Un père pas vraiment présent, une mère nerveuse et angoissée. Tu ne comprends pas réellement ce qu'il se passe entre eux, mais, haut comme trois pommes, tu sais déjà que tu détestes la manière dont elle est prête à tout pour satisfaire ton géniteur quand il daigne vous honorer de sa présence. Tu vois que quelque chose cloche chez elle. Elle peut parfois sourire, rire et te raconter des histoires pour t'aider à t'endormir comme te hurler de ranger tes jouets ou le bazar que tu as mis alors même que la pièce est en ordre.
Quand son mari la quitte, tu as un peu moins de six ans mais tu réalises que la situation est beaucoup trop dure à supporter pour elle. Sasha, ta petite sœur, a un peu plus d'un an et elle pleure beaucoup. Ta mère ne le supporte pas. Heureusement, Granny vous accueille chez elle et se met à prendre soin de Maman et de vous. Les choses s'améliorent pour elle mais tu vois qu'elle reste différente des autres mères que tu croises dans la rue. Ta grand-mère t'explique finalement un jour que ta mère est malade mais qu'elle est là pour s'occuper de vous trois.
Tu te dis que Granny, déjà fatiguée, va l'être encore plus.

Tu comprends très tôt l'importance de ne pas compter sur les autres, à moins de ne pouvoir l'éviter. Ton père, censé être l'un de tes piliers, n'est qu'un lâche, coureur de jupons. Il vous a trahis et vous a laissés à la charge d'une vieille dame censée profiter de sa retraite. Son départ te laisse un goût amer dans la bouche ; une amertume qui ne te quittera jamais. Même si tu n'en as pas encore conscience à l'époque, tu te jures de ne jamais lui ressembler.

Le temps passant, tu mûris sûrement trop vite pour ton âge. Ta mère n'est pas capable de s'occuper d'elle-même la moitié du temps, alors de ta sœur et toi ? Granny est là pour rééquilibrer les choses mais tu prends très tôt sur toi. Tu assumes ce que tu peux en fonction de tes capacités et de tes possibilités. Tu te charges notamment d'aller chercher, chaque semaine, les médicaments nécessaires à Maman – en quantité parfois effrayante, pour être honnête.
Granny t'a expliqué qu'elle souffrait d'un trouble schyzo-affectif mais tu ne saisis pas encore tout ce que cela implique. Tu comprends simplement que parfois, c'est ta mère qui a besoin d'être à la place de l'enfant et que Granny doit reprendre son rôle de mère dans ces moments-là. Tu comprends surtout que tu dois être un grand garçon car Maman a besoin de toi.

Tu ne lui reproches pas son comportement parfois excessif et irrationnel. Tu sais que la vie n'a pas été facile pour elle et tu sais que tu dois être le plus fort possible pour aider tout le monde. Elle ne contrôle pas ses crises et s'excuse toujours quand elle a dépassé les bornes. C'est dur pour vous, mais toi, ta plus grande peur, c'est qu'elle soit envoyée à l'hôpital. Les choses vont mieux depuis votre arrivée chez Granny mais elle dérape encore parfois. Tu crains le jour où elle atteindra un point de non-retour. En attendant,  tout ça n'a pas d'importance : tu préfères largement qu'elle fasse des rechutes tant qu'elle continue de vous lire des histoires avant de dormir.

Tu as toujours senti que Maman était une personne triste malgré les bonnes choses qui lui arrivent. C'est comme si elle s'accrochait au passé sans le réaliser. Comme si elle était engluée dedans. Comme si elle manquait d'air par moments, jusqu'à ce qu'elle refasse surface dans le présent, parmi vous. Tu te demandes aussi parfois si elle souhaite réellement s'en sortir, si c'est vraiment la maladie qui parle quand elle refuse d'avaler les pilules jaunes ou bleues et ça te fait peur.
En tout cas, tu fais ton maximum pour voir le bon côté des choses. Parce qu'il y a Sasha à côté, ta petite perle. Presque blonde, une bouille angélique, des joues rondes et un sourire désarmant. Depuis tout petits, malgré vos plus de quatre ans de différence d'âge, vous vous entendez comme larrons en foire. Elle est un peu ton roc dans cette situation qui te dépasse et te perd par moments.

