donc pas de mon lit pendant ce court moment alors que William se rapproche et s'assoit à son tour. Je le laisse faire sans dire un mot, mais sans réussir à me débarasser de cette nervosité inexpliquée. J'ai l'impression que mon subconscient tente de me prévenir. Je sais que si je perds Kait' ou William, le choc serait rude, peut-être même fatal. Mais ce rêve poussait le vice encore plus loin. L'amertume de voir que William préférait mourir plutôt que de se battre pour nous continue de me travailler.

Et alors qu'il me retourne ma question en me demandant si j'ai crié, il me lance ce même regard rassurant que dans mon rêve. Celui qui tente de dire que tout va bien alors que tout va mal. Je me suis peut-être déjà laissé berner auparavant, mais cette fois il ne pourra pas me convaincre si facilement. "Mh mh" Je me contente de lui répondre en hochant la tête. Je n'ai clairement pas envie de parler de ce maudit cauchemar, surtout pas avec William. D'un autre côté, je ne mens pas non plus en disant vraiment que tout va bien. Ni l'un ni l'autre. Je ne sais plus quoi penser alors que William s'allonge à côté de moi, comme décidé à rester planté là jusqu'à ce que je me décide à parler. Pendant un court moment, le silence retombe sur la maison. Je continue de somnoler, assis sur le lit, sans parvenir à oublier cet horrible sentiment de trahison face à l'abandon serein de William. Et puis comme mon ami roux semble insister silencieusement, je me décide finalement à lui répondre évasivement. "J'ai fais un cauchemar." Conscient qu'il risque de me demander quel genre de cauchemar pouvait bien hanter mes nuits ainsi, je m'empresse d'ajouter en jouant nerveusement avec mes mains. "Mais c'est rien, désolé." Une nouvelle fois le silence retombe un court instant, avant que je ne me tourne finalement vers mon ami en posant enfin les yeux sur lui. "Je t'ai réveillé ?" Je l'interroge puisque, après tout, lui non plus ne dormait pas. Nous sommes tous plus ou moins hantés par nos souvenirs d'évènements traumatisants, et personne dans cette maison ne peut se vanter d'avoir le sommeil tranquille. Et même si je n'ai pas envie de discuter de nos chances de survie là, maintenant, tout de suite, ça ne m'empêche pas de m'inquiéter pour William. Toujours gentil, toujours inquiet, toujours honnête. Il ne mérite pas cet air soupçonneux que je lui lance alors qu'il se soucie de mon bien-être. Seulement c'est dans cette même optique qu'il en est venu à me mentir dans ce rêve incensé. Cette vaine tentative pour m'apaiser, j'ai l'impression de la retrouver sur son visage en cet instant même, et je crains le moment où je découvrirais ce qu'il tente de me cacher.

Je soupire et je tente de me convaincre moi-même que cette inquiétude est ridicule, en plus d'être infondée. Je suis perdu si je cède à la peur de mes cauchemars. Voilà que je m'agace maintenant contre moi-même, chassant le sommeil au passage. Hors de question de sombrer à nouveau après une telle vision. Alors finalement je me lève en attrapant ma lampe de poche et je vais fouiller les armoires de la chambre. Je met la main sur un nouveau t-shirt et me débarasse de l'ancien avant de me tourner à nouveau vers William. "Tu devrais essayer de dormir encore un peu." Je lui suggère avant de quitter la pièce, sans lui laisser le temps d'ajouter quoi que ce soit. Je sais que la tâche n'est pas aisée pour lui aussi, mais je ne sais pas quoi lui dire d'autre. Je me méfie tellement de tout que j'en viens même à me méfier de lui.

Perdu dans mes réflexions, je marche d'un pas rapide dans les couloirs de la maison, cherchant peut-être inconsciemment à m'isoler. Mais je me fige brutalement lorsque j'entends quelqu'un actionner la poignée de la porte. Je tends l'oreille parce que je ne suis pas sûr. Mais rapidement, l'intrus insiste et confirme sa présence. Il y a quelqu'un qui essaye d'entrer. Aussitôt je m'empars de mon couteau et marche tout droit jusqu'à la porte. Qui ose nous déranger au petit matin ? Sans doute un beau salaud qui espère pouvoir nous égorger dans notre sommeil et nous voler nos provisions. Parce que c'est à ça que les humains sont résolus maintenant. Être des monstres pour survivre aux monstres.

Et étant un monstre moi-même, je crie un premier et dernier avertissement à travers la porte. "Allez vous-en !" Mais aussitôt une voix d'homme me répond alors qu'il continue à tenter de forcer la porte malgré tout. "S'il vous plaît ! On a besoin d'aide ! C'est la seule maison barricadée du quartier !" Hors de question de me laisser attendrir comme un débutant. Je lui répond encore plus agressivement. "On peut rien faire pour vous ok ? Alors cassez-vous avant que je m'énerve !" Je resserre ma prise sur mon couteau. Je ne laisserai rien ni personne franchir le pas de cette porte, je me le jure à moi-même. Hors de question de mettre mes amis en danger face au premier cri d'appel au secours. William se remet encore de sa blessure de la forêt et les autres dorment encore. Nous ne sommes clairement pas en position d'apporter la moindre aide, et encore moins de nous mettre en danger pour des inconnus potentiellement dangereux.

Malheureusement pour lui, ça fait un bon bout de temps que je ne réponds plus à la corde de la sensibilité. Il peut très bien mentir dans le seul but de me pousser à ouvrir cette porte. Et même si c'était vrai, rien ne nous garantissait qu'ils ne nous attaqueraient pas une fois à l'intérieur. Non, s'ils cherchaient un abri, ils n'avaient qu'à aller voir dans la maison d'en face et la barricader eux-mêmes. Mais alors que je tourne le dos à la porte en ignorant les nouveaux appels de l'homme, je remarque que William vient d'arriver. Je croise son regard, et je comprends d'avance à son regard inquiet qu'il est encore capable de trouver la gentilesse de se soucier des inconnus qui frappent à notre porte. Je tends une main vers lui comme pour l'arrêter avant même qu'il ne dise quoi que ce soit, et je jette un regard sur son bras blessé, comme pour lui rappeler silencieusement les faits récents qui ont failli nous coûter la vie. "C'est trop risqué." Je murmure à peine ces paroles comme si j'avais honte de retenir William. Et pourtant, au fond de moi, je sais que c'est la bonne chose à faire. Si nous voulons survivre, il faut cesser de se mettre sans arrêt en danger. On est forcés de faire des mauvaises choses, qui resteront avec nous pour toujours, mais qui au moins assurerons un lendemain.





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Re: Sois Tranquille - William Hawke   
Dim 11 Oct - 1:14


Sois tranquille


J’attends, c’est interminable. Je ne supporte pas cette distance entre nous, d’autant plus que je ne la comprends pas. Les bras le long du corps, je continue de fixer le plafond, je refuse de partir. Je le vois froid avec moi pour la première fois et ça me noue le ventre. J’ai peur que si je pars maintenant, si je le laisse seul, notre amitié se fissure. J’ai peur que ce froid entre nous devienne permanent. Alors j’attends, j’attendrai aussi longtemps qu’il le faudra pour que mon meilleur ami me parle. Et finalement, il se décide à parler. Ce n’est pas ce que j’espérais, il s’obstine à se murer derrière une espèce de colère froide, marmonnant qu’il a fait un cauchemar. Alors c’est ça ? Un cauchemar qui l’a retourné à ce point ? J’ai du mal à y croire mais je sais que notre subconscient peut être notre pire ennemi parfois. Seulement ce n’est pas la première fois qu’il fait des cauchemars, et jamais il n’a réagi de la sorte. Je l’ai même vu délirer alors qu’il était totalement éveillé, et de près. Un peu trop même. Alors merde, je veux qu’il me parle. Il se tourne enfin vers moi, mais l’angoisse ne me lâche pas, mes poumons sont toujours compressés. J’inspire profondément pour essayer de me calmer et cherche son regard dans le noir. Ses yeux brillent dans la faible lueur de l’aube naissante et j’ai envie de me jeter sur lui. J’aimerais le serrer dans mes bras et le supplier de me parler, de me dire ce qui ne va pas. Je voudrais l’attraper et ne plus le lâcher, pour qu’il sache que je suis là pour lui, et que je le serai aussi longtemps que la vie battra en moi. Si j’étais courageux, je crois que je lui aurais dit. Je lui aurais dit que la seule raison pour laquelle j’étais encore en vie, c’était lui. Mais je me tais. Je n’ose pas. A la place, je secoue la tête. « J’étais réveillé depuis un moment, j’arrivais plus à dormir. » Je ne rajoute rien parce qu’il n’écoute pas ma réponse. Ou pas vraiment du moins. A mon tour, je deviens plus froid. Je le sens, mais je ne sais pas comment faire pour lutter contre cette situation. Je n’en veux pas. Quelques heures plus tard, tout était comme avant. Ca n’a pas pu changer si vite, je refuse.

