Foutu compote ! Tu avais bien vu qu'elles étaient datés du 15 février, non ? Et puis t'avais pas bouffé depuis la veille donc forcément tu t'es tapé la douzaine. Même avec une barbe comparable à la tienne tu les aurais enfilées, hein. De la pomme châtaigne en plus, dégueulasse. Voilà où ça t'as mené : neuf heures du matin, t'éclabousses le dallé et tes Timberland avec de la compote périmée. Au moins t'aura plus de maux de ventre.
Redresses toi, sois un homme. Ce n'est pas la première fois que tu dégorges. Maintenant que tu as la dalle et une haleine de châtaigne digéré, je pense qu'il est temps de me rallumer, parce qu'on se les caille. Vas-y un coup de briquet et laisse-moi te réchauffer les poumons. Le temps que t'expire et j'ai déjà masqué cet immonde gout acidulé qui envahissait ton palet, par ma douce odeur fumée. Merci qui ? Merci tata Marie-Jeanne.

Ca ta reboosté, hein ? T'arrange cette doudoune dont tu as tant honte et reprends ta marche, longeant les batiments d'Hollis Avenue. En calant tes mains dans les poches, tes doigts se referme sur un petit objet. Tu n'as pas besoin de le sortir pour savoir ce dont il s'agit. Une pipe. A crack, de préférence. C'est celle de Larry, le pauvre Larry. Quand cette ville est.. devenu ce qu'elle est, il était avec toi. Tu as squatter chez lui, comme toujours, pendant près d'une semaine. Me faisant tourner de jour comme de nuit, jusqu'à m'épuiser. Et puis un soir, une de ces choses c'est jetée contre la porte de sa baraque. Ce n'était pas la première fois que vous oubliez d'éteindre la lumière une fois la nuit tombée, je suis si bonne que j'ai tendance à vous faire oublier pleins de trucs. Il attrapait donc cette fameuse pipe et m'utilisait pour remplacer son courage. Une bouffé, puis ses yeux se révulsèrent. Son corps fut secoué de soubresauts puis il se mit à baver, tu hurlais comme un enfant, essayais de lui tenir la tête mais je le secouais de tout son être. Il t'a vomit du sang et tu l'as rejeté. Il s'est calmé, a cessé de bouger, tout comme son coeur. Tu reconnais une overdose quand t'en vois une. Et il était mort, tu le savais. Lenny avait souillé ta veste bon marché avec son sang et sa bile, alors que lui avait économisé des semaines pour se payer cette doudoune "Togs Unlimited", cette doudoune que tu lui jalousais...

Pouce ! Putin mais ce n'est pas l'agent Caine ? Mais si c'est Horatio ! Cet enfoiré de roux t'as tellement contrôler que même de dos tu finis par le reconnaitre. T'as jamais eu un mot aimable pour les représentants de l'ordre, mais cette fois tu n'as pas pu de pousser un cri de soulagement. Il t'as entendu et c'est retourné. Quenelle ! La vache, le type avait la peau tellement boursouflé qu'on aurait dit un Bogdanov ! Tu l'as kiffer ma blague, hein. Je le vois bien, tu te tapes une énorme barre de rire. Alors que le zombie rampe jusqu'à tes pieds, tu continues de te foutre de sa face. Ses jambes ne semble ne plus lui servir à rien, tu es confiant, mais surtout un peu défoncé. Alors qu'il tente de te saisir le mollet, tu lui fauches le bras d'un coup de pied. Celui-ci s'envole sous la force de ton coup, le sang gicle et cette odeur nauséabonde de décomposition envahit tes narines.

ㅡ Oh putin ! Attend attends.. Mais c'est vrai que les roux pu leur race !

Et tu repars dans ton fou rire. Tu l'observes, son dernier membre valide s'agitant dans ta direction. Sa mâchoire qui claque, rêvant de s'enfoncer dans ta chaire. Tu fais quelques pas à reculons, place tes doigts sur ta langue et imite un coup de sifflet. Un pas, puis deux et tu frappes le crane du revenant. Enorme penalty de Wooten qui brise la nuque de Caine sur le coup. Tu cours autour du cadavre, imitant une star du football. Tu aurais bien poursuivi ton cinéma, mais tu as remarqué un truc intéressant sur le cadavre. L'arme. Pas de flingue, mais une matraque. C'est un tonfa ? Prend t'en un coup et on verra si tu feras la fine bouche. Ce qui est sur c'est que ça pourrait te servir. Sans quitter ton sourire stupide, t'attrapes le tonfa. Et lui t'attrape le bras. Pas le tonfa ! Le zombie !