Tu te rappelles encore de votre premier jour à l'école ensemble.
Vous arrivez tous les deux, main dans la main. Plus tard, tu iras rejoindre la classe des 5ème année – ce sera ta dernière année avant le collège car on t'a fait sauter une classe l'an passé –, elle celle des 1ère année. Elle ne connaît encore personne. Pourtant, elle se tient droite, le port fier et la tête haute, prête à remballer quiconque tentera de lui marcher sur les pieds ou de lui faire avaler des couleuvres. Tu sais à ce moment-là que tu n'as pas à t'inquiéter pour elle, que vous êtes faits de la même étoffe solide.

Cette année-là, tu rencontres Simon, celui qui devient rapidement ton meilleur ami.
Fraîchement arrivé du Minnesota, tu lui montres tout ce que tu connais de la ville d'Oakland pour qu'il se sente comme chez lui. Tu le présentes à tes autres copains et à ta famille. Tu l'aimes beaucoup, Simon. Parfois, tu te demandes si tu ne l'aimes justement pas un peu trop. Enfin, tu ne te poses pas tant de questions : quand il te demande s'il peut prendre ta main, tu acceptes sans hésiter et lui souris de toutes tes dents.

Tout se passe dans une innocence touchante jusqu'à ce que vous soyez surpris à l'école en train de le faire. Autant tu ne cilles pas et leur dis d'aller voir ailleurs si tu y es, autant Simon n'a pas la même résistance. Il finit par arracher sa main à la tienne, comme si tu le forçais, et par te hurler de ne plus jamais l'approcher. Tu gardes la tête haute toute la journée mais, le soir, tu craques dans les bras de Granny. Parce que ce qu'il s'est passé est injuste et hypocrite.
Elle finit par t'apaiser à force de mots rassurants et plein de véracité. Tu comprends que tu n'as pas à avoir honte de qui tu es ni de qui tu aimes, que ce sont les autres qui devraient avoir honte d'eux-même, de leur nature mauvaise et faible. Elle t'assure que tu n'as rien d'anormal et qu'en temps voulu, tu trouveras quelqu'un qui te conviendra. D'après elle, tu as la vie devant toi... et tu la crois. Tu la croiras à chacune des étapes de ta vie future.

Granny est comme ça. Elle a le don de t'apaiser en un claquement de ses doigts de fée. Elle t'a inculqué un respect des gens et de la vie précieux. Elle t'a appris à te respecter toi-même et à croire en toi et en tes désirs. Elle t'a aidé à intégrer le fait qu'il y a avait de bonnes personnes et d'autres moins sympathiques, qu'il fallait faire un tri, parfois pour ton propre bien-être. Grâce à cet épisode mais aussi aux nombreux autres qui suivront.

Puis vient le temps du collège. Tu rencontres de nouvelles personnes dans un nouvel environnement. Oubliée l'image du « pédé » qui te collait à la peau à cause de tes anciens camarades. Tu te constitues un groupe d'amis solide au fur et à mesure de cette année, amis que tu garderas pour la plupart lors du lycée.
Il n'y a pas grand-chose de notable à relater lors de cette période, pour être honnête. Tu mènes un train de vie très quotidien, le même depuis des années. Ta mère oscille toujours entre ses différentes phases. Granny vieillit mais reste votre pilier à tous les trois. Sasha grandit et s'affirme malgré votre vie familiale compliquée.