Et pourtant, Alexander se lève. Je ne quitte pas le plafond des yeux, mais je l’entends fouiller dans la chambre. Je vois le faisceau de sa lampe de poche danser dans la pièce. Et je suis incapable de bouger. Comme souvent quand les choses me tiennent trop à cœur, je n’arrive pas à réagir. Je l’entends me dire que je devrais dormir et je ne réponds pas. Je n’ai pas le temps de toute façon, il part. Comme ça, sans rien dire de plus. Je grince des dents sans vraiment m’en rendre compte. Et j’ai peur, je veux qu’il revienne. Je me redresse pour lui dire de rester, mais je vois déjà que la lumière de la lampe est loin. Alors je retombe sur le lit. Comment a-t-on pu en arriver là ? Je passe mes mains sur mon visage pour et dégage pour la énième fois une mèche de devant mes yeux. Pourquoi ? Pourquoi ??? Il n’a pas le droit de me faire ça, il ne peut pas me laisser tout seul comme ça. Je m’énerve tout seul contre Alexander et roule sur le ventre. Le visage enfoui dans le vieil oreiller qui sent la poussière, je peine un peu à respirer mais c’est le dernier de mes soucis. Je ne veux pas perdre mon meilleur ami. J’avais pensé, dans mes heures les plus sombres, qu’il risquait de mourir, qu’on risquait de me l’enlever. C’est pour ça que je suis prêt à tout donner pour le garder près de moi. Mais je ne pensais pas qu’il pourrait s’éloigner de lui-même, je n’y avais jamais songé. J’ai peur, je nous croyais inséparables.

Sa voix déchire encore le silence de la maison. A ce rythme là, il va réveiller tout le monde. J’ai envie de le laisser tout seul parce que c’est lui qui l’a cherché, il est parti. Je sais qu’il n’a rien fait de grave, et pourtant j’ai peur que ça ne soit qu’un début. Je ne bouge pas, j’essaie de m’endormir. Il veut être seul, je lui parlerai plus tard. C’est ce que je me répète jusqu’à ce que je l’entende à nouveau, crier à quelqu’un qui semble l’entendre. Je n’entends aucune réponse mais ma curiosité est piquée et cette fois. Aussi, j’ai peur qu’il ne délire à nouveau, qu’il se mette en danger. Alors je me relève, péniblement. Mon bras guérit peu à peu, mais j’ai toujours un peu mal. Je fais à l’envers le chemin que j’ai fait tout à l’heure, les mains devant moi. Si le soleil pointe son nez, très loin, il fait encore bien noir dans la maison. J’entends de plus en plus distinctement la voix d’un homme, étouffée. Je me rapproche de la source du bruit, jusqu’à voir Alex, face à la porte.

C’est donc ça. Il crie à un homme de se casser et j’entends l’autre supplier. La main de mon ami se tend vers moi, je sais à quoi il pense. J’y pense aussi. Ces gens, dans la forêt. Ce type qui m’a frappé sans raison. Mais je ne peux pas me résoudre à penser que tous les gens sont devenus des monstres. J’ignore la main tendue d’Alexander, je passe à côté de lui pour m’approcher de la fenêtre. Elle est barricadée mais, l’œil collé contre la vitre, j’essaie d’apercevoir l’extérieur. « S’il vous plaît ! Ils sont tellement nombreux, on ne peut rien faire ! » Je me redresse brusquement, comme si quelqu’un m’avait tapé sur le nez. J’ai vu, plus ou moins, la silhouette de l’homme devant la porte. Je recule d’un pas en fixant la porte. On ne peut pas le laisser, les laisser dehors. « Nous ne sommes que trois ! On partira dès qu’on le pourra… » Des coups, désespérés, frappent encore contre le bois. J’ai le cœur qui bat tellement fort que j’ai l’impression qu’il va tomber à mes pieds. Je prends une grande inspiration avant de me tourner vers Alexander. « On ne peut pas les laisser mourir dehors… » Je me sentirais trop coupable. Je me sens déjà coupable de beaucoup de choses, je crois que je n’arriverais pas à passer par-dessus une nouvelle mort sur ma conscience. Je m’approche de mon ami. Nous sommes toujours face à ce stupide dilemme. Savoir si on doit aider quelqu’un ou si on risque trop en le faisant. Evidemment, j’ai peur, je ne veux pas qu’il arrive quoi que ce soit à mes amis. Mais j’en ai marre de vivre comme un animal solitaire, rejetant tous ceux que je ne connais pas déjà. « Ils approchent ! Pitié ! » Les coups sur la porte se font plus forts. Je me demande l’espace d’un instant si elle va tenir. Nous aurions l’air malin avec une porte défoncée comme seule protection. Je commence à paniquer, mon regard ne cesse de passer de la porte à Alexander. Et finalement, je me tourne vers mon ami, uniquement vers lui, pour plonger mes yeux dans les siens. Bêtement, je cherche son approbation. « Je veux pas de leur mort sur la conscience… » Et après l’avoir fixé un instant, je me retourne vers la porte. Je vais ouvrir. C’est obligé. Il ne faut pas avoir peur, il faut être humain. Pourtant je n’arrive pas à passer réellement à l’acte.



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Re: Sois Tranquille - William Hawke   
Dim 11 Oct - 4:14




Willou & Alexou


Sois tranquille


Malgré mon avertissement, William m'ignore sans un mot et se colle à la fenêtre pour jeter un coup d'oeil dehors. Ma gorge se serre alors que je le regarde faire sans un mot. L'homme continue d'insister, suppliant devant la porte. Apparemment, une horde arrive. Mais qu'il est con de rester planté là à demander inutilement de l'aide au lieu de se chercher un abri potable ailleurs. S'il trouve le temps de s'acharner sur une porte fermée, c'est qu'il a encore le temps d'en trouver une ouverte. Je serre les dents alors que l'envie de lui coller un pain est de plus en plus forte. En plus de perdre son temps, il nous met inutilement en danger. Si les zombies arrivent bel et bien et qu'il ne se tire pas, il va tous les attirer ici, juste devant notre porte. William sursaute et s'éloigne brutalement de la porte. Je lui lance un regard en coin, comme pour m'assurer que tout va bien, mais ce qu'il me dit me cloue sur place.

Je lui lance d'abord un regard un peu stupéfait. J'en perds mes mots. Un sourire nerveux passe brièvement sur mon visage alors que je me questionne. Dois-je en rire ou en pleurer ? Je passe une main rapide dans mes cheveux, mon regard cherche une réponse en parcourant la pièce et je me mets à faire les cents pas. Petit à petit, cette colère sourde qui refuse de me quitter depuis ce réveil brutal grandit. Je serre toujours fermement mon couteau dans ma main et l'insistance de l'homme me rend toujours plus nerveux. Il me presse à choisir. Dois-je céder à William alors qu'il pourrait bien tomber dans le piège le plus évident du monde ? Ou dois-je confronter mon meilleur ami et prendre le risque de lui montrer une nouvelle fois ce côté si sombre qui m'habite ? Si je lui impose ce choix, me pardonnera t-il seulement un jour ? Comme je lui en veux ! Je lui en veux tellement de forcer à faire le méchant. Et pourtant je n'ai pas le choix. Pour le protéger lui, pour protéger le groupe. Je ne peux pas céder aussi facilement. Nous serons morts avant même que le soleil ne se lève complètement si nous agissons toujours sans réfléchir au premier appel à l'aide. Alors que William s'approche, je secoue la tête comme pour montrer ma désapprobation. Je ne peux pas le laisser s'approcher. Je ne peux pas le laisser m'attendrir. Je ne dois pas croire ce petit sourire rassurant qui me pousse à nier la réalité du danger derrière cette porte. Tout ira bien. Tout va bien se passer, il suffit d'ouvrir, d'aider ces honnêtes gens en détresse. On se sentira bien, gentils, généreux. Parce qu'on est des gens biens. Parce qu'entre êtres-humains on s'entreaide dans ces temps difficiles.

Conneries. Putin de conneries !! Je rage alors qu'il me suffit de remonter à quelques jours pour prouver tout le contraire. Putin de merde ! On a failli creuver sans même comprendre ce qui nous arrivait et voilà que William ouvrait à nouveau sa porte au premier venu ! Mais c'est qu'il est con ou mal réveillé ma parole ! Cette fois je lui en veux vraiment. Ce n'est clairement pas le moment de jouer au gentil héros, et pourtant il plonge son regard dans le mien et s'obstine. Il veut vraiment ouvrir cette foutue porte. Je n'y crois pas. Il me rend fou avec son histoire de conscience. Je crois que j'ai perdu la mienne dans cette foutue forêt. Il se détourne de moi et l'espace d'un instant, je crois vraiment qu'il va ouvrir la porte. Tous mes muscles se tendent et j'oublie même de respirer tant ce conflit interne auquel je dois faire face est pesant. Mais finalement, il semble hésiter un court instant, à quelques centimètres seulement de la porte. Aussitôt mon coeur se serre et je réalise que c'est ma chance.

Je craque et je laisse finalement tout sortir pour enfin mettre des mots sur cette colère que William titille. C'est à mon tour d'avancer vers lui, et je pointe un doigt accusateur dans sa direction sans ménager mes propos. "Tu veux pas de leur mort sur ta consience ? Tu préfères être responsable de celle de tes amis peut-être ?" Je fronce les sourcils et plonge mon regard assassin dans le sien. Je suis cruel et horrible, mais je suis réaliste. Je n'ai pas pris trois vies pour mourir idiotement la semaine suivante. Non, je ne peux pas le laisser faire. Quoi qu'il advienne, je dois l'arrêter. Même s'il me déteste, au moins il sera en vie. C'est tout ce qui compte, pas vrai ?

