Je renifle un grand coup à nouveau, mais ça ne suffit pas, alors je m’essuie le nez avec ma manche, de grosses larmes de crocodile aux coins des yeux. Max me tire vers lui, son bras enroulé autour de mes épaules. Je crois qu’on est maigres à faire peur, parce que je sens presque nos os frotter les uns contre les autres, mais c’est pas grave parce que son câlin est tout doux. Et sa voix aussi. Et lui aussi. Et tout est tellement tout doux que je pleure bien copieusement.

Il invite Henry au câlin, j’ai un peu de peur que ce ne soit qu’une ruse pour que tous deux puissent m’étrangler mais ça va, j’ai envie qu’on me fasse un gros câlin et que je m’endorme. A mon réveil ? Tout serait fini. Un cauchemar. Basta ! Je ferme les yeux alors qu’Henry rentre dans le bungalow. Je joins mes mains et me lance « je souhaite que tout redevienne comme avant, mais avec Max et Henry en plus. Une prime pour bonne conduite, en quelque sorte… Allez quoi, Dieu, j’ai été sage un peu quand même ! ». Consciente de la débilité de ma prière je pose mes mains par terre et cherche quelque chose à dire pour meubler le silence. Je sonde quelques instants le visage de Max, qui n’a pas l’air de détester ce moment de répit où je me tais. Alors je continue. Ce n’est pas si mal, finalement, le silence.

Quand Henry revient, il ne sent pas meilleur, mais il a une nouvelle chemise. Il s’installe à côté de moi, si bien que je n’ai qu’à poser ma tête contre son épaule pour que nous formions tous trois une chaîne humaine. Je ne sais pas trop s’il va apprécier que je me vautre à demi sur lui, de toute façon, il n’a pas trop le choix, s’il bouche, CRAC coup du lapin !

« Pardon les gars… je renifle une dernière fois parce que j’ai eu le temps de calmer le crocodile qui sommeil (enfin pleure) en moi, c’est promis je vais m’améliorer… Par exemple… »

Je saute sur mes pieds pour illustrer ce qui germe dans ma tête, leur fait face et manque de tomber le cul dans les flammes. Ok… en plus calme alors… je reprends : « Je vais apprendre à faire la cuisine ! Et aussi à me battre, genre euh… j’serais discrète comme un ninja, vive comme un serpent et forte comme… COMME VOUS ! »

J’illustre mes propos à l’aide de mouvements empruntés aux dessins animés de Mulan, l’air convaincue par mon truc. Je m’imagine déjà, les joues ceintes de peinture guerrières, le corps protégé par une armure discrète, deux katanas dans le dos et un corps de rêve. Oui… bon, d’accord, c’est n’importe quoi, mais je veux vraiment devenir meilleure ! Je m’affale entre les deux hommes plus que je ne m’assois et termine mon discours.

« J’vais ptetre pas devenir Rambo, mais promis, les disputes c’est fini. Promis. Enfin… je vais essayer… Je regarde tour à tour Max et Henry, c’est vrai quoi ! On ne devient pas une grande fille du jour au lendemain ! »

Sur ces bonnes paroles, je leur laisse cinq minutes et file me coucher, parce que j’ai froid et que j’ai les yeux qui se ferment malgré moi. Quoi ? Vous croyiez que je pleurais à cause de la tristesse ? Pfeuh !