C'est au lycée que tu connais plusieurs de tes premières fois.
D'abord, celle de quitter la Californie lors d'un voyage scolaire. Tu n'en as jamais eu l'occasion à cause de vos finances délicates. Les traitements de ta mère ne sont pas entièrement remboursés par l'assurance maladie et la retraite de Granny n'est pas extensible. Pourtant, tu profites de chaque instant lors de ce périple. Avec le recul, tu réaliseras que c'est à ce moment-là qu'est née ta curiosité presque obsessionnelle pour tout ce qui est étranger, différent de ton environnement.
Tu connais aussi ta première fois avec l'une des filles de ton groupe d'amis. Vous vous entendez à merveille et tu te dis que c'est peut-être ça, l'amour... Après coup, impossible de décrire cette expérience autrement que par « catastrophiquement gênante et mortifiante », pourtant. Inutile de préciser que votre amitié en a pris un sacré coup par la suite.
La cerise sur le gâteau, c'est sûrement le fait que, quelques semaines plus tard, tu te mets en « couple » avec l'un de vos amis communs. Bizarrement, ton ex-copine n'apprécie pas la blague. A ta décharge, tu n'as pas pensé qu'elle entretenait tant de sentiments à ton égard...  Ton groupe d'amis éclate suite à ça. Peut-être est-ce le signe que tu vas galérer dans ta vie sentimentale par la suite ? Tu ne le sais pas encore mais c'est le cas. A ce moment, tu ne retiens qu'une chose : tu es définitivement attiré par le sexe masculin et ça te suffit sur le coup.

Dès que tu es en âge de travailler, tu te fais embaucher à la bibliothèque de ton quartier. Non seulement tu peux à présent participer à la vie financière de ta famille mais, en plus, quel endroit plus merveilleux pour étancher ta soif de connaissances ? Tu es d'ailleurs plus d'une fois surpris en train de feuilleter des livres dans les rayons au lieu d'être à l'accueil pour enregistrer les emprunts. Heureusement pour toi, la responsable est une amie de ta grand-mère, elle t'aurait viré plus vite sinon. Car oui, la patience humaine a ses limites et Mrs Elliot finit forcément par atteindre la sienne. Tu n'as d'autres choix que de partir toi-même à la recherche d'un nouveau petit boulot. Que tu trouves dans une librairie non loin de chez toi, par le plus heureux des hasards. Tu te retrouves affecté au rayon « Psychologie et Sciences Humaines ».
Soyons clairs : ta curiosité était déjà bien présente avant mais c'est dans ce rayon que naît ta passion pour les comportements humains, les schémas sociétales, les mœurs primitives et les us et coutumes « exotiques ». C'est à cette époque que tu te décides de ton avenir, plus ou moins consciemment.
Nous passerons sous silence le nombre de livres que tu as empruntés les soirs de fermeture, en toute illégalité, pour les lire chez toi, bien calé dans ton lit une place.

La vie suit son cours et tu entres à l'université de Berkeley. Leur programme d'Anthropologie te fait de l’œil depuis bientôt deux ans et ton admission à ce cursus est l'un des plus beaux jours de ta vie. Tu t'immerges rapidement dans les études sans regret. Pour continuer de soutenir ta famille, tu obtiens un travail à mi-temps dans un garage non loin du campus. De ce fait, tu fais rapidement partie de ces élèves qui ne font pas vraiment la fête et n'expérimentent pas l'ambiance festive universitaire. Tu t'en fiches, à vrai dire. Ça ne t'intéresse pas plus que ça. Tu as des objectifs en tête et des responsabilités bien plus importantes qui t'attendent. Les rares fois où tu sors, c'est lors d'occasions spéciales – celles auxquelles on te traîne.

Tu entames ta deuxième année dans la même lignée mais la fin du premier semestre met à mal une bonne partie de tes plans et bouleverse considérablement ta vie. Peu après Noël, tu retrouves Granny éteinte dans son lit. Autant dire que les choses ne vont pas en s'améliorant par la suite. Sasha et toi devenez vite dépassés par les événements.
Sans personne pour vraiment s'occuper d'elle et sous le coup de la perte que vous venez de subir, le trouble de Maman s'aggrave. Elle fait une tentative de suicide exactement trois semaines après le départ de Granny et tu n'as d'autres choix que de la placer dans une structure adaptée – payée en partie grâce à l'héritage laissé par ta grand-mère. Ta sœur se retrouve placée dans une famille d'accueil malgré tes tentatives pour récupérer l'adolescente de 15 ans. Tu comprends cette décision bien que cela vous fasse beaucoup de mal à tous les deux.