Pas vrai ? C'est cet ultime doute qui me rend fou. Est-ce qu'il me pardonnera ? Je me fiche de la voix paniquée de l'homme dehors. J'ai presque envie d'ouvrir juste pour lui fracasser la tronche et qu'il arrête de nous crier dans les oreilles. Je sais, je sais. La violence c'est pas la solution, mais parfois, elle aide beaucoup quand même. Cette fois, je cède totalement à la colère et je ne contrôle même plus ce que je dis. "William ! Arrête de faire l'enfant !" Je lui hurle dessus comme si j'allais le frapper. J'en ai marre qu'il continue de se voiler la face. Je ne serais pas toujours là pour le protéger. Il ne peut pas continuer de se mettre en danger parce qu'il est trop gentil. "Qu'est ce que tu cherches ? Tu veux te jeter dans la gueule du loup c'est ça ?!" A cette idée je secoue une nouvelle fois la tête. Et si mon cauchemar n'avait fait que révéler la triste vérité ? William avait peut-être sombré dans le déni complet du danger et ne tenait finalement plus à sa propre vie ? Il comptait maintenant nous abandonner tous, voire nous entraîner dans sa chute.

Finalement, je prends son bras un peu violemment, et je continue de l'enfoncer sans montrer le moindre signe de compassion. "Ca fait encore mal non ? Tant mieux. Pense y fort et rappelle toi pourquoi. Pourquoi tu as mal William ?" Je ne lui laisse même pas le temps de répondre que je pointe mon autre main avec mon couteau vers la porte en enchaînant. "Parce que ces gens. Sont. Dangereux." Je pèse chaque mot comme pour m'assurer qu'il les comprend tous. Et puis finalement, je le lâche et me détourne aussitôt de lui. Je m'éloigne de quelques pas en tentant vainement de me calmer. Chaque souffle me brûle les poumons, je suis incapable de réfléchir, je perds les pédales et je m'affole, horrifié par tout ce que je viens de dire à William. Une partie de moi s'indigne et me hurle d'aller m'excuser sur le champ. De lui expliquer comme je tiens à lui et combien ça me rend fou qu'il se mette en péril pour des inconnus. Pourtant, je n'en fait rien. Au lieu de ça, je me contente de soupirer. Et voilà, je suis même devenu un monstre aux yeux de William maintenant. Mais au moins, il est en vie. A l'abri. C'est tout ce qui compte.
Pas vrai ?





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William Hawke
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Re: Sois Tranquille - William Hawke   
Dim 11 Oct - 5:33


Sois tranquille


Je me mords les lèvres, fixant la poignée de la porte comme un enfant qui a très envie de faire une grosse bêtise mais qui a peur de vraiment se lancer. Je tends la main et referme le poing avant de toucher à cette maudite porte. Putain, ils étaient obligés de venir ici eux ? Les hommes de la forêt ne quittent pas mon esprit, j’ai peur bien sûr, mais je veux m’accrocher à cette dernière petite part d’humanité qui bat encore en moi. Je ne sais pas comment font les autres, mais si elle s’éteint, je crois que je mourrais avec. Le souffle court, les nerfs prêts à lâcher, j’écoute encore une fois la voix de l’homme nous supplier de le laisser entrer. J’inspire profondément une dernière fois pour me donner le courage de prendre cette décision, mais je n’ai pas le temps de bouger qu’Alexander se met à crier. Sur moi. C’est sur moi qu’il crie, je n’arrive même pas à m’en rendre compte. Les yeux un peu écarquillés par la surprise, je regarde d’abord le doigt de mon meilleur ami, pointé vers moi, avant de fixer ses yeux. Mon cœur se serre dès l’instant où nos regards se croisent. La haine, la colère, c’est tout ce que je vois dans le sien. J’aimerais fermer les yeux, détourner la tête, mais je n’y arrive pas. Je reste là, incapable de bouger, et tout ce que je vois, ce sont les yeux d’Alex, son regard, si noir. Je ne peux pas me résoudre à ce que ce regard me soit adressé. Non, ce n’est pas possible. Il y a forcément une explication, je veux qu’il y en ait une.

L’homme derrière la porte hurle et avec lui, c’est une voix de femme que l’on entend. Mais l’espace d’un instant, je ne me soucie plus de leur sort. Tout ce qui compte, c’est la colère qu’Alexander me jette au visage. Je ne comprends pas, j’essaie de m’approcher, j’essaie de faire quelque chose mais il semble fou de rage. « Mais Alex… » Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’il se met à crier de plus belle. Je le regarde, horrifié. Je n’arrive même pas à comprendre ce qu’il dit tant le voir comme ça me choque. Je suis figé sur place, à me demander où est passé mon ami. Sa main attrape mon bras blessé, brutalement. Un gémissement de douleur m’échappe. Sa prise fait bouger les tissus qui n’ont pas encore cicatrisé. J’ai mal. Mais il dit que c’est tant mieux. Je ne comprends pas pourquoi j’ai mérité un tel traitement, mais je n’essaie pas de me dégager, parce que ça ferait plus mal de tirer sur mon bras. Il me dit que les gens dehors sont dangereux, mais je sais qu’il a tort. Je le sais parce qu’un jour, c’était moi l’étranger et qu’il a couru pour m’aider. Il y a eu Setsuna, il y a eu River. Il y en aura d’autres, je le sais, j’en suis sûr. Le seul danger que je vois en ce moment, c’est lui, mon plus cher ami. Je me déteste de penser ça, mais je le déteste de m’y obliger. Oh oui, je le déteste tellement fort. Ses doigts me font mal, serrés près de ma blessure, mais ses mots sont bien pire que n’importe quelle douleur physique. Ils me touchent en plein cœur. Je déteste l’homme que j’ai en face de moi, j’ai envie de le frapper pour qu’il arrête de me haïr et qu’il arrête d’avoir peur de tout le monde. Je veux croire que les gens ne sont pas tous des cinglés, et je n’ai pas envie que l’on m’empêche d’y croire.

Finalement, il lâche mon bras et s’éloigne. Je crois que j’ai le cœur en miettes. Je vacille, parce que je suis fatigué et complètement perdu. Je préférais quand il me tenait finalement, même si ça faisait mal. Je ferme les yeux pour essayer de respirer et c’est à ce moment que je me rends compte que ça fait un moment que je n’y ai pas pensé. Des larmes me viennent alors que j’inspire profondément. J’ai perdu Alexander. Après tout ce que nous avons fait, après tout ce que nous avons traversé, je crois que je l’ai perdu. Et sans la moindre explication. Mon ventre se tord et je prends mon sac pour m’en aller, m’enfuir plus loin dans cette maison. Je ne veux plus le voir, je voudrais juste être tout seul. Je voudrais ne plus entendre ces gens dehors, qui vont mourir par ma faute, par sa faute. Par notre faute. Et alors que je me dirige vers le couloir, de nouveaux coups se font entendre, et la voix hachée de l’homme. « Je vous en supplie, prenez au moins ma fille… » Je me fige une nouvelle fois et laisse tomber sac et hachoir au sol. Cet homme… Il est prêt à rester dehors pour sauver sa fille. Mes doigts tremblent sans que je ne puisse les contrôler. Je ne sais que trop bien ce que signifie la paternité et l’horreur de savoir son enfant en danger. Cette fois, c’est trop pour moi. Je craque, complètement, parce que jusqu’ici, j’avais l’épaule d’Alex pour me soutenir. Sans son soutien, je sais pertinemment que je ne suis plus rien. Cette fois, les larmes coulent sur mes joues et je n’essaie même pas de les cacher. J’ai mal. Si seulement j’avais pu moi aussi essayer de sauver ma fille, j’aurais donné ma vie. Je m’écroule au sol, contre le mur en face de la porte. J’aurais tout donné pour qu’elle ne meure pas par ma faute. Aujourd’hui encore je donnerais n’importe quoi pour qu’elle soit là. Et aussi pour que cet idiot de cuistot me serre dans ses bras. C’est un cauchemar, ça ne peut pas être réel. On ne peut pas se détester autant, Alex ne peut pas me parler comme ça. Et puis je ne peux pas avoir tout ce poids sur la conscience, pas dans la vie réelle.

Pourtant j’ai beau essayer de me réveiller, je suis toujours là. Il me faut un temps pour admettre que je ne rêve pas. L’homme continue d’essayer de nous convaincre de sauver sa fille, mais ce n’est pas la peine. Ce n’est plus la peine. J’abandonne, j’abandonne tout. Sans Rose, sans Alex, à quoi ça sert ? Je n’ai plus rien, je ne suis plus rien. Alors je laisse tomber, j’arrête. Je ne veux pas de cette vie où on laisse crever des gens derrière une porte parce qu’on a peur de se faire égorger. Il était le seul qui rendait cet enfer supportable. Les yeux dans le vide, je sens des larmes continuer de rouler sur mes joues. Mais qu’est-ce que ça peut bien me faire ?