ㅡ Moi ? Ouai je suis seul. Seul tout comme une merde.

Oh ! C'est bien gentil de discuter, mais les zombies au bout de la rue tu les as vue ou tu joues les taupes ? Arrêtes de marmonner dans ta barbe, et c'est le cas de le dire. Et puis.. Seul ? Tu m'as oublié ? N'essayes même pas de m'ignorer. Je suis dans ton sang, dans ton cerveau, dans chacun des pores de ta peau. Plus tu essayes de m'échapper, plus je m'accapare de ton attention. J'appuie sur tes paupières, une douce envie de dormir cinq minutes commence à te titiller. C'est le moment de bouger. Tu lui montres d'un mouvement de barbe les revenants qui se dirige dans votre direction. Ils vous ont bel et bien repéré pour le quatre heure, mais à cette distance, il vous auront oublié avant d'avoir pu vous rattraper, à condition de disparaître. Du genre, tout de suite.

Aucune pression. Je ne sais pas si c'est moi ou la simple accoutumance à voir des gens en pleine décomposition, mais désormais tu gères les choses avec une incroyable légèreté. Il y a encore trois-quatre semaines tu tirais sur ta pipe entre deux trois crie de salo.. de fillette. Maintenant tu te contentes de prendre la direction opposée, sans même un regard en arrière, ni pour eux, ni pour ton nouveau copain.

Un coup d’œil plissé sur la rue, et tu remarques que les alternatives sont du genre limitées. La rue est surtout faite d'appartements et tu le sais par expérience, le risque de croiser d'autres semi-cadavres est trop grand. Deux options s'imposes alors. Sur ta droite une espèce d'hangar fermé par un rideau de fer en mauvais état. Sur ta gauche un sexshop à la vitrine coloré, aux mannequins recouvert de latex et différents accessoires encore inédit pour toi. D'un point de vue pragmatique, l’entrepôt serait plus profitable, mais tu n'es qu'un homme et tu as ce stupide espoir de tomber sur une pornstar de l'autre côté de la porte d'un sexshop. Tu te retournes et pointes les deux entrées.

ㅡ Home Depot ou le BoyMarket..

Énorme déception, ton cerveau réalise au même moment que tu lis l'enseigne. Ne préférant même pas laisser le temps au man de te répondre, ton doigt gauche est rejoint par le droit et c'est tout ton corps qui suit leur orientation. Le store de l’entrepôt est vraiment en lambeau, inutile d'essayer de le soulever, ta Timberland suffit à ouvrir une brèche assez grande pour que tu passes. Une petite contorsion, et maintenant tu peux commencer à t'inquiéter.

C'est génial, ton petit pote s'occupe de couvrir vos arrières. Tandis que toi, tu te contentes de détailler un peu l'endroit où t'as débarqué. Première invective : Bordel ce que c'est grand. Hormis la rangée de caisse qui domine l'entrée, cet entrepôt n'est qu'allées de cartons, pièces de bois et quelques stands d'outils en tout genre. Le tout dans un ordre qui reste correct. Quelques caisses ont été forcées, quelques cartons sont éparpillés ici et là. Seconde invective : Bordel ce que c'est sombre. Éclairé uniquement grâce à la verrière, il ne faut pas compter sur le soleil pour rendre le lieu accueillant. Et après un mois d'abandon l'endroit est juste dégueulasse, poussiéreux à en tuer un asthmatique. Dernière invective : Bordel.. mais il y a Bouclette qui se fait la malle. Une gentille mise en garde et tu le laisses partir sans même un sourire.

Enfin seuls ! Je pense que c'est le moment de pensé à un petit remontant. Vas-y tâte moi le.. Il n'était pas partit celui là ?

ㅡ  J'peux pas te laisser tout seul ici. C'est pas une vie !

Attends ! Sérieusement ? Il croit qu'il abandonne un chiot sur une aire d'autoroute ? Et puis merde, en quoi c'est son problème. Vaut mieux qui baisse d'un ton parce que ton sang ne fait qu'un tour.

ㅡ J'ai bien capté que t'étais totalement foncedé, mais ça change rien. Est-ce que je peux faire quelque chose pour t'aider ?