Tu te retrouves donc seul, à rendre visite à ta mère et à ta sœur dès que tu en as l'occasion. Autant les visites à cette dernière sont toujours un plaisir, autant celles à Maman sont assez douloureuses. Malgré les traitements et la thérapie, son trouble ne s'arrange pas et ça t'est de plus en plus difficile de la voir dans cet état. Tu finis par vendre l'appartement familiale et aller t'installer à Berkeley, plus près du campus.

Quelques semaines après le début de ta troisième année, tu rencontres ta deuxième « relation sérieuse » – si ta première expérience de cinq mois au lycée compte réellement. Benoit, un étudiant français, venu passer deux ans à Berkeley, de trois ans ton aîné. Sans parler de coup de foudre, l'entente entre vous est immédiate et puissante. Après deux mois à vous tourner autour, vous franchissez le cap pendant les vacances de Noël et ça te paraît aussi naturel que prendre un petit-déjeuner au réveil.

Si les choses se passent bien les premiers mois, tu finis par constater à quel point ton indépendance te tient à cœur et combien une relation sérieuse demande d'investissement et de temps. Habitué à décider de ta vie comme tu l'entends et à être « en charge », une tension s'installe peu à peu entre vous deux à mesure du temps. Tu es pris par tes études, ton boulot et ta famille. Tu sais ce que tu veux faire dans la vie. Au final, tu laisses peu de place à Benoit dans la tienne et la situation vous rend tous les deux malheureux. Peut-être que tu ne l'aimes pas assez pour faire certains sacrifices ou peut-être que tu n'es tout simplement pas fait pour ce genre de relation. Tu ne sais pas et, à vrai dire, ce n'est pas ta préoccupation première.

Sans grand étonnement, vous vous séparez durant l'été précédant ta quatrième année, la plus décisive dans l'obtention de ton Bachelor, et tu n'as aucun regret. Pendant les années qui suivront, tu ne t'engageras dans aucune autre relation, leur préférant les amourettes sans importance et les aventures d'un soir quand elles se présenteront. Toujours en périphérie de ce que tu considères « ta vraie vie ».

Tu obtiens ton diplôme l'année de tes 21 ans puis enchaîne avec un Master, toujours en Anthropologie. Rien de bien notable dans ta vie jusqu'à l'été suivant où Sasha atteint sa majorité. Impossible de décrire ton bonheur quand vous emménagez dans un appartement plus grand, rien que vous deux, après trois ans passés séparés. Elle décide d'entamer un cursus en Sciences de l'environnement tandis que tu entames ta deuxième année de Master qui se soldera d'ailleurs par son obtention.

Deux ans passent à la vitesse de la lumière et tu obtiens ton Doctorat quand elle obtient son Bachelor. Vous entrez dans le monde du travail au même moment. Elle est par contre la première à être chanceuse dans ce domaine. Elle se voit offrir un poste à Washington, Maryland. Tu n'hésites pas vraiment avant de la suivre et de trouver un centre de recherche pour t'embaucher sur place. Vous laissez votre mère derrière vous, puisqu'elle la structure lui correspond, et comptez lui rendre visite dès que ça sera possible. Son état ne s'améliore pas de toute façon : elle refuse maintenant de vous voir une fois sur deux.