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Re: Sois Tranquille - William Hawke   
Mer 14 Oct - 0:14




Willou & Alexou


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Les larmes de William me brisent le coeur mais je me mure derrière cet air fâché. Je ne peux pas faiblir maintenant, même face au regard choqué que mon meilleur ami me lance avant de se détourner de moi. Il s'empare de son sac et de son arme sans un mot, en laissant les larmes couler silencieusement sur ses joues. Il n'a pas besoin de mots pour me faire comprendre combien je l'ai déçu. Alors que je le vois s'éloigner de moi je sens une peur soudaine me retourner l'estomac. Une conviction brutale qui me hurle qu'il ne me pardonnera jamais si je ne le rattrape pas maintenant. Inconsciemment je fais même un pas vers lui en me mordant les lèvres, mais je me retiens. Non je ne peux pas changer d'avis. Pas maintenant. William m'en veut peut-être mais nous sommes à l'abri. Il aura seulement besoin de temps pour accepter, pour oublier. Je ne peux pas chasser le regard blessé et secoué de William de mon esprit, alors je me détourne à mon tour et je le laisse partir. J'ai trop honte de ce que je viens de faire pour le confronter maintenant. Je m'appuie sur le mur qui fait face à la porte et baisse les yeux au sol. Je regrette d'avoir été si brutal, mais c'était certainement la seule façon d'empêcher William de se mettre en danger. Il peut m'accuser de toutes les morts qu'il veut, tant qu'il est en sécurité je m'en fiche. Même s'il me déteste, je m'en fiche. Tout ce qui compte c'est qu'il vive. Je suis prêt à tout pour qu'il vive.

Je me répète une nouvelle fois cette phrase, dos au mur, alors que la voix de l'homme traverse une nouvelle fois la porte. Il a cessé de hurler comme un fou, mais supplie d'une voix désespérée. Il supplie de prendre sa fille. Je m'immobilise, les yeux perdus dans le vide, comme mis soudainement en pause. J'entends William lâcher sac et hachoir, et du coin de l'oeil je le vois glisser doucement sur le mur, comme si la phrase venait de l'achever à la manière d'un avada kadavra. Je n'ose plus faire le moindre geste, le moindre bruit. Au fond de moi, j'espère devenir invisible, disparaître, et ne jamais avoir existé même. Je ferme les yeux et je me concentre fort pour tenter de me téléporter ailleurs, loin d'ici. Même si la levée de la barricade ne me demanderais pas un gros effort en soi, j'en suis incapable. Faire face au regard de l'homme qui se tient derrière est au-dessus de mes forces. J'imagine déjà la colère et le dégoût qui brilleront dans son regard. Ses remarques assassines sur mon manque d'humanité. La distance froide qu'il imposera entre nous à cause d'une méfiance accrue. Un comportement qu'il adopterait en toute légitimité face à l'être pernicieux et dangereux que je suis. Du moins c'est ce que j'ai laissé croire en lui hurlant dessus. Je n'ai fait preuve d'aucune pitié, aucune compassion, aucune humanité. Je suis tombé plus bas que ça. Je ne suis plus qu'un être immoral voué à survivre tant bien que mal jusqu'à ce que la malchance le frappe et l'achève. Tout ça, je le sais. Au fond de moi, c'est clair comme de l'eau de source. Seulement, je ne veux pas y faire face. Noyé dans le déni, je détourne la tête de la porte en redoutant tous mes démons prêts à surgir derrière. Mais rien à faire, l'homme tambourine la porte en criant. J'entends la femme qui pleure aussi. Et soudain les sanglots de la petite fille se font plus distincts aussi. Elle appelle son père qui désespère de sauver ceux qu'il aime. Il doit nous détester de les condamner ainsi. Mais j'ai trop honte de moi, tout ce que je peux faire maintenant c'est me cacher. Quand la horde sera passée, je n'aurais plus à affronter leur regard culpabilisateur. Et d'une certaine façon, cette pensée arrive à m'apaiser un peu. Je n'ai qu'à me rouler en boule comme William, et attendre que ça passe. J'ai hâte que ça finisse maintenant. Je n'attends plus qu'une chose, c'est que les supplications cessent. Je guette avec impatience le silence qui permettra l'apaisement de mes pensées. Mais alors que je me rassure ainsi comme je peux, une petite voix au fond de moi se rebelle soudainement.

C'est n'importe quoi. Ce n'est pas en évitant les regards et les remarques que je vais soulager ma conscience. Les sauver ça n'est pas admettre que je suis un monstre, mais bien le contraire. Comment est-ce que j'ai pu en arriver là ? Je ne sais plus. Je me débats contre moi-même, perdu dans mes réflexions incompréhensibles, emprisonné dans les méandres d'un esprit que je ne comprends plus, et que je ne contrôle plus. Je ne sais plus ce que je dois faire. Qu'est ce qui est bien ? Qu'est ce qui est mal ? Soudain l'homme arrête de frapper. Je l'entends qui parle à la femme. Qu'il prévoit de leur faire gagner du temps. La femme hurle et le supplie de rester. La filette crie aussi pour que son papa reste. C'est un drame, une tragédie absolue. Et j'en suis l'entier responsable. Je n'ose même pas regarder si William est toujours là. Je sombre dans la panique et je sombre seul. Qu'ai je fais ? Mais qu'ai-je fais ?! Soudain la panique l'emporte. Une réaction instinctive inhibe alors toute autre réflexion qui aurait pu s'interposer dans ma petite tête, et je sens tous mes muscles qui se contractent d'un coup. Je ne réalise même pas ce que je fais. Ces gens vont mourir, juste devant nous ! Là ! Merde ! Vite !!!

Je me débarasse de la barricade avec une facilité déconcertante, sans même avoir besoin de l'aide de William. Je crois que dans le feu de l'action, j'aurais pu dégager un camion si nécessaire. J'ouvre brutalement la porte et j'attrape la première épaule qui me passe à portée de main. C'est celle du père, il me tourne le dos. Je le tire en arrière pour le jeter dans la maison et il manque d'en tomber au sol. La femme crie de surprise et ouvre de grands yeux verts en croisant mon regard affolé. Ses longs cheveux bruns sont bouclés. Alors que ceux de sa fille sont tous raides. Sa fille. Mon coeur se serre en croisant son regard apeuré et je crois que je lui renvoie un peu le même qu'elle me jette. Son air effrayé et innocent me terrorise. Je n'ai pas pu imaginer un seul instant d'abandonner ce pauvre petit bout dans la rue. Non, je n'ai pas pu faire quelque chose d'aussi monstrueux. La jeune fille à quoi...7 ans ? 8 ans ? Soudain elle quitte mon regard alors que sa mère l'attire à l'intérieur.

Moi ? Je reste figé sur place, comme un con. Disparue cette soudaine fougue héroïque. Je n'ai plus assez de force pour me sauver moi-même. Mon corps s'immobilise une nouvelle fois alors que mon esprit se noie, bloqué sur le regard de la petite terrorisée. Je ne peux pas lutter contre la vision terrible qui me vient. Qu'est ce qui se serait passé si je n'avais pas réagi ? J'entends les parents me remercier en sanglotant dans mon dos, alors que mon regard perdu distingue plus ou moins les zombies qui arrivent. Inconsciemment, je crois que je fais un pas vers eux. Qu'est ce que je fais ? Qu'est ce qui me prend ? La horde est encore à l'autre bout de la rue, mais les premiers zombies isolés se sont rapprochés. J'entends des voix m'appeller derrière moi. Il faut que je rentre. Pourtant mes jambes sont en coton. Je tremble alors que j'ai l'impression d'être une petite fille de huit ans face au zombie qui s'approche de moi.

[Lancer de réussite pour le corps-à-corps : 5 + 7 = 12 (réussite de justesse)]

J'ouvre la bouche sans parvenir à parler, ni même à respirer. Je suis stupéfait par ce sentiment d'impuissance soudain. Je recule à petit pas en voyant le monstre cannibale d'approcher toujours plus près en tendant ses bras vers moi. J'imagine la peur étouffante de la pauvre petite, son regard effaré braqué sur l'ancien humain prêt à attaquer ses parents. Son ultime appel à l'aide adressé à ses parents désespéré en voyant la mâchoire claquer dans sa direction. Sa tentative de fuite désespérée en se collant à la porte fermée comme si elle pouvait passer au travers. Et puis son dernier cri alors qu'un dernier instant douloureux mettrait finalement fin au supplice en quelques minutes seulement.

Néanmoins, mon propre supplice semble voué à durer plus longtemps. Le dos collé au mur de la maison, je fais désormais face au zombie qui n'est plus qu'à un pas de moi. Il vacille en marchant et je remarque que sa jambe est orientée bizarrement. Il a du faire une mauvaise chute et se la casser, mais la douleur ne l'importe plus. Tout ce qu'il veut, c'est moi. Je me reprends brutalement au moment où le monstre bascule sur moi, prêt à goûter de la chair fraîche. Son regard fou croise le mien et pourtant ma terreur n'arrête pas son geste. Il plonge tout droit vers ma gorge en ouvrant une mâchoire baveuse et puante. Ses mains agrippent maladroitement mes bras alors qu'il trébuche à moitié sur moi. Il ne se préoccupe pas de ce qui lui arrive. Sa seule et unique motivation est de m'ôter la vie. Quoi qu'il arrive, il le fera. Il ne reste aucune trace d'humanité dans ces cadavres ambulants, c'est certain. C'est la première fois que je vois d'aussi près toute la fureur d'un contaminé dirigée vers moi. Et je réalise ce que c'est, qu'être un vrai monstre. Aucune hésitation. pas de baraguignage. Une détermination sans faille, une monstruosité qui va droit au but, sans embarras ni balancement. Finalement, plus mes pensées s'affolent et plus je m'éloigne de ce modèle terrible d'abomination.