ㅡ Excuse-moi Blanche Neige, mais tu t'prends pour qui ? Un connard de casque bleu ? J'ai une tête d'enfant soldat en manque de repère ? Ta putain de charité tu peux te la mettre dans le cul et r'tourner t'faire enfiler derrière. T'as pas vue dehors ? Les gens se relève quand tu leur crèves le cœur. J'ai besoin de ton aide autant que toi du miens.

Et bien. On dirait bien qu'elle a des couilles cette face de prout, mais tu es un négro, t'en a des plus grosses. Des couilles, pas des flatulences. Bordel, ce que vous êtes proches à ce moment précis. Aussi droit que tu peux l'être, ton front était presque accolé au sien, ton regard plongé dans celui de ton nouvel adversaire. La tension était palpable. Tu respirais son souffle, il endurait ton haleine. Vos muscles tous bandés, prêt à passer à l'acte. Les gars si vous devez vous battre, faites le vite parce qu'on dirait deux gays. Ow ! Bob, t'es pas PD, hein ?!
C'est quoi cette sueur froide qui te fait frissonner ? Cette effervescence dans ton ventre ? Cette difficulté à déglutir ? Ces discrets mouvements que tu fais avec tes lèvres, comme de petits spasmes ? Arrête tes conneries, t'es en train de me faire flipper. J'te le dis direct si tu essayes de l'embrasser, je te provoque une overdose sur le champs. Fait gaffe à toi ! Avec ta main qui vient attraper son col. J'espère que..

Je préfère vous épargnez la suite de cette scène. Ce fut particulièrement répugnant. Un tel partage de fluide. En si grande quantité. Merde Bob ! Ca coule dans ta barbe ! C'EST LA DERNIERE FOIS QUE TU TAPES DES COMPOTES ! Hey ! What did you expect ?

Seconde couche pour tes Timberland, mais c'est l'inauguration pour le haut de bouclette. Je t'aurais suggéré de lui froisser le crane, mais l'attaque à la bile ce n'est pas plus mal. Enfin.. Question de point de vue. Toi t'es plié en deux. Tes jambes sont flageolantes et tu te maintiens en équilibre grâce à la prise que tu as sur le vêtement de Blanche Neige. Il a quand même bien eu ce qu'il méritait, et tu le penses aussi. La douleur de ton ventre, désormais anormalement vide, te fait oublier cette ridicule colère qui s'était installé. Maintenant, il est temps d'avancer, parce que votre boucan à rameuter du morts-vivants. Le rideau de fer remue, grince, menace de céder.

ㅡ Oh putain de compote ! Ecoute, on remet ça à plus tard, si tu veux bien. Faut qu'on se casse d'ici.

Aussitôt dit, aussitôt fait, aussitôt douloureux. Ton estomac seulement remplit de bile te fait souffrir à chaque pas que t'impose ton compagnon sans nom et la demi-douzaine de cadavres qui vous poursuivent désormais. Tu traverses le hangar comme tu peux, un peu à la traîne et t'engouffres à la suite ton camarade bouclé. La porte se referme aussitôt derrière toi et vous plonge dans un noir absolu. Mettons de côté ton enfantine peur du noir, ce bruit est réellement inquiétant. D'abord masqué par le bruit du meuble, entr'apercu lors de ton entrée, déplacé par Blanche Neige pour barricader la porte ; le grognement fut davantage audible.
Aucun suspens, vous êtes enfermé avec un zombie. Avant même que l'idée te vienne de faire demi-tour tu entends ceux à l'extérieur s'écraser contre la porte qui vous sépare. Ce n'est absolument pas le moment de paniquer, mais tes mains tremblent d'elle-même. Tu donnes quelques coups mal assurés dans le vide, plissant les yeux dans l'espoir de visualiser le peu que t'ai aperçu de la salle.

Une petite pièce, au papier peint immonde aux imprimés tirés d'un autre siècle, quelques cadres sur les murs. Un bureau faisant face à la porte. Tout de suite à droite de la porte, un casier, dont c'est servi Bouclette pour bloquer la porte. De ce côté, le mur ne devait être qu'à deux mètres et tu n'y avais rien remarqué de suspect, tel qu'une silhouette ensanglantée. Mais à ta gauche tu n'avais pas eu le temps de voir quoi que se soit.