Tu pars pour une mission de plusieurs mois en novembre de cette même année, direction un coin reculé de l'Amazonie. Le choc culturel est immense et tu as besoin d'un temps d'adaptation à ce nouveau mode de vie mais tu en ressors tellement enrichi que, si tu avais encore des doutes sur ta vocation, tu serais sûr à ce moment-là de l'avoir trouvée.
Les missions s'enchaînent dans des endroits tous plus variés les uns que les autres. Dans des pays étrangers, parfois. Dans des coins vides de toute civilisation occidentale ou carrément en plein dedans. Parfois aux États-Unis, dans la banlieue de New-York ou dans une secte du Colorado. Tu apprends tellement de choses et côtoies tellement de cultures différentes que tu ne sais plus trop où donner de la tête. Puis, entre ces semaines, voire mois, intenses, il y a les périodes calmes qui marquent ton retour chez toi, dans l'appartement que tu partages avec ta sœur. Elles te permettent de te ressourcer comme rien d'autre ne le peut.

Le destin décide pourtant de s'amuser un peu plus avec Sasha et toi.
Alors que tu trouves en mission en Inde pendant l'été 2024, elle t'apprend au téléphone qu'elle est atteinte d'un cancer en stade 4. Tu l'informes que tu rentres par le prochain avion mais elle te convainc de terminer ta mission : vous allez en avoir besoin financièrement parlant. Vous avez toujours une partie de l'héritage de Granny mais vous l'utilisez petit à petit, sans faire d'excès. Il y a également la structure dans laquelle réside Maman. L'assurance maladie de Sasha couvrira une partie des frais médicaux mais ça ne sera pas suffisant. Les prochaines années vont être rudes donc tu restes et termines tant bien que mal tes analyses sur place. Tu t'arranges dès ton retour pour être affecté à des missions locales à l'avenir.
Heureusement pour toi, la femme à la tête de ton département est conciliante.

Les mois qui suivent ne sont pas faciles. Les jours oscillent entre bonne humeur et morosité. Tu as du mal à accepter que quelqu'un de si jeune doive déjà passer par ce genre d'épreuve. Ça te paraît impossible et injuste, et pourtant, vous n'y pouvez pas grand-chose.
Sasha demande l'avis de différents médecins. Elle tente différents traitements. L'évolution n'est franchement pas prometteuse et tu crains de perdre l'une des deux personnes les plus chères à ton cœur encore en vie. Jusqu'à ce que vous tombiez sur cet essai clinique qui aura lieu à Oakland – ironie du sort ? Là, tu reprends espoir. Certes, c'est expérimental mais c'est tellement plus que ce qui a été offert à ta sœur depuis qu'elle a appris pour sa maladie. Vous avez du mal à y croire mais elle est sélectionnée pour y participer, en janvier de l'année d'après.

Une semaine avant la date du début de l'essai, tu apprends que tu vas être envoyé en mission à l'étranger pour une période approximative à deux mois. Dans un coin tellement perdu que tu n'auras aucun moyen de contacter ta sœur avant ton retour à la civilisation, en mars. Tu essaies de marchander mais ta directrice ne te laisse pas le choix : il n'y a que toi de disponible à ce moment-là et de compétent dans le domaine. Ta sœur te rassure et t'encourage à y aller quand tu envisages de démissionner. Elle achève de te raisonner en soulignant le fait que vous n'aurez, de toute façon, pas le droit de vous contacter pendant l'essai et que vous avez besoin que tu conserves ton emploi.  

Vous vous dites au revoir le 11 février au soir à l'aéroport sans savoir que c'est la dernière fois que vous vous verrez.

26 mars → Tu reviens de ta mission. Dès que possible, tu appelles l'hôpital d'Oakland pour avoir des nouvelles de Sasha. Tu ne réussis pas à les joindre. Tu n'arrives pas non plus à la joindre sur son portable. Alors, tu vas voir sur le net si tu peux trouver des informations. Ça parle d'aile d'hôpital ayant explosé. Tu tombes sur des vidéos étranges sur les réseaux sociaux auxquelles tu as du mal à croire. Tout ça date de plus d'un mois et tu as un mauvais pressentiment.

29 mars → Après t'être occupé de la paperasse amassée pendant ton absence et préparé à un long trajet en voiture, tu quittes Washington, direction Oakland.