Je le retient au dernier moment en glissant une main sur sa gorge et une main sur sa poitrine. Sa machoîre claque et il crie de rage, je crois, agacé d'avoir été stoppé dans son geste. Sans surprise cependant, il insiste et fait peser tout son poids sur moi. Mais je ne suis pas (ou au moins plus) décidé à le laisser faire. Je le repousse, usant de toutes mes forces en m'appuyant sur la maison. Ca n'est pas passé loin. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Seul un ultime instinct de survie a protesté pour me faire réagir. Le zombie à la jambe cassée chute alors en arrière et je me dépêche de shooter dans sa tête comme dans un ballon avant de retourner vite fait à l'intérieur de la maison sans demander mon reste. Je fais claquer la porte, et l'homme s'avance vers moi pour m'aider à remettre tout un tas d'obstacles devant la porte. Si jamais il prend l'envie à quelques zombies de venir toquer, il faut s'assurer qu'elle tiendra le coup. Et puis lorsqu'enfin je me laisse tomber dans le dernier siège qu'on vient de poser contre cette barricade de fortune, je réalise à quel point mon cerveau bouillonne et mes poumons brûlent. Je me rappelle enfin de respirer et prend une longue inspiration. Nerveusement, je passe une main dans mon cou qui a eu chaud, et je m'obstine à fixer le sol pour ne pas recroiser le regard de la famille, ou même de William. C'est lui qui avait raison au final. Je devrais m'excuser. Je n'aurais pas dû. Je n'aurais jamais dû. Je ne fais que le décevoir, encore et encore. Et il me pardonne toujours. Mais à chaque fois la peur de ne pas avoir droit au pardon est plus grande. Je met sa tolérance à rude épreuve et j'ignore jusqu'où je peux tester notre amitié. Je viens tout de même de l'accuser de tous nous mettre en danger. En réalité, il vient de sauver une famille sans défence. Mais alors que la famille sanglote dans un câlin général en nous murmurant des merci que j'ignore comme s'ils ne m'étaient pas destinés, la femme serre soudainement sa fille contre elle et s'éloigne de moi. Elle semble très inquiète et je sens son regard sur moi sans même avoir besoin de lever les yeux. "Est-ce que....est-ce que vous avez été mordu ?" La mère a hésité, mais elle doit être sûre. Elle a vu l'attaque, mais seulement de loin. Elle n'est pas certaine, mais je pourrais cacher ma blessure. Elle a raison de s'inquiéter. Ca ne serait certainement pas le moment de protéger un mordu. Elle pense peut-être qu'il serait plus prudent de me forcer à retourner dehors. Je me fige en entendant sa question, une main toujours dans la nuque. Lentement, timidement, mon regard remonte finalement jusqu'à elle. Les trois paires d'yeux de la petite famille me fixent avec crainte et soupçon, comme si j'étais déjà condamné. Comme si j'étais l'un des leurs. Car après tout, avant même de me faire mordre j'étais un monstre qui se fichait de la valeur d'une vie humaine non ?

Leur regard me glace le sang et je laisse retomber mon bras comme celui d'un pantin. Je ne peux m'empêcher de leur renvoyer un regard un peu inquiet. Non, je ne suis pas un monstre !! Arrêtez de me regarder comme ça !! J'ai envie de leur crier dessus, j'ai envie de fuir. Mais quand je croise à nouveau et malgré moi le regard de la petite, mon coeur se brise. Je ne fais définitivement plus partie du camp des humains désormais. La famille juge mon temps de réflexion de plus en plus long et je vois leurs yeux s'aggrandir alors que le doute fait place à la peur. Face à leur réaction, je ne sais plus quoi faire, ni quoi dire. J'ai l'impression que même si je nie, ils me jugeront coupable. Je marmonne comme si je n'étais même pas sûr de moi. "Non, bien sûr que non." Et comme pour m'assurer de ce que je dis, je tourne soudainement la tête vers William, l'interrogeant du regard, cherchant une nouvelle fois de l'aide et du soutient auprès de cet ami que j'ai malmené trop souvent.





Dernière édition par Alexander Clavell le Mer 14 Oct - 1:23, édité 1 fois
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Re: Sois Tranquille - William Hawke   
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Re: Sois Tranquille - William Hawke   
Jeu 15 Oct - 1:04


Sois tranquille


Je n’entends plus ce qui se passe autour de moi, je crois que je frôle l’état de choc. Je ne suis pas fait pour survivre, je ne devrais même pas être là. Je suis de ceux qui auraient du mourir les premiers, parce que je suis incapable de survivre tout seul, incapable de toujours penser à être prudent. Je voudrais juste être normal, comme je l’étais avant. Normal et gentil. Mais je crois que ça devient de plus en plus compliqué dans le monde dans lequel nous vivons, et Alexander a fini par en avoir marre. Je me déteste d’être aussi stupide parce que même lui ne me supporte plus. J’aurais du lui tenir tête, j’aurais du crier comme il l’a fait parce que moi aussi, j’avais des raisons. Je ne veux pas que cette famille meure, et pourtant je n’ai rien fait pour les sauver. Sans bouger, le regard vide, je me demande ce que je vais pouvoir faire à présent. Rien. C’est tout ce qui me vient à l’esprit. Rien du tout. Arrête de faire l’enfant, il a dit. Mais moi, je ne sais plus quoi faire depuis que ses paroles m’ont heurté. Je prends ses reproches comme un rejet pur et simple, et j’en suis beaucoup plus touché que je ne le devrais. Je suis triste, réellement triste. Alors je ne ferai rien. J’attendrai, spectateur passif de la destruction de l’humanité. Rien à foutre.

Mais soudain, tout s’agite autour de moi et alors que j’ai décidé d’abandonner, un instinct presque animal me fait relever la tête. La seule chose qui me pousse encore à survivre. Ce que je vois me déconcerte et je regarde la scène avec des yeux ronds. Est-ce que je rêve ? Est-ce qu’il se fout de moi ? Alexander a dégagé la barricade de la porte pour tirer toute la petite famille à l’intérieur de la maison. Si je n’avais pas été si surpris, j’aurais sûrement été content. Ma conscience s’allège un peu, un tout petit peu, c’est au moins trois vies qui ne seront pas prises par ma faute. Je ne comprends pas où est passée la conviction qui animait Alexander tout à l’heure, qui l’a poussée à me parler comme au dernier des cons. Je lui en veux tellement, et peut-être même un peu plus maintenant, alors qu’il joue les héros à secourir la famille plantée devant la porte. Je ne sais même pas si j’arriverai à lui pardonner un jour, ou peut-être que je ne sais que trop bien que je lui pardonnerai. Vite, beaucoup trop vite, et ça m’énerve encore plus.

Je sens trois paires d’yeux braqués sur moi, alors que je suis toujours assis par terre avec l’expression de quelqu’un qu’on vient de poignarder. Lentement, comme si mon sang s’écoulait de mon corps, je tourne la tête vers la famille qui vient de me rejoindre et leur adresse un bref sourire. Tout ira bien. Du moins pour les prochaines minutes. La petite fille se cache entre ses parents et je ne peux m’empêcher de la regarder. Inévitablement, je pense à ma propre fille, à tout ce que j’ai gâché. Ce père, il était prêt à tout pour sauver sa fille et rien que pour ça, j’ai envie qu’il vive. Qu’ils vivent, tous les trois. De nouvelles larmes inondent mon visage et je me recroqueville un peu plus si c’est possible. Je fais peur à la petite, et probablement à ses parents. Ils se demandent sûrement dans quelle maison de fous ils sont tombés. La tête appuyée sur les genoux, je sanglote un moment sans arriver à me reprendre. Je plie sous le poids de ma culpabilité, je n’en peux plus. Mais encore une fois, on ne me laisse pas tranquille, on ne me laisse même pas le temps de m’apitoyer sur mon sort un instant, juste pour me sentir un peu mieux après. J’entends les deux adultes appeler quelqu’un, lui dire de revenir vite et je relève la tête. Mes yeux s’arrondissent pleinement cette fois alors qu’une exclamation horrifiée m’échappe. Alex. Je le vois avec ce zombie, on dirait qu’il avance vers lui exprès. La terreur me cloue au sol mais je crie son prénom. Il n’a pas le droit de me faire ça. Pourquoi est-ce qu’il ne rentre pas ? En titubant, j’essaie de me lever parce que j’ai beau lui en vouloir, il reste mon ami le plus précieux. Il faut que j’aille le chercher, vite. Mais je n’ai le temps de faire que deux pas avant qu’il ne se débarrasse du mort et rentre enfin dans la maison. Avec l’aide du père de famille, il referme la barricade et, maintenant que je n’ai plus peur qu’il devienne l’un d’entre eux, je peux de nouveau être en colère contre lui. Machinalement, je crois les bras en m’appuyant à nouveau contre le mur.

