Je crois que mon deuil est en train de se faire doucement. Keith ne me lâche pas, il est toujours là, tout près de moi, et à chaque fois que je craque, c’est dans ses bras. Lui aussi, je crois qu’il commence à aller mieux. Nous guérissons ensemble, et aujourd’hui nos pas nous guident jusqu’à l’aéroport d’Oakland. Evidemment, il n’y a plus un seul avion qui décolle, mais nous ne savons plus trop où aller, on tourne en rond alors pourquoi pas ? Je tiens sa main dans la mienne alors qu’on se chamaille gentiment pour la millième fois. Mais soudainement, une idée très drôle me vient en tête. « Tu me rattraperas jamais ! » Puisqu’il dit que je suis toujours à la traîne, voilà que je le laisse sur place et je pars en courant. Je rigole toute seule en l’entendant courir, mais je ne me laisse pas attraper. Je cours dans l’aéroport, je grimpe un escalier à toute vitesse, comme s’il n’y avait plus personne, plus aucun danger. Mon sac manque de tomber en m’emportant avec lui, mais je le rejette sur mon épaule et je cours un peu plus vite.

[Dé d'observation : 1 + 5 = 6. Échec de justesse]

Je me retourne pour voir si Keith est toujours derrière moi mais je ne le vois plus. Hinhin, j'avais bien dit qu'il était trop lent ! Je ricane et un bruit dans mon dos me fait me retourner à nouveau. J'aimerais bien me cacher tiens, pour voir sa tête ! Seulement je fais à peine trois pas que j'échappe un cri. Là, juste devant moi, je vois ce type avec son fusil. Il le pointe sur moi dans le plus grand des calmes et tout ce que je trouve à faire, c'est lever doucement les mains devant moi. Je ne peux pas attraper mon flingue, ni même ma poêle. Un bon coup dans la tronche, ça l'aurait pourtant calmé celui-là ! Je prie intérieurement pour que Keith ne débarque pas maintenant pour se faire tirer dessus avec moi, mais s'il pouvait faire quelque chose d'héroïque, ce serait genre méga cool. En attendant, je fixe l'inconnu avec de grands yeux et comme il ne bouge pas, je recule d'un pas. « Salut.. ? » Est-ce que ce serait pas le moment de se tirer ?

L’inconnu s’approche en continuant de me braquer avec son fusil. Je ne sais pas ce qu’il cherche, mais ça ne me plaît pas. Je recule doucement, mais je n’arrive pas à maintenir entre nous autant de distance que je le voudrais. J’ai peur, vraiment, encore une fois. J’ai le cœur qui bat comme un fou et me revoilà à penser qu’on ne peut vraiment faire confiance à personne. Je ne baisse pas les mains, j’attends sagement le bon moment pour m’enfuir sans me prendre une balle dans la tronche, mais voilà que le type se met à me parler comme si de rien n’était. Il raconte qu’il y a des zombies, ça je le sais bien. Il y en a partout, au cas où il n’aurait pas remarqué. Partout, et tout le temps. Je hausse les épaules sans rien répondre, alors qu’il continue. Il me demande de le suivre, sérieusement ? C’est le moment le plus bizarre de ma vie. Je fronce les sourcils. Il ne me veut aucun mal ? En me pointant avec son fusil ? Je retiens un rire pour ne pas enflammer les choses, mais j’ai l’impression qu’il se fout de ma gueule. Le pire, c’est qu’il a l’air de croire que je vais vraiment le suivre parce qu’il tourne les talons. Il repart dans le plus grand des calmes, me laissant interdite un moment. Il ne me faut quand même pas des plombes pour faire demi-tour à mon tour pour aller retrouver mon amoureux.

[Dé d'observation : 17 + 5 = 22. Réussite parfaite]

Je n’attends pas un instant de plus et je pars d'un pas rapide, je cours presque en revenant sur mes pas pour essayer de trouver Keith le plus vite possible. Je veux qu’on se tire de là, qu’on évite les problèmes comme nous l’avions fait depuis quelques jours. Je n’arrive pas à calmer les battements de mon cœur, jusqu’à ce que finalement, je tombe sur Keithou. Il a pas l’air très content de m’avoir perdue si longtemps, alors je souris pour faire comme si tout allait bien en m’approchant. « C’est nul ici, on se tire ? » Je crois que si je commence à lui raconter qu’il y avait un type avec un fusil, il va commencer à râler, et peut-être même vouloir aller lui gueuler dessus s’il est dans un mauvais jour, alors j’oublie de lui en parler. Je lui raconterai plus tard, quand on sera un peu plus loin et qu’il saura qu’il vaut mieux qu’on évite l’affrontement, surtout vu son état global du moment. Ouais, je lui dirai demain. Peut-être.

J’essaie de faire comme si de rien n’était, pourtant Keith n’est pas dupe. Il faut croire qu’on est tous les deux depuis trop longtemps maintenant, je ne peux même pas mentir en paix pour qu’on s’en aille. C’est chiant ! J’attrape mon prince charmant par le bras pour l’entraîner vers la sortie même s’il me questionne avec son petit air énervé. Mais comme il me suit sagement, je me décide tout de même à lui raconter mon aventure, parce que c’était super bizarre. « C’était un mec. Avec un fusil. Il était super chelou, il m’a pointée avec, et puis il est parti en me disant de le suivre. » En y repensant, ça n’avait ni queue ni tête, et j’hausse les épaules face au regard de Keith. « Moi non plus j’ai pas compris. » Il n’empêche qu’un dingue avec un fusil, ce n’est pas la meilleure des compagnies. Alors si on pouvait se tirer de là avant de se mettre dans la merde – comme d’habitude – ça m’arrangerait.

Ma main glisse dans celle de Keith et alors que nous nous apprêtons à sortir pour rejoindre la rue, j’entends des pas derrière nous. Quelqu’un qui court très exactement. J’ai à peine le temps de me retourner que je vois le type de tout à l’heure. Il gueule qu’il y a des zombies derrière lui, et le voilà qui nous attrape Keith et moi, sûrement pour fuir.

[Dé de fuite : 14 + 8 = 22. Réussite parfaite]

Heureusement pour nous, le gars ne semble pas vouloir nous balancer aux zombies et on sort rapidement dans la rue pour se cacher un peu plus loin. Les morts ne nous ont pas suivis, peut-être qu'ils ne nous ont pas vus. Cela dit, il ne vaut mieux pas faire trop de bruit si on ne veut pas qu'ils finissent par nous tomber dessus. Je lance un regard un peu inquiet à Keith en priant pour ne pas qu'il fasse quelque chose de stupide, et finalement je tente un sourire à l'inconnu un peu flippant. « Merci.. »