05 avril → L'épidémie t'arrive en pleine face à Rock Springs, Wyoming. Tu mets un certain à comprendre ce qu'il se passe et à l'intégrer. Tu te caches dans un premier temps puis tu réalises que si tu veux continuer la route jusqu'à Oakland, tu vas devoir t'armer et être préparé. Tu récupères deux pleins d'essence, à manger, à boire et ce qui te semble utile sur le moment puis tu te fabriques un bâton à pique avec du gros scotch solide.

06 avril → Tu quittes Rock Springs et passes par les routes de campagne pour plus de discrétion. Tu t'arrêtes plusieurs fois plusieurs heures pour laisser passer des groupes de morts-vivants et ta nervosité ne cesse d'augmenter au fil du temps.

10 avril → Tu tentes de passer par Sacramento pour t'éviter de contourner la ville – tu vas bientôt manquer d'essence. Seulement, tu te retrouves coincé dans la ville et tu es contraint d'abandonner ta voiture. L'aventure post-apocalyptique commence pleinement pour toi.

19 avril → Tu arrives à Orinda après neuf jours forts en émotions et en fatigue. Tu n'es pourtant pas au bout de tes surprises. Tu manques de mourir pour la première fois, encerclés par des morts-vivants. Heureusement, un groupe vient à ta rescousse. Tu te mets à couvert avec eux pour la nuit. Ils sont du coin et peuvent te raconter ce qu'il s'est passé – du moins, ce qu'ils en savent.
Tu apprends que c'est depuis l'hôpital que l'épidémie s'est répandue, qu'une des ailes a été explosée pour permettre aux vivants toujours en quarantaine de sortir de là, laissant s'échapper les morts en même temps. Tes espoirs de retrouver Sasha, déjà maigres, s'amenuisent davantage. Ils te déconseillent de retourner dans la zone mais tu t'entêtes : tu dois faire ton maximum pour la retrouver.

20 avril → Tu les quittes, direction Oakland Downtown.

26 avril → Tu arrives aux abords de l'hôpital mais tu dois te rendre à l'évidence : il y a tellement de morts-vivants qui grouillent dans la zone, qui font des allers-retours entre l'intérieur et l'extérieur du bâtiment, que, si ta sœur est encore là-dedans, elle est soit morte de faim, soit déjà transformée. Si elle a réussi à en réchapper quand l'aile a explosé, tu n'as aucun moyen de la retrouver.

28 avril → Tu restes deux jours dans une cachette sur place. Tu es obligé de voir les choses en face et la douleur est bien trop vive pour que tu bouges de suite. Tu décides finalement de tenter de retrouver la seule personne importante pour toi encore en vie : ta mère. Tu prends la direction de San Leandro, au nord-est d'Oakland.

30 avril → Tu tombes sur un groupe de survivants, peu commodes cette fois. Tu prends pas mal de coups et manques de te faire dépouiller de tes possessions. Des morts-vivants apparaissent et te sauvent la vie sans le savoir – ironie du sort. Tu attrapes ce que tu peux et cours te mettre à l'abri pour échapper aux hommes. Tu vas avoir besoin de quelques temps pour te remettre un minimum de tes blessures.

03 mai → Tu repars au matin, encore contusionné, mais en meilleure forme malgré tout. Tes pas te mènent non loin du zoo, ou du moins, ce qu'il en reste. Tu tombes nez à nez avec le corps pourrissant d'une girafe et entends un éléphant barrir dans les environs.  

06 mai → Tu arrives dans l'établissement où était internée ta mère et tu trouves toutes les portes ouvertes, les lieux en grande partie désertés. Tu tues quelques morts-vivants, dont ta mère. Tu prends le temps de l'enterrer dans le jardin et passes la nuit dans l'une des ailes vides que tu sécurises comme tu peux.

07 mai → Tu récupères les vivres que tu trouves et renforces ton arme. A présent réellement seul, tu ne sais pas où aller ni quoi faire. Tu décides de prendre la direction du parc Anthony Chabot et de te diriger vers le canyon pour commencer. Tu iras là où tes pieds te porteront.