La peur fait faire des choses désespérées. Comme chercher l'interrupteur, alors que depuis maintenant près d'une semaine, l'électricité avait été coupée dans toute la ville. Une fois une dizaine de "clic" infructueux sur celui-ci, le double d'injure et deux bruits de pas venant de cette fameuse gauche, tu retrouves l'utilisation de ton cerveau. Ton briquet. Ta main libre plonge nerveusement dans la poche de ta doudoune alors qu'un nouveau pas, toujours plus près se laisse discerner. Le carpharnaüm des cadavres à l'extérieur t'empêche d'évaluer une quelconque distance. Pochetons, pipe, reste de tabac, ce n'est pas cette poche. Un nouveau grognement, un nouveau coup de tonfa dans le vide. Tu hurles pour te donner du courage et le zombie s'agite davantage. Tu frappes une nouvelle fois, quand le tonfa frappe quelque chose.

Galvanisé par ta peur, ta fatigue et par les quelques traces que j'ai laissées dans ton cerveau, tu te jettes sur ce qui se tient au bout de ton tonfa. Et c'est accompagné d'hurlement que tu fracasses tout ce qui tombe sous le courroux de ta matraque. Tous tes sens tentent de compenser ta vue. Tu sens chaque craquement que provoque ton tonfa, puis en entend la confirmation. Plus tu frappes, plus cette, désormais commune, odeur atroce s'immisce dans tes narines. Plus ton visage se couvre d'un liquide, dont tu préfères ignorer la nature. Tu frappes jusqu'à ne plus rien sentir bouger. Jusqu'à ne plus avoir de souffle pour crier. Jusqu'à ne plus avoir la force de lever le poing. Jusqu'à t'écrouler dans ce qui n'est plus qu'une marre visqueuse.

ㅡ J'veux pas crever dans le noir. Putain de merde pas dans le noir..

Faut que vous trouviez un moyen de sortir d'ici, qu'il dit. Mais tes vieux démons commencent à te rattraper. Je commence à te rattraper. Dans ces moments où peur et désespoir t'ont épuisé, c'est à moi que tu passes le relais, habituellement. Oui, même dans ce genre de situation, l'on peut se permettre ce genre de mot. Habituellement. Je suis ta routine. Sans surprise, mais terriblement efficace. Une fois ton cerveau atteint par la première taf', le monde se simplifie. Tes problèmes sont mis de côté, prêt à te sauter à la jugulaire une fois que tu me quittes.
Mais ton collègue insiste. Faut que vous trouviez un moyen de sortir. Vite, qu'il rajoute. T'inspire alors, comme si c'était la dernière fois. L'air se précipite dans tes narines pour aller se filtrer directement dans tes poumons défaillants. L'oxygène maintenant extrait s'engouffre dans tes veines, traversant ton corps en un unique battement de cœur. Tes muscles toujours endolories s'en goinfre, avant de laisser les restes à ton cerveau douteux. Oui. Tu réfléchis.

ㅡ Attends, attends..

Tu sens la main de bouclette t'effleurer. Tu l'attrapes et il te relève. Aussitôt, tu te lances dans l'inévitable danse du feu. D'abord, les mains sur tes cuisses, tu fais ensuite glisser tes mains de tes fesses à l'arrière de tes cuisses. Tu te redresses, tourne ta main gauche dans la poche de ta doudoune, fait de même de la droite. Maintenant tu palpes ton torse avant de guider tes doigts à l'intérieur de ta veste. Et dans la poche intérieur : ton briquet. Et il sufirraaaa ♪ .. d'une étincelle. Pour allumer le feu. Tes yeux se plissent d'eux même, agressés par la petite flamme chancelante de ton Zippo. Pour te rassurer, tu passes la flamme près du sol et tu contemples le corps massacré d'un mort-vivant-mort. Il est encore dans son costume et ses souliers cirés, mais son visage n'est plus que ratatouille. Détournes les yeux, tu as assez vomi pour aujourd'hui.

ㅡ Putin de merde.. Je crois que je vais remettre ça.

Tu réessayes le coup de la grande inspiration. Mais tes poumons ne captent que l'odeur nauséabonde dans laquelle vous êtes enfermés. Tu ravales un léger renvoi et décides de te focaliser sur votre sortie. Avec ton briquet, tu commences à inspecter le bureau. Stylos, agrafeuse, lampes, cadres photos, rien de bien utile à première vue. Alors te viens des idées stupides. Comme fouiller la poubelle, regarder dans les livres. Rien. Tu as regardé sous le bureau ?