Alex s’effondre sur un des fauteuils et évite mon regard. J’ai envie de hurler pour qu’il lève les yeux, pour qu’il m’explique, mais je ne fais rien. J’attends simplement, donnant un vague sourire à la petite fille qui pleure encore. Heureusement ils sont en vie tous les trois. Pourtant quelque chose les inquiète et je n’arrive pas à cerner le problème, jusqu’à ce que la mère prenne la parole pour demander à mon acolyte s’il n’a pas été mordu. Mon cœur rate un battement. Evidemment qu’il n’a pas été mordu. Pas vrai ? Non non non, il me l’aurait dit. Il ne me cacherait pas quelque chose comme ça, pas à moi. J’essaie de me convaincre tout seul, dans ma tête, et je prie tous les dieux pour que ce soit vrai. Pas à moi… S’il s’était fait mordre en ouvrant la porte parce que je le voulais, je crois que ce serait pire que tout. Il ne peut pas mourir par ma faute, la vie ne peut pas être si cruelle. Il ne peut pas mourir du tout. Il n’en a pas le droit. Et puis son regard. Enfin, sur moi. Je le fixe un instant, alors que la petite famille a l’air de croire qu’il va se transformer en zombie dans la minute. Ils m’énervent à le juger de la sorte, à le craindre comme ça. J’ai l’impression que je vais exploser à force de m’énerver contre tout ce qui m’entoure, il faut que je parte. Alors en essayant d’être naturel, j’attrape mon hachoir et me décolle enfin du mur. Mes jambes ont retrouvé leur mobilité. « Venez il reste une chambre, je vais vous y amener. » Mon ton est froid, sec, totalement à l’opposé de d’habitude mais je suis incapable de faire mieux. Je ne dirai rien sur Alex et je ne lui accorde plus un regard. Je vais les emmener dans la chambre que j’occupais, de toute façon je ne compte plus dormir. D’un pas décidé, je parcours les couloirs de la maison et ouvre brutalement la porte avant de les laisser entrer. Ils n'osent pas dire un mot, mais je sens leurs regards emplis de questions. Ils ont l’air effrayés mais je ne suis pas d’humeur à être le gentil qui rassure. Sans un mot de plus, je les laisse dans la chambre avec un semblant de sourire quand ils me remercient.

Et la porte se ferme. Je craque à nouveau. Ils sont sauvés et pourtant, je ne me sens pas bien. Mon amitié avec Alexander, la vie de Rose, ma famille, tout ça me semble si loin que je ne peux m’empêcher de pleurer encore. Loin des regards des autres. Je traîne les pieds jusqu’à la salle de bains où je m’assois sur le bord de la baignoire. Oui je vais me reprendre, ça ira. Il faut que ça aille de toute façon je n’ai pas le choix. Je ne veux pas inquiéter les autres et puis je ne vais pas pleurer comme ça jusqu’à ce que les zombies disparaissent. Je ne crois pas à leur disparition, au renouveau de l’humanité. Alors je ne vais pas pleurer toute ma vie. Il me faut juste un temps, là, pour évacuer toute cette angoisse qui me tord les entrailles. Quand les autres seront réveillés, il faudra que l’on parle. J’ai peur qu’Alexander veuille partir sans moi. Avec Kaitlynn peut-être ? Et River ? Peut-être qu’ils voudront partir sans moi. Après tout, ils savent tous les trois se débrouiller dans ce monde, ils n’ont pas besoin de moi. Sur cette conclusion, la fatigue me prend, m’enveloppe. Mon corps réagit pour que j’arrête de me torturer l’esprit mais je refuse de me laisser avoir. S'ils doivent partir je veux comprendre pourquoi si soudainement. Inlassablement, je garde les yeux ouverts.



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Re: Sois Tranquille - William Hawke   
Ven 16 Oct - 22:29




Willou & Alexou


Sois tranquille


Je me perds dans ce regard vert et j'ai l'impression de m'y noyer. J'y cherche désespérement un soulagement, un signe positif, quelque chose. Mais rien, il se contente de me fixer, l'air grave. Après tout, il a fortement raison d'agir comme tel. Je l'ai accusé des pires maux, et j'ai finalement fait l'inverse de ce que je préconisais, sans préavis aucun. Je m'en veux et je lui pose un regard un peu désolé sur lui. Je voudrais m'excuser, lui dire qu'il avait raison depuis le début, combien je me sens con et vraiment pathétique. Mais je ne retrouve pas William. Je crois bien que c'est la première fois que je le vois avec une telle expression sur le visage. Alors j'ai peur. Terriblement peur. Peur d'avoir été trop loin, peur qu'il ne me pardonne jamais, peur qu'il prenne mon excès de colère à la lettre. Je n'aurais pas du m'énerver contre lui, et ça n'est pas la première fois. Je serre la machoîre en réalisant ce triste fait. Si je suis trop faible pour supporter toute cette histoire, ça n'est clairement pas à lui d'en faire les frais. Je suis définitivement un sale con. J'ai envie de m'enterrer de suite, coincé entre le regard perçant de William et ceux inquisiteurs de la famille. En fait, je n'ai jamais eu autant envie de disparaître que maintenant.

Et puis je perçois la colère dans les yeux brillants de mon ami roux. Je plisse les yeux en l'observant silencieusement, me demandant ce qu'il a l'intention de faire. L'espace d'un instant, j'ai l'impression qu'il va remettre la famille dehors, vu le regard qu'il leur jette. Et puis finalement, il quitte sa position et décroise les bras pour récuppérer son arme avant de s'adresser aux trois nouveaux venus. Je crois qu'ils n'ont que moyennement confiance en moi. Après tout je refusais catégoriquement de leur ouvrir quelques minutes auparavant. Ils se sont probablement vus mourir à cause de moi. Je baisse à nouveau les yeux à cette pensée et évite tout particulièrement très soigneusement la jeune fille. Je l'entends encore secouée par quelques reniflements, signe d'un gros chagrin passé. Mais je me préoccupe surtout de la voix de William. Il se décide à les guider jusqu'à une chambre pour qu'ils puissent se reposer le temps que la horde passe. Néanmoins, le ton qu'il utilise me fige sur place. Comme un enfant grondé par ses parents, je n'ose pas le regarder dans les yeux, je risque seulement un petit coup d'oeil en coin, mais il ne se préoccupe plus de moi, comme si je n'étais plus là. Rapidement, il disparaît dans les couloirs, la famille à ses talons. Et me voilà enfin seul, comme je le voulais tant. Pourtant, je ne me sens toujours pas tranquille. La réaction de William, bien que légitime, me préoccupe. J'ai vraiment abusé..

Je plonge ma tête entre mes mains en cherchant désespérement une solution. Je devrais peut-être demander conseil à Kaitlynn ou River. C'est un miracle que ces deux là dorment encore. C'est à se demander s'ils sont toujours dans la maison. Mais je n'ai pas hâte de leur expliquer ce qu'il vient de se passer de toute façon. Rongé par la culpabilité, je m'effondre complètement dans le fauteuil que j'occupe et j'attends qu'une idée géniale me vienne. L'espace d'un instant, je me lève et je vais marcher dans la maison. Je fais mine de contrôler les barricades mais en vérité je cherche William. Il faut que je m'excuse. J'aurais deux fois plus honte en admettant que j'ai eu tort, mais c'est la seule idée qui m'est venue pour retrouver le William d'avant. Mais la maison est vide et silencieuse. J'ignore dans quelle pièce il se cache, mais de toute évidence, il ne veut pas me voir. J'appelle timidement son prénom en évitant de faire trop de bruit, mais le silence de l'aube continue de me répondre. Triste et déçu, je retourne finalement à mon point de départ et jette un coup d'oeil à l'extérieur par la fenêtre. Les zombies sont désormais trop nombreux pour se risquer à l'extérieur. Alors j'erre encore un peu dans la maison. Je trouve une petite bibliothèque et je choisis un livre un peu au hasard. Inconsciemment, j'ai mis la main sur un livre de cuisine. Je profite de la lumière timide du soleil qui perce à travers les barricades des fenêtres pour m'installer à la table de la cuisine et lire. Enfin, au moins pour parcourir les images surtout. Petit à petit, je m'affale de plus en plus alors que je sombre dans cette semi-obscurité silencieuse. Je lutte comme je peux contre la lourdeur du sommeil qui pèse sur mes paupières. J'ai laissé entré des étrangers dans notre abri, je dois rester attentif, même s'ils n'avaient rien de dangereux. L'apocalypse, ça nous fait faire des trucs franchement stupides.





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Re: Sois Tranquille - William Hawke   
Sam 17 Oct - 0:33


Sois tranquille


Je reste un long moment comme ça, les yeux dans le vague et le cul sur le bord de la baignoire. Je n’ai plus conscience de ce qui m’entoure. C’est comme si je dormais, je ne comprends plus rien, mais j’ai les yeux ouverts. Je ne les fermerai plus, je m’en fais silencieusement la promesse. Je dors comme ça, assis la tête dans les mains, pendant longtemps. Parce que quand je relève enfin la tête, les yeux irrités par les larmes que j’ai versées, il fait jour. Un faible jour, une lumière de matin, mais jour quand même. J’ai le corps courbaturé, les muscles fatigués d’être resté dans cette position si longtemps. Alors je me lève. J’ai du mal à tenir sur mes jambes, elles n’ont pas bougé depuis tout à l’heure. Je m’accroche au lavabo et en profite pour regarder mon reflet dans le miroir crasseux. Personne n’est à son avantage en ce moment, mais j’ai particulièrement une sale gueule. Je crois que je n’ai jamais eu autant de barbe de toute ma vie et, étrangement, le fait de me contempler comme si rien ne se passait dehors me réconforte. Je n’arrive pas à réfléchir, je crois que j’ai disjoncté. Calmement, lentement, je regarde à l’intérieur des tiroirs et placards de la salle de bains, jusqu’à tomber sur un vieux rasoir jetable. Eh, c’est mieux que rien. Ma vie est en train de déconner encore plus qu’avant et tout ce que je trouve à faire, c’est essayer de me raser. Et j’y arrive, un peu. Disons que c’est moins le bordel. Ma tâche finie, je balance le rasoir dans la baignoire et finit par sortir de la salle de bains.