Bingo ! Tes yeux s'illuminent. Le sourire te reviens. Me dis pas que tu as trouvé sa secrétaire blonde, le chewing-gum dans les cheveux ! Mieux ? Tu te redresses et montre ta découverte à ton collègue d'emmerdes. Une batte de Baseball. Et en alu', s'il te plait. Tu fais semblant de la remuer avec classe, tel un pathétique sosie de Jason Statham et t'adresses à Bouclette.

ㅡ J'vois qu'un seul moyen de régler ça, poulet.

Le pauvre gars était paniqué. Tout comme toi, d'ailleurs. Comment ne pas l'être ? Enfermés dans une pièce plongé dans l'obscurité. Eclairée, par intermittence par le fracas d'une horde de zombies prêts à vous dévorer tout cru. Tes jambes flageolent, ton estomac est serré, tes doigts dégoulinent le long de l'aluminium de la batte. Tu aurais envie de gerber si tu n'avais pas déjà passé ta journée à le faire.
Il faut que tu surmontes ça ! La peur, l'incertitude, tout ça. Ce sont des conneries. Je suis là pour que tu surmontes ces émotions. C'est ce pourquoi tu m'aimes. Allez ma poule. Essuies ton front baigné de sueur avec ta manche et lances toi. La voix de ton camarade martèle ton crâne, mais ses conseils sont aussi utiles qu'un circonflexe sur un "a". Tu sais déjà ce que tu as à faire. N'écoute pas cette connasse de conscience. Tu n'as qu'une chose à faire. Survivre. Il n'y a que toi qui compte. Il n'y a toujours eu que toi. Ta vie est une montagne d'égoïsme. Pourquoi cela changerait ?

Tu baisses ton arme et contourne le bureau, tremblant de tout ton être. Tu t'approches de ce copain de galère et te place face à lui, dissimulé par l'obscurité. Tu tentes de parler une première fois. Mais les larmes t'en empêchent. Renifle-moi cette morve, soit un homme. Ressers tes doigts sur la batte et armes ta batte. Les mains bien au-dessus de ton épaule. La barre métallique pointant vers le bas. Tu te racles la gorge une énième fois et parviens à articuler.

ㅡ Pardonne moi.

Et tu frappes l'air, avec toute la force que tu peux tirer de tes muscles. La batte s'écrase sur Bouclette dans un bruit métallique qui te déchire le cœur. Le son résonne dans ton esprit, davantage que son corps qui s'écroule, par la force de ton coup ou de celle des zombies qui se précipitent dans la pièce. Dans ta direction.

Se laisser déborder, hein ? C'est ce qu'il disait ton collègue. Il était peut être pas si con. Chiant, mais pas si con. Pardon, il ne faut pas dire du mal des morts. En fait, tu t'en carres complètement de comment il s'en sort. Concentré à accueillir le premier invité d'un prodigieux revers de batte. Il s'effondre sur le coup, sans cou. Le second beaucoup plus.. obèse te réclame un peu plus de vitamines. Tu vois qu'il fallait manger tes brocolis, comme pépé te le disais. Pépé qui n'a d'ailleurs absolument rien avoir avec ton sang, c'était juste un voisin qui te proposai tout le temps des sucettes. D'ailleurs, en y repensant, il était super louche comme bonhomme.
Quoi ? On peut bien faire une pause, non ? Toute façon c'est à partir de là que tu te retrouves dans la merde. Le troisième te saute à la jugulaire, la mâchoire entravée par ta batte. T'en appel au crampon pour te débarrasser de lui, le jetant sur une Blanche Neige déjà mal en point. Par ta faute. La quatrième trébuche sur le premier, bloquant elle même le sixième et le septième tandis que le cinquième semble rejoindre le troisième chevauchant le second.

Perdu ? Normal. C'est un bordel sans nom. Gargouillis et gémissements se mêlent dans un capharnaüm qui te fait perdre totalement la raison. Lorsque tes bras se mettent à frapper comme une fillette, tu te contentes de courir tout droit. Tu cours jusqu'à ne plus sentir de mains te retenir. Tu cours jusqu'à t'effondrer. En pleurant, comme jamais tu n'as pleurer. Recroquevillé en position fœtale comme un femme violée. Putain de merde, tu es vivant