La lumière qui filtre dans le couloir me fait plisser les yeux même si elle est encore faible. Comme si je faisais une ronde, je jette un œil dans toutes les chambres. J’erre dans les couloirs comme une âme perdue, ce que je suis en ce moment d’ailleurs. Kaitlynn dort, River dort aussi. Je souris doucement en voyant qu’ils ont trouvé tous les deux le sommeil. Devant la porte qui abrite la petite famille récemment sauvée, j’hésite. Je n’ose tout de même pas regarder à l’intérieur, je ne veux pas les déranger. Néanmoins je colle mon oreille contre la porte, pour écouter un peu ce qui se trame à l’intérieur. J’entends des voix, les parents ne doivent pas dormir, trop occupés à veiller sur leur petite fille qui elle, doit dormir. La pauvre, elle doit être en état de choc. Mon cœur se serre en pensant à la façon dont elle doit vivre les événements. Heureusement, Alex a fini par leur ouvrir cette maudite porte, même si je lui en veux de la manière dont il l’a fait.

Alex d’ailleurs, j’aimerais savoir où il est. Inconsciemment, j’ai attendu, prié, pour qu’il vienne me parler, m’expliquer, mais rien. Il n’est pas venu. J’essaie de ne pas tirer de conclusions, j’essaie de me dire que ce n’est pas parce qu’il ne veut plus me voir. Pourtant il y a une petite voix à l’intérieur de moi qui ne cesse de me répéter que je suis un boulet. Le pire boulet du groupe, celui que les autres se traînent. Je me déteste de peser sur eux comme ça. Et ma conscience ne cesse de me répéter que pour les soulager, il faudrait que je parte. Que je parte loin, seul, là où je ne peux tirer personne vers le bas. Parce que c’est tout ce que je fais. Je tire les gens vers le bas, en espérant qu’ils pourront me relever. Combien de fois Alexander m’a-t-il sauvé la vie ? La première fois que nous nous sommes rencontrés, quand je suis tombé dans une cave à travers le sol… Dans la forêt… Je n’arrive même plus à me souvenir de tout. Je traverse encore une fois toute la maison pour essayer de trouver mon meilleur ami, si je peux me permettre de le qualifier comme ça à nouveau. Sa chambre est vide, comme le salon. Je n’angoisse plus, je crois que je suis trop fatigué, nerveusement et physiquement. Je marche lentement, les yeux mi-clos. Pour me convaincre que j’ai ma place parmi eux, je crois que j’ai besoin d’entendre Alex me le dire. Alors je l’appelle doucement, dans un murmure. Comme si j’avais peur qu’il ne m’entende vraiment. Et enfin, presque à contrecœur, je le trouve. Il s’est endormi. Je ne sais pas pourquoi mais je suis déçu. Peut-être que je m’attendais à le trouver dans le même état que moi, incapable de dormir et un peu triste. Mais entre ses mains, il tient un livre de cuisine et c’est tout. Je serre les dents pour ne pas me remettre à pleurer. Pas encore une fois…

Alexander a l’air tellement paisible, je ne peux m’empêcher de sourire. Il sera bien avec eux. Lucky est venu veiller sur lui, il est couché pas loin et je me baisse pour caresser gentiment sa tête. Ils seront bien sans moi. C’est tout. Pourtant je n’arrive pas à me décider à partir. Je reste debout, près de mon compagnon d’apocalypse, persuadé qu’il faut que je m’en aille mais incapable de bouger. Je me concentre sur mon souffle, en essayant de le garder calme et régulier. Il ne faut pas avoir peur, j’ai tout perdu alors je n’ai plus rien à perdre dehors. Moi qui avais des envies de mort, je n’ai plus que quelques pas à faire et mes jours seront comptés. Et pourtant il y a Alexander qui me retient encore, alors qu’il m’a envoyé chier comme jamais et qu’il ne me considère sûrement plus que comme un gros nul incapable de s’occuper de lui-même. Il murmure dans son sommeil et je ne comprends pas ce qu’il dit. Je crois qu’il prononce le nom de Mary. Il sourit. Ca faisait un moment que je ne l’avais pas vu sourire, et avec ce qui s’est passé plus tôt, j’avais presque oublié qu’il n’était pas qu’un type horrible capable de laisser dehors toute une famille. Je partirai avec une bonne image, je crois que ça m’apaise. Sûr de moi à présent, je vais à la recherche d’un stylo, d’un crayon, d’un n’importe quoi pour écrire un dernier mot à mes amis. Mais je ne trouve rien, rien qui pourrait me permettre de leur dire à quel point je tiens à eux, pour dire à Alex à quel point il compte pour moi.

Tant pis. Je ne leur dirai rien, ils comprendront peut-être. En douceur, pour ne pas le réveiller, je laisse glisser mes doigts dans les cheveux d’Alex. « J’oublierai jamais. » Je t'oublierai jamais. C’est tout ce que j’arrive à murmurer. Ma voix ne semble plus vouloir sortir de ma gorge. Ca fera office d’adieux, je ne veux pas lui dire tout ce que j’ai à dire en face. Je n’en ai pas le courage, je n’ai jamais été un courageux. Alors je profite qu’ils dorment tous et je jette mon sac sur mon épaule. Il ne faut plus faire machine arrière. J’ai pris ma décision. Je cours jusqu’à la chambre de la petite famille et je toque doucement à la porte, en essayant d’avoir l’air détendu. Il n’en faut pas beaucoup pour les décider à m’ouvrir la fenêtre, je prétexte une expédition de routine pour aller chercher à manger. La horde est passée, il n’y a aucune raison pour qu’il se méfie. Le père ouvre alors la barricade de la fenêtre et je me hisse sur le rebord. Je ne dois pas m’arrêter, la moindre attente me ferait faiblir. Je saute à l’extérieur et je me mets à courir, il ne faut pas réfléchir. Je cours pour libérer mes amis, pour libérer ma conscience. Je ne veux pas les mettre en danger. J’ai peur, je n’arrête pas de courir. Je ne ralentis même pas en croisant des zombies, ils n’ont même pas l’air de comprendre ce qui se passe. C’est la seule chose que je sais à peu près faire, courir. Alors je continue jusqu’à ce que les larmes m’empêchent de voir où je vais. J’ai les poumons en feu alors je pousse la porte d’une habitation et je m’y faufile. Le silence règne dans la maison, même si j'essaie de tendre l'oreille pour entendre quelque chose. Il n'y a ni vivants, ni morts. Je suis tout seul maintenant.



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Re: Sois Tranquille - William Hawke   
Sam 17 Oct - 2:54




Willou & Alexou


Sois tranquille


Ma tête lourde chute en avant. Je manque de me cogner contre la table et je me reprends en clignant des yeux. Je commence à perdre conscience alors que le sommeil s'empare à nouveau de moi. Je lutte désespérement, mais après le coup d'adrénaline que j'ai pris, la fatigue est deux fois plus forte. Le silence est toujours assourdissant dans la maison et j'imagine que tout le monde dort. Je pense tristement à demain matin et à ce qu'on va bien pouvoir se raconter. Je soupire d'avance, sachant pertinamment que je devrais prendre mes responsabilités, en particulier face à William. Je regrette de ne pas avoir pu m'excuser sur le champ, mais je comprends qu'il soit en colère contre moi. S'il veut être seul, j'attendrais aussi longtemps qu'il le faudra. Son amitié m'est vraiment trop précieuse. En fait, elle m'est même indispensable. Alors que je referme le livre qui ne m'a absolument pas maintenu réveillé comme prévu, j'entends des petits bruits que je reconnais bien. Je redresse la tête jusqu'à voir Lucky apparaître dans l'encadrement de la porte. Il me jette un regard curieux et je l'appelle en lui tendant la main. Aussitôt il se précipite sur moi pour me faire un câlin. Je glisse ma main dans son poil doux en le gratouillant et ne peux pas m'empêcher de sourire. Il est tout ce qu'il me reste de ma vie d'avant, et le peu de chaleur qu'il m'apporte suffit à me remonter un peu le moral. J'aimerais pouvoir serrer William dans mes bras aussi, mais je ne veux pas le réveiller. Je n'ose pas. J'ai bien compris qu'il m'en veut, et il a raison. Je ne sais toujours pas comment me faire pardonner, et ça me torture les neurones. Impossible de penser à autre chose. Je redoute cet instant où je vais croiser son regard à nouveau. Est-ce qu'il m'adressera encore la parole au moins ? Autant de peurs ridicules mais préoccupantes pour mon esprit dérangé. L'espace d'un instant, j'ai presque envie d'aller secouer William et de lui demander pardon en le harcelant jusqu'à ce qu'il accepte de me parler à nouveau. Finalement, comme s'il avait sentit ma détresse, Lucky pose son museau sur mes genoux en demandant de nouvelles caresses. Je souris doucement en me rappelant qu'il faisait souvent ça dès que je m'asseyais, et ça faisait toujours rire Mary. On s'amusait même à faire des tests en s'asseyant juste pour voir si ça allait le faire venir. Finalement, assomé par la fatigue, la pression et apaisé par de doux souvenirs, je m'allonge à moitié sur la table sans m'en rendre compte et je tombe dans les doux bras de Morphée, comme pour chercher refuge dans le sommeil. Ce serait toujours mieux de dormir un peu plutôt que de se prendre la tête tout seul dans cette cuisine sordide.

*

Je me réveille un peu en sursaut alors que Lucky pousse un aboiement. Il me faut un court instant pour revenir dans la réalité et comprendre ce qui se passe. Il vient de saluer le père de famille qui entre timidement dans la cuisine. Il s'excuse pour m'avoir réveillé et je secoue la tête pour lui faire comprendre que ça n'est pas grave. J'ignore combien de temps j'ai dormi mais suffisament longtemps pour avoir les trois quarts des muscles endoloris par la drôle de position que j'avais adopté. Je m'étire tranquillement en regardant Lucky renifler curieusement le nouveau venu. Il est toujours content de rencontrer des nouvelles personnes. Il est deux fois plus heureux lorsque la petite de la famille entre à son tour avec sa maman et s'émerveille devant le chien. La scène m'arrache même un nouveau petit sourire attendri. J'en ai presque oublié ce qui vient de se passer quelques heures auparavant. Leur présence ne me semble plus du tout dangereuse et je m'émerveille presque à mon tour devant la petite qui joue avec Lucky. "Vous avez pu dormir un peu ?" Je demande d'un air qui se veut amical pour tenter de chasser la mauvaise impression que j'ai faite auparavant. Je cherche à me racheter comme je peux et je commence par leur prouver que même si j'ai réagis comme un connard, je ne leur veut aucun mal. "Un peu, après que votre ami soit partit. Mais avec tout ce qui se passe, on a pas le sommeil facile..." Confie l'homme en levant les épaules. Je m'apprête à acquiescer, quand je réalise ce qu'il vient de dire. Ca me fait l'effet d'une gifle et mon coeur se serre dans l'inquiétude brutale. "Mon ami ? Quel ami ?" J'ai trop peur de comprendre de qui il parle, et surtout j'ai peur de ne pas comprendre pourquoi. L'homme semble un peu confus face à ma surprise. "Votre ami roux. Il nous a dit qu'il allait chercher des provisions. Il n'est pas votre ami ?" Je fronce les sourcils face à la question. Bien sûr que si, c'était un abruti de poser une telle question. Mais il vient de confirmer mon angoisse. Pourquoi diable William irait-il collecter seul sans prévenir personne ? La réponse est toute trouvée. Parce qu'il est en colère contre moi. Il ne veut plus me voir à ce point ? Je sens la panique monter alors je tente de rationnaliser. Il avait besoin d'air frais. Il est peut-être juste dans les environs. Aussitôt je bondis sur mes pieds en attrapant mon couteau. Le père fait un mouvement de recul mais je ne m'en préoccupe pas. "WILLIAM !" Je crie dans la maison alors que les parents échangent un regard, un peu mal à l'aise. Ils comprennent qu'ils ont fait une erreur. Mais je suis trop occupé à m'inquiéter pour William pour m'occuper d'eux. Je l'appelle encore et encore. Ouvrant les portes à la volée sans m'inquiéter de réveiller mon ami s'il est déjà revenu de sa virée. Mais rien. Ni personne. Kaitlynn et River surgissent, aussi surpris et inquiets que moi. "William est partit !" Ma voix s'étrangle alors que je leur explique la situation le plus brièvement du monde. Lorsqu'ils me demandent des explications, c'est au delà de mes forces, je me contente de hausser les épaules et de courir jusqu'à la prochaine porte. Bien vite, mes amis se mettent à chercher avec moi. On a beau retourner la maison, William n'est pas là.

Doucement mais sûrement, l'information monte jusqu'à mon cerveau. William n'est pas là. William est partit. Sans un mot, sans une explication. Rien. William est seul, dehors, au milieu des zombies. Et c'est ma faute. La violence de l'inquiétude me retourne l'estomac. J'ai envie de vomir. C'est ma faute si il est partit. Mon dieu, si il lui arrive quoi que ce soit.... J'ai les jambes en coton et toutes mes forces me quittent d'un coup. J'ai soudainement l'impression d'avoir beaucoup de fièvre. Le choc est trop violent. Je vais succomber sur place. Ca serait presque l'idéal en fait. Mais ça serait trop facile. Soudain je serre les poings. Hors de question d'abandonner sans se battre. Je vais le retrouver et le ramener. Plus vite on partira à sa recherche, plus il aura de chance de survivre. C'est un grand garçon, il peut se débrouiller jusqu'à ce qu'on le retrouve. Il doit. Je ne peux m'empêcher de repenser à mon cauchemar et je vole jusqu'au père de famille, en me jetant sur lui comme un fou. Je l'attrape par le col et je le secoue avant même que quiconque ne comprenne ce qui se passe. "Où il est ? Par où il est partit ?!" Je hurle sur lui alors que la femme pousse un cri de surprise et que Kait' et River essayent de comprendre qui sont ces gens. Confuse, la femme essaye d'expliquer la situation puisque je ne prête pas la moindre attention aux interpellations de mes amis. Je fixe l'homme d'un regard menaçant alors qu'il marmone une réponse sans être sur de lui. "Il est passé par la fenêtre, et il s'est mit à courir.. Je ne sais pas... !" Mon otage finit par protester et se débattre pour tenter de se libérer de sa prise. La fenêtre. Je reste un instant interdit. Il a clairement fuit la maison en évitant de faire trop de bruit en passant par la porte. Je déchaîne un flot d'insultes envers moi-même en me maudissant d'avoir sombré si facilement face au sommeil. Merde quoi ! Si seulement j'étais resté éveillé. Si seulement j'avais insisté pour aller lui parler ! Si seulement... ! Je secoue à nouveau le père dans un geste rageur. "Et vous vous l'avez laissé faire ?! Par la fenêtre !" L'homme s'énerve à son tour. Il juge que je l'agresse et que ça n'est pas de sa faute. Mais c'est plus facile pour moi de l'accuser plutôt que d'avouer que c'est de la mienne. Alors je déchaîne cette colère qui m'est vouée sur lui. Plus j'ai envie de pleurer et plus je hurle. Kaitlynn et River essayent de me retenir mais je les repousse d'un geste. J'ai sortit mon couteau, et je le serre fort dans ma main. J'en veux à ce mec comme je m'en veux à moi. Si seulement ils n'avaient pas cogné à notre porte comme des abrutis incapables de se trouver leur propre abri, rien de tout ça ne serait arrivé. Je brûle d'envie de lui faire regretter son geste. Personne n'emporte William loin de moi sans conséquences. PERSONNE. Je serre les machoires alors que la rage contracte tous mes muscles. Sous la menace, l'homme n'ose plus bouger. Kaitlynn et River continuent d'essayer de me parler mais je ne les entends même plus. L'homme continue de protester et assure que William avait agit tout à fait normalement. Oui parce que c'est normal de sortir par la fenêtre. Et puis j'ai vu son regard. Je le connais assez pour comprendre qu'il se passe quelque chose d'anormal. J'ai envie de lui planter mon couteau dans la main tant je lui en veux. "Vous pouviez pas vous mêler de vos affaires hein ?!" Je suis sûr le point de craquer quand la femme se jette sur moi et me frappe à coup de poêle. J'ai à peine le temps de la voir venir pour lâcher son mari et me protéger du coup. L'instant suivant, je lui attrape le bras et je la gifle si fort qu'elle en perd l'équilibre et est obligée de se retenir à la table. C'est au tour de Kaitlynn de protester et de s'inquiéter pour la femme alors que River s'interpose pour tenter de calmer le mari à son tour fortement énervé. Je les fusille tous du regard. Un regard fou qui glisse même sur le visage apeuré et suppliant de la petite fille, réfugiée dans un coin. Je ne me laisse plus attendrir par qui que ce soit. Je crois bien que je serais capable de tous les découper en morceaux si le temps ne pressait pas. Je pointe un doigt accusateur vers eux alors que Lucky aboit, paniqué par tant d'agitation soudaine. "La prochaine fois, vous avez intérêt à vous trouver une sacrée bonne cachette !" Sans préciser si la menace ce serait les contaminés ou moi-même, je les laisse sur place, libre de faire leur propre interprétation de la menace. Pour moi, elle est claire. Je me débarasse rapidement de la barricade, sous le coup de l'émotion, et je repousse Kaitlynn et River lorsqu'ils essayent de me retenir, assurant qu'il va revenir par lui-même et qu'il suffit de l'attendre calmement. "Je vais le chercher, un point c'est tout." Je réponds méchamment, un peu trop même. Ils ne savent pas ce que je sais. Ils ne savent pas que tout est de ma faute, et que ça me rend fou de le savoir en danger à cause de moi. A chaque seconde qui passe, l'angoisse m'étouffe un peu davantage. J'ai besoin de partir à sa recherche. Si je reste ici je vais craquer. Alors je pousse la porte, je jette un coup d'oeil et je me précipite dehors sans même savoir vers où aller. Lucky se précipite à mes trousses. Peut-être qu'il pourra le sentir ? Le moindre espoir, la moindre petite piste me semblent de toute façon aussi précieux qu'une bouffée d'oxygène pour un noyé. Trop borné pour accepté qu'il ai décidé de faire ses valises sans rien me dire, je plonge dans le déni absolu de cet abandon brutal. Je suis prêt à retourner la ville toute entière pour lui mettre la main dessus. En fait, je ne m'arrêterais pas avant. Je dois absolument le retrouver, le ramener, et tout lui dire.





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